« Sola Scriptura ». Est-ce que ça veut dire qu’il ne faut pas lire autre chose que la Bible ? [Isabelle]

Non, bien sûr. Lisez donc tranquillement tout ce que vous voulez, tant que ça ne vous fait pas de mal. « Tout m’est permis », mais « tout n’est pas utile », « tout n’édifie pas », et « je ne me laisserai pas asservir par quoi que ce soit ». (1 Cor. 6 / 12 ; 10 /  23)

La Bible, c’est le lieu dans lequel, par l’action du Saint-Esprit, je puis entendre la parole que Dieu m’adresse, lorsque je lis dans la foi.

Bien sûr, je peux l’entendre aussi ailleurs, car Dieu est libre de me parler où, quand et comme il veut ! Mais alors, comment saurais-je que c’est Dieu, et non pas autre chose ou mon propre inconscient ? La Bible a été écrite pour moi de sa part, afin que je l’y rencontre, ou que je le reconnaisse lorsqu’il s’adresse à moi autrement. Elle est le critère, extérieur à moi, de ce que j’entends comme venant de Dieu.

Ainsi, le seul livre qui possède cette autorité et dans lequel Dieu se fait connaître personnellement à moi, lecteur, en tant qu’il est le Père de Celui qui a donné sa vie pour moi, c’est la Bible, qui est donc « inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute œuvre bonne. » (2 Tim. 3 / 16-17)

« Le « canon dans le canon » c’est ce qui parle uniquement de Jésus-Christ dans le canon. » C’est vrai ? [Jean-Marc]

Pas exactement. Rappelons déjà que « le canon », c’est l’ensemble des livres reconnus comme bibliques, ayant autorité pour la foi et pour la vie.

Parler de « canon dans le canon », c’est dire qu’il y a une clef de lecture, à partir de laquelle tous les textes bibliques (tous, donc) doivent être lus afin d’y entendre la Parole que Dieu veut nous adresser. Car l’important, c’est cette Parole, vivante et actuelle, et non pas la lettre à travers laquelle elle nous atteint par le Saint-Esprit. Or le Saint-Esprit rend témoignage à Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous. Ceux qui parlent de « canon dans le canon », généralement (et en tout cas la théologie luthérienne), signifient par là que la Bible, sous l’éclairage du Saint-Esprit, nous fait rencontrer le Christ, même au travers de récits, d’oracles et de lois de l’Ancien Testament. C’est lui qu’il faut rechercher dans l’Écriture. Par exemple, lisant le récit de la sortie d’Égypte dans l’Exode, on y lira d’abord la figure de la mort de Jésus le Premier-né d’entre les morts (lors de la 10ème plaie, ou bien lors du passage de la mer) et celle de sa résurrection et de la nôtre à sa suite (la Terre promise). Etc.

D’autres pourraient définir un autre « canon dans le canon », mais à mon avis ce serait au détriment de l’Évangile.

Une autre manière de lire l’autorité de l’Écriture serait de parler de « toute l’Écriture » en ne hiérarchisant ni les textes ni leur message. La sortie d’Égypte, par exemple, ne parlerait que de la sortie d’Égypte, miracle réalisé par Dieu autrefois. Etc.

Bien sûr, je simplifie et caricature quelque peu, afin de mieux situer les différences.

Bonjour- j’ai du mal à comprendre le concept de « kabbale »- lequel intrigue ma curiosité. Pourriez vous m’expliquer ? Avec quel point de vue aborder ces écrits (juifs et chrétiens) ? [Guillaume]

Bonjour,

La Kabbale est une tradition « ésotérique » (mot dérivé d’un mot grec signifiant « intérieur »), c’est-à-dire cherchant une connaissance du divin à l’intérieur d’un courant d’initiés, et/ou de soi-même. Son usage des textes (dans le cas de la Kabbale, de l’Ancien Testament) prétend qu’il y a en eux un sens caché, que seuls des initiés pourraient percevoir.

L’Eglise (dont le protestantisme reconnaitra la fidélité à Christ jusqu’au Ve siècle) se distanciera des courants ésotériques (les courants gnostiques) sur le principe qu’il n’y a aucune raison d’aller à l’encontre de ce que Dieu dit clairement et ouvertement par les Saintes Ecritures (voir par exemple Exode19,5). Pour les chrétiens, Christ a dévoilé certains aspects de l’Ancien Testament (par exemple 1Corinthiens 10,4; 2Corinthiens 3, 12-16) mais le sens des Ecritures n’en est pas pour autant obscur ou nécessitant la révélation de sens cachés. Les apôtres et les Pères de l’Eglise résistaient à l’idée selon laquelle il y aurait des chrétiens de différents degrés… certes il y a des fonctions dans l’Eglise, et on peut grandir dans la connaissance de Dieu… mais il n’y a pas de super-chrétiens. C’est, je crois, ce sur quoi Paul veut interpeller en 1Corinthiens 12-14 (voir aussi Colossiens 2,18).

Je crois que l’ésotérisme exerce une fascination par les connaissances qu’il prétend apporter. Il séduit notamment parce qu’il flatte l’orgueil. Je pense que vous ne trouverez rien dans la Kabbale qui vous fera grandir en Christ.

Bonjour ! Dieu est-il « au contrôle », selon une formule parfois employée dans les milieux chrétiens ? [Peps]

Bonjour. C’est une bonne question, mais c’est à lui qu’il faut la poser !

Si vous entendez par là que tout ce qui arrive vient de lui, il me semble que la réponse biblique est clairement non. Le péché originel a rendu autonomes non seulement les humains, mais toute la création, qui ainsi ne fonctionne plus dans le plan de Dieu, mais dans le sien propre, de manière parfaitement suicidaire. D’où aussi la nécessité du salut en Jésus-Christ.

Si vous entendez par là que notre salut dépend de Dieu seul, et, selon l’expression, qu’il donne ce qu’il ordonne, alors même qu’en nous le « vieil homme » subsiste et se débat, alors c’est oui ! La foi, confiance en Dieu, consiste précisément à le laisser contrôler notre existence, ce qu’il fait par sa Parole, qui est Jésus-Christ, et qu’il nous adresse par son Esprit à travers les Écritures, pour que nous nous en nourrissions chaque jour dès cette vie. Il guide ainsi l’Église que sa Parole rassemble.

Mais si vous entendez qu’ainsi l’Église et ses membres vivent conformément à ce contrôle divin et n’errent plus, alors c’est non. La preuve en est l’existence-même des épîtres néotestamentaires et du culte chrétien : il faut sans cesse réaliser combien nous nous éloignons de cette Parole sans même nous en apercevoir, afin de pouvoir y être ramenés par la prédication et par les frères et sœurs chrétiens.

Bref, Dieu est certes au contrôle, mais comme le Dieu « chrétien », pas comme une divinité païenne ! Il ne correspond pas à nos idées fantasmatiques sur le divin et la toute-puissance. Il ne correspond pas à nos idées, tout court. Nous ne le connaissons qu’en Jésus-Christ, dans l’abaissement de sa mort et l’espérance/certitude de sa victoire sur la mort.

Comment Dieu nous parle-t-il ? [MD]

De tas de manières différentes ; il est libre !

Mais l’outil qui m’est donné pour l’entendre, c’est le texte biblique. Ce qui suppose un certain nombre de précautions propres à ce media particulier. Ainsi, il faut d’abord lire intelligemment le texte, en usant des mêmes moyens que pour n’importe quel texte (les notes qui accompagnent le texte y aident parfois) : le sens des mots et expressions, le contexte littéraire (= la Bible elle-même, à commencer par ce qui entoure le texte choisi) et historique (= ce qu’on sait du temps et du lieu de l’écriture), etc. Et puis il faut se demander ce que le texte m’apprend, me dit sur Dieu, sur moi, sur mes relations aux autres. Enfin il faut demander à Dieu de me faire comprendre ce qu’il veut me faire entendre, lui qui est une vraie personne vivante, à moi qui en suis une autre.

Il faut aussi accepter que Dieu se taise, ou dise autre chose que le texte biblique (choisi à bon escient ou au hasard). Mais c’est toujours la Bible qui reste le critère : si j’entends Dieu me dire le contraire, alors ce n’est pas Dieu ! Comme toute parole, celle de Dieu est un acte relationnel, qui m’implique autant que lui. C’est ma foi, pas mes connaissances, qui est sollicitée, elle concerne ma propre vie. C’est la parole d’amour d’un père, par elle je reçois la vie du Christ qui est mort et ressuscité pour moi. Dans le concret de mon existence. À proprement parler, c’est lui, Jésus, qui est la parole de Dieu pour moi.

Je puis donc aussi entendre cette parole à travers l’Église, les autres, les événements, la tradition, la nature, etc. Mais dans tout ça, je n’ai pas de moyen de savoir que c’est Dieu plutôt que mon inconscient ou que l’air du temps. Là encore, le critère, c’est la fidélité de ce que j’entends à la révélation biblique. C’est ce que les théologiens protestants appellent le « sola scriptura » : l’Écriture seule a autorité…

Bonjour- je voudrais savoir est-ce qu’on doit être abstinente jusqu’au mariage ? Qu’est ce qui caractérise la fornication ? Est-ce les relations sexuelles sans engagement- amour ou hors mariage ? [jeunechretienne]

Le mot  » fornication » est la traduction du mot grec « porneia » que l’on rend plus souvent aujourd’hui par « impudicité ». Ce mot désigne les relations sexuelles qui ne sont pas ce que Dieu, dans son amour, a prévu pour l’homme et la femme. Notre travail sera donc de chercher, dans les Écritures, ce que Dieu a prévu pour le couple humain.

Il y a un motif récurent dans la Bible. C’est celui de l’unité de l’homme et de la femme. Ce motif se trouve pour la première fois en Genèse 2/24 . Il est répété 5 fois de part et d’autres de la Bible : Matthieu 19/5, Marc 10/7-8, 1 Corinthiens 6/16, Éphésiens 5/31. Ces passages nous disent que le couple humain et la sexualité impliquent une unité qu’il n’est pas bon de détruire. A partir de là, nous pouvons déduire que Dieu nous appelle à vivre notre sexualité dans dans l’ engagement à vie qu’est le mariage.

L’amour est souvent considéré comme un simple sentiment. Sa présence conduit les couples à se former, son absence les brise, laissant souvent familles et individus dans le plus grand désarroi. L’amour, dans la Bible, tel que Dieu le montre aux humains, est un engagement pour l’autre. Le mariage nous invite à apprendre à donner et à recevoir cet amour sans que les sentiments n’aient à en être exclus. C’est un défi qu’on ne peut relever qu’en mettant toute notre confiance en Celui qui promet de conduire et de renouveler ceux qui comptent sur lui.

« Ne vous conformez pas aux habitudes de ce monde, mais laissez Dieu vous transformer par un changement complet de votre intelligence. Vous pourrez alors comprendre ce que Dieu veut » Romains 12/2

Le ministère des femmes : comment interprétez-vous 1 Tim 2,12 ?

Dans le contexte gréco-romain, la femme a le même statut qu’un enfant, soumise en tout à son mari, chef de famille. D’autres textes de Paul semblent relativiser le statut de la femme qui a cours dans la société de l’époque (par exemple Éphésiens 5,25-33; 1Corinthiens 11,12 ; Galates 3,28), et, plus globalement, la justice des structures sociales de son époque (Romains 13, 1-7 est sans doute écrit dans un contexte où les autorités sont maltraitantes avec les chrétiens ! voir Romains 12,17-21 qui précède).

La justification d’un ministère d’enseignement pour la femme à partir de ce texte est difficile…
C’est sa place dans la lettre qui peut éventuellement nous interpeler.

Le passage semble présenter un souci : que les communautés chrétiennes vivent paisiblement face à des autorités qui peuvent être très suspicieuses et maltraitantes avec les chrétiens (1Tim 2,2). Paul appelle donc les chrétiens à une forme d’exemplarité vis-à-vis de l’ordre actuel du monde, considérant que c’est le meilleur moyen de changer les cœurs (1Tim 2,4), dans l’attente confiante du jugement de Dieu qui fera toute chose nouvelle et rétablira le juste ordre créationnel. Si telle est sa préoccupation, son discours sur l’enseignement des femmes aurait alors pu être différent dans la France du 21e siècle…

Jésus nous dit qu’il y a plusieurs demeures dans la maison du Père et qu’il nous en prépare une. Comment s’approprier cette promesse ? [Haim]

« Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé. » (Actes 16 / 31). L’origine des uns et des autres, non plus que tout ce qui nous caractérise, n’a plus aucune importance en Jésus-Christ, ça ne pèse plus rien (cf. Galates 3 / 28). Ce n’est pas là un nivellement par le bas, une indifférenciation. Au contraire, chacun est regardé pour ce qu’il est vraiment, mais à travers le Christ Jésus. Il y a donc « beaucoup de demeures », tout comme Jésus avait dit : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, il faut aussi que je les amène ; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger. » (Jean 10 / 16) Il y a donc une seule Église, que Dieu connaît à travers sa diversité.

Ceci posé, il n’est pas écrit que Jésus nous prépare « une demeure », mais « une place » « dans la maison de [son] Père » (Jean 14 / 2-3). Il n’est pas dit que nous aurons chacun notre propre lieu, mais que nous serons avec Jésus : « je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi. » La vraie promesse est celle-ci. Le leu, la place, des chrétiens, depuis la mort et la résurrection de Jésus (cette phrase avait été prononcée avant, c’est pourquoi elle est au futur), c’est « en Christ ». C’est là que nous nous tenons pour profiter de notre salut et de notre liberté, c’est là que nous prions le Père et c’est là qu’il nous exauce. C’est un lieu qui respecte nos particularités, mais qui respecte aussi l’image que le Père a de nous en Jésus, image plus véridique que la manière dont nous nous définissons nous-mêmes.

C’est une bonne nouvelle, car ce que Dieu promet, il l’accomplit, « c’est fait ». On se l’approprie en lui faisant confiance (ce que signifie : « par la foi »).

Pourquoi ça rajouterait quoi que ce soit de faire bénir son couple à l’église ? Dieu nous connaît déjà… non ? [Jules]

Voyez Jules, vivre cette bénédiction à l’église a plusieurs impacts :

  1. D’abord c’est placer explicitement devant Dieu votre couple.
  2. Ensuite c’est avoir un espace plus personnel que la plupart des cérémonies civiles qui ne sont pas très denses au niveau existentiel.
  3. Mais surtout, le mariage civil est un contrat. Un contrat, c’est en général 90% d’articles pour dire ce qu’on fera quand ça se passera mal. Pour la bénédiction à l’église, c’est plutôt une alliance. Une alliance, c’est quelque chose qui ne prévoit pas de sortie, et de clauses de sortie. Et surtout dans l’alliance avec Dieu, c’est Dieu qui s’engage pour votre couple. Et c’est quand même beaucoup plus puissant, et surtout plus fiable que des engagements humains qui sont souvent fragiles.

« Pourquoi tant d’injustices, et de catastrophes dans le monde ». Pourquoi, ce sont les « déjà » plus démunis qui sont le plus souvent « touchés » par tous ces malheurs ? [Noluen]

Le Seigneur dans ses commandements nous ordonne d’être particulièrement attentifs aux plus démunis, parce qu’Il sait bien que ce sont eux qui sont ciblés en priorité par celui qui veut la mort des êtres humains. Il y a plusieurs termes pour les désigner. Il y en a un qui s’est imposé : « les *anawim », les pauvres, les opprimés, les « humbles ». Avec la naissance de Jésus apparaît ce cri de victoire dans la bouche de Marie : « le Seigneur a jeté les puissants à bas de leurs trônes, Il a élevé les humbles » Luc 1.52