Pourquoi le mal se trouvait il déjà en Eden ? Dieu parle de l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Gen 2:17) ? [Pascale]

« Connaître le bien et le mal » est une expression typiquement biblique qui désigne la totalité par l’opposition des contraires. Tout comme le premier verset de la Genèse, « Dieu créa les cieux et la terre » signifie que Dieu a tout créé, du haut (les cieux) en bas (la terre). Donc aussi la mer, les astres, les êtres vivants, etc.

En Genèse 24,50 « ne dire ni bien ni mal » signifie : ne rien dire. « Connaître bien et mal » signifie « tout connaître », c’est à dire être en capacité de tout choisir, tout décider par soi-même, être auto-nome, c’est à dire se donner à soi-même la loi à suivre, être juge et arbitre de ce qui est bien et mal. C’est le propre de l’adulte, à la différence de l’enfant, notamment (voir Deutéronome 1,39 ; Esaïe 7,15s). C’est la sagesse que Salomon demande à Dieu pour guider le peuple, lorsqu’il devient roi (1 Rois 3,9).

Si cet arbre et son fruit sont interdits à Adam et Eve, c’est parce qu’il revient à Dieu de les diriger, de leur indiquer comment mener leur vie. C’est dans la dépendance à leur Créateur et Seigneur qu’ils pouvaient trouver leur vraie liberté et le vrai bonheur. En voulant se prendre pour des dieux, ce que leur a fait miroiter le serpent, ils n’ont pu que se découvrir nus, c’est à dire éprouver leur fragilité et leur finitude.

Le mal n’était donc pas présent dès le départ ! Le mal et la mort, sa conséquence, découlent du refus de l’homme d’avoir confiance en la Parole de Dieu.

Peut on parler de péché sans loi ? Devons-nous observer la loi alors que nous sommes sous la grâce ? [Arnaud]

C’est effectivement, comme le souligne Paul dans l’épître aux Romains, par la loi que vient la connaissance du péché (Romains 3,20 ; 5,13,20 ; 7,7ss). Puisque le péché est transgression de la loi. Même les païens qui ne connaissent pas la loi révélée par Dieu à Moïse, écrit-il, ont conscience d’une loi (du bien et du mal, par exemple) que parfois ils transgressent (Romains 2,12-16).

Quand Paul écrit que nous ne sommes plus sous la loi, mais sous la grâce, il signifie que par Jésus-Christ, nous ne tombons plus sous la condamnation de la Loi.

Mais la grâce, c’est à dire le pardon de nos péchés accordé indépendamment de notre capacité à accomplir ce que la loi de Dieu ordonne, donc à nous justifier devant Dieu par la loi, ne rend pas la loi de Dieu inutile et caduque pour notre vie ! Elle reste un don par lequel Dieu nous invite à vivre, par la puissance de l’Esprit Saint, libres de la violence, du mensonge, de la tromperie, de l’adultère, de la convoitise…et à redécouvrir ce que sont les dix commandements et leur résumé, la double-loi de l’amour de Dieu et l’amour du prochain : une promesse de liberté. C’est le chemin de la vie chrétienne, ce que Paul appelle la « sanctification ». Le thème de la « loi de l’Esprit », de la vie nouvelle du Chrétien dans et par l’Esprit Saint, est abordé à partir du ch.8 de la lettre aux Romains.

Est-ce que Dieu pardonne à un homme ou une femme qui a trompé son ou sa partenaire étant marié- et ce à plusieurs reprises ? [Past]

Il n’y a pas d’offense, de faute, voire de trahison aussi grave que l’adultère que Dieu ne puisse pardonner. Et ce, même si cette faute a été commise plus d’une fois. Une belle confession du péché de la Réforme, celle de Jean Calvin, nous rappelle notre propension à réitérer le mal : « Nés dans l’esclavage du péché, enclins au mal, incapables par nous-mêmes de faire le bien, nous transgressons tous les jours et de plusieurs manières tes saints commandements, attirant sur nous, par ton juste jugement, la condamnation et la mort ». Si nous condamnions tel ou tel péché en le déclarant impardonnable, nous nous condamnerions nous-mêmes.

Ce que j’entends aussi derrière votre question, c’est : jusqu’à quand le conjoint trompé devra-t-il pardonner à son mari ou à sa femme adultère ? Jésus exhorte l’apôtre Pierre qui se trouvait déjà très généreux en envisageant de pardonner jusqu’à 7 fois à ne pas donner de limite à son pardon (voir le ch. 18 de l’Evangile selon Matthieu, les versets 21 à 35).

Y a-t-il une condition à ce pardon ? Oui : que l’offenseur accepte d’être repris et entre dans un repentir sincère (voir toujours dans Matthieu 18 les vv.15 à 18). Je crois qu’une personne qui multiplie les aventures, les liaisons extra-conjugales peut changer, prendre la mesure du mal qu’elle a infligé, et s’engager sur un chemin nouveau de fidélité, et de retrouvailles avec son conjoint. En clair, la miséricorde de Dieu ne doit pas devenir un prétexte pour persévérer dans le péché. Ce serait se moquer de Dieu et de sa Grâce.

On dit que Jésus a aimé jusqu’à la mort- qu’est ce que ça veut dire ? [Christine]

L’Evangile de Jean, au début du ch.13, souligne effectivement que Jésus a aimé les siens « jusqu’à l’extrême » (traduction TOB). Et Jésus affirme deux chapitres plus loin (ch.15 v.13) qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.

Jésus a accepté la mort, qui plus est la mort par crucifixion, pour accomplir l’oeuvre de réconciliation et de Salut pour laquelle le Père l’a envoyé. A la croix, Dieu lui-même, en Jésus-Christ, se charge de nos péchés et subit le jugement à notre place. Par sa mort, le Christ nous délivre de la mort, conséquence, « salaire » du péché (Romains ch.6 verset 23), et nous ouvre les portes de la vie éternelle. Par amour pour nous, un amour gratuit, c’est à dire immérité.

Pourquoi un chrétien doit confesser ses péchés si Jésus Christ en a déjà payé le prix une fois pour toutes ? [Anicet]

Trois passages bibliques me viennent à l’esprit pour vous répondre, Anicet.

Tout d’abord le Psaume 32, v.3-5 : « tant que je gardais le silence… je gémissais sans cesse. Je t’ai fait connaître mon péché, … et toi tu as pardonné ma faute ». Confesser son péché ce n’est pas vouloir en payer le prix, l’expier ! c’est tomber le masque devant Dieu, nous reconnaître tels que nous sommes devant lui, et lui ouvrir la porte de notre coeur pour qu’il nous délivre du fardeau amer de la culpabilité. La première épitre de Jean ch.1, v.9 y insiste : « Si nous reconnaissons nos péchés, il est juste et digne de confiance : il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute injustice ». C’est précisément parce que le Christ a pris sur lui le poids de notre péché par sa mort sur la croix que nous pouvons en déposer le fardeau dans la prière, et recevoir, toujours à nouveau, l’assurance de sa grâce.

Jacques au ch. 5, v.16, enfin, encourage ses lecteurs chrétiens à confesser leurs péchés les uns aux autres, pour qu’ils soient guéris. Attention, il ne s’agit pas d’accuser tous les malades en leur assénant que leur état vient forcément d’un « péché non confessé », ce serait cruel et injuste. Ce que Jacques veut dire est que le pardon demandé et reçu permet de restaurer non seulement la personne concernée, mais aussi, les relations blessées, mises à mal par des offenses et autres manquements (un des verbes désignant le fait de pécher, en hébreu, signifie, « manquer la cible »).

Même si le tiers offensé n’est pas un autre être humain mais le Seigneur, il est bon de pouvoir se confier à un frère ou une soeur qui partage notre foi. J’ai reçu un jour un homme tourmenté par une faute irréparable, commise cinquante ans auparavant ! Je lui ai dit : « mais, en tant que chrétien, vous savez que le Seigneur vous a tout pardonné ! » Il m’a répondu : « oui, mais j’ai besoin que quelqu’un me le dise ».

Mariés depuis plus de 30 ans- je ne ressens plus de désir physique pour ma femme ni elle pour moi. Elle ne semble pas en souffrir. Je ne ferais de mal à personne en satisfaisant mes besoins avec une autre. Si je lui reste attaché est-ce un péché ? [Dominique]

Je ne suis pas sûr de comprendre exactement de quoi vous parlez, Dominique : de votre désir ou de vos besoins ? Pour ce qui me concerne, s’il y a bien une personne à qui je peux faire part de mes besoins, après Dieu, c’est ma femme ! Il me semble qu’il vous faudrait regarder plus profondément en vous ce qui fait que vous pensez avoir encore des besoins d’ordre sexuel sans plus éprouver de désir pour votre femme, qui est la partenaire que Dieu vous a donné pour vous combler sur ce plan. Vous me dites que votre femme « semble » ne pas en souffrir. Mais en avez-vous déjà vraiment parlé avec elle ? Êtes-vous franchement sûr que vous ne feriez de mal à personne en satisfaisant vos besoins avec une autre. Cette autre, serait-elle heureuse de savoir qu’elle est là dans votre vie pour satisfaire vos besoins ? Pensez-vous que vous pourriez vraiment rester attaché à votre épouse en vous liant sexuellement à une autre ? D’autant plus que la sexualité est sans doute un des moyens les plus forts pour rester attacher à son conjoint. Il n’y a pas que le couscous dans la vie !

Le péché- parvenu à son plein développement- a pour fruit la mort (Jacques 1:15). Les gens meurent du fait du péché ? [Lucia]

Partons d’un verset plus explicite. Romains 5/12 dit cela : « Le péché est entré dans le monde à cause d’un seul homme, Adam, et le péché a amené la mort. ».
Nous voilà donc ramenés à l’histoire du premier couple humain, Adam et Eve. Dans les chapitres 2 et 3 de la Genèse, nous apprenons qu’ils vivent heureux et à jamais dans le jardin d’Eden, recevant de Dieu ce dont ils ont besoin dans une relation parfaite. Malheureusement, trompé par le serpent, l’humain se met à penser que ce que Dieu lui donne n’est pas suffisant. Il veut plus. Il veut être comme un dieu. Il mange alors du fruit du seul arbre que Dieu lui avait interdit. Il dit ainsi à Dieu qu’il préfère mener sa propre vie, indépendamment de lui. Ainsi est entré le péché dans le monde, et avec lui, la mort (Genèse 2/15-17, 3/4,3/19, 3/22).
Depuis, il y a quelque chose qui nous conduit à vouloir faire notre vie sans Dieu en nous prenant nous-mêmes pour des dieux, chacun poursuivant ce qu’il pense bon ou mauvais, avec toutes les conséquences négatives que nous connaissons bien. Nous sommes pécheurs. Et comme toutes ces choses que nous poursuivons en dehors de Dieu ne font pas vivre, coupés de la source de la vraie vie, de Dieu, nous mourrons. Là est la condition de tous les humains depuis Adam.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Car Jésus-Christ est venu nous réconcilier avec le Père. En lui, la vie éternelle nous est rendue.
« Car le salaire du péché, c’est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur ». Romains 6/23

Si les prières restent parfois sans réponse même lorsque nous demandons de bonnes choses au nom du Christ- quelle assurance avons-nous que Dieu pardonne nos péchés lorsque nous le lui demandons ? [Jacques]

Cette assurance s’appelle Jésus-Christ. Il est venu, il a enseigné, il est mort et ressuscité pour assurer de la miséricorde et du pardon de Dieu à celles et ceux qui mettent leur foi en Lui. Il n’est pas venu pour répondre à toutes nos prières, quand bien même elles sont les mieux intentionnées. Pour citer un moine du mont Athos : « Si Dieu ne nous aimait pas, il exaucerait toutes nos prières ».

On m’a enseigné que bénir c’est « dire le bien ». Donc maudire c’est dire du mal ? [Ludo]

L’étymologie même de bénir, c’est « dire le bien » : bénédiction vient de bene (bien) et dicere (dire).
Maintenant vue la difficulté de comprendre ce qui est vraiment bien et ce qui est vraiment mal dans pas mal de situations, parfois c’est compliqué de trancher en mode tout-blanc-tout-noir.

Le livre de la Genèse nous raconte en son troisième chapitre que l’humain a voulu manger du fruit de l’arbre qui « permet de connaître ce qui est bien et ce qui est mal ». C’était le nom de cet arbre.
Ce désir de maîtriser le bien et le mal a été stimulé par le serpent, figure diabolique, afin d’éloigner l’humain de Dieu. La Genèse nous exprime donc que la recherche obsessionnelle de ce qui est bien et mal est la condition de l’humain sans Dieu, l’humain qui s’est éloigné de Dieu, qui a voulu être intelligent avec le serpent plutôt que vigilant avec Dieu.

Maudire, c’est donc « dire du mal », mais plus précisément encore, c’est « mal dire ». Cela signifie que l’on dit les choses autrement que comme Dieu (seul capable de dire les choses de façon parfaitement juste). C’est donc plus fin que juste prononcer des paroles mauvaises, ça concerne aussi les paroles imprécises, ambiguës, ambivalentes, approximatives, au sens où elle ne sont pas ajustées avec la parole qui sort de la bouche de Dieu.

Pourquoi l’argent serait-il l’unique racine de tous les maux ? [Anne]

Vous évoquez un verset de 1 Timothée 6,10.
Mais il ne dit pas que l’argent est la racine de tous les maux, mais que c’est l’Amour de l’Argent qui est la racine de tous les maux.
Bref, c’est dans notre rapport à l’argent que peut se nicher le péché.
Car pour ce qui est de l’argent (monétaire ou métallique) ou de l’or, ils appartiennent à Dieu d’après Aggée 2,8 dans le Premier Testament.

Beaucoup de choses ne sont pas intrinsèquement mauvaises mais c’est notre rapport à elles qui peut le devenir. A nous de considérer si nous sommes bien calés, et comme on le dit de façon proverbiale, que l’argent reste un bon serviteur, car sinon il risque de devenir un mauvais maître !

Maintenant, on peut agrée au fait qu’il soit racine de la quasi totalité des maux en référence aux dix commandements :

  1. Il peut prendre la place de Dieu
  2. Il est un attribut visible de pouvoir
  3. Il peut être objet d’idolâtrie
  4. Il peut nous faire travailler le dimanche 😉
  5. Il peut nous faire laisser dépérir nos parents
  6. Il occasionne beaucoup de meurtres
  7. Il est le coeur de la problématique du vol
  8. Il contribue à l’adultère
  9. Il nous pousse à mentir
  10. Il est la base de la convoitise…