Pourquoi fêter plus Noël (fête de la naissance-incarnation de Jésus) que le baptême de Jésus (où il naît à son ministère- à sa destinée ? [Pierre]

Au cours de l’année nous saisissons toutes sortes d’occasions pour nous réjouir, seul, en groupe, en communauté. Chrétiens, nous souhaitons également saisir ces occasions pour exprimer à Dieu notre reconnaissance, considérant qu’il a mis en place ces événements afin de signifier sa présence et son amour pour nous.

Aux premiers siècles de notre ère, l’Eglise s’est structurée et a mis en place des fêtes pour que le peuple chrétien se réjouisse ensemble du plan de Salut de Dieu qui a été pleinement accompli dans la personne et l’oeuvre de Jésus-Christ, Fils unique de Dieu.

La plus ancienne de ces fêtes est Pâques puisque c’est le moment décisif du Salut : TOUT se joue à Pâques, du vendredi saint au dimanche de la résurrection. C’est ici la fête la plus importante pour les chrétiens.

Les autres fêtes sont apparus plus tardivement. Certaines avaient un objectif de remplacer des fêtes paiennes auquel le peuple chrétien se trouvait confronté (et dont il avait du mal à se défaire). Noël est ainsi la plus célèbre. D’autres avaient pour objectif de rythmer l’année. C’est ainsi que chaque année des chrétiens célèbrent l’Epiphanie, l’Ascension, la Pentecôte… mais aussi le baptême du Christ (le dimanche qui suit l’Epiphanie chez les catholiques romains et les luthériens). Toutes ces fêtes, en tout cas, cherchent à aider le peuple de Dieu à reconnaitre les actions du créateur dans le passé et à ainsi croire qu’il va continuer de prendre soin pour le présent et l’avenir.

En dehors de Pâques, est ce qu’il y a des fêtes plus importantes que d’autres ? Je pense qu’elles sont toutes précieuses pour découvrir l’amour de Dieu.
Est-ce que leur sens doit être redécouvert ? Certainement pour qu’elles ne deviennent pas une loi à laquelle on est soumis et par laquelle on juge les bons croyants des mauvais.
A mon avis, si une fête chrétienne (en dehors de Pâques) a peu de sens pour une communauté chrétienne malgré les enseignements de ses responsables il est préférable de la mettre de côté (qu’elle ne devienne pas une occasion de chute) et peut être qu’un jour plusieurs membres voudront la redécouvrir et l’utiliser pour se rappeler l’Amour de Dieu et annoncer à leurs contemporains la Bonne Nouvelle de Jésus.

Comment les chrétiens doivent-ils commémorer la cène instituée par Jésus lors de son dernier repas ? [Clara]

Pour ce qui me concerne, Clara, la Sainte Cène est un moment extrêmement important du culte que la communauté chrétienne rend à Dieu. Cela doit donc se vivre comme un temps de prière et de communion profondes, avec Jésus et entre les participants. Je pense qu’il est légitime de soigner les éléments que l’on utilise. La piquette et le pain rassis, non merci ! C’est un vrai moment où nous recevons la présence du Christ parmi nous. Ce n’est clairement, pour moi, pas seulement un moment commémoratif. C’est pourquoi il me semble aussi absolument nécessaire de s’ouvrir, par la prière à l’action du Saint-Esprit. Lui seul nous permet de discerner dans le pain et le vin les signes du corps et du sang de Jésus, de sa présence parmi nous et de la communion que cela instaure entre lui et nous. Sans enfermer tout cela dans un déroulement rigide et intouchable, je crois quand même qu’un peu de solennité nous aide à mieux nous rendre compte de ce que nous vivons alors.

Pourquoi faut-il encore dire à chaque fois « Que la grâce soit avec vous » alors que nous sommes déjà sous la grâce ? [Mima]

Ce phrase vient de la Bible. Elle est écrite par Paul, qui termine souvent ainsi les lettres qu’il rédige pour les communautés chrétiennes des premiers temps de l’Eglise. Si on regarde la lettre aux Romains, où cette expression est utilisée à deux reprises, nous pouvons entrevoir deux raisons à l’emploi de ces mots.
*Romains 16/20 : L’expression est utilisée, comme à d’autres endroits, juste après avoir évoqué un danger pour l’Eglise, ici, ceux qui égarent les gens en s’opposant à l’enseignement reçu. Je pense que Paul donne indique, par cette expression, que la solution pour sortir de ce problème doit se trouver auprès du Dieu qui fait grâce. Il nous est important de nous rappeler cela, alors que nous sommes si souvent tentés de chercher la réponse à nos problèmes dans nos propres forces. Il s’agit donc d’une invitation à nous souvenir que le grâce de Dieu est là, pour nous et en même temps qu’un appel à y avoir recours.
*Romains 16/24. L’expression est répétée ici après les salutations que Paul et son secrétaire adressent aux membres de la communauté de Rome. Elle exprime tout le bien qu’ils souhaitent à la communauté, ainsi que le fait qu’il reconnait que ce bien ne peut venir que de Dieu. C’est un peu comme s’il confiait à Dieu la communauté à laquelle il s’adresse.

Pour résumer, répéter cette phrase encore et encore signifie : Seigneur, nous reconnaissons la grâce qui nous est faite en Jésus et même si nous avons parfois du mal à l’accueillir, à compter sur elle, nous reconnaissons que en avons terriblement besoin. Bon programme pour un culte,  non ?

Un non-pasteur (laïc) peut-il présider le Cène- dans un contexte tel qu’un petit groupe tel qu’une Eglise de maison ? [Laureline]

Je vous répondrai brièvement :

  • Lorsque je lis la Bible (Matthieu 26, Marc 14, Luc 22, 1 Corinthiens 11), je ne trouve rien dans la bouche de Jésus ou de Paul, à propos de la Cène, qui indiquerait que seuls certains individus pourraient la présider. En fait je ne trouve même rien qui parle de présidence de la Cène (par contre je trouve chez Paul que la participation à la Cène demande au préalable un examen de conscience). Donc, pour moi, la réponse à votre question ne dépend pas de la Bible et sera donc éphémère.
  • La présidence de la Cène fait donc partie des règles propres à chacune des Eglises. Il se trouve que dans les églises catholiques, orthodoxes et la majorité des églises protestantes du monde, la présidence de la Cène est lié à un « ministère ordonné ». Le document de dialogue entre Eglises chrétiennes le plus célèbre à ce sujet est « Baptême, Eucharistie, Ministère » de Foi et Constitution et datant de 1982. Je vous encourage à lire les paragraphes 29, 30 et 31 de la partie sur l’Eucharistie pour approfondir votre réflexion.

Dans Ézéchiel 44 / 25 : « Un sacrificateur n’ira pas vers un mort, de peur de se rendre impur. » Pourquoi assiste-t-on à un culte avant l’enterrement ? [Marc]

Plusieurs remarques pour répondre à votre question.

Tout d’abord, l’Ancien Testament est ancien ! Non pas à cause de sa date d’édition, mais parce qu’il est dépassé par le Nouveau qu’il annonçait. Dans le Nouveau, il n’y a plus de sacrificateurs, ni d’impureté rituelle (cf. Actes 10). Le Christ est le seul sacrificateur et l’unique victime expiatoire (cf. l’épître aux Hébreux). Il n’y a d’ailleurs plus de Temple non plus depuis 1.950 ans… Pasteurs et chrétiens ne sont pas des prêtres, sinon par la prière pour les autres, l’intercession, et pour ce faire ils le sont tous de par leur baptême, quelles que soient les circonstances.

Quant au texte que vous citez, la réponse en est bien sûr l’histoire du « bon Samaritain » (Luc 10 / 30-37), où le sacrificateur et le lévite appliquent ce verset, tandis que le Samaritain (Jésus ?) s’approche, lui, du blessé qui est peut-être mort (moi ?). C’est Jésus qui accomplit l’Ancien Testament en rendant caduques ses ordonnances rituelles, par sa propre mort et sa résurrection, gage de la mienne.

La question du culte à l’occasion d’un enterrement ou d’une crémation est très différente, en protestantisme. Il ne s’agit pas de s’approcher du mort (le culte peut avoir lieu sans la présence du cercueil, d’ailleurs), mais d’une famille en deuil, pour prier avec elle (les « condoléances » au sens propre), et écouter ensemble la Parole que Dieu lui adresse, témoignage justement de cette résurrection pour le défunt comme pour chacune des personnes présentes. Ce culte n’est donc pas nécessaire (pour éviter toute idolâtrie, les Réformés d’autrefois s’en passaient), mais il est à la fois l’expression de la fraternité chrétienne (soutenir des frères et sœurs dans la peine) et la mission de l’Église (annoncer l’Évangile en toute circonstance).

Dans mon souvenir d’enfance, mon grand-père nous faisait le culte du dimanche matin. La qualité de ce culte était-elle affectée du fait qu’il n’était titulaire d’aucune ordination ? [Laurent]

Bien sûr que non. C’est bien la grande tradition protestante que le premier lieu de la spiritualité chrétienne communautaire soit la famille. C’est là qu’on fait l’expérience de la lecture régulière de la Bible, qu’on apprend à la connaître et à l’aimer, à y entendre une parole de Dieu pour aujourd’hui.

Le culte « paroissial », c’est autre chose. De tout temps les protestants luthéro-réformés ont considéré qu’il fallait une formation universitaire à leurs pasteurs (d’où d’ailleurs la robe noire, robe d’universitaire et non habit liturgique). Cette formation, certes, ne suffit pas, mais est nécessaire ; aujourd’hui c’est en France un master pro (bac + 5). Il faut aussi que l’Église (pour nous, l’EPUdF) reconnaisse que la personne considérée sera humainement, psychologiquement, spirituellement, capable d’exercer le ministère pastoral dans une Église locale concrète.

« L’ordination – reconnaissance de ministère » signifie alors l’action de grâce et la prière pour le nouveau ministre. Elle permet sa reconnaissance non seulement dans l’Église locale où il exercera ce ministère, mais dans toute l’Union à laquelle celle-ci appartient, et dans toutes les autres Églises avec lesquelles elle est en relation. Ainsi, si un père de famille (pour parler comme autrefois) est pasteur de son foyer, si un prédicateur dit laïc peut exercer ce ministère occasionnellement et être reconnu localement, voire régionalement, un pasteur « ordonné – reconnu » l’est universellement.

On pourrait aussi, à propos de « qualité », s’interroger sur le sens de la prédication (c’est elle qui fait que c’est un culte) pour ceux qui l’entendent : actualisation, compréhension, témoignage personnel, etc. C’est une des fonctions de la formation universitaire comme des stages professionnels que de se poser la question, afin que ce soit bien la parole de Dieu qui retentisse, le Christ lui-même qui soit communiqué aux auditeurs.