Jésus dit que nous devons être parfaits comme le Père céleste est parfait. Comment faire ? [Maurice]

En laissant tomber, parce que c’est trop dur ! Plus gentiment, relisons le passage d’où cette affirmation est tirée. Il s’agit du verset 48 du chapitre 5 de l’évangile de Matthieu. Beaucoup de traductions proposent : « Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait. » (Ici, c’est la traduction « Segond 21 »).  Or le texte original, en grec, dit : « Vous serez donc parfaits… » Ce n’est pas exactement la même chose. « Vous serez parfaits » peut s’entendre comme une promesse, qui se réalisera justement si nous ne prenons pas cette parole comme un impératif. Car ce n’est pas par nos propres forces, nos bonnes actions, notre attitude religieuse, notre intelligence…, mais seulement par la grâce de Dieu que nous serons parfaits. Rendus parfaits par Lui. C’est pour cela que pendant toute la deuxième partie de ce chapitre 5, Jésus nous demande des choses franchement très difficiles : Ne pas dire la moindre insulte à quelqu’un, ne pas regarder une personne autre que notre conjoint avec le moindre désir sexuel, tendre la joue droite, etc. Impossible ? Certainement ! Mais rien n’est impossible à Dieu. L’enjeu et de renoncer à soi-même comme source de notre salut, pour, dans la prière, la lecture de la Bible et la fréquentation de l’Eglise, laisser Dieu nous travailler de l’intérieur, pour que notre impossible devienne son possible.

Est-ce que si on croit en Jésus mais qu’on n’est pas (encore) baptisé- on est sauvé ? [Judith]

A quelle condition est-on sauvé, c’est à dire, délivré du péché et de ses conséquences, à savoir la séparation d’avec le Dieu vivant, notre Père et notre Créateur ? Pendant des siècles, l’Eglise s’est arrogée le pouvoir d’ouvrir ou de barrer le chemin vers le ciel et l’éternité en faisant de l’administration des sacrements leur sésame indispensable. Et en forgeant des doctrines pour répondre aux cas particuliers, même s’il n’était guère possible de les fonder sur des textes bibliques.

Par exemple, au sujet des enfants morts à la naissance sans avoir été baptisés. Ils ne pouvaient « mériter » d’aller en enfer ! Mais toutefois, marqués par le péché originel, ils étaient censés rejoindre un lieu appelé « les limbes », sorte d’antichambre du Paradis (l’Eglise catholique a officiellement remis en cause cette doctrine en 2007, sans la condamner totalement). C’est pourquoi il était permis, en l’absence de prêtre, d’asperger un nourrisson à l’agonie au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, pratique appelée « ondoiement ».

Qu’en penser ? Ce n’est pas le baptême en lui-même, quelle que soit sa forme, mais Jésus-Christ qui nous sauve ! Le baptême ne nous confère pas  le statut d’enfant de Dieu, aimé de Lui, uni à lui par le don de Jésus-Christ. Il nous l’atteste. De même qu’une signature au bas d’un contrat marque l’engagement du contractant, le Seigneur s’engage envers nous par ce signe visible de sa grâce invisible. Comme un Père atteste son amour à son enfant par un geste de tendresse. Le baptême est un sacrement, mot qui vient du latin sacramentum, terme du droit désignant un dépôt de garantie, puis le serment de fidélité à la Patrie que prononçaient les militaires.

Comme votre question le souligne elle-même, Judith, le lieu où Dieu choisit de nous rencontrer, de nous retrouver, et de nous réconcilier avec lui, c’est la foi en son Fils Jésus-Christ. Jean ch.3, v.16, le verset qui résume l’Evangile, nous le rappelle utilement.

Comment puis-je être sûr d’être sauvé ? [Alain]

Sous un angle chrétien protestant, la réponse à cette question ne peut se trouver que du côté de la foi. Car la foi est la seule réalité de ce monde qui peut nous assurer du salut que Dieu offre en Jésus-Christ : « La foi, c’est la réalité de ce qu’on espère, l’assurance de choses qu’on ne voit pas » (Hébreux 11, 1). Le salut, précisément, nous est donné en espérance, et on ne le voit pas.

A ce sujet, le catéchisme de Heidelberg (1562) demande à sa question 21 : « Qu’est-ce qu’une vraie foi ? ». Je cite deux éléments de réponses qui peuvent nous éclairer, cher Alain : d’abord la foi est une connaissance de la vérité, une connaissance du Christ Sauveur qui ne se limite pas à une action de notre intelligence, mais qui est validée par l’adhésion de tout notre être. Autrement dit, elle est « confessée » explicitement.

Mais cette connaissance court le risque de se muer en orgueil ou en certitude mortifère, qui consisterait à se rendre maître du salut, à prétendre savoir qui est sauvé, et qui ne l’est pas. Pensons à la surprise des « bénis de mon Père » au ch. 25 de l’évangile de Matthieu : elle nous rappelle que seul Dieu est maître du salut, et que celui-ci ne vient que par pure grâce. Même un cœur limpide ne saurait s’en emparer !

C’est pourquoi (2ème élément de réponse) la seule assurance que nous avons vient de l’action du Saint Esprit en nous. Il nous conduit dans la repentance et nous ouvre au pardon divin. Ses dons et ses fruits témoignent de la présence de Dieu dans notre vie, et ce sont de bons indices pour nous, tout comme l’amour que nous mettons en pratique. Mais le premier des signes qui nous sont donnés du salut est sans doute celui d’un cœur reconnaissant de se savoir aimé et justifié par Dieu dans la personne de Jésus.