N’y a-t-il pas un danger à n’être chrétien que via Youtube ? [Lydia]

Youtube est un outil utile. Personnellement, je suis édifiée par les prédications de collègues qui me premettent parfois d’approfondir un sujet qui me concerne tout spécialement ou d’ouvrir mon esprit à la réalité d’autres Eglises. Je ne peux que constater, de même, l’utilité de ce moyen de communication pour transmettre l’Evangile à ceux qui ne le connaissent pas encore ou qui, débutant dans la foi, n’osent pas encore faire le pas de rejoindre une Eglise locale. Je suis heureuse qu’internet permette à ceux qui ne peuvent plus sortir de chez eux, en raison de difficultés diverses, d’entendre une prédication et parfois même de se sentir en communion avec leur Eglise.

Utile oui. Mais en effet, parfois aussi dangereux. La Bible, bien sûr, ne parle pas d’internet. Elle évoque cependant ce que devrait être la vie de la communauté chrétienne. Et il paraît évident qu’une vie chrétienne limitée à la fréquentation d’internet présente des manques, si bien que celui qui s’en contenterait pourrait se trouver dénutri spirituellement.

Tout d’abord, le chrétien de Youtube est seul devant son écran. Or, il est souvent question, dans la Bible, de l’expression « les uns les autres » quand il s’agit de l’Eglise. Ainsi sommes nous invités à nous aimer (Romains 13/8), nous accueillir (Romains 15/7), nous exhorter (Romains 15/14), nous servir (Galates 5/13), nous soutenir (Galates 6/2), nous supporter (Ephésiens 4/12), nous pardonner (Colossiens 3/13), confesser nos péchés (Jacques 5/16)…et j’en passe. Nous n’allons pas à l’Eglise, nous sommes l’Eglise ensemble et à ce titre, nous sommes invités à recevoir mais aussi à donner, à nous donner les uns aux autres. Il est évident qu’Internet nous permet de recevoir, mais pas de donner. Il ne permet pas non plus les échanges profonds et personnels que rend possible la fréquentation d’une église et qui sont si précieux pour notre édification, même si cela implique que nous affrontions aussi des choses difficiles (conflits, blessures, fatigue…).

Ensuite, Youtube nous invite à un rapport à la Parole basé sur le mode de la consommation. Ayant accès à de nombreuses vidéos, je vais pouvoir choisir celles qui m’interressent…et peut-être éviter celles qui me mettraient trop mal à l’aise. S’il est intéressant de chercher à approfondir l’un ou l’autre point, Youtube ne pourra pas remplacer le ministère de la Parole qui adresse à une communauté le message biblique qu’il discerne comme celui que nous avons besoin d’entendre. Si on prend les lettres de Paul, nous remarquons qu’elles sont très souvent écrites en lien avec les forces et les faiblesses de la communauté à laquelle il s’adresse. Ce ministère qui s’ancre dans la vie d’une communauté est précieux, et votre pasteur local même s’il est moins doué que certains grands prédicateurs à la mode a cet avantage de vous connaître, vous et la communauté qui est la vôtre. (Ephésiens 4/10-14)

Enfin, Youtube ne permet pas de vivre le baptême et la cène. Or, Jésus a ordonné que nous vivions des signes, qui disent concrètement sa grâce. Ces signes, mis par les réformateurs sur le même plan que la Parole, qu’ils nous  offrent de recevoir manière visible,  devraient donc nous encourager à nous retrouver. (Matthieu 28/19, 1 Corinthiens 11/23-26).

Les protestants ne croient pas en Marie. Pourquoi trop de protestants disent ça ? C’est bizarre. [Anita]

Le protestantisme s’est construit sur la volonté de faire de la Bible la norme de la foi. Il est donc logique et conforme à la pensée des réformateurs que nous, protestants, croyons ce que la Bible dit de Marie. Elle y est présentée comme une femme humble et pleine de confiance en Dieu, la première à avoir accueilli Jésus d’une manière plus que courageuse. Un modèle de foi, dont nous pouvons nous inspirer.

Pourquoi alors certains protestants affirment-ils qu’ils ne croient pas en Marie ?

Je crois que certains, marqués par la théologie libérale ou la culture ambiante, veulent exprimer qu’ils ne croient pas que Marie ait pu donner naissance à Jésus sans avoir eu de relations sexuelles avec un homme. C’est pourtant ce que la Bible raconte. Cela n’a rien d’incroyable pour qui croit en un Dieu créateur, d’imaginer qu’il puisse donner vie en dehors de ce que nous pouvons humainement envisager. Et cela a beaucoup de sens, puisque cette conception particulière dit que Jésus n’est pas un simple humain mais bel et bien le Fils de Dieu, Dieu venu dans notre humanité afin de la relever.

D’autres veulent certainement manifester qu’ils ne croient pas en certaines des choses que le catholicisme dit de Marie sans que cela ne repose sur ce que la Bible en dit. Comme protestants, nous ne croyons pas que Marie est montée au ciel, ce que la tradition catholique nomme l’Assomption. Nous ne croyons pas non plus que le mère de Marie lui a donné naissance sans avoir eu de relations avec un homme, ce que le catholicisme appelle le dogme de « l’immaculée conception ». Enfin, nous ne pensons pas que Marie soit demeurée vierge toute sa vie, mais bien plutôt, comme la Bible l’indique, qu’elle a eu d’autres enfants avec son mari, Joseph.

Ne pas croire en Marie peut aussi signifier pour certains ne ne pas lui adresser de prières. En effet, les protestants, dans la ligne de ce qu’indique la Bible, n’adressent pas plus de prières à Marie qu’à ceux que le catholicisme nomme ‘les saints ». En effet, nous croyons avec Timothée 2/5 que Jésus est le seul médiateur entre le Père et nous. Ainsi, dans la droite ligne des premiers écrits chrétiens, et plus particulièrement des épîtres de la Bible, nous adressons nos prières au Père, au nom de Jésus.

Pourquoi les chrétiens se chamaillent-ils autant ? [Reuben]

Se chamailler, c’est bien le propre des frères et des sœurs, le propre de ceux que tout rapproche, mais qui s’efforcent de souligner leurs différences !

C’est vrai, il arrive que les chrétiens se chamaillent, pour des broutilles du genre : « qui a la plus grande Eglise ? » ou « qui gardera l’entrée du Saint Sépulcre ? » ! Pauvres de nous …

Plus souvent, et depuis toujours, les chrétiens se disputent – un mot à entendre dans son sens originel : ils débattent – et ces discussions théologiques prennent vite un caractère très sérieux, parce qu’elles sont liées à la vérité de ce qu’ils croient. Elles les ont conduits et les conduisent encore à avancer des convictions, des affirmations de foi différentes, par exemple sur l’interprétation des Ecritures, la pratique et le sens des sacrements, la nature des ministères, etc … Certaines différences entraînent des séparations (des schismes), d’autres des distinctions sans pour autant diviser le corps du Christ.

On peut considérer à juste titre, comme vous semblez le faire, Reuben, que les débats et les divisions ont un caractère scandaleux et qu’elles blessent Dieu, puisqu’il n’y a qu’ « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Ephésiens 4, 5).

Le temps de l’unité n’est pas encore venu, pourtant elle progresse chaque jour. Un mouvement est en marche, qui contribue au rapprochement des chrétiens. Le dialogue œcuménique a permis de lever beaucoup de condamnations et de malentendus que l’histoire des Eglises avait accumulés. C’est la prière du Christ que nous essayons d’accomplir en son nom et avec son aide : « Qu’ils soient un, comme toi et moi nous sommes un ! » (Jean 17, 11).