Est-ce que se forger une carapace est compatible avec la foi chrétienne ? [Margot]

La carapace sert de protection aux invertébrés comme le homard ou certains insectes, ou à des vertébrés, par exemple la tortue ou le pangolin. Sans carapace, ces animaux seraient vulnérables aux attaques de leurs prédateurs. L’expression que vous employez désigne donc le fait de se créer une défense mentale pour ne pas être trop exposé aux moqueries, aux critiques, ou autres marques d’hostilité de l’entourage. Avec pour risque, si cette carapace s’épaissit trop, de s’isoler « dans sa coquille », de ne plus écouter, de s’endurcir et finalement de devenir insensible et indifférent aux autres !

Au ch. 6 de la lettre aux Ephésiens, l’apôtre Paul nous encourage à revêtir « l’armure de Dieu », mais pas pour nous protéger des attaques des humains que nous cotoyons ! Plutôt, de celles du Diable (qui nous attaque et nous tente de l’intérieur). Cette panoplie n’est pas constituée de fermeture, de repli sur soi, mais de vérité, de foi, de justice, et même d’un élan pour annoncer l’Evangile, donc pour s’ouvrir aux autres et leur témoigner de l’espérance que nous avons en Jésus-Christ. Jésus nous envoie dans le monde comme… des brebis au milieu des loups ! Et nous encourage, certes, à la prudence des serpents, mais aussi à la simplicité des colombes. Dans ce bestiaire, je ne vois pas de crustacé ni de tortue !

La foi, c’est fondamentalement un acte de confiance. C’est une denrée rare à notre époque, on préfère s’armer contre l’autre ou ériger des barrières plutôt que d’aller vers lui ou de l’accueillir. Parfois même entre chrétiens de différentes dénominations, les frontières se ferment, les identités et particularités sont quasi-sacralisées, on privilégie l’entre-soi. Autant de carapaces souvent engendrées par la peur. Mais Jésus nous dit : « n’ayez pas peur ».

Si les prières restent parfois sans réponse même lorsque nous demandons de bonnes choses au nom du Christ- quelle assurance avons-nous que Dieu pardonne nos péchés lorsque nous le lui demandons ? [Jacques]

Cette assurance s’appelle Jésus-Christ. Il est venu, il a enseigné, il est mort et ressuscité pour assurer de la miséricorde et du pardon de Dieu à celles et ceux qui mettent leur foi en Lui. Il n’est pas venu pour répondre à toutes nos prières, quand bien même elles sont les mieux intentionnées. Pour citer un moine du mont Athos : « Si Dieu ne nous aimait pas, il exaucerait toutes nos prières ».

Comment prendre leçon du « confinement » de Noé dans l’Arche ? [Amina]

Le « confinement » de Noé dans l’Arche n’est qu’un élément de l’histoire du déluge. Il n’est pas très juste sur le plan de la méthode d’étudier ainsi un texte biblique en projetant une préoccupation de notre actualité qui ne se trouve pas développée en tant que telle dans le texte. L’enfermement de Noé, de sa famille et de tous les couples d’animaux pendant environ une année dans l’arche n’est donc pas un confinement comparable à ce que nous vivons. On ne peut comprendre la valeur de cette vie dans l’arche sans ce qui précède et ce qui suit : l’histoire de la folie et de la violence des hommes à qui Dieu a voulu redonner un autre commencement. Ce qui est remarquable, c’est que la colère de Dieu n’est pas totale. Elle permet un nouveau départ. Ce qui est rarement le cas de la colère humaine. La fin du récit se termine sur l’échec de ce second redémarrage. Les hommes sont toujours aussi méchants. Dieu décide alors de changer de méthode (Genèse 8, 21 et 22). Il promet de ne plus détruire la terre (Genèse 9, 11 à 17). Il transformera le cœur humain, non par la force, mais par l’intérieur, par la confiance et l’écoute de sa Parole. Commencé avec Abraham (Genèse 12), cette histoire trouve son dénouement avec Jésus et le don de l’Esprit. Le confinement que nous vivons peut utilement être l’occasion de méditer sur Le projet de Dieu pour sa création. L’arche a été le lieu où s’est expérimenté la providence de Dieu pour sauver toute sa création. Dans notre vie, nous pouvons faire la même expérience en toute circonstance. C’est la foi de Noé qui nous enseigne (Hébreu 11, 7). Pour Jésus lui même quand il parle de Noé, c’est le fait d’obéir à Dieu qui est important (Luc 17, 26 et 27). Faites confiance Amina en la parole de Dieu, là est la vie, non pas confinée mais libérée !

Comment durer quand on sait pas quand ça finit ? [Jo]

Votre question, Jo, me semble se référer à la situation que nous vivons en ce moment, avec le confinement dont nul ne sait précisément quand et comment il prendra tout à fait fin. D’une manière plus générale, je crois que cela nous renvoie à la notion de persévérance et d’endurance dans la foi, qui est souvent évoquée dans le Nouveau Testament. Jésus en parle clairement : « Quant au jour et à l’heure, personne ne les connaît, pas même les anges dans le ciel ni le Fils: le Père seul les connaît. Faites bien attention, restez en éveil et priez, car vous ignorez quand ce temps viendra » (Marc 13. 32-33). La prière, la lecture régulière et attentive de la Bible, la relation fraternelle, sont autant de moyens pour durer, quelles que soient les circonstances extérieures. C’est aussi ainsi que je comprends « Demeurez dans mon amour » (Jean 15. 9). Que le Seigneur nous donne à tous de vivre ce temps présent plus comme une occasion à saisir pour approfondir notre relation avec lui et demeurer dans son amour que comme un mauvais temps à endurer pour éviter qu’il n’empire.

Doit-on se faire rebaptiser parce que le premier baptême a été fait par aspersion ? [Roosevelt]

Votre question Roosevelt en comporte en fait deux : celle du re-baptême et celle du procédé utilisé : l’aspersion ou l’immersion. Je vais essayer de répondre à ces deux questions mais en les distinguant : Il y a dans toute démarche de baptême deux éléments importants et précieux : le premier élément est la grâce de Dieu manifestée en Jésus Christ, une grâce attestée par la communauté croyante qui baptise et le second élément est la réponse croyante de la personne qui reçoit la grâce qui sauve. Ces deux éléments ne sont pas symétriques. La grâce de Dieu est première, royale, magnifique. La réponse humaine est seconde, souvent balbutiante et doit rester consciente de son humilité. Et même humble, cette réponse doit tout au travail du Saint-Esprit en nous. Si une personne prend conscience arrivée à un âge avancé que son baptême reçu enfant dans l’indifférence est la chose le plus merveilleuse de sa vie parce qu’elle découvre le pardon et l’amour de Dieu pour elle, alors, je ne lui conseille pas un re-baptême mais une confirmation de son baptême. Le baptême ne devient pas vrai dans la mesure où je le comprends, mais il est vrai par ce qu’il proclame le Salut obtenu par Jésus il y a 2000 ans sur la croix pour nous et pour moi. Un de mes amis répétait souvent : « nous avons tous été baptisés il y a 2000 ans sur le Golgotha. La cérémonie de baptême n’est que le faire-part de ce qui est arrivé par Jésus ». D’autres pasteurs, d’autres églises auront un autre enseignement sur ce sujet, mais je vous livre là ma conviction intime. Ensuite la quantité d’eau n’est pas importante. Dans certaines églises d’Orient on baptise les bébés et les enfants par immersion. Le sens est le même qu’une aspersion. Ceci est une affaire de coutume locale et de choix relatif à chacun. Je pense que le geste de l’immersion est très beau et représente mieux que l’aspersion le sens biblique de recouvrement, de plongée dans la mort et de résurrection. Mais la signification spirituelle du baptême ne dépend pas d’un formalisme quel qu’il soit. Il m’est arrivé une fois d’accompagner une confirmation par immersion d’un jeune adulte qui avait été baptisé enfant par aspersion.

Comment les protestants comprennent-ils la crucifixion ? S’agit-il d’une expiation substitutive pénale ou d’un autre modèle théorique comme celui d’Abélard ? [René]

La grande majorité des protestants, à la suite de Martin Luther et Jean Calvin, comprennent la crucifixion de la même manière que l’ensemble des chrétiens : selon l’enseignement des écritures bibliques.

La mort de Jésus est la volonté de Dieu : « Cet homme [Jésus] vous a été livré conformément à la décision que Dieu avait prise et au plan qu’il avait formé d’avance ». (Ac 2.23). Et Jésus a obéi à la volonté du Père : « [Jésus] s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort » Phi 2.8.

En effet, le sens de la crucifixion de Jésus s’exprime dans la Bible avec un langage judiciaire et sacrificiel (les deux vont de pair) : « Le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mt 20.28), « Jésus a été livré pour nos fautes » (Rom 4.25), « vous avez été rachetés à grand prix » (1 Co 6.20), « Il a subi notre punition, et nous sommes acquittés […] le Seigneur lui a fait subir les conséquences de nos fautes à tous » (53.5-6)

En résumé, la punition que nous méritons pour nos péchés a été prise par Jésus. Ainsi nous sommes réconciliés avec Dieu (Rom 5.10). C’est par amour pour nous que le Père a donné son fils, c’est ainsi que le mot « grâce » prend tout son sens ! Par la croix, Dieu nous offre le pardon gratuitement. Quel amour merveilleux ! « L’amour consiste en ceci : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés ; il a envoyé son Fils qui s’est offert en sacrifice pour le pardon de nos péchés. » (1 Jn 4.1)

Il y a dans le protestantisme, une minorité de personnes qui, comme Abélard au XIIe siècle, n’acceptent pas cet enseignement pour des raisons morales. Même pour les disciples de Jésus, l’idée n’était pas facile à accepter, Pierre a refusé l’idée que Jésus aille jusqu’à la croix, et Jésus lui a répondu par cette mise en garde : « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ». (Mt 16.23)

Comme l’enseigne Paul, l’idée la croix est pour beaucoup une folie (1 Co 1.17-25), mais pour ceux qui l’acceptent, la croix se révèle être « sagesse et puissance de Dieu ».

Les catholiques et les évangéliques adorent-ils le même Dieu ? [Roland]

Oui ! Catholiques et évangéliques sont chrétiens, ils confessent le même Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.

Ces deux traditions chrétiennes perçoivent Dieu de la même manière. Ce qui les distingue, c’est une façon différente de vivre la foi, de comprendre ce qu’est l’Eglise et d’apréhender la bible.

Comme le reste des protestants, les évangéliques ont les écritures bibliques pour seule autorité en matière de foi et de vie, croient au salut par la grâce au moyen de la foi et à une relation sans intermédiaires entre le croyant et Dieu.

La spécificité des évangéliques concerne principalement le baptême. Les catholiques et les protestants luthéros-réformés baptisent les bébés, tandis que les évangéliques ne baptisent que les personnes en mesure de confesser leur foi publiquement.




Dans 1 Tim 4.16- Paul exhorte Timothée à veiller sur lui-même pour son salut. Quelle part avons-nous pour sécuriser notre salut ? Est-ce contradictoire avec le salut par la foi- pure grâce de Dieu ? [Christophe]

Comme vous le mentionnez dans la question, il s’agit d’une exhortation de Paul, et qui dit exhortation dit conseils, recommandations, ou encore incitations, ce qui dans le contexte d’un débat théologique sur la question de la foi et des œuvres, pourrait être interprété comme allant dans le sens qu’il faille effectivement œuvrer pour notre salut. Hors Paul ne semble pas dans ce chapitre débattre de cette question, mais il semble plutôt mettre en garde Timothée contre des doctrines qui circulent et leurs possibles influences sur la foi des personnes voir de Timothée lui même. Ainsi je ne pense pas que Paul fasse directement référence au salut de Timothée dans cette exhortation, mais qu’il cherche avant tout à préserver sa foi et sa piété. Le verbe sozo en grec souvent traduit par sauver (comme ici), est aussi régulièrement traduit par le verbe « guérir », ou encore le verbe « préserver ». c’est également le mot qui en français a donné « sûr »

Pour répondre à votre question, Il n’y a pour être sauvé, qu’à prendre conscience que l’on a besoin d’être sauvé, et ainsi répondre « oui » à l’appel de Dieu sur nos vies. 

J’ai vu « Silence » de Scorsese. Que penser du dilemme « Soit je renie ma foi- soit des gens meurent » ? [Marie-Gabrielle]

Le film que vous évoquez, Marie Gabrielle, présente entre autre la situation de missionnaires jésuites au Japon, saisis par des membres de « l’inquisition » bouddhiste japonaise, et sommés de renier leur foi pour sauver des vies de nouveaux convertis japonais. Dans ce cadre précis, il s’agit donc d’une campagne missionnaire, confrontée à un appareil d’état oppressif. La torture psychologique autant que physique fait partie des tribulations que les témoins de Jésus-Christ peuvent avoir à subir (Marc 13. 9-10 par exemple). Il est bien sûr facile de pérorer sur ce genre de problème, assis dans son fauteuil devant son ordinateur. Il s’agit de situations épouvantables, dans lesquelles émettre un jugement abstrait me paraît dangereux. Dieu connaît les cœurs de chacun et je ne me sens pas en mesure de dire a priori quelle attitude (renier ou refuser de le faire) est la « meilleure » quand les vies d’autres personnes sont en jeu. Cela vient surtout montrer combien des êtres humains pris dans des structures de pouvoir peuvent alors se détourner du Dieu vivant et devenir des monstres. Je ne peux aussi que me souvenir que le mot grec traduit par « témoin » veut aussi signifier « martyr ».

Entre notre grand-mère Lucie et les dinosaures- qui le premier a commencé à croire en Dieu ? [Nathan]

La Bible nous dit que Dieu est visible  à travers sa création. Ainsi, Romains 1:20 « En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’oeil, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. » Nous pouvons donc croire que les humains ont, de tous temps, pu croire en l’existence de Dieu, Lucy et dinosaures compris.

Malheureusement, cette connaissance est obscurcie par notre péché. L’humain, bien qu’il se doute de l’existence de Dieu, ne peut parvenir à le connaitre et à l’aime vraimemebt. Il se fourvoie dans des raisonnements qui ne lui permettent pas de connaître Dieu ou d’entrer en relation avec lui Romains 1/22. Dieu ne l’a pourtant pas abandonné. Il a appelé un peuple à le suivre, il lui a donné la loi, il lui a parlé pas les prophètes de l’Ancien Testament. Les personnes qui ont reçu ces choses sont les croyants (Hébreux 11). Aujourd’hui, il nous donne Jésus-Christ, qui nous dit qui est vraiment Dieu (Jean 1/18). Il nous donne son Esprit pour pouvoir mettre notre confiance en lui et le suivre (Romains 8/15). Tout cela s’est passé, probablement un peu après Lucy et ses gros amis…