Pourquoi lors du deuxième jour de la création du monde (Gen 1:6-8)- Dieu ne dit pas que « c’était bon » ? [Franck]

Permettez-moi Franck une légère correction dans votre question. Dans le récit de la Genèse, l’expression « Dieu dit » introduit les paroles créatrices de Dieu au début de chaque journée. En fin de journée, il n’est pas précisé que Dieu dit quelque chose mais il est noté que : « Dieu vit que cela était bon ». Dieu nous apparaît ainsi dans la contemplation aimante et l’émerveillement devant sa création mais le texte biblique ne nous précise pas que Dieu dise quelque chose.

Sur le fond, je ne sais pas répondre à votre question ! Vous avez finement observé que ce deuxième jour et lui seul, ne mentionne pas cette vision de bonheur à la fin de la journée. Je ne doute pas que nos frères Juifs aient élaboré un grand nombre d’hypothèses pour expliquer cette bizarrerie. Pour ma part, je vous félicite pour votre lecture attentive. Le texte biblique nous surprend souvent par ses contenus, ses répétitions, ses silences, ses étrangetés. Cela nous stimule pour réfléchir, comparer, étudier. J’attire votre attention sur le fait que l’Ancien Testament en langue grecque appelée la Bible d’Alexandrie ou encore la Septante fait cependant au verset 8, la mention : « Dieu vit que cela était bon ». Pourquoi cette mention qui existe bien dans la version grecque du III° siècle avant J.-C. ne figure-t-elle pas dans le texte hébreu (Massorétique) qui nous est parvenu et qui serait plus récent selon les historiens, en tout cas dans sa forme actuelle ? Il y a parfois des questions qui restent sans réponse. Cela nous invite à l’humilité et à distinguer ce qui est vraiment utile pour une vie de foi et ce qui est secondaire. Je vous souhaite beaucoup de joie dans votre étude de la Bible !

La parole de Dieu est-elle la seule chose qui perdurera jusqu’à la fin du monde ? [Virginie]

Chère Virginie,

Je pense que vous faites référence à cette parole du livre d’Esaïe « L’herbe sèche, la fleur tombe ; Mais la parole de notre Dieu subsiste éternellement. » (Es 40.8 ; 1 Pi 1.24-25). La bible enseigne que « toutes choses ont été faites par [la Parole], et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle » (Jean 1.3). J’aurais donc tendance à répondre oui à votre question !

Souvent, quand on lit « éternel » ou « éternellement », on pense naturellement à la fin des temps, la fin du monde, à ce qui se passe après la mort… Ce qui est éternel n’a pas de fin mais n’a pas de commencement non plus ! Au chapitre 1 de l’Evangile de Jean, on apprend que la Parole de Dieu était également présente avant le début du monde et que la Parole de Dieu c’est Jésus-Christ. Cette Parole s’est incarnée dans le monde pour nous sauver. Paul enseigne (1 Co 13.13) que trois choses demeurent : la foi, l’espérance et l’amour : Trois mots qui décrivent parfaitement Jésus.

Cela veut dire aussi, que la vie éternelle promise à ceux qui mettent leur foi en Jésus-Christ ne commence par après la mort ou à la fin des temps, mais dès aujourd’hui !

Les protestants ont-ils une liberté de conscience leur permettant d’être en désaccord avec un pasteur ? [Daniel]

Voici ce que Dieu nous dit par la bouche de Jérémie « Les pasteurs sont abrutis, ils ne cherchent pas le Seigneur, c’est pourquoi, ils sont sans compétence et le troupeau est à l’abandon » (Jérémie 10/21).

Jérémie désigne ici les chefs du peuple d’Israël et non ceux que nous appelons pasteur dans les églises, aujourd’hui, certes. Mais il dit quelque chose de fort : bien conduire les autres, c’est les conduire selon le Seigneur, en le cherchant Lui et sa Parole.

Ainsi, les pasteurs, comme les autres peuvent déraper. Ils dérapent quand ils s’éloignent de la Parole de Dieu. C’est ainsi que  ceux qui ne sont pas pasteurs sont invités à les reprendre. C’est cet attachement à la Parole qui a permis à Martin Luther de refuser de se soumettre au pape en acceptant une théologie qui n’avait pas ses racines dans la Bible. Il a alors prononcé cette parole célèbre qui illustre ce qui est souvent appelé la « liberté de conscience protestante » :  Ainsi a-t-il déclaré : « Ma conscience est captive de la Parole de Dieu ».

Considérons cependant avec reconnaissance le travail de ceux qui ont été formés et appelés au ministère de pasteur. Prenons garde de ne pas les reprendre par pure rébellion, sur nos propres idées et principes mais bien sur la base de la Parole, dans la recherche du Seigneur, l’écoute de l’Esprit et la suivance de Jésus, le seul Bon Berger (Psaume 23, Jean 10). Ainsi, la Bible, quand elle met à jour l’infidélité des conducteurs du peuple, met aussi à jour l’infidélité du peuple  qui est tout aussi soumis au péché et à l’erreur que ses pasteurs. Ainsi, Ézéchiel 34/1-15 parle de l’infidélité des bergers et Ézéchiel 34/17-30 de celle des brebis, en concluant par « Vous êtes mon troupeau, le troupeau de mon pâturage, vous les hommes, moi, je suis votre Dieu ».

Bref, pasteur ou non, conscients de nos limites, nous devons nous aider les uns les autres à chercher notre Bon Berger et sa volonté.

Le livre de Jonas est-il une satire comique ? 

Discutons du genre littéraire du livre de Jonas. Est-ce une histoire plus ou moins inventée à laquelle des juifs ont donné du sens ? Une belle parabole qui viserait une détermination existentielle chez l’auditeur ou le lecteur de l’histoire, plutôt qu’une description historique ? Une satire comique que seuls quelques littéralistes prendraient au sérieux à cause de leur obsession pour défendre l’exactitude de chaque phrase de la bible ? 

Je donne quatre arguments qui m’ont convaincu de prendre l’histoire de Jonas comme un récit historique raconté sous forme de témoignage prophétique : 

  • L’histoire telle que nous l’avons reçu dans le canon biblique s’auto-présente dans un cadre géographique et historico-politique des plus plausibles (la domination assyrienne sur la Mésopotamie). A aucun moment l’auteur ne suggère explicitement qu’il faudrait comprendre son histoire comme relevant du conte ou de l’allégorie (notre 4ème argument évoquera les éléments que certains interprètent comme des marqueurs implicites d’un genre littéraire relevant du mythe). Si le récit s’auto-présente explicitement comme historique, le choix ne sera pas entre histoire vraie et conte philosophique, mais entre histoire vraie et mensonge manipulatoire de la part de l’auteur.
  • L’histoire de la réception du livre de Jonas témoigne que le livre a été reçu comme présentant des faits historiques par les juifs et par Jésus lui-même. C’est à ce titre que ce livre se trouve dans la bible. Une grande partie du sens de cette histoire aurait été exactement le même si l’auteur avait présenté son livre comme une allégorie, mais tout simplement, il n’en est pas ainsi. Si on veut soutenir le caractère allégorique de Jonas, on doit le faire en expliquant l’erreur d’interprétation des docteurs juifs, des pères de l’Eglise et de Jésus. C’est possible, mais les conséquences sont lourdes… 
  • Le livre de Jonas présente des paroles comme venant de Dieu dans le cadre d’oracles prophétiques. Le judaïsme, comme toutes les religions du monde et de tous les temps, a connu des fous et des charlatans. Dans la mentalité juive façonnée par sa relation à Dieu, on ne prend par le nom de l’Eternel en vain en disant des paroles de sa part à la légère. Si jamais, on fait une blague juive ou un enseignement allégorique, on le fait bien comprendre. Sauf si on est manipulateur ou faux prophète. 
  • La tempête qui s’apaise en un clin d’oeil, le gros poisson qui gobe Jonas et le ricin qui pousse à toute vitesse son-ils des éléments qui devraient nous inciter à comprendre le texte comme un récit fantastique ? Désolé… mais le principe de la foi en Dieu, c’est quand même de penser que le créateur domine la nature et peut faire des miracles. Si les miracles racontés par la bible nous poussent à interpréter le récit comme relevant de l’imaginaire, on doit se confronter au fait que la bible est un tissu de mensonges. Le débat dépasse ici largement la question du livre de Jonas. Dieu est-il Dieu ou est-ce une allégorie de la générosité?

Peut-on croire à l’affirmation d’Angelica Zambrona d’avoir vu le Pape Jean Paul II et Michael Jackson en enfer ? [Mark]

Non. J’aurais presque envie de m’en tenir là, mais il est peut-être utile de fonder davantage ma réponse. Angelica Zambrano affirme avoir eu une vision durant un temps au cours duquel elle a été déclarée morte cliniquement. Je ne prétends pas remettre en question la sincérité de cette personne, mais en parcourant rapidement son témoignage suite à votre question (je n’en avais pas entendu parlé avant), je n’ai pu que constater qu’il s’agissait d’un énième témoignage sur l’Enfer et le Paradis, mais surtout sur l’Enfer, avec force détails dont aucun n’est biblique (des histoires de cellules pour les damnés de démons qui ressemble aux personnages de Dragon Ball Z…). Le témoignage est truffé de citations bibliques, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il soit vraiment bibliquement fondé. Il ne suffit pas de donner des citations bibliques à l’appui de ce que l’on dit pour être porteur de la Parole de Dieu. D’autre part, je me souviens de la fin du dialogue entre le riche et Abraham dans la parabole du riche et de Lazare (Luc 16. 19-31) : « Abraham lui répondit: ‘Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent.’ Le riche dit: ‘Non, père Abraham, mais si quelqu’un vient de chez les morts vers eux, ils changeront d’attitude.’ Abraham lui dit alors: ‘S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader, même si quelqu’un ressuscite.’» En ce qui me concerne, je préfère m’en tenir à ce que la Bible m’enseigne au sujet de ce qui se passera après ma mort, et m’occuper avant tout de ma repentance personnelle, avant de m’intéresser au jugement sur les autres, même Michaël Jackson, le pape ou mon arrière grand-mère. Et dans ma repentance qui me fait découvrir le trésor de grâce et de miséricorde de Dieu, témoigner alors de cet amour autour de moi.

Quelle différence entre les rêves et les songes ? Peut-on suivre l’interprétation de nos rêves sans se tromper après avoir prié ? Comment interpréter correctement nos rêves ? Quelles aides trouver ? [M]

« Notre secours est dans le nom de l’Éternel, qui a fait les cieux et la terre. » (Psaume 124 / 8) Toute aide, pour toute chose, est donc à rechercher en Jésus-Christ, dans la Parole de Dieu. C’est-à-dire, pour nous, d’abord dans la Bible, lue avec foi et dans la prière.

Dieu bien sûr peut s’adresser à nous par des rêves (ou des songes, c’est pareil). Mais la prière ne peut se contenter de… quoi faire, d’ailleurs ? Demander à Dieu si notre interprétation du rêve est la bonne ? Mais la réponse de Dieu ne viendra pas dans l’air du temps, seulement dans la Bible. Celle-ci est le critère dernier de toute parole dont nous croyons qu’elle vient de Dieu : cette parole est-elle ou non conforme à la révélation biblique en général, et à tel texte en particulier par lequel Dieu peut éclairer ce rêve ?

Nous pouvons nous faire aider dans cette lecture, dans cette mise en relation de notre rêve (en l’occurrence, mais ça peut être autre chose) avec le texte biblique. Les frères et sœurs peuvent nous aider (l’Église sert à ça), les ministres (pasteurs ou anciens) aussi, et des psychologues chrétiens (car le rêve relève aussi et simplement de la psychologie : il ne faut pas prendre forcément nos rêves pour un message divin), etc. Tout comme dans la Bible, lorsque les souverains (israélites ou étrangers) faisaient un rêve dont ils suspectaient qu’il pouvait venir de Dieu, ils s’adressaient à un prophète : aujourd’hui, c’est le texte biblique qui est prophète pour nous éclairer, mais nous pouvons y être amenés par d’autres lecteurs ! En tout cas, nous ne pouvons pas être prophètes pour nous-mêmes tout seuls, me semble-t-il.

Qu’est-ce qui arrive à l’âme d’un mécréant ou d’un bienfaiteur lorsque ceux-ci sont enterrés ? Chez les catholiques comme chez les musulmans, le purgatoire existe. [Maurice]

Pas chez nous ! Parce que rien dans la Bible ne laisse entendre qu’il pourrait y avoir un lieu ou un temps intermédiaire. Le « paradis », c’est la vie éternelle dans la présence du Père, aux côtés (= à la table !) du Fils. L’« enfer », c’est d’en être privé. C’est par commodité de nos intelligences infirmes que nous nous représentons cela dans des catégories de temps et d’espace, dans lesquelles Dieu n’est pas contraint, ni nous non plus quand nous vivrons auprès de lui ! Donc ni temps de peine ou de probation, ni lieu de souffrance en attendant d’en être délivrés…

Utilisant les représentations de son temps, Jésus raconte une petite histoire (Luc 16,19-31) dans laquelle l’un des personnages est « dans le sein d’Abraham » et l’autre brûle « dans l’hadès » (= le séjour des morts) ; celui-ci seul est dit avoir été enterré, d’ailleurs, alors que les deux sont morts. Et dans la logique de cette représentation, Jésus fait dire à Abraham qu’il n’est pas possible de passer d’un lieu à l’autre. Plus important : il souligne que c’est dans notre existence présente que se joue notre salut, dans l’écoute de la Parole de Dieu.

Le critère n’est donc pas l’alternative « mécréant / bienfaiteur » mais « incroyant / croyant », car la Parole de Dieu témoigne non pas de nos œuvres, mais de l’amour que Dieu nous porte en Jésus. Faisons-nous confiance à Dieu, à Jésus, pour notre vie, aussi bien ici-bas qu’au-delà ? Voilà la vraie question, et c’est pour aujourd’hui : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Psaume 95,7-8 cité trois fois par l’épître aux Hébreux, ch. 3 et 4). Jésus est mort et ressuscité pour que, dans cette confiance en lui, nous ayons la vie éternelle (et que dès maintenant nous puissions bien faire, gratuitement). En dehors de cette confiance, notre vie « enterrée » n’est que vide et néant, maintenant comme ensuite.

Comment sait-on si on a le Saint Esprit en nous ? Je n’entends pas sa voix malgré mes prières. [Marie]

Le Saint-Esprit ne nous parle pas lui-même. D’une part, il nous fait entendre la voix de Dieu lorsque nous lisons la Bible. Et d’autre part il prie en nous, pour nous, le Père.

Ainsi, lorsqu’à travers la Bible, nous ressentons que ce qui est dit nous concerne, et que nous voyons que notre vie ainsi interpellée va et peut changer : ça, c’est l’œuvre du Saint-Esprit en nous. Lorsqu’à travers la Bible, nous contemplons que Jésus a donné sa vie pour que nous ayons la vie : ça, c’est l’œuvre du Saint-Esprit. « Nul, s’il parle par l’Esprit de Dieu, ne dit : “Jésus est anathème !” et nul ne peut dire : “Jésus est le Seigneur !” si ce n’est par le Saint-Esprit. » (1 Corinthiens 12,3) Le Saint-Esprit est le « Consolateur », c’est-à-dire comme un avocat qui se tient auprès de nous et qui parle pour nous, à notre place. C’est lui qui, en nous, confesse Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur.

C’est donc lui aussi qui prie pour nous le Père, quels que soient les mots que nous prononçons ou pas. Il nous associe à la prière de Jésus en nous faisant reconnaître Dieu comme notre Père : « Vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions : “Abba ! Père !” L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » (Romains 8,15-16), et en s’adressant à lui : « L’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables ; et celui qui sonde les cœurs connaît quelle est l’intention de l’Esprit : c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints. » (Romains 8,26-27). Il importe peu que nous-mêmes entendions cette prière, elle est adressée au Père, en Christ, par l’Esprit.

Ainsi avons-nous certes à nous mettre à l’écoute du Saint-Esprit, non pour entendre sa voix, mais pour nous laisser porter et déplacer par lui, comme une feuille par le vent. « Le vent (= l’Esprit) souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de quiconque est né de l’Esprit. » (Jean 3,8) Sa voix, ou plutôt le bruit qu’il fait, c’est de nous rendre libres dans la foi en Jésus-Christ, y compris dans la prière, comme des enfants s’adressant à leurs parents dans une relation d’amour.

Dans 1 Corinthiens 11, Paul indique que par signe de respect la femme qui prie ou prophétise doit se « couvrir la tête ». Comment comprendre ce passage ? [Marianne]

D’abord en le bien lisant : comme dans beaucoup de passages de cette lettre, Paul répond à des questions que lui ont posées les chrétiens de Corinthe. Le relatif mélange d’arguments au début du chapitre en témoigne, mais surtout le renversement dans l’argumentation de Paul au verset 11, marqué par le « toutefois » et par « dans le Seigneur ». Ensuite, il souligne que ses interlocuteurs utilisent des arguments tirés de « la nature » (et justement pas « du Seigneur », d’autant que par ailleurs leur pratique – prier la tête découverte, pour les hommes – est l’inverse de celle du judaïsme, donc aussi d’autres chrétiens), et que si lui aussi parle à partir de « la nature », les arguments pourront se contredire, comme les versets 14-15 contredisent les versets 5-6.

Mais surtout, sa conclusion, sa réponse pastorale à la demande des chrétiens de Corinthe, se trouve bien dans ce verset 15 : « En effet la chevelure lui a été donnée en guise de voile. » Il n’y a donc pas de rejet formel des a priori implicites de la question corinthienne, mais une conclusion qui s’impose : oui, les femmes qui « prient ou prophétisent » doivent être voilées, mais Dieu y a pourvu en leur donnant des cheveux ! Il n’y a donc pas lieu d’en rajouter… Ce qu’indique le verset suivant qui signifie la fin définitive de la discussion.

Comme dans beaucoup de textes bibliques, la réponse aux questions que pose l’Écriture se trouve dans l’Écriture elle-même, et en l’occurrence dans le même passage, qui nous révèle accessoirement que dans l’Église de Corinthe des femmes pouvaient présider le culte, ou à tout le moins la prière publique. Le souci de Paul dans cette épître est de ne pas choquer (ni ses interlocuteurs ni la société), sans rien renier de l’Évangile (en Christ « il n’y a plus ni homme ni femme », Galates 3 / 28). Nous devons, quant à nous, bien lire le texte, sans le ramener à nos a priori : que dit-il vraiment ?

Dans mon souvenir d’enfance, mon grand-père nous faisait le culte du dimanche matin. La qualité de ce culte était-elle affectée du fait qu’il n’était titulaire d’aucune ordination ? [Laurent]

Bien sûr que non. C’est bien la grande tradition protestante que le premier lieu de la spiritualité chrétienne communautaire soit la famille. C’est là qu’on fait l’expérience de la lecture régulière de la Bible, qu’on apprend à la connaître et à l’aimer, à y entendre une parole de Dieu pour aujourd’hui.

Le culte « paroissial », c’est autre chose. De tout temps les protestants luthéro-réformés ont considéré qu’il fallait une formation universitaire à leurs pasteurs (d’où d’ailleurs la robe noire, robe d’universitaire et non habit liturgique). Cette formation, certes, ne suffit pas, mais est nécessaire ; aujourd’hui c’est en France un master pro (bac + 5). Il faut aussi que l’Église (pour nous, l’EPUdF) reconnaisse que la personne considérée sera humainement, psychologiquement, spirituellement, capable d’exercer le ministère pastoral dans une Église locale concrète.

« L’ordination – reconnaissance de ministère » signifie alors l’action de grâce et la prière pour le nouveau ministre. Elle permet sa reconnaissance non seulement dans l’Église locale où il exercera ce ministère, mais dans toute l’Union à laquelle celle-ci appartient, et dans toutes les autres Églises avec lesquelles elle est en relation. Ainsi, si un père de famille (pour parler comme autrefois) est pasteur de son foyer, si un prédicateur dit laïc peut exercer ce ministère occasionnellement et être reconnu localement, voire régionalement, un pasteur « ordonné – reconnu » l’est universellement.

On pourrait aussi, à propos de « qualité », s’interroger sur le sens de la prédication (c’est elle qui fait que c’est un culte) pour ceux qui l’entendent : actualisation, compréhension, témoignage personnel, etc. C’est une des fonctions de la formation universitaire comme des stages professionnels que de se poser la question, afin que ce soit bien la parole de Dieu qui retentisse, le Christ lui-même qui soit communiqué aux auditeurs.