Que répondre à ceux qui disent tout le temps que tout est de la faute des chinois ? [Sylvette]

Devant un malheur : catastrophe, accident, ou une épidémie, un vieux réflexe est de commencer par chercher les responsables. Certains appellent le covid-19 le « virus chinois » puisque c’est en Chine que la maladie s’est déclarée. Sur le plan politique, d’autres dénoncent un nouveau méfait de la mondialisation ! Mais ce virus aurait pu apparaître dans un autre endroit du monde, et ce n’est pas la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’une épidémie (peste, grippe espagnole, SIDA, Ebola…) se joue des frontières.

Déjà les disciples de Jésus se demandaient qui avait provoqué la cécité d’un aveugle de naissance (év. de Jean, ch.9). Pensant qu’il s’agissait d’une punition, d’un jugement de Dieu (comme certains l’ont affirmé à propos du Sida, voire du covid-19), ils ont demandé : qui a péché ? Lui ? (mais c’est difficile à envisager, il ne pouvait avoir péché avant de naître) ou ses parents ? (coupables de rechange). Jésus a écarté ces tentatives d’explication du mal. « Ce n’est pas que lui ou se parents aient péché, a-t-il déclaré, mais la gloire de Dieu va se manifester dans sa vie ».

Nous pouvons dire à ceux qui cherchent des responsables que nous le sommes tous : non pas bien sûr responsables de l’apparition de la maladie, mais responsables d’empêcher ou freiner sa propagation. Responsables de soutenir ceux qui soignent ou assistent les malades, cherchent des remèdes, se battent pour que nous puissions continuer à nous nourrir, à communiquer, etc. Responsables des personnes isolées et fragilisées par l’épidémie. Et sur ce plan, il faut bien reconnaître que les Chinois ont pris des mesures efficaces (confinement, dépistage…) avec plus de célérité et de discipline que bien des Gaulois, dès qu’ils ont mesuré le danger. C’est en participant efficacement à la lutte, dans la prière et dans l’action, que nous pourrons glorifier notre Dieu, pour reprendre les termes de Jésus. Beaucoup plus qu’en attisant la haine de l’autre.

Puisque Dieu est comparé à un père comme à une mère dans la Bible ; puisque Dieu nous a créés homme et femme à son image- pourquoi Jésus préfère-t-il parler de Dieu comme d’un Père exclusivement ? [Etienne]

Je ne pense pas que Jésus parle de Dieu comme un père exclusivement. La parabole de la veuve et de la pièce de monnaie perdue nous le montre. Dieu, venu en Jésus-Christ, s’est incarné dans un lieu, un temps et donc un contexte précis et particulier, dans lequel l’image favorite pour parler de Dieu était celle d’un Père. Pour se faire comprendre, Jésus a donc réemployé ces images là en majorité. Mais, tout en étant lui-même un individu de sexe masculin, il a pu pleurer sur Jérusalem en disant : « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu! » (Luc 13. 34). Jésus prend ici l’image d’une poule, donc d’une figure maternelle, pour parler de Dieu.

Comment gérer moralement le fait d’avoir été en contact avec des gens alors que je ne savais pas encore que j’avais le coronavirus ? [Estelle]

En premier lieu Estelle, je forme le vœu que votre santé se rétablisse au plus vite. J’espère également que vous avez pu repasser dans vos souvenirs tous les contacts que vous avez eus pour prévenir les personnes que vous avez rencontrées d’un risque de contamination afin qu’elles soient vigilantes et éventuellement se fassent soigner. Ces deux points et eux seulement relèvent de votre responsabilité morale réelle. Pour le reste, vous n’avez rien à vous reprocher moralement, notamment pour le fait d’avoir été en contact avec des personnes en ignorant que vous étiez porteuse du coronavirus. Cependant, vous pouvez utilement et nous pouvons tous méditer cette réalité que parfois sans le savoir, sans le vouloir, nous pouvons faire du tort aux autres, par ce seul fait que nous sommes limités dans nos connaissances et dans nos capacités. Nous ne pouvons pas changer cet état de fait. Tout dans le monde et dans notre vie est limité. Cela peut entraîner des sentiments de frustration, de révolte, de colère, de culpabilité. Mais si nous restons dans ces sentiments, ils ne produisent jamais rien de bon, car ils sont liés à notre orgueil de vouloir tout maîtriser. Nous pouvons consentir simplement devant le Christ à toutes ces limites que nous ressentons parfois cruellement. Dans ce consentement humble qu’il faut sans cesse reprendre, il y a une joie et une paix immense à recevoir. Prenez soin de vous. Soyez bénie !

Comment les pasteurs s’impliquent-ils dans la préparation au mariage ? Se sentent-ils une responsabilité ? Assurent-ils un suivi ? [Mathieu]

Il y a beaucoup de modalités d’implication de la part des pasteurs dans une préparation au mariage. Les situations sont très diverses mais d’une manière constante, les pasteurs ont toujours en vue que leur responsabilité est d’aider un couple à préparer sa vie à deux dans la durée et pas seulement de préparer la cérémonie du jour « J ». Les préparations généralement durent plusieurs séances et abordent les questions dont les couples sont porteurs et aussi des sujets comme la communication, la gestion du temps et de l’argent, les projets, la vie spirituelle, la fidélité, la vérité, le pardon, la famille au sens large, les enfants, … Tout cela demande du temps, du tact et une réelle disponibilité. Il peut arriver que les pasteurs ne soient pas toujours au mieux de leur forme et il peut arriver aussi que des couples aient parfois du mal à entrer dans certaines de ces questions. Pour ces raisons, les préparations collectives me paraissent de beaucoup préférables aux entretiens en particulier, même si selon les lieux, elles sont plus difficiles à mettre en place : une équipe de préparation dont le pasteur fait partie et plusieurs couples en même temps. Pour le suivi des couples, il me semble que là aussi l’offre de suivi, tellement importante, sera plus dense et prometteuse si elle repose sur une équipe de l’église et non pas sur une seule personne.

Comment défaire les liens qui ont été créés lorsqu’on a eu des rapports sexuels avec des personnes différentes ? [Carole]

Votre question est courageuse et utile. Elle rappelle que les rapports sexuels ne sont pas des choses anodines et indifférentes mais qu’elles impactent notre vie au plus intime car nous sommes un seul être : corps, âme, esprit. La sexualité est faite pour être vécue dans le cadre d’une relation de fidélité où toute la vie est engagée. Avoir des rapports sexuels avec des partenaires multiples est donc avant tout un symptôme d’une dissociation entre ce que vit une personne avec son corps et ce qu’elle vit avec son cœur. C’est une sorte d’anarchie intérieure qui doit être remise en ordre pour que la personnalité concernée soit affermie, embellie, purifiée. Votre question Carole, traduit une inquiétude sérieuse. Je vous suggère de prendre rendez-vous avec une personne de confiance et expérimentée qui vous accompagnera spirituellement d’une manière personnalisée seule ou en équipe dans un parcours de libération. Ce parcours sera fait d’entretiens, avec des lectures bibliques, des temps de prière, de ré-assurance, avec peut-être des gestes liturgiques. Vous découvrirez alors de nouveaux aspects de la grâce particulière de Dieu pour vous. Je vous recommande de rechercher un pasteur ou un psychologue chrétien, c’est à dire un praticien formé, soumis à un contrôle et à une éthique professionnelle.

Doit-on se faire rebaptiser parce que le premier baptême a été fait par aspersion ? [Roosevelt]

Votre question Roosevelt en comporte en fait deux : celle du re-baptême et celle du procédé utilisé : l’aspersion ou l’immersion. Je vais essayer de répondre à ces deux questions mais en les distinguant : Il y a dans toute démarche de baptême deux éléments importants et précieux : le premier élément est la grâce de Dieu manifestée en Jésus Christ, une grâce attestée par la communauté croyante qui baptise et le second élément est la réponse croyante de la personne qui reçoit la grâce qui sauve. Ces deux éléments ne sont pas symétriques. La grâce de Dieu est première, royale, magnifique. La réponse humaine est seconde, souvent balbutiante et doit rester consciente de son humilité. Et même humble, cette réponse doit tout au travail du Saint-Esprit en nous. Si une personne prend conscience arrivée à un âge avancé que son baptême reçu enfant dans l’indifférence est la chose le plus merveilleuse de sa vie parce qu’elle découvre le pardon et l’amour de Dieu pour elle, alors, je ne lui conseille pas un re-baptême mais une confirmation de son baptême. Le baptême ne devient pas vrai dans la mesure où je le comprends, mais il est vrai par ce qu’il proclame le Salut obtenu par Jésus il y a 2000 ans sur la croix pour nous et pour moi. Un de mes amis répétait souvent : « nous avons tous été baptisés il y a 2000 ans sur le Golgotha. La cérémonie de baptême n’est que le faire-part de ce qui est arrivé par Jésus ». D’autres pasteurs, d’autres églises auront un autre enseignement sur ce sujet, mais je vous livre là ma conviction intime. Ensuite la quantité d’eau n’est pas importante. Dans certaines églises d’Orient on baptise les bébés et les enfants par immersion. Le sens est le même qu’une aspersion. Ceci est une affaire de coutume locale et de choix relatif à chacun. Je pense que le geste de l’immersion est très beau et représente mieux que l’aspersion le sens biblique de recouvrement, de plongée dans la mort et de résurrection. Mais la signification spirituelle du baptême ne dépend pas d’un formalisme quel qu’il soit. Il m’est arrivé une fois d’accompagner une confirmation par immersion d’un jeune adulte qui avait été baptisé enfant par aspersion.

Le jeu de rôle (à « la sauce chrétienne » ou non) est-il une activité pouvant pleinement participer à une vie sain(t)e et équilibrée ? [P.]

Tout dépend, me semble-t-il, de ce que vous vivez dans ces temps de jeu : un temps convivial d’interaction sociale, dans lequel les limites claires sont posées entre la fiction et la réalité et où ne prend pas de plaisir à la souffrance ou à l’impiété, même imaginaires ? Alors je ne vois pas ce qu’il y a à redire. On peut même imaginer expérimenter là des attitudes vraiment chrétiennes, même si elle restent fictives. Mais si ces frontières ne sont pas bien définies… Comme dit le proverbe : « Quand c’est flou, il y a le loup ».

Que faire- étant mariée légalement devant Dieu et les hommes- lorsque son époux voit d’autres filles et couche avec elles ? [Christine]

La situation que vous décrivez, Christine, me semble être grave, difficile et très douloureuse, avant tout pour vous. Je ne sais pas où vous en êtes dans le dialogue avec votre mari, mais il me semble absolument nécessaire de parler avec lui pour le mettre en face de cette contradiction : il est marié avec vous, il a donc officiellement fait le choix de votre personne pour être une seule chair avec lui et pourtant il vous trompe. Vous auriez grandement besoin, je crois, de consulter un thérapeute de couple chrétien, pour vous aider. Je ne peux, quoi qu’il en soit que vous encourager à ne pas rester dans le silence et une résignation qui n’est pas favorable à la vie que Dieu veut pour vous et votre couple. En dernier recours, vous savez que pour le protestantisme, le mariage n’est pas un sacrement, il n’est donc pas indissoluble. Mais cette issue ne saurait être envisagée que si vraiment aucun autre moyen n’apporte de solutions. Que le Seigneur vous garde et vous bénisse.

Matt 26-52 signifie-t-il que tous les chrétiens sont appelés à être pacifistes ? [Madeleine]

Il s’agit là d’un verset propice à de nombreuses interprétations. Pour ma part j’aurais tendance à ne pas trop l’extraire du reste du récit au risque de faire des contresens. Par exemple ce verset peut être lu comme un appel pacifiste, mais d’autres pourraient s’appuyer sur ce verset pour justifier une opinion en faveur de la peine capitale. 

Effectivement je suis de ceux qui estiment que dans ce passage, le Seigneur condamne expressément la violence et la persécution en faveur de Sa cause. Son règne, spirituel, ne saurait s’étendre par de tels moyens mais seulement par amour. 

En revanche je ne suis pas tout à fait à l’aise avec la notion de pacifisme, car celle-ci est trop souvent vécu comme de la passivité. Au contraire le Christ nous met en marche, et exprimer son amour tout autour de nous n’est pas toujours confortable ni paisible. 

Comment vivre le confinement en tant que chrétien ?

La foi chrétienne nous encourage à vivre notre quotidien dans la connexion à Dieu. Loin d’être un obstacle à cela, je crois que l’isolement et le repos que le confinement implique peut nous y aider.

Depuis notre maison, dans notre chambre même (Matthieu 6/6) nous pouvons prier. Les sujets ne manquent pas. Alors que nous nous sentons parfaitement incapables de faire quoique ce soit par nous-mêmes face à la situation que nous affrontons, nous pouvons prier pour le monde qui nous entoure, le personnel soignant, les malades et leurs familles, les personnes fragilisées par le confinement,  les autorités,  ceux qui sont obligés de travailler mais aussi  pour que de bons choix de société soient fait pendant et après cette crise majeure. Alors que nous sommes inquiets, nous pouvons prier pour nos proches et pour nous-mêmes, afin que nous soyons gardés, dans la paix qui est en Christ. Nous pourrons présenter à Dieu particulièrement ceux qui ne mettent pas encore leur confiance en lui, pour que Dieu se révèle à eux. Enfin, alors que l’isolement  peut faire remonter en nous des rancœurs, des blessures, des péchés, nous pouvons remettre tout cela à Dieu, afin qu’il s’en charge, en Christ, selon sa promesse.

Voilà pour la prière. Maintenant, parlons de l’amour que nous sommes, comme chrétiens appelés à partager avec les autres. Depuis notre maison, nous pouvons penser aux personnes qu’on oublie, en temps normal, par manque de temps. La vieille tante, l’amie d’enfance. Nous pouvons leur passer des coups de téléphone, leur écrire des lettres et des mails. Nous pourrons ainsi leur montrer notre intérêt, leur dire notre espérance, et témoigner  de l’amour de Dieu en ce temps troublé. Nous pouvons aussi, si nous sommes en famille, prendre plus de temps pour nos proches, en organisant des jeux ou en prenant le temps d’avoir des conversations plus profondes.

Enfin, notre confinement nous donne une occasion unique de mieux connaître Dieu. Nous n’avons plus l’excuse du métro et du boulot pour ne pas lire notre Bible et méditer la Parole. Le Guide en ligne propose des méditations quotidiennes. https://www.leguideenligne.com/inscription/

La faculté de théologie Jean Calvin offre des cours en ligne.https://www.facultejeancalvin.com/22115-2/?fbclid=IwAR1lgDzX-8WDiO3FmSZo3Y0qaOcxgYhwMre4Y81xyFsGqk3jOwdC3lcV0UE

« Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées en Jésus-Christ. » Philippiens 4/6-7