« L’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la puissance du péché, c’est la loi. » (1Cor 15.56). Pourriez vous m’expliquer ce verset, surtout la définition de la loi selon ce verset s.v.p ? [Guillaume]

Paul proclame, dans ce passage, la bonne nouvelle de la résurrection, qui représente la victoire sur la mort et donc sur son origine, la mal commis par l’Homme. Pour Paul, ce mal commis par l’Homme a sa source dans ce qu’il décrit comme une force qui asservit l’Homme, le péché (Romains 6). Le péché est un aiguillon (une piqûre, telle celle d’un insecte vénéneux) en ce sens qu’il produit la désobéissance à la Loi, donc la mort. Le « problème » de la Loi (sans doute ici l’enseignement de Dieu donné à Israël par l’intermédiaire de Moise) est que, face à une nature humaine dominée par le péché, elle rend manifeste en l’Homme la force du péché et qu’elle produit donc la désobéissance de l’Homme à la Loi (Romains 7). Mais celui qui croit que Jésus Christ est ressuscité des morts vit par l’Esprit, et donc peut accomplir la Loi (Romains 8,1-4) et être assuré de sa victoire définitive sur la mort. Paul proclame logiquement à ceux qui, par leur foi en Jésus Christ, vivent libérés de la domination du péché (Romains 6,11-14), la victoire définitive sur la mort.

 

 

Bonjour ! La Terre est-elle la seule planète habitable dans l’univers ? Qu’en dit la Bible ? [Peps]

Bonjour ! Je crois profondément que la Bible n’est pas un livre de sciences, mais un livre de vie. Elle est inspirée et écrite pour les humains (donc terriens) et leur parle d’un salut en Christ seul, réalisé dans et pour l’univers entier. Le Christ en effet est la parole de Dieu par laquelle tout a été fait (Jean 1 / 3 ; Colossiens 1 / 16).

La Bible n’évoque aucune autre planète que la nôtre. Mais c’est pour nous, habitants de cette planète-ci, qu’elle fut écrite. D’autres planètes sont-elles habitées ? Si c’est le cas et qu’il y a « là-bas » des êtres pensants susceptibles d’être en relation personnelle avec Dieu, alors Christ est mort aussi pour eux. Sera-ce à nous de le leur annoncer comme une bonne nouvelle ? L’avenir et l’Esprit nous le diront, à nous ou à nos lointains descendants… En tout cas la Bible n’évoque nulle part la possibilité d’une telle « race » qui serait exempte de péché. Et les anges ne sont pas des extra-terrestres !

Par contre, pour reprendre votre formulation exacte, l’existence d’autres planètes « habitables » dépend de notre science de deux manières : à elle de les découvrir, et à nous de les rendre habitables si elles ne le sont pas. La question est alors celle du devenir de notre humanité en d’autres lieux à coloniser. Ne parle-t-on pas déjà, pour des années pas si éloignées, de la terraformation possible de Mars ? Là encore la Bible n’en dit rien, sinon la vocation de l’être humain à « dominer la terre » (Genèse 1 / 26-29) , c’est-à-dire tout ce qui est habitable – et ce qui ne veut pas dire saccager ni détruire, mais peut vouloir dire exploiter…

 

Les origines du pentecôtisme semblant mauvaises et bizarres (Parham, Hagin, Branham), peut on en conclure que les pratiques des mouvements charismatiques ne viennent pas de l’Esprit de Dieu ? [CB]

Le jugement que vous portez sur les origines du pentecôtisme me semble également bizarre, mais c’est le vôtre ! On pourrait en dire autant des origines du protestantisme en général (et les opposants à Luther ne s’en sont pas privés au cours des siècles). Et aussi des origines du christianisme (dès les premiers siècles de notre ère dans les écrits juifs ou païens).

La question est seulement : est-ce qu’il s’agit bien d’une expression fidèle (parmi d’autres) de la foi chrétienne, même si vous ou moi n’avons pas la même expression ? La théologie pentecôtiste peut-elle être légitimement tirée des Écritures bibliques ? « Les pratiques des mouvements charismatiques » sont-elles cohérentes avec ces mêmes Écritures, ou en tout cas avec une partie d’entre elles ? Bien que n’étant pas pentecôtiste, je pense que oui, même si j’ai une autre théologie et une autre piété que je pense également légitimes bibliquement.

La Bible nous enseigne qu’on ne peut jamais induire la valeur d’une personne ou d’une Église en fonction de notre regard, mais seulement du regard du Christ tel que les Écritures nous le montrent. C’était le cas par rapport aux remarques de Nathanaël (« Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? » Jean 1 / 46) ou de Jean (« Maître, nous avons vu un homme qui chasse les démons en ton nom et qui ne nous suit pas, et nous l’en avons empêché, parce qu’il ne nous suit pas. » Marc 9 / 38). L’Esprit de Dieu se sert de qui il veut !

Enfin, il faut bien voir, en fonction de ce que l’apôtre Paul en dit, que l’Église de Corinthe à son époque était manifestement une Église de type charismatique. Ce qui n’empêche pas qu’on peut avoir un jugement différent selon les Églises actuelles de type pentecôtiste ou charismatique (toutes ne se ressemblent pas)… ou autres !

Dans le fait de « faire ce que je ne veux pas, et ne pas faire ce que je voudrais » (malgré la prière), dois-je voir un défaut dans mon autorité en Christ ? [Rémi]

Quand l’apôtre Paul énonce ce paradoxe de ce qu’on veut et ne veut pas (Romains 7,19), il n’est pas en défaut « d’autorité en Christ » comme vous dites. Il exprime juste que, aussi spirituels que nous soyons, nous restons des êtres charnels aussi, et que notre âme, notre psychologie, a son inertie propre.

Nous restons donc pécheurs.
L’enjeu est d’être toujours « pécheur-repentant-pardonné », et pas seulement pécheur.

Comment prier justement ? [Max]

Quelle est la manière juste de prier, la bonne attitude pour se présenter devant Dieu dans la prière ? Jésus nous donnes quelques indications, il nous dit comment nous situer, avec lui et en lui, devant Dieu.

La première attitude recommandée est la confiance persévérante. Nous devons croire que Dieu nous écoute et qu’alors que nous sommes ses fils et ses filles en Jésus-Christ, il nous connait, peut et veut pour nous la vie. Ainsi est-il question de cela en Matthieu 7/7-11 et en Luc 18/1-7.

La seconde attitude est l’humilité. Nous ne devons pas prier pour nous faire valoir devant les hommes ou à nos propres yeux. Nous devons au contraire reconnaître que nous sommes faibles et misérables, dans le besoin de Dieu et de sa grâce. cf Matthieu 6/5-7, Luc 18/10-14.

Enfin, celui qui prie est conduit à chercher la volonté de Dieu, qui n’est pas toujours la nôtre, et à se laisser changer par Dieu dans la prière . Ainsi Jésus nous demande de prier pour nos ennemis (Matthieu 5/43-47), il demande à ses disciples de prier avec lui afin que la volonté de Dieu soit faite (Matthieu 26/36-43).

Romains 8/15-17 : « Vous n’avez point reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte; mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions: Abba! Père! 16 L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. 17Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui. »

Matthieu 19/14 : « 14Et Jésus dit: Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. »

J’aimerais savoir à quoi ça sert de jeûner. Autrement dit, pourquoi, dans certains cas, la prière ne serait pas, à elle seule, suffisante ? [Yemi]

À rien, et à beaucoup de choses !

Si le but du jeûne, et aussi d’ailleurs le but de la prière, c’est d’influencer Dieu, ça ne sert à rien. Dieu sait très bien ce dont nous avons besoin, et il nous le donne en surabondance, que ce soit pour notre vie ou bien pour notre mission de témoignage. On n’achète pas Dieu, c’est lui qui nous a « rachetés à grand prix »…

La prière n’est donc pas suffisante pour obtenir quelque chose de Dieu. C’est le sacrifice du Christ qui sert à ça ! La prière chrétienne se fait donc « en son nom », c’est-à-dire en nous tenant « en lui », unis à lui, selon aussi le Psaume 133 : « Voici : qu’il est bon et qu’il est agréable d’habiter, frères, comme un seul ». C’est de cette fraternité avec Jésus dans la prière que parlait le psaume à propos des prêtres… que nous sommes tous par notre baptême en sa mort.

Cette unité en Christ suffit à tout. Mais par ailleurs, nous pouvons avoir besoin de nous maîtriser afin que le « vieil homme » qui s’agite en nous ne reprenne pas le dessus en nous éloignant de Christ. Le jeûne est un des moyens, qu’il est loisible à chacun d’utiliser ou pas. Le jeûne peut nous servir, à nous. Luther reprenait, dans son traité De la liberté du chrétien, la distinction entre nos deux natures, une qui est en Christ et n’a besoin de rien d’autre, et une qui lui échappe encore et a besoin d’être bridée, ce à quoi le jeûne peut servir. Mais c’est un moyen dangereux, car il peut induire en nous la pensée qu’ainsi nous nous rapprochons de Dieu ; ce serait alors le contraire de l’Évangile ! Rappelez-vous par ailleurs : « Voici le jeûne que je préconise : détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens du joug, renvoie libres ceux qu’on écrase », etc. (Ésaïe 58 / 6…)

Si nous sommes sauvés par la foi (Éphésiens 2:8) faut-il tout de même aller jusqu’à la croix (Philippiens 2:8) pour vraiment suivre Jésus ? Est-ce cela le véritable chemin de vie ? [Tiba]

S’agirait-il donc de deux chemins différents : le salut par la foi, et le chemin de la croix ? Jésus a suivi ce chemin, évidemment, le seul à l’avoir fait vraiment, parce que ce chemin est celui de notre salut, de notre communion restaurée avec Dieu au prix de sa mort qui est victoire sur la mort (la sienne et la nôtre). Personne d’autre n’étant à la fois vrai Dieu et vrai homme ne peut suivre un tel chemin, et il n’en est nul besoin. Mais nous sommes tous appelés à suivre le Christ sur son chemin à lui. C’est cela-même qui est la foi. Dans sa traduction de la Bible, Chouraqui traduisait « foi » par « adhérence », donc non pas seulement adhésion intellectuelle, croyance, mais véritablement être « collé » à Jésus, ne plus faire qu’un avec lui : « ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi » (Galates 2 / 20). C’est bien sûr l’œuvre du Saint-Esprit, et non de ma petite volonté infirme…

Entendez bien : il ne s’agit pas de se construire un chemin de pénitence et de sacrifice, comme certaines spiritualités chrétiennes ont pu le penser jadis. Mais de recevoir du « sacrifice unique et parfait » du Christ à la fois la révélation que nous sommes « morts par nos fautes » et que nous sommes vivants avec lui pour toujours. Avec lui, pas pour lui, pas vers lui, pas à condition de… C’est ce que la grâce divine accomplit en moi, c’est ça « suivre Jésus », c’est là que le salut qu’il m’a gagné opère pour moi, « par la foi ». C’est ce chemin qui me transforme (qui me « sanctifie »). Ce n’est pas un autre chemin que celui sur lequel Dieu m’a placé dans le monde (cf. Jean 17 / 15-19). Mais c’est une nouvelle manière de le parcourir, qui se manifeste par l’amour mutuel que la Parole de Dieu fait naître en nous et entre nous.

Ce chemin de foi peut être dit chemin de croix, dans la mesure où l’Esprit de Dieu me « dépouille des œuvres des ténèbres » (Romains 13 / 12), me délivre du souci de moi-même qui me tire vers le bas. Mais n’est-il pas « heureux, celui dont la transgression est remise, et dont les péchés sont pardonnés », même si c’est au prix de ce à quoi il tenait tant avant de connaître Christ ? (cf. aussi 1 Pierre 1 / 14-25)

Vivre le Carême, c’est quoi pour un protestant ? [Pierret]

Le Carême est une période de privation, de jeûne. Alors dans la bible il y a au moins deux indications intéressantes :
– « Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se rendent le visage tout défait, pour montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. Mais quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, afin de ne pas montrer aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » Matthieu 6,16-18
– Et parce que c’est plus intéressant de dire les choses de manière positive
« Voici le jeûne auquel je prends plaisir : détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens de la servitude, renvoie libres les opprimés, et que l’on rompe toute espèce de joug ; partage ton pain avec celui qui a faim, et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile ; si tu vois un homme nu, couvre-le, et ne te détourne pas de ton semblable. Alors ta lumière poindra comme l’aurore, et ta guérison germera promptement ; ta justice marchera devant toi, et la gloire de l’Éternel t’accompagnera. » Esaïe 58,6-8

Le ou les fruits de l’Esprit , quel est le bon terme ? Car visiblement il y a des discordances. [Jin]

Bonjour. Galates 5,22-24 que vous citez parle du fruit de l’Esprit au singulier, car il forme un tout, la plénitude de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ. Jésus s’est dit être le Cep (Jn 15).

Le cep ne porte pas de fruit.
Il le fait porter par le sarment.
D’où l’importance pour nous de le porter.

Rom 12,19-21 : comment savoir si quand je bénis mon ennemi, ce n’est pas dans le but d’amasser les charbons ardents ? Ne faut-il pas être sincère dans la bénédiction ? J’avoue avoir du mal à « bénir ». [CG]

Paul cite ici des versets du livre des Proverbes (25,21-22) qui soulignent que Dieu récompense celui qui aime, en actes, ses ennemis. Mais ce passage du livre des Proverbes pose des questions d’interprétation…. « Amasser des charbons ardents sur sa tête » correspondrait à un châtiment réservé aux malfaiteurs… Si cette interprétation est la bonne, cela signifierait, en gros, « quelqu’un te fait du mal ? Ne te venge pas, laisse la sanction de l’injustice à Dieu ». Mais l’image des charbons peut aussi renvoyer à un acte de repentance. Si tel était le cas, l’idée serait la suivante « fais du bien à celui qui te fait du mal, ainsi tu l’amèneras à changer d’attitude ».  Assez clairement, Paul, dans le passage que vous citez, semble utiliser la première interprétation, mais la deuxième interprétation peut aussi être présente.

Je crois qu’il serait effectivement un peu pervers de bénir dans le but de punir… Mais faire du bien, dire du bien, prier pour ses ennemis, c’est faire sa part de bien, et laisser à Dieu le « soin » de sanctionner le mal. Une telle invitation demande beaucoup de confiance dans la justice de Dieu, et est clairement un appel à une forme de folie (aux yeux du monde) de la foi.

Aimer ceux qui nous font du mal est difficile, mais Dieu aime, en actes, les Hommes (et donc nous-mêmes) malgré leurs imperfections (Matthieu 5,45-46).
Ne l’oublions pas !