Qu’est-ce que le péché ? Est-il inné ou acquis ? [Pep’s]

Il y a plusieurs mots en hébreu pour désigner le péché. Mais pour faire simple, on peut le définir comme la désobéissance à la loi de Dieu (1Jean3,4), c’est-à-dire la volonté de Dieu manifestée dans la création (Romains 1,20-21), en chacun (Romains 2,15) et révélée aux juifs (Romains 3,1). Il s’agit donc bien d’actes, desquels les Hommes sont responsables (Romains 2,12-13). Le péché est par conséquent, si on peut dire, une acquisition: on ne nait pas avec des actes que l’on n’a pas fait (même si on hérite des conséquences des péchés des générations passées, voir Exode 20,5) ! Mais le péché apparaît aussi comme une puissance…. qui habite en nous (Romains 7,17) suite au péché d’Adam (Romains 5,12),qui nous rend esclaves (Romains 6,6), et nous détourne de notre statut d’humain véritable, d’être à l’image de Dieu…. c’est pourquoi nous avons besoin d’une nouvelle naissance, du Saint-Esprit (Romains 8,2-3) pour accomplir la loi de Dieu (Romains 8,4). Comme puissance qui habite en nous, le péché est donc inné… Mais il n’y a pas de fatalité: la solution, c’est la foi en Jésus-Christ (Romains1,16-17 ; Romains 6,8-11) !

Bonjour ! Pourquoi s’opposer au mariage de personnes de même sexe ? [Peps]

Bonjour ! Nous essayons d’être fidèles à la Bible, dont la première fonction n’est certes pas de nous donner des commandements à suivre à la lettre, mais de témoigner que Jésus-Christ est l’accomplissement de toutes ces Écritures et qu’il est « le chemin, la vérité et la vie ». Pourtant, il y a dans la Bible des cohérences, des images de ce que Dieu fait pour nous et de ce qui non seulement est conforme à sa volonté (que « nous transgressons tous les jours et de plusieurs manières », certes), mais nous permet de mieux témoigner de lui et de son amour pour nous et pour chacun.

C’est donc que, dans notre vie, il y a des choses qui sont opaques, et d’autres qui sont ou sont rendues transparentes à Jésus-Christ. Selon la Bible, l’homosexualité fait partie, au milieu de tas d’autres choses, de ce qui nous rend opaques à l’amour de Dieu. C’est le sens de la condamnation ferme dont elle fait l’objet dans l’Ancien et le Nouveau Testaments.

Entendez bien : il n’y a pas là de condamnation du pécheur (que je suis tout autant), mais bien dénonciation du péché (qui m’emprisonne en me cataloguant autrement que seulement comme enfant de Dieu). Aussi bien l’Église doit-elle être accueillante à tous les pécheurs (« aucun n’est juste, pas même un seul »), sans pour autant légitimer le péché (celui-ci ou un autre) en le bénissant au nom du Dieu qui le condamne !

Nous avons pris l’habitude, au XIVe siècle, de bénir les mariages (unions monogames hétérosexuelles). La Réforme protestante a relégué ceux-ci dans la sphère civile et non religieuse (ça n’a pas trop bien pris…). Dans la Bible, l’union d’un homme et d’une femme est une image de l’amour d’un Dieu d’ordre, d’une parole qui distingue pour permettre un tel amour. L’homosexualité est donc à l’inverse l’image de la confusion, du refus de la distance qui permet parole et amour.

Ceci ne veut pas dire que toutes les unions hétérosexuelles vivent selon Dieu (loin de là !), ni que les personnes homosexuelles vivant en couple ne s’aiment pas ! D’autant que l’homosexualité, la plupart du temps (et en dehors des modes de notre société), est subie et non choisie. Un chrétien homosexuel (comme tout autre chrétien) est donc pris entre le désir de vivre le moins mal ce qui lui est donné, et le désir de laisser l’Esprit de Dieu agir en lui pour le transformer. La légitimation religieuse de ce qu’on est ou de ce qu’on vit met obstacle à l’action de l’Esprit au lieu de la permettre et de la rendre visible. Voilà pourquoi nous sommes contre la célébration religieuse des unions de personnes de même sexe, sans stigmatiser aucunement les personnes ni les couples qui existent, et que nous accueillons bien volontiers dans la communion des pécheurs pardonnés et justifiés en Jésus-Christ, en lui seulement.

Dans le Symbole des Apôtres, est-ce que les expressions « Je crois à l’Esprit Saint » et « Je crois au Saint-Esprit » sont interchangeables  ? Existe-t-il une différence entre le Saint-Esprit et l’Esprit Saint ? [GeoB]

La réponse sera rapide : ce sont seulement des différences de traduction de la même expression grecque, l’adjectif pouvant se trouver avant le substantif, ou bien après en répétant l’article, ou même vous pouvez trouver « l’Esprit de sainteté » qui est un sémitisme disant là encore la même chose. Il y a un seul Esprit saint, Dieu, « qui procède du Père, et qui avec le Père et le Fils est adoré et glorifié » (Symbole de Nicée-Constantinople).

L’Esprit saint rend témoignage à Jésus-Christ, il est en nous Dieu qui parle à Dieu, auteur de notre foi, de notre prière, de notre obéissance, de notre propre témoignage. Le livre biblique maladroitement nommé « Actes des Apôtres » est en fait un livre des actes du Saint-Esprit ! C’est lui qui conduit l’Église, qui la rassemble dans l’écoute de la parole de Dieu et la célébration des sacrements, qui l’envoie dans le monde pour y témoigner et servir au nom du Christ.

Que pensez-vous des « étapes du pardon » selon Monbourquette ? [Laure]

Ces 12 étapes sont le fruit d’une expérience d’un prêtre et psychologue ; elles apportent une sagesse sur différents aspects du pardon.

C’est une approche principalement psychologique. Ces 12 étapes sont intéressantes à ce titre, et peuvent aider celui qui a du mal à pardonner à discerner sur quel aspect il bute dans sa démarche. Dans une approche plus théologique, on peut rajouter les points suivants :
Le pardon est présenté par Jésus comme une démarche indispensable : « Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi, mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes. » Matthieu 6,14-15.
Mais inversement, ce qui nous rend possible de pardonner aux autres, c’est le fait d’avoir reçu le pardon de Dieu pour notre propre vie. Ainsi, tout pardon s’enracine dans le pardon accordé par Jésus et en lui : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » Luc 23,34.

Si je n’arrive pas à pardonner, il me faut revenir à ce pardon initial.

Le fondement de tout pardon se trouve ainsi en Jésus qui s’est donné lui-même pour chacun de nous et qui a pris nos fautes sur lui. Si j’ai été ainsi aimé et pardonné, je puis et je dois pardonné à mon prochain. Et comment pourrais-je retenir la faute d’une personne pour laquelle le Christ lui-même a donné sa vie ! (voir la parabole en Matthieu 18,21-35). On comprend alors que le pardon est à la fois une décision que je prends et une grâce que je reçois du Christ.

 

L’expression « Dieu trois fois saint » est-elle biblique et a-t-elle un sens théologique ? D’où vient-elle en réalité et que signifie-t-elle ? [Geroges]

Le début du chapitre 6 d’Ésaïe le prophète dans le premier testament donne à voir une vision du prophète de la présence de Dieu dans le temple. Au verset 3 on peut lire qu’il y avait des séraphins (des anges en forme de lions ailés) : « Ils criaient l’un à l’autre, et disaient : Saint, saint, saint est l’Éternel des armées ! toute la terre est pleine de sa gloire ! ».

C’est de ce verset que vient l’expression.

Les théologiens chrétiens, après avoir repris notamment la finale de Matthieu 28 dans ce qu’on appelle la doctrine de la Trinité, ont souvent voulu voir la sainteté du Dieu trois et un à la fois : il est Dieu, l’Unique, mais aussi il est Père, Fils et Saint-Esprit.

Pourriez-vous me dire la différence entre péché et iniquité. Merci. [MumCh]

Dans les deux testaments, les mots « péché » (repli sur soi) et « iniquité » (injustice) sont utilisés comme des synonymes renforçant l’idée que le peuple de Dieu s’est éloigné de lui, lui a été infidèle et n’a donc pu pratiquer la juste justice.

Jérémie, par exemple, utilise ce procédé à plusieurs reprises: « Reconnais seulement ton iniquité,reconnais que tu as été infidèle à l’Eternel, ton Dieu […] et que tu n’as pas écouté ma voix » (3, 13), « C’est à cause de la multitude de iniquités, du grand nombre de tes péchés, que je t’ai fait souffrir ces choses » (30, 15)…
Paul dira (Romains 4, 7): « Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées, et dont les péchés sont couverts !« 

Cette proximité des deux mots « péché » et « iniquité/injustice » vient du fait qu’être dans le péché c’est être éloigné de Dieu et donc de sa justice. Par nature, nous ne vivons pas selon la justice de Dieu.

Les conséquences en sont que, naturellement, nous ne pratiquons pas la juste justice de Dieu: nous n’aimons que ceux qui nous aiment, nous n’invitons que ceux qui nous ressemblent et nous ne voulons travailler qu’avec ceux qui pensent comme nous.

La vie chrétienne est une vie de relation avec Dieu, dans l’attention à sa volonté et les paroles que nous lui adressons. Tu es appelé(e), cher MumCh, à écouter la justice que Dieu t’a offerte, par la vie, la mort et la résurrection du Christ. Tu es appelé(e), cher MumCh, à vivre de cette justice et selon cette justice. Ainsi, tu peux suivre la juste justice de Dieu (les commandements résumés par Christ en Matthieu 22, 37-40 : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu [..] Tu aimeras ton prochain comme toi-même« ).

Que penser de la « catéchèse du bon berger » ? [Lara]

J’ai découvert grâce à vous cette catéchèse, merci ! De ce que j’ai pu lire, l’intérêt de cette méthode est qu’elle s’appuie sur une pédagogie où l’enfant est acteur de ses apprentissages (inspirée des travaux de Maria Montessori), par opposition à des « leçons » où l’adulte transmet une connaissance à sens unique. En cela c’est intéressant. Mais visiblement, cette méthode fait beaucoup de place aux temps et symboles liturgiques : en cela je pense qu’elle est sûrement plus adaptée à un contexte catholique. Dans le monde protestant, il existe des recherches similaires qui s’appuient sur les mêmes recherches mais sont centrées sur les récits bibliques. Elles sont en train d’arriver en France, et si cela vous intéresse je vous conseille de lire le très bon livre de Richard Gossin « L’enfant théologien : Godly play une pédagogie de l’imaginaire » (Lumen Vitae) où il explique très bien cette méthode.

Comment évoquer avec les parents de l’école biblique la question de la prière en famille ? [Aude]

Les familles de nos Églises sont très diverses, il y a celles où la prière familiale est adressée par obligation traditionnelle à un Dieu moraliste, celles où la prière est adressée tour à tour à Dieu et à d’autres divinités, celles où papa prie trop longtemps et ennuie tout le monde, celles qui n’ont pas de temps pour ces choses, celles où on ne sait tout simplement pas comment s’y prendre…

Forcément, quand on a les enfants le dimanche et qu’on leur parle de choses qu’ils ne peuvent pas expérimenter dans leurs familles, c’est triste… Rappelons-nous déjà la grâce d’avoir ces enfants, ne serait-ce qu’une heure par semaine ou par mois pour leur partager la Bonne Nouvelle ! Mais comment aller plus loin ?

En ce qui concerne les familles chrétiennes, elles seront sûrement heureuses de pouvoir participer à des programmes types « journée des parents et des enfants », le parcours « Alpha parents », etc. Pour les familles, c’est l’occasion de mieux se comprendre en interne, non seulement dans leur fonctionnement spirituel, mais également dans leurs petites habitudes, leurs rythmes, les aspirations respectives des différents membres… Partager avec d’autres familles, c’est aussi l’occasion d’échanger des « recettes qui marchent ». Par contre, il faudra être extrêmement vigilant face à la tentation de faire de la famille piétiste, la famille modèle à imiter et admirer… Pas la peine de culpabiliser les familles et de leur imposer des schémas extérieurs, alors que Dieu a un plan précis et unique pour vivre une foi vivante adaptée à chaque situation familiale.

Si à l’école biblique, tu es aussi avec des parents qui ne connaissent tout simplement pas Jésus-Christ personnellement, alors il faut peut-être déconnecter les questions de l’école biblique et de la prière en famille… Certes, l’école biblique est une occasion, mais il faut considérer les parents comme des cibles de vos actions d’évangélisation, même s’ils sont vaguement « protestants ». L’Église, les anciens et le pasteur doivent prendre conscience que l’on ne peut plus simplement compter les familles sympathisantes du protestantisme comme des familles chrétiennes collaborant avec nous à la transmission de la foi pour la génération d’après… Difficile de transmettre ce dont on ne vit pas.

Avant donc de parler de la prière à ces familles, il faudra leur parler de Celui qui est prié, car sinon, on prendra simplement le problème par le mauvais bout… Peut-être que ces familles découvriraient en priant qui est ce Dieu vivant qui vient leur répondre… Mais nous ne pouvons pas seulement compter sur ces exceptions pour ne pas faire notre travail : annoncer l’Évangile par le commencement, aux parents et aux enfants !

La présentation d’enfant n’est-elle-pas un baptême sec ? [CR]

La question de savoir s’il faut ou non baptiser les bébés (pédobaptisme) traverse l’Eglise ; l’enjeu est plutôt qu’elle ne la divise pas. Dans une Eglise comme l’Eglise protestante unie de France, il y a les deux conceptions.

Les partisans du baptême d’adulte pensent que :
– le baptême est complet quand il y a l’annonce de la grâce, mais aussi la repentance et la confession de la foi « Jésus-Christ est le Seigneur ». Comment un bébé pourrait-il se repentir et confesser sa foi. Les pédobaptistes défendent que c’est la foi des parents qui supplée, et que le baptême serai complété, ou plutôt confirmé, quand le jeune ou moins jeune adulte confessera sa propre foi,
– afin de donner part à l’accueil d’un bébé, les partisans du baptême adulte préconisent une présentation d’enfant. Ce n’est pas la présentation au Temple comme l’a vécue Jésus, une sorte de présentation à Dieu, mais bien une présentation à l’assemblée, afin d’inclure ce petit humain dans la communauté. Vous trouverez une liturgie sur ce site,
– la transmission linéaire de génération en génération est vraisemblablement une donnée du passé. Un christianisme d’adhésion revient désormais, d’où la nécessité de présenter les enfants, les catéchiser, et les appeler à choisir librement le baptême, pour ne pas avoir des hordes de baptisés non-croyants…

Alors attention aux diatribes en Eglise. Le risque est énorme de tomber dans ces deux formulations moqueuses :
– de la part des pédobaptistes : « La présentation est un baptême sec ».
– de la part des adeptes du baptême de confessant : « Le pédobaptisme est une présentation mouillée ».
Ce serait mortifère.