Un démon peut-il avoir une emprise sur un chrétien ? Je suis gravement tourmentée. Dans mes rêves- de jour… ça me force à me faire du mal. [Rozanne]

Je suis sensible à la souffrance que vous exprimez, Rozanne. A partir d’elle, vous formulez une question à laquelle je répondrai « oui » sans hésiter. Avoir remis sa vie au Christ, lui appartenir ne nous met pas à l’abri de tout mal. Jésus savait ce qu’il faisait quand il nous a appris à prier : « Délivre-nous du mal ». Si, par la foi, nous connaissons la paix de Dieu, celle-ci ne se réalisera parfaitement que dans le face-à-face avec lui. Pour le temps présent, nous luttons.

Le mal a plusieurs visages dans notre existence. La Bible dit que le péché vit dans le cœur des humains. Leur volonté en est affectée. Ils font ce qu’ils ne veulent pas, et ils ne font pas ce qu’ils veulent (Romains 7). Cela peut être inhérent à la nature humaine, ou venir aussi d’une influence extérieure, que l’on appellera esprit ou démon. La souffrance occasionnée peut se révéler terriblement impressionnante et nous faire douter. Nous nous sentons « pris » au-dedans. Et cela se concrétise souvent pour nous par un très fort sentiment de culpabilité.

Cependant le Christ reste victorieux de toutes ces puissances nocives. Il les a vaincues à la croix, et il nous faut réactiver cette victoire dans le désarroi qui nous étreint, pour retrouver notre liberté d’enfant de Dieu. Nous ne croyons pas que nous sommes invincibles parce que nous sommes chrétiens, mais que de toutes les forces qui agissent en nous, celle qui aura le dernier mot est l’Esprit du Christ. Un cœur conscient de cette victoire et sincèrement repentant sera délivré du mal. La prière est nécessaire pour y arriver. Parfois, il est bon d’être accompagné pour identifier plus précisément la nature du mal et le combattre. Délivrance ou guérison peuvent demander du temps, l’important est de demeurer en Christ.

Pourquoi parle-t-on si peu du Saint-Esprit dans les Églises ? [Valérie]

Le Saint-Esprit est peu évoqué dans certaines Églises (pas toutes !) pour plusieurs raisons :

  1. D’abord parce que le Premier Testament parle surtout du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, Dieu de Moïse et d’Israël, celui qu’on appelle depuis le baptême de Jésus : Dieu le Père.
  2. Ensuite parce que le Nouveau Testament parle essentiellement de Jésus (le Fils), bien que les Actes et les autres épîtres parlent aussi de l’Esprit. Mais disons qu’on parle surtout des actes des apôtres qui sont portés par l’Esprit. On aurait pu appeler ce livre les Actes de d’Esprit.
  3. Aussi parce que l’Esprit travaille au travers des gens et donc nous sommes amenés à évoquer leurs aventures et leurs actions à eux, quand ils sont mus par l’Esprit. Ainsi, quand nous voyons les feuilles bouger, les arbres ballotter, la poussière se lever, nous parlons des feuilles, des arbres, de la poussière, pour conclure brièvement par : « Il y a un vent fou ».
  4. Enfin certainement parce que les théologies du Saint-Esprit sont un lieu de grandes divergences dans les Églises, entre ceux qui pensent :
    – qu’il n’agit que par la médiation des Écritures,
    – qu’il continue à faire des miracles mais uniquement dans le cadre de la « charte » de 1 Corinthiens 12,
    – qu’il est actif en offrant de nouveaux types de dons qui pouvaient ne pas être listés dans la Bible,
    – voire pour certains (qui à mon avis dépassent les bornes), qu’il peut apporter des doctrines nouvelles non limitées par le texte biblique.

Voilà donc plusieurs raisons qui font qu’on en parle trop peu.
Mais grâce à votre question, peut-être que certains se sentiront exhortés à en parler plus.

« Tout être humain sur terre a-t-il une âme ? Â quel moment apparaît-elle chez l’humain ? Et si elle apparaît durant la métamorphose de l’enfant dans le corps de la maman pourquoi ne ressent-elle rien ? » [Michèle]

La question que vous posez, Michèle, me donne l’impression que pour vous, l’âme, « apparaîtrait », voire « entrerait » dans le corps, à un moment donné. Il me semble que la Bible nous propose une autre façon de voir l’être humain. La Bible parle de la « chair », c’est-à-dire de l’ensemble formé par le corps et l’âme, pour désigner l’être humain dans sa globalité, mais séparé de Dieu. Une troisième « composante », l’esprit rattache l’être humain à son Créateur. Cet attachement devient particulièrement fort avec le baptême, mais l’esprit de Dieu a pu habiter des personnes avant même que le baptême n’ait été institué (Moïse, David, Élie…) Quoi qu’il en soit, je crois que cela veut dire que oui, tout être humain à une âme, et qu’elle se développe, comme le corps, au fur et à mesure de la croissance de l’enfant depuis sa conception et même encore après sa naissance.

En Luc 23:43- le malfaiteur est donc entré au paradis avant Jésus- puisque ce dernier a été enseveli- avant qu’il ne ressuscite le troisième jour ? [Ganga]

Vous faites référence à la parole que Jésus dit au malfaiteur crucifié en même temps que lui : « Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. » Ce que vous pointez, c’est le « aujourd’hui ». il me semble qu’il y a plusieurs façon s de comprendre cette phrase. J’en partage deux avec vous : Peut-être faut-il avant tout mettre l’accent sur le mot « paradis »qui, dans la conception juive de l’époque, n’est pas le lieu où vont les gens qui sont ressuscités, mais un lieu qui peut être accessible dès à présent. Paul affirme y être parvenu dans une extase (2 Co. 12. 2-4). on peut donc le comprendre comme le lieu où vont les gens déclarés justes par Dieu. Jésus veut dire alors à cet homme : « Dès aujourd’hui, tu es justifié », comme il l’a dit a plein d’autres durant son ministère, d’autres manières.

L’autre manière d’entendre fait référence au fait que l’être humain est compris comme ayant un corps, une âme et un esprit. La mort et la résurrection concernent le corps et l’âme (ce que l’on appelle dans la Bible la « chair »). Mais l’esprit retourne à Dieu dès la mort. D’ailleurs, au moment de sa mort, Jésus dit lui-même : « Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Luc 23. 46). Dès le jour de sa mort, l’esprit de cet homme s’est retrouvé auprès du Dieu trinitaire au paradis.

Est-il impossible de comprendre les Écritures ou d’accomplir la loi (écrite) de Dieu sans les traditions orales ? [Peps]

Pour comprendre les Écritures et accomplir la loi écrite de Dieu, c’est à dire pour entrer progressivement dans l’obéissance à Dieu qui se révèle dans ces Écritures, il ne suffit que d’une chose : l’aide du Saint Esprit. L’Esprit de Dieu nous permet de voir en Jésus l’interprète parfait de la loi de Dieu. La vie Jésus nous aide à saisir l’intention profonde de ces lois écrites sans être prisonnier d’une lecture littéraliste. L’Esprit saint de Dieu nous aide également à appliquer à notre vie les promesses de Dieu.

Des traditions orales existent dans le judaïsme et dans le christianisme. Elles sont faites des interprétations multiples élaborées au fil des siècles – et souvent d’ailleurs mises depuis par écrit. La connaissance de ces traditions orales peut être une aide pour découvrir certains aspects d’un texte et du dessein de Dieu, mais elles ne sont en aucun cas nécessaires. Les Écritures ont une autorité et une efficacité en elles-mêmes lorsqu’elles sont lues dans un esprit de prière en demandant l’aide du Saint-Esprit.

Votre question sur la tradition orale Peps, me permet d’aborder un autre point : l’importance de la communauté de lecture. On lit toujours la Bible en lien avec une communauté croyante qui nous précède et nous entoure. Même nos traductions de la Bible témoigne de l’existence et de la force de cette communauté. D’où l’importance de l’échange et du partage. Lire la Bible à plusieurs, et écouter les autres permet de découvrir des questions et des significations qui nous auraient échappées.

La Bible semble dire que les fantômes pourraient être réels (1 Sam 28, Matt 14:26 et Luc 24:39). Jésus ne réprimande pas les disciples pour une croyance superstitieuse. Comment comprenons-nous cela ? [Lucie]

En réalité, le mot « fantôme » est un choix de certains traducteurs de Bible pour faciliter notre compréhension du texte. Le mot « fantôme » n’existe pas en tant que tel dans les textes originaux en grec et en hébreu.

Dans le Nouveau Testament, le terme original grec est le mot « esprit » (pneuma). Certaines éditions de la Bible choisissent de traduire ce mot tantôt par « fantôme », tantôt par « esprit » en fonction du contexte.

Lorsque la Bible parle des esprits, rien à voir avec l’idée qu’on se fait des fantômes aujourd’hui (des personnes décédées qui viennent hanter les vivants). Il ne s’agit pas d’une superstition pour autant. Dans le Nouveau Testament, Jésus et ses disciples sont régulièrement confrontés à des « esprits » qualifiés de « mauvais » ou « impurs ».

Jésus a autorité sur les esprits mauvais. Par la foi et par la prière nous pouvons user de son autorité pour chasser ces esprits qui asservissent les humains. (Voir par exemple Marc 9.14-29)

Avons-nous, humains, autorité pour combattre les démons ? Ou sommes nous passifs aux attaques et seulement libérés par la volonté divine ? [Christine]

Jésus a manifesté une importante activité personnelle de délivrance comme en témoignent les évangiles. Par ailleurs, il a lui-même commandé aux disciples lorsqu’il les a envoyés en mission « guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons» (Matthieu 10, 8 ). A la fin de l’Évangile de Marc, on trouve encore : « Et ceux qui croiront, voici comment ils montreront la gloire de Dieu : en mon nom, ils chasseront les esprits mauvais, ils parleront des langues nouvelles…» (Marc 16, 17). Enfin, les actes des apôtres témoignent que les chrétiens ont effectivement poursuivi le ministère de Jésus en acceptant cette autorité qu’il leur avait donné et qui fut scellée lors de l’événement de Pentecôte où ils reçurent le Saint-Esprit (exemple en Actes, 16, 18).

Mais la question de l’autorité par laquelle sont faites ces délivrances est une question de la plus haute importance. On ne s’improvise pas ennemi des puissances mauvaises. Je partage trois points qui me semblent essentiels, mais ne constituent pas pour autant un enseignement suffisant :

  • Les disciples ont reçu le Saint-Esprit et entretenaient leur foi. La prière, l’enseignement biblique et la vie communautaire rythmaient leur vie. Relisez aussi régulièrement Ephésiens 6, 10-20 et puisse le Saint-Esprit être bien vivant en vous ! En Actes 19 , 13 à 17, des exorcistes non convertis essayent de s’opposer à un démon mais celui-ci les attaque et les blesse… Ce combat est dangereux !
  • Les disciples travaillent pour Jésus en communion avec Lui dans l’Église que l’Esprit-Saint dote de différents charismes parmi lesquels la foi ou le discernement des esprits (relire 1 Corinthiens 12, 4ss). La communion dans l’Église est nécessaire pour exercer l’autorité de Jésus car nous ne sommes pas des travailleurs indépendants mais une équipe à son service. Cette équipe est également votre couverture spirituelle !
  • Priez avant toute chose et dans chaque nouvelle situation car Jésus a aussi enseigné que le retour de l’esprit mauvais pouvait provoquer une situation pire que la précédente (Matthieu 12, 43-45). On ne peut agir au nom de Jésus que si la conviction de sa volonté s’est bien installée en nous, sinon on risque de s’opposer à tout et à rien et de faire n’importe quoi spirituellement. Prendre autorité ne doit pas devenir un réflexe charnel.

Quelle différence entre les rêves et les songes ? Peut-on suivre l’interprétation de nos rêves sans se tromper après avoir prié ? Comment interpréter correctement nos rêves ? Quelles aides trouver ? [M]

« Notre secours est dans le nom de l’Éternel, qui a fait les cieux et la terre. » (Psaume 124 / 8) Toute aide, pour toute chose, est donc à rechercher en Jésus-Christ, dans la Parole de Dieu. C’est-à-dire, pour nous, d’abord dans la Bible, lue avec foi et dans la prière.

Dieu bien sûr peut s’adresser à nous par des rêves (ou des songes, c’est pareil). Mais la prière ne peut se contenter de… quoi faire, d’ailleurs ? Demander à Dieu si notre interprétation du rêve est la bonne ? Mais la réponse de Dieu ne viendra pas dans l’air du temps, seulement dans la Bible. Celle-ci est le critère dernier de toute parole dont nous croyons qu’elle vient de Dieu : cette parole est-elle ou non conforme à la révélation biblique en général, et à tel texte en particulier par lequel Dieu peut éclairer ce rêve ?

Nous pouvons nous faire aider dans cette lecture, dans cette mise en relation de notre rêve (en l’occurrence, mais ça peut être autre chose) avec le texte biblique. Les frères et sœurs peuvent nous aider (l’Église sert à ça), les ministres (pasteurs ou anciens) aussi, et des psychologues chrétiens (car le rêve relève aussi et simplement de la psychologie : il ne faut pas prendre forcément nos rêves pour un message divin), etc. Tout comme dans la Bible, lorsque les souverains (israélites ou étrangers) faisaient un rêve dont ils suspectaient qu’il pouvait venir de Dieu, ils s’adressaient à un prophète : aujourd’hui, c’est le texte biblique qui est prophète pour nous éclairer, mais nous pouvons y être amenés par d’autres lecteurs ! En tout cas, nous ne pouvons pas être prophètes pour nous-mêmes tout seuls, me semble-t-il.

Jean 19,30 : « Jésus rendit l’esprit ». Quelle différence avec l’expression « rendre l’âme » ? [Joël]

L’expression « rendre l’âme » est rare dans la Bible (Genèse 35,18), « rendre l’esprit » également. Que se passe-t-il quand on meurt ? Dans la manière biblique et hébraïque de dire les choses, on dit que l’âme périt, ou qu’elle descend au séjour des morts, alors que le corps a disparu. C’est que l’esprit ne souffle plus, s’en est allé. L’expression « rendre l’esprit » semble donc plus conforme à cette manière-là de dire les choses : le souffle donné par Dieu à toute âme, toute vie (Psaume 104,29-30), s’en retourne à lui.

Dans l’expression utilisée pour Jésus, il y a aussi un autre sens : lui qui vivait totalement de l’Esprit de Dieu, il rend cet Esprit (qui est une personne) disponible pour d’autres, pour ses disciples (Jean 14 / 16-17, 28). « Rendre l’Esprit » à son Père, c’est dire ultimement sa confiance. Ressuscité, il est en communion parfaite avec le Père et avec cet Esprit. « C’est pourquoi il est écrit : Le premier homme, Adam, devint une âme vivante. Le dernier Adam est devenu un esprit vivifiant. » (1 Corinthiens 15,45)

Comment sait-on si on a le Saint Esprit en nous ? Je n’entends pas sa voix malgré mes prières. [Marie]

Le Saint-Esprit ne nous parle pas lui-même. D’une part, il nous fait entendre la voix de Dieu lorsque nous lisons la Bible. Et d’autre part il prie en nous, pour nous, le Père.

Ainsi, lorsqu’à travers la Bible, nous ressentons que ce qui est dit nous concerne, et que nous voyons que notre vie ainsi interpellée va et peut changer : ça, c’est l’œuvre du Saint-Esprit en nous. Lorsqu’à travers la Bible, nous contemplons que Jésus a donné sa vie pour que nous ayons la vie : ça, c’est l’œuvre du Saint-Esprit. « Nul, s’il parle par l’Esprit de Dieu, ne dit : “Jésus est anathème !” et nul ne peut dire : “Jésus est le Seigneur !” si ce n’est par le Saint-Esprit. » (1 Corinthiens 12,3) Le Saint-Esprit est le « Consolateur », c’est-à-dire comme un avocat qui se tient auprès de nous et qui parle pour nous, à notre place. C’est lui qui, en nous, confesse Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur.

C’est donc lui aussi qui prie pour nous le Père, quels que soient les mots que nous prononçons ou pas. Il nous associe à la prière de Jésus en nous faisant reconnaître Dieu comme notre Père : « Vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions : “Abba ! Père !” L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » (Romains 8,15-16), et en s’adressant à lui : « L’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables ; et celui qui sonde les cœurs connaît quelle est l’intention de l’Esprit : c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints. » (Romains 8,26-27). Il importe peu que nous-mêmes entendions cette prière, elle est adressée au Père, en Christ, par l’Esprit.

Ainsi avons-nous certes à nous mettre à l’écoute du Saint-Esprit, non pour entendre sa voix, mais pour nous laisser porter et déplacer par lui, comme une feuille par le vent. « Le vent (= l’Esprit) souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de quiconque est né de l’Esprit. » (Jean 3,8) Sa voix, ou plutôt le bruit qu’il fait, c’est de nous rendre libres dans la foi en Jésus-Christ, y compris dans la prière, comme des enfants s’adressant à leurs parents dans une relation d’amour.