Le protestantisme notamment réformé, dont les huguenots sont la version française, traîne avec lui une réputation souvent justifiée de sobriété, pour ne pas dire d’austérité, de sévérité dans les mœurs comme dans les goûts. En partie par opposition au catholicisme et à ses excès jugés « païens » (la pompe liturgique, l’exubérance des fêtes religieuses, l’abondance des images dans les édifices du culte…).
Cette réserve de certains protestants, dans les siècles passés, vis à vis des divertissements, comme assister à des pièces de théâtre ou lire des ouvrages « profanes » a un autre motif. Ces activités étaient jugées futiles voire dangereuses parce qu’elles pouvaient éloigner de plus sain(t)es occupations, comme la vie de prière, la méditation de la Bible ou la fréquentation des assemblées de l’Église !
Qu’en penser ? Ne pas laisser distractions et loisirs prendre trop de place dans notre temps libre, garder un esprit critique et ne pas avaler n’importe quoi, que ce soit en regardant un film, en assistant à du théâtre ou en lisant un roman, semble sage. Mépriser l’art, comme tout ce qui peut procurer joies et plaisirs, par contre, ne l’est pas du tout. D’autant plus que l’art est un formidable vecteur non seulement d’émotions (ce qui est beau nous touche), mais aussi de réflexion, voire de spiritualité (ce que démontrent des artistes chrétiens et même protestants comme Rembrandt, Van Gogh, Bach et tant d’autres !). C’est vrai aussi pour le théâtre depuis les tragédies de l’Antiquité grecque, comme pour le roman et autres genres littéraires. N’oublions pas enfin que la Bible contient aussi de la poésie, des récits, des fictions…