Peut-on divorcer quand on n’arrive pas du tout à s’entendre dans son couple ? Peut-on rester souffrir jusqu’à la mort ? [MoÏse]

De nombreux couples, de nombreuses personnes, hommes ou femmes, peuvent se poser cette question un jour. Même conduite par l’amour, la vie conjugale est exigeante, et elle touche des cordes très sensibles, très intimes. Il ne va pas naturellement de soi qu’un couple vive ensemble pendant 20, 40, 50 ans ou plus. Ce n’est pas naturel, mais ce n’est bien sûr pas impossible !

Et au regard de la Bible, on ne peut que le vouloir et l’encourager. Jésus parle peu du mariage, mais quand il le fait, c’est pour en tirer le maximum : « Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni » (Matthieu 19, 6). Ce maximum – on pourrait dire aussi : le meilleur – rappelle l’esprit dans lequel un couple est uni, et non la lettre. Cette union ne saurait être un petit arrangement, une convenance. Chaque partenaire s’y engage « corps et âme ».

Quand la discorde s’installe au sein du couple, l’échec est à la mesure de cet engagement : il est d’autant plus fort ! Des relais extérieurs (conseil conjugal) peuvent aider à prendre du recul, mais ne sont pas toujours suffisants non plus. Quand l’amour tourne au drame permanent, ou, pire, à la violence, alors mieux vaut envisager la séparation que de poursuivre dans une spirale dangereuse, qui entraînerait le couple, et des enfants, dans une souffrance perpétuelle. S’il est question de vie ou de mort, il est même urgent de protéger celui ou celle qui doit l’être. On ne parle alors plus de convenance ! Et si cette décision fait naître en nous un sentiment de culpabilité, n’oublions jamais qu’auprès de Dieu se trouve le pardon (Psaume 130, 4).

Pasteur n’est-il pas un métier aussi ? Comment être sûr de la vocation ? [Eliane]

Pasteur est un métier, c’est vrai, au sens où chaque Eglise donne à son pasteur un cahier des charges avec des tâches et des objectifs. Pour autant l’Etat considère qu’il ne s’agit pas d’un métier puisque, suite à une décision de justice, les pasteurs n’ont pas été intégrés au droit du travail.

Pour pouvoir être pasteur il faut deux choses : la vocation et la convocation.
La vocation, c’est que la personne se sente appelée par Dieu à exercer ce ministère, d’autant plus dans une période où cette fonction peut être assez difficile, peu rémunératrice dans certaines dénominations, et ayant perdu pas mal de satisfaction personnelle depuis que le pasteur n’est plus un notable. La vocation, c’est l’appel d’en haut.
La convocation, c’est le fait que les humains, l’Eglise, reconnaissent aussi que vous êtes fait.e pour le ministère pastoral. C’est la reconnaissance du ministère.
La convocation est donc la confirmation de la vocation.

Il peut donc y avoir quelques grosses difficultés parmi lesquelles :
– des pasteurs sans vocation, qui ont été là juste par intérêt pour la théologie. Mais si tout pasteur doit être un peu théologien, tout théologien n’est pas fait pour être pasteur, avec le sens du soin délivré par le berger.
– des pasteurs qui ne le sont que par convocation : la projection qu’on a fait sur eux, le désir d’une mère, ou le fait de vouloir poursuivre l’œuvre d’un grand-père pasteur, ou encore des motivations qui sont hors de l’appel de Dieu .
– des pasteurs qui n’ont qu’une vocation mais pas de convocation, c’est-à-dire concrètement des personnes qui ont pensé entendre l’appel de Dieu, mais l’Eglise n’a pas le même discernement.

Dans tout ça sont nécessaires beaucoup de patience, beaucoup d’écoute, de l’amour, du respect, et une bonne dose de pragmatisme.

Est-ce que Matthieu, Marc, Luc et Jean se connaissaient ? [Eva]

Rien ne permet d’affirmer d’après le témoignage du Nouveau Testament que les auteurs des quatre Evangiles aient eu l’occasion de se rencontrer ou de se connaître personnellement.

C’est en fait peu probable, parce que chaque évangéliste écrit des décennies après le ministère terrestre de Jésus, en fait ressortir des aspects particuliers, en  fonction du contexte qui est le sien : L’Evangile selon Matthieu, par exemple contient énormément de citations de l’Ancien Testament et aurait plutôt été destiné à des lecteurs juifs. Luc écrit pour sa part à l’intention d’un lectorat de culture gréco-romaine : par exemple, le toit en terrasse (architecture typique de la Palestine) dans lequel on creusa un trou pour y faire passer le paralytique de Capernaüm (Marc 2,4) devient chez Luc un toit de tuiles (Luc 5,19).

La proximité des trois premiers évangiles que l’on appelle « synoptiques » (littéralement « vus ensemble »;  puisqu’ils présentent une série de récits et de paroles de Jésus que l’on peut lire de façon parallèle) s’explique non par le fait qu’ils en auraient été des témoins directs (et qui, donc, se seraient forcément connus !) mais par leur usage de traditions communes. L’hypothèse classique est que Marc est l’écrit plus ancien, Matthieu et Luc auraient puisé chez lui ces traditions et auraient eu recours à un autre document, la source des Logia (paroles, en grec) pour toutes les paroles de Jésus qu’ils rapportent conjointement. Certains exégètes penchent pour l’antériorité d’un prototype de l’évangile de Matthieu en araméen, plutôt que pour celle de Marc. Il existe encore d’autres théories, plus ou moins complexes, mais aucune à ce jour ne permet d’expliquer de façon totalement satisfaisante les similitudes et les différences entre les trois écrits. La question est très complexe !

Est-ce que jésus est la même personne que le Dieu de l’Ancien Testament ? [Kevin]

Jésus-Christ, Dieu le Fils est une des trois personnes du Dieu unique révélé dans le Premier et le Nouveau Testaments. Un exemple ? En Genèse 15. 1, nous lisons : « Après ces événements, la parole de l’Eternel fut adressée à Abram dans une vision. Il dit : ». Littéralement, on peut lire : « Après ces choses,  la parole de l’Eternel fut vers Abram dans la vision en disant ». Et Abram identifié cette parole à lui adressée dans la vision comme étant Dieu lui-même (verset 2).  C’est comme si la parole de Dieu s’était déplacée vers Abram pour lui parler par le moyen d’une vision, comme une personne pleine et entière. Au verset 4, cette même parole est à nouveau vers Abram et le fait sortir pour contempler les étoiles. Or le premier verset de l’évangile de Jean pour décrire la parole de Dieu venue jusqu’à nous en Jésus-Christ nous dit : « Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu », comme si, là aussi, la Parole était en quelque sorte, identique et différente à la fois de Dieu le Père.

Il y a encore beaucoup d’autres situations comparables à celle-là dans le Premier Testament, qui peuvent être comprises à la lumière de ce que le Nouveau Testament nous dit de Dieu, trois personnes en un être.

Jésus aime-t-il Michel Onfray ? [Gilles]

Oui. Si Jésus devait ne plus aimer toutes les personnes qui disent des âneries à son sujet, il n’aimerait plus grand monde ! Jésus aime Michel Onfray, c’est le contraire qui me semble moins sûr. Jésus aime Michel Onfray et c’est peut-être ce qui pose un problème à ce dernier… Jésus aime Michel Onfray comme chacun d’entre nous, car Dieu est amour et qu’il a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son Fils unique afin que quiconque croie en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle.

Les histoires les plus anciennes de la Bible sont-elles inspirées d’autres sources culturelles ou historiques ? [Dorothée]

Effectivement, on trouve dans la littérature du Proche-Orient ancien des textes qu’on a pu comparer aux récits bibliques, notamment ceux de la Genèse:  Le mythe babylonien d’Atrahasis évoque la création de l’homme par les dieux avec de l’argile. On retrouve un récit du déluge apportant des détails très proches de sa version biblique (Genèse ch. 6 et ss) dans la 11e tablette de la version akkadienne de l’épopée du roi sumérien Gilgamesh, autre grand texte. Outa-Napishtim, personnage qui fait penser à Noé, raconte à Gilgamesh comment il a été averti par un des dieux , Ea, du déluge et a construit un navire où il a recueilli les espèces vivantes, etc… .

Toutefois, quand on les compare, on constate des différences de point de vue entre les récits de l’Ancien Testament et leurs parallèles des autres civilisations proche-orientales anciennes. Dans le mythe d’Atrahasis, autre héros comparable à Noé, les dieux créent l’homme pour lui déléguer les travaux pénibles dont ils ne veulent plus ; le déluge, pour sa part, y survient comme le dernier des fléaux que le Dieu Enlil envoie aux hommes parce qu’ils dérangent son sommeil par leur vacarme ! Dans l’épopée de Gilgamesh de même, la destruction de l’humanité semble n’être qu’un caprice des dieux, seul l’un d’eux a le souci de la faire survivre. Les motivations de Dieu ne sont pas les mêmes dans la Bible.

Pour résumer, la Bible partage certaines traditions avec d’autres peuples quant aux origines du monde, mais pour les placer dans une perspective radicalement nouvelle : un Dieu unique qui fait alliance avec l’Homme, vient habiter son histoire dans un long compagnonnage, pour le sauver du mal et de la mort.

(tapez Gilgamesh dans l’onglet de recherche pour une autre analyse de ces parallèles littéraires).

 

 

 

Pourquoi Jésus est-il si provocateur avec les croyants de son époque ? [Stan]

Effectivement, Jésus a même été crucifié pour avoir à plusieurs reprises désobéi à la Loi religieuse, pour avoir dérogé aux obligations de sa culture, pour avoir dérangé les notables et autres spécialistes religieux. Beaucoup ont voulu voir en lui un être immoral, qui ne respecte pas le Sabbat, qui se prend pour Dieu, qui choisit la complaisance de se laisser toucher par des prostituées, etc. Bref, quelqu’un qui déplace les points de repères de la morale de son époque.
Disons qu’il était plus a-moral qu’im-moral : le jugement des autres, les bonnes mœurs n’étaient pas pour lui le fin mot de l’histoire.

Mais je ne dirais pas que c’était un provocateur au sens d’un trublion ou d’un insoumis. Il voulait pousser tout un chacun dans ses retranchements, notamment pour savoir si c’était vraiment Dieu qui était aux commandes de la vie de ses interlocuteurs. Il voulait provoquer la réflexion, et en choisissant de souvent poser des questions plutôt que de donner toujours des réponses, il souhaitait que ses vis-à-vis fassent un chemin intérieur de déplacement, que ce soit au niveau psychique ou au niveau spirituel. Son but était que les gens se déplacent et qu’ils changent de comportement (l’autre traduction de la repentance), qu’ils découvrent une autre façon de voir la réalité. Plus du point de vue de Dieu, avec un vrai recul.

Et dire que le christianisme est devenu une puissance inverse de conservatisme, de pharisaïsme, de religiosité sclérosante, avec quelques paradis pour les donneurs de leçons ! Les petits christs que sont les chrétiens devraient être assurément plus transgressifs qu’ils ne le sont si vraiment leur foi consiste à imiter leur maître.

Pourquoi les Eglises semblent vouloir « divertir » les chrétiens plutôt que de « convertir » les gens au Christ ? [Stella]

Stella, ni divertir, ni convertir !
Je crois qu’effectivement le rôle des Églises n’est pas de divertir les chrétiens, comme le monde d’ailleurs. Et je crois tout aussi fortement qu’elles n’ont pas à convertir.
Mais j’aime bien les guillemets que vous avez mis autour de ces deux verbes. Je comprends par « divertir » la volonté des Églises de présenter l’Évangile de manière plus douce, plus acceptable qu’il n’est en réalité, en essayant de gommer ce que l’Évangile a de radical : « Aimer ses ennemis » par exemple (Mt 5, 44). Et j’imagine que par « convertir » vous voulez dire annoncer l’Évangile.
Je ne sais dire les raisons pour lesquelles les Églises agissent ainsi. Cela traduit, en tous cas, le fait qu’elles sont pécheresses, à côté de ce que le Christ, leur chef, leur demande de faire. Et s’il en est ainsi, elles doivent se repentir, revenir à Dieu et mettre en pratique les enseignements de l’Évangile, en totalité.

« Heureux ceux qui auront cru sans avoir vu ». Doit-on mépriser d’avoir vu de grandes choses ? [Sophie]

Jésus adresse cette remarque à Thomas en Jean 20/29. Alors que Jésus ressuscité s’est montré aux autres disciples, Thomas était absent. C’est alors qu’il annonce qu’il ne croira pas tant qu’il n’aura pas vu Jésus de la même manière que les autres disciples l’ont vu. Huit jour plus tard, Jésus lui apparaît avant de déclarer : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! ».
Je ne pense pas que Jésus cherche ici à mépriser ce qu’il nous est donné de voir de l’œuvre de Dieu en Christ.
Tout d’abord, nous pouvons constater que la Bible donne un rôle particulier aux témoins oculaires de la vie de Jésus (Luc 1/2). En effet, le fondement de notre foi est historique. Dieu, en Jésus, est venu dans notre monde pour accomplir l’œuvre du salut. Nous avons besoin de le savoir afin de pouvoir l’accueillir. Le rôle des disciples, qui deviendront apôtres, sera de parler de ce qu’ils ont vu, y compris de la résurrection qui est un gage de sa victoire sur la mort.
Cependant, le fait de voir ne suffit pas à croire. Ainsi, beaucoup de ceux qui ont vu l’œuvre de Jésus ne l’ont pas cru. Matthieu 13/11-17 nous laisse entendre que c’est une grâce, un cadeau qui a été fait aux disciples non seulement de voir, mais aussi de croire ce qu’ils ont vu. C’est ce que nous montre l’épisode de Thomas doutant : Jésus lui fait la grâce de se montrer à lui. Aujourd’hui encore, certains ont la grâce de voir Jésus leur apparaître en rêve, par exemple. Il leur est alors fait la grâce de voir afin qu’ils puissent croire. A d’autres, il peut être donné de voir simplement son œuvre, à travers des guérisons, des miracles extraordinaires. Il n’y a rien de méprisable en ce qui est donné par Dieu pour notre salut.
Enfin, si le cadeau de la foi peut passer par le fait de voir, cela n’est pas nécessaire. C’est ce qu’exprime 1 Pierre 1/7-9, par exemple. Je pense que le but de l’interpellation de Jésus à Thomas en Jean 20 vise à encourager ceux qui, comme nous qui sommes nés si longtemps après Jésus, ne le verrons pas en chair, ni même sous forme de vision. Que nous l’ayons vu ou non, et même si nous ne sommes pas familiers des miracles, nous aussi, nous pouvons être heureux, comme Thomas et comme les disciples, parce qu’il est donné de croire en attendant le jour où, à la fin des temps, nous le rencontrerons face à face.
Pour résumer, ne méprisons pas ce que nous voyons, mais ne méprisons pas non plus ceux qui ne voient rien. Car ce qui compte, ce n’est pas de voir mais de croire. Et cette foi est un cadeau, une grâce qui ne peut que nous rendre heureux.

L’Homme existe depuis 2 millions d’années. Jésus venu il y a 2000 ans seulement. Pourquoi pas plus tôt ? [Michel]

Il faudra demander au Patron quand nous serons en sa présence ! Plus sérieusement, Michel, je crois que votre question pose un premier problème celui de la définition de l’être humain. Vous faites référence aux estimations scientifiques qui établissent que les premiers individus du genre « homo » (« habilis » de son petit prénom) : il y a environ 2,4 millions d’années. Mais l’homo habilis était-il un être humain au sens où la Bible comprend ce terme ? Je ne suis pas sûr que l’on puisse l’affirmer, d’autant que je ne considère pas la Bible comme un exposé scientifique. Penser que l’on peut faire coïncider ce qui nous est dit dans la Bible avec les recherches scientifiques relève de ce que l’on appelle le « concordisme ». Je ne partage pas ce point de vue. Il me semble que les humains principalement concernés par ce qui est raconté dans la Bible sont ceux qui ont appris à écrire et qui par conséquent ont une Histoire et une conscience que cette Histoire est impactée par Dieu, car c’est autour de Lui, et pas des humains que l’Histoire tourne. Or l’être humain semble avoir commencé à écrire il y a 3500-3000 ans. Par rapport à la venue de Jésus, c’est déjà un peu plus court, non ? Vous pouvez aussi relire le chapitre 11 de a lettre aux Hébreux qui donne un éclairage très intéressant sur les croyants nés avant Jésus.