Comment rester unis quand des frères et soeurs de l’Eglise prêchent l’inverse de nous ? [Daniel]

Tout dépend Daniel de ce que vous appelez « être unis », et de ce qui fait l’objet d’opinions (voire de prédications) radicalement opposées. Dès les commencements, les disciples de Jésus ont été appelés à rechercher et manifester leur unité dans la foi. Mais il ne faut pas confondre unité et uniformité. Et ne pas confondre non plus diversité (légitime) et division (nuisible). Je vous encourage à relire le chapitre 4 de l’Epitre aux Ephésiens qui parle des choses essentielles (tant dans les idées que dans la façon de vivre), autour desquelles l’Eglise tient ou ne tient plus debout.
Les frères Moraves (communauté à vocation missionnaire née il y a 200 ans) ont cette devise :
– Dans les choses essentielles, l’unité.
– Dans les choses non-essentielles, la liberté.
– En toutes choses, la charité.
Si vous constatez que dans votre Eglise on dit tout et son contraire, il faut confronter ces « questions qui fâchent » aux Ecritures et décider s’il s’agit de choses secondaires ou essentielles. Si c’est secondaire, vivez-les avec humour, tolérance, bref dans la charité ! Si cela vous semble toucher un point essentiel de la foi ou de la vie en Christ, et relever de la fidélité à l’Evangile et à l’enseignement biblique, alors il faut interpeller l’Eglise, partager votre malaise, inviter l’Eglise à résoudre la question, être prêt à accepter de se laisser convaincre par l’autre, et ce toujours dans la charité ! En bref : il n’y a pas de vérité qui tienne sans amour, mais pas d’amour non plus sans vérité.

Comment défaire les liens qui ont été créés lorsqu’on a eu des rapports sexuels avec des personnes différentes ? [Carole]

Votre question est courageuse et utile. Elle rappelle que les rapports sexuels ne sont pas des choses anodines et indifférentes mais qu’elles impactent notre vie au plus intime car nous sommes un seul être : corps, âme, esprit. La sexualité est faite pour être vécue dans le cadre d’une relation de fidélité où toute la vie est engagée. Avoir des rapports sexuels avec des partenaires multiples est donc avant tout un symptôme d’une dissociation entre ce que vit une personne avec son corps et ce qu’elle vit avec son cœur. C’est une sorte d’anarchie intérieure qui doit être remise en ordre pour que la personnalité concernée soit affermie, embellie, purifiée. Votre question Carole, traduit une inquiétude sérieuse. Je vous suggère de prendre rendez-vous avec une personne de confiance et expérimentée qui vous accompagnera spirituellement d’une manière personnalisée seule ou en équipe dans un parcours de libération. Ce parcours sera fait d’entretiens, avec des lectures bibliques, des temps de prière, de ré-assurance, avec peut-être des gestes liturgiques. Vous découvrirez alors de nouveaux aspects de la grâce particulière de Dieu pour vous. Je vous recommande de rechercher un pasteur ou un psychologue chrétien, c’est à dire un praticien formé, soumis à un contrôle et à une éthique professionnelle.

Pourquoi y a-t-il tellement d’Églises protestantes différentes ? [Gaspard C.]

C’est sans aucun doute le signe d’une grande infidélité ! Mais ce peut aussi signifier que, puisque nous sommes divers en tant qu’êtres humains, y compris dans un même pays, alors l’Église doit pouvoir annoncer l’Évangile non seulement à tous, mais aussi à chacun « dans sa langue maternelle », dans ce qu’il est, dans ses propres formes de pensée et d’expression ; d’où une diversité qui trouve là sa légitimité. Mais alors cela devrait s’accompagner d’une grande fraternité entre ces différentes dénominations, et non d’une compétition, voire d’une excommunication réciproque…

Dans l’Église catholique, c’est l’appartenance à l’Église qui définit le chrétien. C’est l’Église, dans sa hiérarchie, son sacerdoce, ses rites, qui permet l’accès à Dieu. Quand on n’est pas d’accord avec quelque chose, on proteste, mais on reste dedans ! (Notez que Luther n’a pas voulu faire une autre Église, mais qu’il a été mis dehors.) Tandis que le protestantisme classique ne pose pas l’Église à cet endroit-là : la relation avec Dieu y est directe, Dieu parle aux croyants par la prédication et les sacrements, mais tous les chrétiens sont prêtres et peuvent lire et interpréter la Bible et s’adresser à Dieu. Quand donc on a un désaccord majeur, qu’on ne se sent plus « chez soi », qu’on reproche à sa communauté ou à son pasteur son infidélité supposée, on change d’Église, voire on en fonde une autre.

Les protestants devraient pourtant se rappeler avec humilité les textes de l’Évangile dans lesquels « ceux qui ne nous suivent pas » sont aussi l’Église (Marc 9 / 38-40 ; Jean 10 / 16), car il y a une seule Église chrétienne, l’Épouse du Christ, celle pour laquelle il a donné sa vie. « L’Église protestante unie de France – Communion luthérienne et réformée professe qu’aucune Église particulière ne peut prétendre délimiter l’Église de Jésus-Christ, car Dieu seul connaît ceux qui lui appartiennent. » (Constitution de l’EPUdF, article premier) Beaucoup d’autres Églises protestantes / évangéliques ont un discours ou une pratique qui rejoint ceci, et il m’est arrivé de connaître une grande fraternité entre pasteurs des différentes Églises protestantes d’une même ville, même lorsqu’elles ne sont pas d’accord sur le baptême des enfants, sur le parler en langues, sur la manière de lire les textes bibliques, etc.