Pourquoi Jésus oublie le « croissez et multipliez » ordonné aux humains à la base ? [Sam]

Il est vrai que lorsque Jésus aborde la question du mariage et du couple, par exemple en Marc ch.10, vv.6ss, il ne parle pas des enfants mais cite le ch.2 de la Genèse, qui donne comme sens et but à l’union de l’homme et de la femme de devenir « une seule chair », littéralement, comme un seul être. Par l’amour où chacun ne s’appartient plus, mais se donne à l’autre.

Je ne pense pas que Jésus oublie le mandat de fécondité donné par Dieu au ch.1 de la Genèse, que vous citez, Sam. Mais il répond à une question des pharisiens sur le divorce, qui, dans le Judaïsme, était toléré pour des motifs parfois très futiles. Jésus connaît le texte du Deutéronome permettant à l’homme de répudier sa femme, mais il insiste sur le fait que ce n’est pas le projet de Dieu, que c’est une concession à la dureté de nos coeurs, autrement dit à notre manque d’amour.  Bref, ce n’est pas la question des enfants qui est au coeur de ce débat où Jésus est impliqué. Ce n’est pas le sujet.

Quant au mandat de « remplir la terre » que le Créateur a donné aux hommes, il peut être considéré comme bien rempli, puisque nous avons dépassé le cap des 8 milliards d’êtres humains sur terre ! Et même un couple qui n’a pas la joie de mettre des enfants au monde est un couple à part entière, dont l’amour peut engendrer d’autres fruits.

Peut-on divorcer quand on n’arrive pas du tout à s’entendre dans son couple ? Peut-on rester souffrir jusqu’à la mort ? [MoÏse]

De nombreux couples, de nombreuses personnes, hommes ou femmes, peuvent se poser cette question un jour. Même conduite par l’amour, la vie conjugale est exigeante, et elle touche des cordes très sensibles, très intimes. Il ne va pas naturellement de soi qu’un couple vive ensemble pendant 20, 40, 50 ans ou plus. Ce n’est pas naturel, mais ce n’est bien sûr pas impossible !

Et au regard de la Bible, on ne peut que le vouloir et l’encourager. Jésus parle peu du mariage, mais quand il le fait, c’est pour en tirer le maximum : « Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni » (Matthieu 19, 6). Ce maximum – on pourrait dire aussi : le meilleur – rappelle l’esprit dans lequel un couple est uni, et non la lettre. Cette union ne saurait être un petit arrangement, une convenance. Chaque partenaire s’y engage « corps et âme ».

Quand la discorde s’installe au sein du couple, l’échec est à la mesure de cet engagement : il est d’autant plus fort ! Des relais extérieurs (conseil conjugal) peuvent aider à prendre du recul, mais ne sont pas toujours suffisants non plus. Quand l’amour tourne au drame permanent, ou, pire, à la violence, alors mieux vaut envisager la séparation que de poursuivre dans une spirale dangereuse, qui entraînerait le couple, et des enfants, dans une souffrance perpétuelle. S’il est question de vie ou de mort, il est même urgent de protéger celui ou celle qui doit l’être. On ne parle alors plus de convenance ! Et si cette décision fait naître en nous un sentiment de culpabilité, n’oublions jamais qu’auprès de Dieu se trouve le pardon (Psaume 130, 4).

Si j’ai loupé la personne que Dieu avait préparée pour moi, aurai-je un plan B ? [Benji]

L’existence du plan B présuppose l’existence d’un plan A.
Et la représentation qui est derrière c’est que Dieu aurait un top 10 des personnes idéales pour nous, ce qui nous permet (sur plus de 3 milliards de personnes du sexe opposé) de rester dans le meilleur de ce que Dieu pense possible pour nous.

Je vais vous donner plusieurs réponses.
Elles sont contradictoires, mais je crois qu’elles portent une part de vérité.

  1. D’abord, j’imagine que Dieu pourrait très bien ne pas avoir un plan A ni un plan B pour ce qui concerne nos relations. Il espère qu’on va trouver quelqu’un et qu’on va se donner les moyens de partager les plus possible, pour tenir ensemble, pour le meilleur et pour le pire.
  2. Si Dieu a un top 10, je ne pense pas que la rencontre de l’être aimé soit comme un concours d’école d’ingénieur où on a une meilleure école si on arrive premier que si on arrive 8ème. Et que donc plus on tarde moins on a de choix et plus on est obligé de baisser ses critères.
    Donc j’ai l’impression que ce serait plutôt dans le caractère du Dieu de la Bible d’imaginer que tel ou tel type de vis-à-vis serait vraiment bien pour nous. En espérant qu’on soit bien disposés pour un choix pertinent.
  3. A contrario, je pencherais pour encore une autre solution, c’est qu’on puisse dire que Dieu ne fait qu’un projet pour nous. Et on trouve la personne.
    Ou on ne la trouve pas. Alors je pense que si on l’a loupée, Dieu refait des projets pour nous, de bonheur et non de malheur. Il n’a que des plans A en somme.
    Il est le Dieu qui rend les possibles à nouveaux possibles.
    Cette option me plaît plus.

Mais je ne crois finalement pas que la Bible nous parle d’une conjugalité, ni même d’une vie, où tout est totalement écrit d’avance.

Est-ce qu’une chrétienne peux avoir des relations sexuelles sans l’objectif d’avoir un enfant ? [Mamita]

Qu’est-ce que Jésus aurait fait s’il avait eu un iPhone ?

Il y a beaucoup de questions pour lesquelles il est compliqué de trouver une réponse, car justement elles sont liées à un progrès technologique inimaginable il y a deux mille ans.
C’est donc la question de la relation interpersonnelle et de la relation à Dieu qui va compter.

Aujourd’hui, la sexualité est dissociée de la fécondité parce qu’il est possible du fait de la contraception d’avoir des relations sexuelles qui ne comportent pas le risque ou la chance d’une grossesse et d’une naissance.
Mais à l’époque de Jésus, avoir une relation sexuelle menait forcément à un fort risque de fécondité ! et donc la question de la filiation à assumer, qui en découlerait, était première.

Dieu a intégré le plaisir à la sexualité pour que nous ne soyons pas trop paresseux pour croître et multiplier. S’il y a plaisir à la sexualité, c’est pour qu’on n’oublie pas de faire des enfants : c’est quand même mieux que ce soit un plaisir plutôt qu’un devoir.

Compte tenu de cette évolution technologique et de la révolution sociétale qui l’accompagne, une chrétienne peut effectivement avoir des relations sexuelles qui sont dissociées de la question de la fécondité. L’enjeu sera en revanche de ne pas se disperser. L’intime de la sexualité est là pour créer de la relation intense entre l’homme et la femme. La sexualité de plaisir sera donc une façon de construire la complicité et l’intensité du vécu de couple.

Ce qui ne peut que réjouir le cœur de Dieu (inventeur de la sexualité belle et bonne).

Mon mari (qui se dit chrétien catholique) m’impose la polygamie, fait des pratiques occultes. Puis-je divorcer ou je dois supporter parce que Dieu hait le divorce ? [Ana]

Tout d’abord Ana permettez-moi de vous exprimer ma compassion pour ce qui vous est infligé au sein même de votre couple. La polygamie, même si elle est admise dans certaines cultures, n’est pas la vision chrétienne du mariage, loin de là. Quant aux pratiques occultes, nous savons aussi leur nocivité pour ceux qui s’y adonnent et les conséquences indirectes pour leur entourage.

Je n’ai pas à vous dire ce que vous devez faire concrètement, dans la mesure où votre situation nécessite l’accompagnement d’un pasteur ou autre conseiller, des entretiens qui pourront vous aider, vous éclairer dans votre décision (si votre mari se dit chrétien, il peut accepter d’y participer et entendre votre souffrance avec la médiation d’un tiers). Peut-être d’ailleurs avez vous déjà eu recours à ce type d’aide. Je peux simplement vous donner quelques indications sur l’enseignement biblique, sans aucunement chercher à peser sur votre conscience.

Ce n’est pas le divorce en soi qui est haï par le Seigneur, mais ce qui en est la cause : la dureté et l’obstination de notre coeur (Matthieu 19,8; Marc 10,5), à savoir notre incapacité à aimer notre conjoint(e), à le/la respecter, prendre soin de lui/d’elle. Le divorce est un constat d’échec et de mort du couple. L’apôtre Paul encourage la femme chrétienne à rester avec son mari même incroyant parce qu’elle le « sanctifie », mais ajoute que le résultat n’est pas sûr, et ajoute qu’elle n’est pas obligée de vivre un enfer imposé alors que Dieu a voulu que le couple vive dans l’harmonie et dans la paix ! (1 Corinthiens 7,12-16).

Comment les pasteurs s’impliquent-ils dans la préparation au mariage ? Se sentent-ils une responsabilité ? Assurent-ils un suivi ? [Mathieu]

Il y a beaucoup de modalités d’implication de la part des pasteurs dans une préparation au mariage. Les situations sont très diverses mais d’une manière constante, les pasteurs ont toujours en vue que leur responsabilité est d’aider un couple à préparer sa vie à deux dans la durée et pas seulement de préparer la cérémonie du jour « J ». Les préparations généralement durent plusieurs séances et abordent les questions dont les couples sont porteurs et aussi des sujets comme la communication, la gestion du temps et de l’argent, les projets, la vie spirituelle, la fidélité, la vérité, le pardon, la famille au sens large, les enfants, … Tout cela demande du temps, du tact et une réelle disponibilité. Il peut arriver que les pasteurs ne soient pas toujours au mieux de leur forme et il peut arriver aussi que des couples aient parfois du mal à entrer dans certaines de ces questions. Pour ces raisons, les préparations collectives me paraissent de beaucoup préférables aux entretiens en particulier, même si selon les lieux, elles sont plus difficiles à mettre en place : une équipe de préparation dont le pasteur fait partie et plusieurs couples en même temps. Pour le suivi des couples, il me semble que là aussi l’offre de suivi, tellement importante, sera plus dense et prometteuse si elle repose sur une équipe de l’église et non pas sur une seule personne.

Je suis en relation avec une fille musulmane pas vraiment pratiquante. Elle accepte mes principes chrétiens. Devrais-je arrêter avec elle à cause de cette différence ? [Dimitri]

La question me semble être : Est-ce que vous aimez vraiment cette personne ? Sentez-vous que vous pourriez passer votre vie avec elle ? Êtes-vous prêt, comme futur époux à essayer d’aimer « votre femme comme Christ a aimé l’Église. Il s’est donné lui-même pour elle afin de la conduire à la sainteté après l’avoir purifiée et lavée par l’eau de la parole, pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable » (Éphésiens 5. 25-27) ? Si c’est le cas, je ne vois pas pourquoi vous devriez vous interdire de poursuivre l’aventure de votre couple avec elle, d’autant plus que vous me dites qu’elle accepte vos principes chrétiens.

Dieu a-t-il réellement crée des hommes- bien distincts des femmes et cela par nature- de ce qui relève de l’inné et non de l’acquis ? (Je parle bien ici de genre et non de sexe) [Alyssa]

Le Genèse dit : « Dieu créa l’humain à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. » (Genèse 1/27) puis de cela et de toute sa création dit « il vit que cela était bon » (Genèse 1/31).
Le premier mot traduit par humain, évoque le genre humain, l’humanité. Celui qui est traduit par « homme » signifie en fait « mâle » et ce qui est traduit par femme signifie « femelle ». Dieu a donc créé l’humain mâle et femelle et cela est bon.
Cette volonté originelle de Dieu désigne-t-elle le sexe, la différence des corps ou le genre, le fait de se sentir subjectivement homme ou femme ?
Notons tous d’abord que l’humain, dans la Bible n’est pas une âme dans un corps. L’humain est âme et corps. C’est ainsi que Genèse 2/7 nous montre Dieu faisant l’homme de la poussière de la terre et de souffle. C’est ainsi aussi que le mot « humain » signifie aussi en hébreu « terre ». Ainsi Dieu a créé notre corps et notre âme mâle ou femelle. L’un ne va pas sans l’autre.
Notons ensuite que la Bible ne dit pas que les animaux sont fait mâles et femelles même si le corps de la plupart des animaux a aussi été créé sexué. Ces derniers ne sont pas créé « à l’image de Dieu » mais « selon leur espèce ». Cela signifie que la différence sexuée de l’humain implique plus que son corps. Elle participe à faire de l’homme et de la femme, différents et semblables, réconciliés et se donnant l’un à l’autre dans le couple, l’image de Dieu. En effet, nous dit Jean, « Dieu est amour ». (1 Jean 4/8)

Si un chrétien réalise qu’il n’éprouve pas d’attirance pour la femme qu’il a épousée- qu’il ne l’aime pas vraiment- bref- il a l’impression que ce n’était pas la volonté de Dieu- que faire ? [Fabrice]

Il est important de comprendre que l’amour, dans la Bible est autre chose qu’une attirance. Ainsi, Jean 3/16 précise que l’amour est ce qui a conduit Dieu s’engager jusqu’à la croix pour le salut des hommes. Ainsi, l’amour qui trouve son modèle et sa source dans le coeur de Dieu est un engagement pour l’autre qui ne souffre pas de condition et n’attend rien en retour (1 Corinthiens 13/1-6). C’est cet amour là que le mariage, qui est engagement pour l’autre doit permettre à l’humain d’expérimenter, même s’il ne peut le vivre qu’imparfaitement dans ce monde (Ephésiens (5/25-31).

 Jésus, citant la Genèse, précise que le mariage qui unit très étroitement l’existence de deux êtres est dans la volonté de Dieu (Matthieu 19/5-8). Il n’est donc pas souhaitable pour le chrétien de détruire son mariage pour une question d’attirance. Reste la promesse de pouvoir chercher en Dieu la source de cet amour que nous avons tant de mal à trouver dans notre coeur. Heureusement, il nous est promis, comme fruit de l’Esprit ! Galates 5/13-25)

Aucune femme n’a jamais voulu être ma compagne. Est-ce que Dieu peut m’appeler à une vie de célibat ? (Matt 19:12- 1 Cor 7:8) [Jacky]

J’entends deux choses dans ce que vous me dites. D’abord le constat que vous n’avez pas de compagne et à côté une interrogation quant au projet de Dieu sur votre vie.

Comment vivez-vous votre célibat ? Le constat que vous faites est-il douloureux pour vous ? Si tel est le cas, je ne sais pas si il est prudent de conclure tout de suite que Dieu veut que vous meniez une vie de célibat. Les textes auxquels vous faites référence parlent de personnes qui ont choisi la voie du célibat pour Dieu. Paul particulièrement, considérait son célibat comme le meilleur moyen d’être entièrement consacré à sa tâche d’apôtre. Mais je ne saurai tirer de cette situation particulière une généralité. Vous sentez-vous appelé par Dieu à un ministère et, pour ce faire, à renoncer à une vie de couple et de famille ? Posez cela dans la prière, parles-en avec un pasteur ou une personne croyante en qui vous avez confiance, pour regarder paisiblement ce qui apparaît pour vous.