Que signifie l’expression « être sous la loi » ? [Arnaud]

Avant d’être interpellé par le Christ, par pure grâce, sur le chemin de Damas (et de le choisir ensuite, par son baptême, comme Seigneur et Maître) l’apôtre Paul suivait scrupuleusement la loi de Moïse et toutes les coutumes et traditions juives.
L’appel de Dieu et sa clémence envers Paul ont été si immérités par l’apôtre qu’il a pris conscience qu’il était auparavant plus soumis (mis sous) à la Loi de Dieu qu’à Dieu lui-même. Il a saisi le réel intérêt de la Loi et que celle-ci, comme toute création, ne doit pas prendre la place du créateur.

A plusieurs reprises il va donc utiliser cette expression « être sous la loi » (par exemple Romains 3 et 6, 1 Corinthiens 9, Galates 4 et 5…) pour parler de ceux qui continuent d’être soumis à La loi et la manière dont elle rend compte de la justice de Dieu selon le principe du mérite.

La foi chrétienne commence par la reconnaissance que l’amour de Dieu en Christ est un cadeau et que nous n’avons rien accompli pour y avoir droit (bien au contraire !). Par cette conviction, nous ne sommes donc plus soumis au principe du mérite sous jacent à la Loi.

Comment lors d’une prédication amener à une sincère remise en question- sans toutefois donner un sentiment de jugement et de « mauvaise culpabilité » ? [Ilotiana]

Martin Luther et la théologie luthérienne après lui ont mis en avant un principe très simple à suivre lorsque nous prêchons. Ce principe nous invite à articuler ce qui dans l’Ecriture relève de la loi : les règles de vie et ce qui relève de l’Evangile :  la Bonne Nouvelle du salut en Christ.
Ainsi, nous devons dire la loi afin de permettre aux auditeurs de comprendre qu’ils sont pécheurs et qu’ils ont besoin de Christ pour changer. Nous devons aussi dire l’Evangile et annoncer que le pardon est donné en Christ, qui, aujourd’hui encore nous relève et nous transforme.

En revanche, nous ne devons pas nous contenter de prêcher la loi, ce sans quoi nous risquerions de laisser entendre aux optimistes que nous pouvons nous sauver nous-mêmes en suivant des règles et aux pessimistes qu’ils sont coupés de Dieu à jamais. De la même manière nous ne devons pas prêcher l’Evangile sans la Loi. En effet, cela  laisserait entendre que nous ne sommes pas pécheurs et que nous n’avons pas besoin du Sauveur et de la transformation qu’il apporte.

« Nous tous aussi, nous étions de leur nombre [les fils de la rébellion], et nous vivions autrefois selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres. Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus vivants avec Christ – c’est par grâce que vous êtes sauvés. » (Éphésiens 2.3-5)

Depuis mon enfance- je crois en Jésus et connais le passage ‘l’amour bannit la crainte’. Mais quand un autre me montre mon imperfection et la colère de Dieu- je sens la même peur. [Laurent]

Luther disait que nous devons considérer à la fois la loi (ce que Dieu nous demande) et l’Evangile ( son pardon gratuit en Christ). Cf Romains 3/23-25. La loi de Dieu, ses commandements, nous permettent de nous rendre compte de notre péché. En effet, lorsque nous lisons la Parole de Dieu, lorsque nous sondons nos coeurs, nous nous sentons incapables d’agir comme Dieu le veut, fautifs. Cela n’a rien d’anormal. C’est la condition de chaque personne humaine sur cette terre. Il est bon de nous rendre compte de nos fautes. Elles nous disent notre besoin du salut, du pardon et de la transformation que Dieu apporte en Christ. Mais nous ne devons pas en rester là. Nous devons aussi, justement, et en même temps regarder à Christ. Il est venu pour ôter le péché du monde, porter notre fardeau, nous accorder le pardon, nous réconcilier avec le Père. Nous pouvons aujourd’hui, accueillir cette oeuvre merveilleuse dans la certitude que ce dont nous nous repentons en Christ est pardonné et dans la confiance qu’il agit dans les cœurs de ceux se confient en lui, afin de les transformer, doucement, mais surement.
Votre problème semble être le suivant : vous considérez la loi, mais vous oubliez l’Evangile. Que faire ? Peut-être pourriez vous, dans la Bible, à l’aide d’une concordance en ligne, chaque jour,  chercher les versets qui parlent de l’amour de Dieu et du pardon en Christ. Ce travail vous sera profitable, si vous demandez à Dieu de se révéler à vous afin que vous puissiez rejeter les fausses idées que vous avez de lui pour l’accueillir dans votre vie, tel qu’il est : amour, qui bannit la peur. 1 jean 4/8-10.

Pourquoi Dieu préférait Jacob à Esaü ? Je comprends que Dieu pardonne à Jacob tous ses terribles péchés- mais pourquoi haïr Esaü ? En échangeant son héritage contre de la soupe ? [Aurélie]

Certaines expressions propres à l’hébreu (les « sémitismes ») ne doivent pas nous tromper. Il faut traduire Malachie 1,3, « j’ai aimé Jacob et j’ai haï Esaü », texte auquel vous faites allusion, par : j’ai préféré Jacob à Esaü. Dieu choisit ainsi qui il veut, et Paul prend cet exemple dans l’épître aux Romains (ch.9) pour illustrer sa totale liberté, son absolue souveraineté. Le message est : Dieu ne nous doit rien, tout nous est donné par grâce. Ses critères ne sont pas les nôtres. Jacob n’était certainement pas « meilleur » que son aîné, comme vous le relevez vous-même ; constatons simplement qu’il tenait particulièrement à recevoir la bénédiction qui selon l’ordre « normal » des choses, était réservée à Esaü. Il s’est même « battu » avec Dieu pour la lui arracher, comme le montre l’extraordinaire récit de son combat nocturne en Genèse 32. C’est le combat de la confiance, de la foi.

Pourquoi faut-il encore dire à chaque fois « Que la grâce soit avec vous » alors que nous sommes déjà sous la grâce ? [Mima]

Ce phrase vient de la Bible. Elle est écrite par Paul, qui termine souvent ainsi les lettres qu’il rédige pour les communautés chrétiennes des premiers temps de l’Eglise. Si on regarde la lettre aux Romains, où cette expression est utilisée à deux reprises, nous pouvons entrevoir deux raisons à l’emploi de ces mots.
*Romains 16/20 : L’expression est utilisée, comme à d’autres endroits, juste après avoir évoqué un danger pour l’Eglise, ici, ceux qui égarent les gens en s’opposant à l’enseignement reçu. Je pense que Paul donne indique, par cette expression, que la solution pour sortir de ce problème doit se trouver auprès du Dieu qui fait grâce. Il nous est important de nous rappeler cela, alors que nous sommes si souvent tentés de chercher la réponse à nos problèmes dans nos propres forces. Il s’agit donc d’une invitation à nous souvenir que le grâce de Dieu est là, pour nous et en même temps qu’un appel à y avoir recours.
*Romains 16/24. L’expression est répétée ici après les salutations que Paul et son secrétaire adressent aux membres de la communauté de Rome. Elle exprime tout le bien qu’ils souhaitent à la communauté, ainsi que le fait qu’il reconnait que ce bien ne peut venir que de Dieu. C’est un peu comme s’il confiait à Dieu la communauté à laquelle il s’adresse.

Pour résumer, répéter cette phrase encore et encore signifie : Seigneur, nous reconnaissons la grâce qui nous est faite en Jésus et même si nous avons parfois du mal à l’accueillir, à compter sur elle, nous reconnaissons que en avons terriblement besoin. Bon programme pour un culte,  non ?

Un chef d’état prétend avoir « le droit absolu » de « se gracier lui-même » ? Un éclairage biblique ? Quelles conséquences spirituelles ? [PCaf]

Ce chef d’Etat a aussi prétendu être chrétien mais n’avoir jamais eu besoin de se repentir de quoi que ce soit…
Un droit absolu serait un droit divin, obtenu de Dieu au-delà de la constitution. La constitution américaine ne permet pas à un président de se gracier lui-même. Il s’agit donc d’un fantasme de toute-puissance.

Ultimement, c’est bien Dieu qui pardonne et qui gracie.

Nous pouvons être amenés à nous pardonner nous-mêmes pour des choses dont nous nous accuserions sans cesse, mais se gracier de ce que la justice des hommes aurait condamné en nous, quand on sait que toute autorité vient de Dieu, c’est une façon de… se mettre à la place de Dieu.

Conséquence spirituelle : quand on craint si peu Dieu qu’on se met à sa place, on risque de le rencontrer. A savoir comment. Dans la conversion ? Alleluia. Dans le jugement ? Ca peut être plus chaud…

En tant que chrétien- j’ai peur de Dieu quand je lis Matthieu 25.31-46- c’est à dire d’être un mauvais serviteur sans m’en rendre compte- ce qui sera révélé au jugement. Que faire ? [Christophe]

Votre angoisse était celle de Luther avant la Réforme. Celui-ci en est libéré par la Bonne Nouvelle qui nous est transmise par la Bible. En Jésus-Christ, liés à lui par la foi, nous sommes acquittés par Dieu qui ne regarde pas à notre péché, mais à la justice de Christ.

En effet, la Bible dit :
Romains 8/1 : « Il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. » Jean 5/25 : « En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement; mais il est passe de la mort à la vie. » Voir aussi, Éphésiens 2/1-8, Romains 8 etc…

Forts de le certitude de notre salut dans la foi, nous devons néanmoins considérer les appels que Dieu nous adresse dans la Bible (la loi) avec sérieux. Ils nous disent notre péché et nous permettent d’apprendre à compter toujours plus sur lui, en lui demandant pardon et aide.La loi nous indique une voie sur laquelle, reconnaissants pour ce que Dieu a accompli pour nous en Christ, il est bon de marcher.

N’angoissez donc pas quant à ce que vous n’avez pas fait ou ce que vous avez fait. Demandez plutôt à Dieu de vous montrer ce qu’il vous appelle à changer dans votre vie, demandez lui pardon et tâchez de compter sur lui pour vous donnez de le servir toujours mieux dans l’écoute et l’obéissance à sa Parole vivifiée par l’Esprit.

« La tristesse selon Dieu produit une repentance à salut dont on ne se repent jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mort. » 1 Corinthiens 7/10

L’Evangile de la grâce à bon marché est-il une #fakenews ? [Henry]

« Depuis le prophète jusqu’au prêtre,
Tous usent de tromperie. […]
Paix ! paix ! disent-ils ;
Et il n’y a point de paix. » (Jérémie 6,13-14)

Il n’y a pas que les politiques qui sont des trompeurs. Les théologiens le sont aussi souvent. On prétend même méchamment que le saint patron des théologiens est le Serpent de la Genèse. Car il est le premier à avoir enclenché la sacro-sainte « pensée critique » avec son : « Mais… Dieu a-t-il vraiment dit… ? » (Genèse 3,1).

Une fausse prophétie est une fausse information.
Une parabole tordue pour la mettre à notre service est une fausse information, un mensonge.
Une prédication de la grâce qui ne conduit pas à la repentance, à l’humilité, à fuir le péché et à changer de vie est une fausse information, une grâce qui n’est pas donnée par Dieu.

« Si un prophète prophétise la paix, c’est par l’accomplissement de ce qu’il prophétise qu’il sera reconnu comme véritablement envoyé par l’Eternel. » (Jérémie 28,9)

« Parce que vous affligez le coeur du juste par des mensonges,
Quand moi-même je ne l’ai point attristé,
Et parce que vous fortifiez les mains du méchant
Pour l’empêcher de quitter sa mauvaise voie et pour le faire vivre,

Vous n’aurez plus de vaines visions,
Et vous ne prononcerez plus d’oracles ;
Je délivrerai de vos mains mon peuple.
Et vous saurez que je suis l’Éternel. » (Ezéchiel 13,22-23)

La Bible dit que nous sommes mis à part dès le sein de notre mère, choisis par Dieu comme Israël, et d’autre part que le salut est offert à tous en J.-C. Quelle est notre part dans tout ça ? [Manu]

C’est une question qui depuis toujours divise le christianisme. Pélage, comme le judaïsme avant lui, insistait sur la part de l’être humain dans son salut. Le catholicisme souligne qu’avec l’aide de Dieu, l’être humain peut faire ce qu’il faut. Au sein-même du protestantisme, alors que les Réformateurs insistaient, eux, sur la prédestination des croyants, le méthodisme (et à sa suite la majorité du courant évangélique, notamment le pentecôtisme), a réintroduit la nécessité du choix.

Pourquoi donc faudrait-il que nous y ayons notre part, dans notre salut ? Nous en sommes indignes, et « incapables par nous-mêmes d’aucun bien » (cf. la confession des péchés de Calvin et Bèze). C’est un pur cadeau. Je ne puis qu’en être reconnaissant, dès que j’ai conscience de l’avoir reçu, et le mettre en œuvre dans ma vie et autour de moi avec l’aide du Saint-Esprit, comme témoignage rendu à Jésus-Christ.

Mais le salut n’est-il pas offert à tous en Jésus-Christ, comme vous l’écrivez ? Certes ! C’est bien pour ça que le témoignage évangélique est nécessaire, et qu’un chrétien ou une Église ne peut pas justifier n’importe quoi… Pour saisir ce salut, il faut bien que l’être humain ait d’abord une conscience aiguë de son indignité, de son péché, pour recevoir joyeusement le fait que Christ l’a pris sur lui et l’en a libéré par sa mort et sa résurrection. « Vous êtes sauvés par grâce, par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » (Éphésiens 2 / 8)

Comment les deux s’articulent-ils pour les autres ? C’est dans la main de Dieu, pas dans la mienne ! À moins que ce ne soit une question de regard. J’ai lu une fois (sous une plume pentecôtiste), que celui qui était à l’extérieur semblait avoir le choix d’entrer ou non, pour s’apercevoir une fois dedans qu’il y était attendu et qu’il n’aurait pas pu faire autrement… Quant à moi qui sais être dedans, je ne puis que rendre grâces humblement.