David, si un réformé était dans l’état d’esprit que vous décrivez, il serait dans la même situation que le pharisien de la parabole de Luc 18. 9-14. Il ne serait pas reconnu juste aux yeux de Dieu, par la bouche même de Jésus. Mais si un réformé était dans le même état d’esprit que le collecteur d’impôts de cette même parabole, il le serait.
Que je sois réformé, luthérien, évangélique, catholique, orthodoxe, anglican, pentecôtiste… que le Seigneur m’aide à dire devant son Fils : « Mon Dieu, prends pitié de moi, qui suis un pécheur. »
Auteur/autrice : Olivier Raoul-Duval
Quelles sont les principales différences entre protestantisme libéral et conservateur ? [Pierre]
Pierre, on est toujours le libéral ou le conservateur de quelqu’un. Mais au fond, être libéral ou être conservateur, cela me semble bien éloigné du Christ, car il ne demande ni d’être l’un, ni d’être l’autre, il nous demande de le suivre : cela suffit. En effet il n’a pas posé le débat en termes de bien ou mal, en rapport à des systèmes de valeurs, mais en termes de vie et de mort. Le suivre, c’est recevoir la vie comme il le dit à Marthe (Jn 11. 25 et suivants)
Alors pour moi la question est bien plutôt : qui a autorité sur moi et donc relativise mon système de valeurs ? Pour un chrétien et donc pour un protestant , cela ne devrait être ni le monde et ses valeurs, ni moi-même et mes valeurs, mon intelligence, ma culture…, mais le Christ. Le seul exercice à faire est de discerner ce qui, dans ma foi, qu’elle s’exprime de manière libérale ou conservatrice, relève du Christ ou relève d’autres choses. C’est salutaire, à faire très régulièrement, en demandant l’aide de l’Esprit du Seigneur.
Pourquoi les protestants sont si silencieux dans les médias ? [Viviane]
Viviane, je n’ai pas de réponse précise à votre question. Je crois d’abord qu’il n’est pas possible de parler des protestants comme d’un tout homogène ou uniforme. Néanmoins je vous propose deux hypothèses face à votre interrogation :
- Peut-être est-ce parce que le monde et ses médias prennent les protestants pour quantité négligeable et n’attendent rien d’eux et de leurs manières de témoigner de l’Évangile ? Après tout ils sont une minorité religieuse au sein du christianisme, lui-même minoritaire en France.
- Peut-être est-ce encore parce que les protestants n’ont plus rien à dire ? Leur parole se confondant trop avec celle du monde, les médias préfèrent alors soit relayer la parole de ceux qui sont plus performants dans leurs discours soit mettre en pratique le principe basique que l’original vaut mieux que la copie.
Quoi qu’il en soit, l’Évangile a toujours heurté le monde, il suffit de voir comment Jésus n’a pas été accueilli dans le monde. Les récits autour de la nativité le montrent clairement : La Parole était dans le monde et le monde est venu à l’existence par elle, et pourtant le monde ne l’a pas reconnue (Jean 1,10 NFC). De même les récits de la mort du Christ prouvent qu’il était bien seul et rejeté par le monde.
Alors je crois que plus que de savoir s’il faudrait que l’on entende les protestants dans les médias, il est intéressant de savoir si le monde voit que des vies sont transformées par l’Évangile, à commencer par la vie des protestants eux-mêmes. Et si la réponse est non au premier questionnement, cela ne me semble pas grave, mais si c’est au second, c’est très inquiétant !
Comment pourrions-nous réformer la synodalité dans l’EPUdF ? [Eliane]
Eliane, c’est un vaste sujet… d’actualité pour l’EPUdF. Alors sans doute qu’il faudrait reconnaître que la synodalité de l’EPUdF est en crise et nécessiterait une réforme. Pourquoi reprendre notre façon de « faire chemin ensemble », si nous (en particulier les personnes qui ont la charge de le faire vivre) ne reconnaissons pas qu’il y a des problèmes ?
Je ne pense pas que dans une courte réponse on puisse aller au-delà de 3 pas :
– d’abord, se placer devant Dieu ensemble en prière, pour discerner ce qu’Il a à nous dire sur la question, demander à son Esprit de nous éclairer. Cela passe aussi par la lecture de la Bible ensemble. Je suis persuadé que rien ne pourra se faire d’utile sans ce premier pas, qui devrait revenir à régulièrement à chaque étape de la réflexion.
– ensuite regarder la réalité du fonctionnement de notre synodalité en face et en faire une évaluation précise et approfondie.
– et enfin, il ne faudrait pas oublier ce qu’enseignent l’histoire et la théologie mais aussi la manière dont des Églises sœurs, en France comme à l’étranger, comprennent aujourd’hui cette façon d’organiser l’Église.
Les premiers huguenots étaient-ils opposés à célébrer Noël comme Cromwell et les puritains anglais ?
Il est vrai que les puritains, de part et d’autre de l’Atlantique, ont interdit la célébration de Noël à certains moments du XVIIème siècle, à l’image des colons du Nouveau monde ou d’Oliver Cromwell en Angleterre. De même, il est exact que Calvin, à Genève, a supprimé la célébration de Noël en 1550 ; elle y sera rétablie en 1788.
Pour les premiers hugenots, les protestants français des XVIème et XVIIème siècles, je ne sais ce qu’il en était. Il est vrai que sur une large partie de cette période, ils ont simplement cherché à vivre leur foi en temps de persécution.
Par la suite, XVIIIème et XIXème siècles, devant les excès des célébrations de Noël, y compris dans les lieux de culte, les autorités civiles et religieuses des « pays protestants » ont cherché à encadrer, parfois strictement, la célébration de cette fête, la rendant progressivement presque exclusivement un temps qui se vivait « en famille ».
En matière de pratique de notre foi, la question est : quel sens, au regard de la Bible et de la volonté de Dieu, nos usages et traditions prennent-ils ?
Pourquoi les Eglises semblent vouloir « divertir » les chrétiens plutôt que de « convertir » les gens au Christ ? [Stella]
Stella, ni divertir, ni convertir !
Je crois qu’effectivement le rôle des Églises n’est pas de divertir les chrétiens, comme le monde d’ailleurs. Et je crois tout aussi fortement qu’elles n’ont pas à convertir.
Mais j’aime bien les guillemets que vous avez mis autour de ces deux verbes. Je comprends par « divertir » la volonté des Églises de présenter l’Évangile de manière plus douce, plus acceptable qu’il n’est en réalité, en essayant de gommer ce que l’Évangile a de radical : « Aimer ses ennemis » par exemple (Mt 5, 44). Et j’imagine que par « convertir » vous voulez dire annoncer l’Évangile.
Je ne sais dire les raisons pour lesquelles les Églises agissent ainsi. Cela traduit, en tous cas, le fait qu’elles sont pécheresses, à côté de ce que le Christ, leur chef, leur demande de faire. Et s’il en est ainsi, elles doivent se repentir, revenir à Dieu et mettre en pratique les enseignements de l’Évangile, en totalité.
Mener « une guerre culturelle » fait-il partie du « Grand Mandat » que Jésus-Christ a confié à ses disciples ? [Nic]
Nic, par « Grand Mandat » vous entendez, j’imagine, ce qui est dit à la fin de l’évangile de Matthieu (28,16-20). Dans ces quelques versets il s’agit de faire des non-juifs des disciples du Christ ressuscité. Le verbe faire_des_disciples est un seul mot formé à partir du… mot disciple justement. Le « Grand Mandat » consiste donc à montrer aux non-chrétiens, qui est le Christ et comment ils peuvent le suivre, recevoir son enseignement et devenir à leur tour des disciples. Il faut noter qu’au verset 17 quand les disciples voient le Christ ils se prosternent devant lui : le disciple est celui qui se soumet au Christ, à son autorité.
Je ne vois là aucune « guerre culturelle » à mener. Et j’ajoute que même avec des « guillemets » le Christ n’a jamais envoyé ses disciples pour mener « une guerre ». Il les a même envoyés comme des agneaux au milieu des loups (Mt 10,16) : si des agneaux font la guerre aux loups, ils terminent en côtelettes, gigots… Et enfin dans les autres envois en mission des 4 évangiles, je ne vois pas non-plus d’engagement du Christ à mener une telle « guerre ».
Mais toujours est-il que ce « grand mandat » reste et ouvre à un engagement fort du chrétien dans le monde pour y témoigner du Christ.
J’ai 20 ans et fréquente une église évangélique- je souhaite me rendre au culte d’un temple Epudf mais j’ai peur de m’y rendre pour la première fois- avez-vous des conseils ? [Alexandre]
Cher Alexandre, cher frère en Christ,
Je n’ai qu’un conseil à vous donner : vous débarrasser de votre peur avant de vous rendre dans ce temple. La peur est ce qui nous rend malade, vis-à-vis de Dieu et de nos frères et sœurs.
Ayant fait ce travail devant le Seigneur, vous pourrez vous présenter chez ces frères et sœurs de l’EPUdF avec le cœur rempli de l’amour de Dieu et discerner ce qu’Il vous dira pendant le culte.
Soyez béni.
Que pensez-vous de la collapsologie ? [Emmanuel]
Je ne suis pas un spécialiste, mais j’ai compris que cette théorie veut que « tout » pourrait s’effondrer d’un coup et de manière très rapide.
Je note d’abord que ce n’est pas récent comme perspective. Nous avons depuis longtemps la capacité de ‘tout casser’, très rapidement. La destruction de la planète est aussi violente et totale que les ravages de l’arme nucléaire, pour ne parler que des 100 dernières années !
Ensuite, il est clair que l’avenir de notre monde, tel qu’on le connaît aujourd’hui est entre les mains de Dieu seul, sa fin donc également. Ainsi parle Jésus (Matthieu 24, 36-37) : » Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul. Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même à l’avènement du Fils de l’homme. »
C’est à ce Dieu-là que je fais confiance, car il a un projet de vie pour chacun, aujourd’hui et demain. A nous de le chercher avec l’aide de l’Esprit, d’en vivre selon les dons que nous recevons. A nous de veiller selon ce que nous dit le Christ (Mt 24, 42)
Pourquoi Jésus lorsqu’il prie- s’adresse-t-il au Père ? Si Jésus est Dieu incarné- pourquoi le fait-il ? [Sophie]
Jésus s’adresse à son Père, parce qu’il est son fils (Matthieu 16,17). Mais si Jésus est Dieu fait homme, il n’est pas le Père, mais le Fils. Il est pour nous le porte-parole vivant, notre intercesseur auprès du Père : « mon Père vous donnera tout ce que vous lui demanderez en mon nom. » Jean 15,16. Jésus est le lien entre Dieu et nous.
Mais cela va plus loin, parce que nous avons du mal à discerner ce qui est bon pour nous, nous recevons une aide de Dieu, l’Esprit saint : « De plus, l’Esprit Saint aussi vient nous aider, nous qui sommes faibles. Nous ne savons pas prier comme il faut. Alors l’Esprit Saint lui-même prie pour nous, avec des gémissements que la bouche ne peut pas redire. Mais Dieu voit le fond des cœurs, il sait ce que l’Esprit veut demander. Oui, l’Esprit Saint prie comme Dieu le veut pour ceux qui lui appartiennent. » (Romains 8,26-27)
C’est à la fois tout le mystère et la force du Dieu unique, présent pour nous, en trois « personnes ».