Pourquoi les chrétiens se chamaillent-ils autant ? [Reuben]

Se chamailler, c’est bien le propre des frères et des sœurs, le propre de ceux que tout rapproche, mais qui s’efforcent de souligner leurs différences !

C’est vrai, il arrive que les chrétiens se chamaillent, pour des broutilles du genre : « qui a la plus grande Eglise ? » ou « qui gardera l’entrée du Saint Sépulcre ? » ! Pauvres de nous …

Plus souvent, et depuis toujours, les chrétiens se disputent – un mot à entendre dans son sens originel : ils débattent – et ces discussions théologiques prennent vite un caractère très sérieux, parce qu’elles sont liées à la vérité de ce qu’ils croient. Elles les ont conduits et les conduisent encore à avancer des convictions, des affirmations de foi différentes, par exemple sur l’interprétation des Ecritures, la pratique et le sens des sacrements, la nature des ministères, etc … Certaines différences entraînent des séparations (des schismes), d’autres des distinctions sans pour autant diviser le corps du Christ.

On peut considérer à juste titre, comme vous semblez le faire, Reuben, que les débats et les divisions ont un caractère scandaleux et qu’elles blessent Dieu, puisqu’il n’y a qu’ « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Ephésiens 4, 5).

Le temps de l’unité n’est pas encore venu, pourtant elle progresse chaque jour. Un mouvement est en marche, qui contribue au rapprochement des chrétiens. Le dialogue œcuménique a permis de lever beaucoup de condamnations et de malentendus que l’histoire des Eglises avait accumulés. C’est la prière du Christ que nous essayons d’accomplir en son nom et avec son aide : « Qu’ils soient un, comme toi et moi nous sommes un ! » (Jean 17, 11).

Comment les protestants commémorent-ils le massacre de la Saint-Barthélemy et la révocation de l’édit de Nantes ? [Fred]

Le massacre de la Saint-Barthélémy et de la révocation de l’édit de Nantes sont avant tout des moments de l’histoire de France, et c’est avant tout dans ce cadre qu’il arrive qu’ils soient évoqués lors d’événements publics tels que des conférences et des expositions, par exemple lors d’anniversaires symboliques (exemple en 1985 le 300° anniversaire de la révocation, ou en 1998 le 400° de l’Édit de Nantes en lui-même). Les protestants participent alors à l’organisation de ce type de manifestation en tant que citoyens et le maintien de la mémoire est quasiment un service rendu à la société dans son ensemble pour éviter que ne se renouvelle ce genre de tragédie.

Mais honnêtement c’est un sujet qui nous préoccupe assez peu : il concerne l’histoire et non la foi protestante. Elle nous projette plus dans l’avenir et l’espérance que dans le retour permanent sur une histoire douloureuse; plus que cela, le Christ nous enseigne le pardon et nous libère. D’ailleurs, savez-vous qu’en grec le mot « mémoire » signifie aussi « tombeau » ? A Pâques le Christ s’est échappé du tombeau de nos mémoires pour nous tirer vers la vie, et à vrai dire cela est plus important pour nous que les commémorations historiques !

Le Livre de Josué est-il un récit d’événements historiques ou une allégorie spirituelle sur le « combat spirituel / la conquête de nos péchés »? [L’australie]

Le statut de textes comme le livre de Josué est très difficile à définir dans la mesure où les historiens ont eux mêmes du mal à établir de façon tranchée sa date de rédaction. Le problème est lié au fait qu’il ne sera jamais vraiment possible de savoir si ce qui est écrit procède de la seule invention littéraire ou qu’un substrat historique a déterminé la rédaction. Au fond, la question de l’historicité de ce qui est raconté ici me semble seconde (pas secondaire) dans la mesure où si Josué, ou n’importe quel autre livre de la Bible, n’était qu’une chronique historique, et n’avait rien d’autre à me dire aujourd’hui que de me renseigner sur des événements passés, il ne m’aiderait pas beaucoup dans ma relation à Dieu. Mais si je crois que l’Esprit de Dieu a guidé a rédaction de ce livre comme des autres livres de la Bible, alors je peux, dans la prière, y trouver des passages qui pourront me rejoindre. Ainsi le premier chapitre, par exemple, peut contenir de nombreuses paroles d’encouragements et d’appel à la confiance en Dieu, que je peux prendre pour moi.

Jésus est-il allé jusqu’en Inde ? Si oui y a-t-il rencontré un prophète ? et lequel ? [Annie]

Bien qu’il existe des histoires qui racontent que Jésus soit allé dans de multiples endroits, dont l’Inde, soit avant son ministère public débuté à 30 ans, soit après sa crucifixion qui aurait donc été fictive, cela n’a pas de pertinence du point de vie chrétien. En effet, être chrétien implique que nous croyions que Dieu a inspiré la Bible. Cette dernière ne mentionne pas un tel voyage, Jésus ayant évolué en Palestine, après un court passage en Egypte. (Voir les évangiles, Matthieu, par exemple). Je ne connais pas non plus d’historien laïc scientifique qui admette cela aujourd’hui, étant donné qu’aucune source (document de l’époque) sérieuse ne mentionne un tel voyage.

La question que pose la vie de Jésus, la question que Jésus nous pose lui-même n’est pas « Comment Jésus a-t-il appris toute la sagesse que sa vie a montrée ? » ou « A qui l’a-t-il transmise ? » mais « Est-il le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde pour nous tirer du péché, du mal, de la mort et des illusions dans lesquelles nous sommes embourbées ? ». C’est Dieu lui-même, qui par son Esprit, peut nous révéler la vérité, à ce sujet. Il le fera, si nous le lui demandons. Qu’il bénisse vos recherches ! Voir Matthieu 16/13-16

Les huguenots étaient-ils les mêmes que les puritains anglais ? Y avait-il des différences ? [Frédéric]

Oui et non. Oui, parce que les idées qui portent les deux groupes sont les mêmes, ce sont celles des réformateurs ayant initié tous les courants du protestantisme au XVI° siècle. Les deux courants sont contemporains, à la fin du XVI° / début du XVII° et se sont tous deux développés dans un contexte conflictuel. Et non, parce que l’incarnation d’idées semblables a été différente car il s’agit de deux contextes fondamentalement différents : les puritains anglais sont nés d’une réaction à l’organisation de l’Église anglicane mise en place par Elizabeth 1ere et jugée par eux trop proche d’une conception catholique de l’Église, ce qui les pousse à s’y opposer et à développer une pensée théologique propre qui aboutira à la création de des Eglises presbytériennes. Le mot huguenot désigne les protestants français et le contexte des guerres de religion, en particulier en France; avant d’être un courant théologique ce mot désigne une histoire faite de persécutions, de résistances et d’exils.

Le « Jesus Seminar » est-il digne de confiance ? Certains théologiens nient que Jésus a été ressuscité corporellement/physiquement. La résurrection n’est-elle qu’un mythe ? [Sophie123)

Le « Jesus Seminar » est un groupe d’historiens anglo saxons cherchant à établir l’historicité de la vie de Jésus. En tant que démarche scientifique, ce travail ne me paraît ni plus ni moins digne de confiance que n’importe quel autre. Mais comme souvent en ce qui concerne les sciences, il s’agit de ne pas considérer que les résultats auxquels ces chercheurs sont parvenus soient la vérité ; au prétexte qu’ils utiliseraient des méthodes « objectives » de recherches. Les méthodes utilisées en histoire sont toujours critiquables et permettent souvent à leurs utilisateurs de dire ce qu’ils ont envie de dire, tout en prétendant ne faire qu’observer leurs sources de façon neutre. Ainsi, nier la résurrection corporelle de Jésus est une opinion historique, procédant d’une interprétation particulière des sources, les évangiles. Que des personnes affirment que Jésus n’est pas ressuscité des morts est leur droit le plus absolu, qu’elles prétendent le faire en s’appuyant sur une démarche scientifique également. Il faut simplement qu’elles acceptent alors qu’elles ne sont pas ou plus chrétiennes, car la résurrection physique de Jésus est un élément central de la foi chrétienne (relire I Corinthiens 15). Délimiter l’espace de sa foi à ce qui est seulement démontrable ou même concevable est en fait une façon de n’avoir confiance qu’en sa raison… Ce qui est une des formes de l’idolâtrie.

Mon ancêtre était un réfugié huguenot pendant la révocation. Si je visite la France en tant que touriste- y a-t-il quelque chose que je dois savoir avant d’assister à un service d’Eglise EPUdf ? [Jack]

Tout dépend de votre habitude ecclésiale dans le pays où vous habitez, parce que l’on mesure toujours les différence par rapport à un point de repère… Si votre repère est celui de la pratique des huguenots au moment du refuge alors il est important que vous sachiez que la plupart des personnes que vous pourrez dans rencontrer dans l’EPUdF n’ont pas cette histoire ni cet héritage; les églises locales sont en général de petite taille, fraternelles, et composées d’individus aux parcours spirituels et culturels extrêmement variés; selon les lieux et les cultes vous pouvez donc y trouver une très grande diversité (et créativité) liturgique et théologique.

Pourquoi Dieu a-t-il permis que les huguenots soient si persécutés ? Comment cela faisait-il partie de son plan ? [Dennis]

Difficile à dire… ce que la Bible dit c’est que souffrir pour la justice (1Pierre 3,14) n’a rien d’étonnant pour les disciples (Matthieu 10,23-24), que de telles épreuves peuvent être un aspect du jugement de Dieu (qui commence par Sa maison, voir 1Pierre 4,17), et que l’attitude face la persécution peut avoir grande valeur de témoignage (1Pierre 3,16).

Avec le recul de l’histoire, on peut dire que la persécution des Huguenots en France, particulièrement vive à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle, a suscité d’importantes migrations qui ont plutôt réjoui les pays d’accueil, que le témoignage des huguenots persécutés continue à porter la foi de leurs descendants et que les excès de l’Etat français à cette époque ont favorisé d’importantes remises en question à la fin du XVIIIe siècle.

Mais restons prudents : les voies du Seigneur sont impénétrables (Romains 11,33-36)… Pour le croyants, l’essentiel est je crois de garder en tête que « tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Romains 8,28), dans cette vie ou dans la perspective de l’éternité.

L’EPUdf fait-elle du travail missionnaire à l’étranger ? Pour soutenir les descendants des huguenots dans la diaspora ? [Laureline]

Pour son travail missionnaire hors de France, l’Eglise protestante unie a fait le choix de participer à une structure commune à l’Eglise réformée évangélique (UNEPREF) et à l’Union d’Eglises d’Alsace-Lorraine (UEPAL) « le Défap – service protestant de mission ».

Ce service a fait le choix d’appeler et d’envoyer essentiellement des enseignants-formateurs et du personnel soignant. Cela signifie que le travail missionnaire de ce service consiste principalement à du soutien « diaconal ».

En ce qui concerne le lien avec les descendants des huguenots il existe une structure dont l’Eglise protestante unie est partenaire, qui se nomme « Communauté des Eglises protestantes francophones » (CEEEFE car avant c’était la Commission des Eglises Évangéliques d’Expression Française à l’Extérieur). Cette structure offre un cadre pour des relations fraternelles.

N’hésitez pas à consulter les sites web de ces deux structures pour plus de précision.

Pourquoi Dieu a-t-il attendu l’an 0 de notre ère pour envoyer son Fils ? Pourquoi pas avant ? [SP]

Peut-être que nous n’étions pas prêts ? Dieu n’a pas attendu ce jour-là pour parler à son peuple, pour agir pour l’humanité et le monde. Les Écritures (l’Ancien Testament) en portent le témoignage. Il a fallu le choix d’un peuple particulier : la descendance d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; il a fallu une religion particulière, celle de l’ancien Israël, à travers sa libération, sa Loi (= Torah), son roi, son temple, sa terre… et son infidélité aussi, pour que Jésus puisse être reconnu comme le Christ, l’aboutissement des promesses, la réalisation des figures de ces Écritures, l’Évangile en chair et en sang offert à des humains incapables d’aller vers Dieu (cf. le « jeune homme riche »).

Dans le Nouveau Testament, vous trouvez ce regard à la fois positif et négatif sur l’Ancienne alliance : elle prépare, mais ne reconnaît pas son propre accomplissement. Vous trouvez aussi des personnages qui représentent l’accueil de cet Évangile en Jésus : Siméon et Anne dans Luc 2 / 27-38, et d’autres encore… Et puis la grande question (Jean 1 / 1-18 ; Romains 9 à 11) : pourquoi ceux qui étaient préparés par Dieu pour recevoir son Fils l’ont-ils majoritairement rejeté, alors que d’autres qui n’avaient pas été préparés l’ont reçu ? Question toujours actuelle, y compris dans nos Églises, nos familles…