Jésus exhortait ses disciples à guérir et chasser les démons comme lui-même le faisait, pourquoi ne nous a-t-il pas appelé aussi à changer l’eau en vin et à marcher sur l’eau ? [Jean-Luc]

Pour Jésus il y a des impératifs de plus ou moins grande importance.

Celui qui revient le plus souvent (plus souvent même que le commandement d’amour), c’est d’annoncer que « le Royaume de Dieu s’est approché (de nous/vous) ».

Et cette annonce majoritaire est adjointe régulièrement, dans l’ordre d’occurence des plus importantes, de ces mentions :
1. Guérissez les malades
2. Chassez les démons
3. Purifiez les lépreux et ressuscitez les morts.

Viennent ensuite toutes les autres, comme :
– laver les pieds des autres croyants,
– prendre un repas en mémoire de lui,
– baptiser les personnes, même issues des nations non juives,
– aimer les ennemis,
– etc.

Jamais il ne demande de changer l’eau en vin ni de marcher sur l’eau.
Peut-être parce qu’il a concédé à le faire juste pour signifier sa puissance. Mais que ce qu’il nous demande, c’est de faire des choses significatives pour les autres, qui portent un fruit immédiat dans leur vie.

C’est certainement pour cela qu’il insiste sur l’évangélisation, la guérison, la libération.

Existe-t-il en France un centre de délivrance reconnu par l’Église. [Léa]

Chaque dénomination chrétienne gère (ou pas) la question de la délivrance.

Pour l’Eglise catholique, chaque diocèse dispose d’un prêtre exorciste, et de plus en plus de communautés gèrent la question de la délivrance (comme le Chemin Neuf par exemple).

Pour les Eglises de type évangéliques charismatiques, la plupart vont être disposées pour la prière de délivrance pour les personnes qui le demandent.

A notre connaissance les Eglises évangéliques non charismatiques ne traitent pas cette question, pas plus que la plupart des communautés protestantes classiques (dont les luthéro-réformés). Quelques lieux spécifiques sont ouverts à cette pratique, voire forment des personnes sur le sujet en France, autour du ministère www.liberer.fr porté par les paroisses de l’Eglise Protestante Unie au Marais et à Belleville (Paris) ainsi que quelques autres.

Qu’est-ce qu’un « mauvais esprit envoyé par Dieu » (1Sam 16:14) ? [Laura]

Avez-vous remarqué qu’avant que Jésus n’arrive, aucun esprit mauvais n’est chassé ?
L’esprit mauvais dans l’histoire que vous évoquez est juste calmé par la harpe de David. Et à part l’esprit mauvais (venant aussi de l’Eternel) qui était en Pharaon, on n’en parle pas beaucoup, des démons…
Tout simplement parce que seuls le nom et la présence de Jésus les fait trembler et décamper. Il est le seul à avoir la victoire sur eux.
C’est une nouveauté du Nouveau Testament dont on prend peu la mesure !
Dans les mille pages du Premier Testament, il n’y a pour ainsi dire aucune conscience de l’existence de ces puissances mauvaises, on les appelle plutôt les dieux, ou faux dieux, etc.

Dans ce récit, dire « un esprit mauvais envoyé par Dieu » évoque le fait qu’il y a une souveraineté de Dieu, et que sa loi fait que, normalement, le croyant devrait être indemne de toute forme de démonisation. Pourtant, dans sa justice, l’Eternel autorise Satan à « embêter » les humains (voir l’histoire de Job). C’est souvent à la mesure de leur iniquité. Par cette expression, en disant que l’esprit mauvais est envoyé par Dieu, il est affirmé qu’il n’est pas injuste que Saül soit embêté par cet esprit. Comme Paul avec son « écharde » qui lui valut pour réponse : « Ma grâce te suffit » (1 Corinthiens 12,9).

Qu’est-ce que la prière d’autorité ? La Bible fonde-t-elle et justifie-t-elle une telle pratique ? [Peps]

Le concept de prière d’autorité n’existe pas dans la Bible.
Pas plus que le concept de chorale paroissiale, de direction spirituelle, de soaking*, de cure d’âme, d’étude biblique, etc.
Je veux dire par là que ce n’est pas parce qu’une expression n’est pas telle quelle dans la Bible que l’idée n’est pas biblique.

La prière d’autorité, c’est une façon de prendre position, par exemple face à un esprit mauvais, pour lui refuser son emprise, comme nous y invite Jésus dans Luc 10 quand il nous commande de chasser les démons.

Si nous avons revêtu Christ, nous sommes revêtus d’une autorité particulière et devons l’exercer. La prière d’autorité n’est donc pas une intercession où l’on demande à Dieu d’intervenir à notre place, mais une prière où l’on va chercher sa légitimité et son autorité pour intervenir nous-mêmes sur le réel. Parce que Jésus ne nous demande pas d’intercéder pour les malades mais bien de les guérir. Pas d’intercéder pour les lépreux mais de les purifier. Pas d’intercéder pour les morts mais de les ressusciter. Pas d’intercéder pour la délivrance, mais de chasser nous-mêmes les esprits mauvais (Matthieu 10,8).

* pratique charismatique de repos dans l’Esprit

Que signifie en Matthieu cette histoire de 7 démons qui reviennent quand un a été chassé ? [Kris]

Jésus, en Matthieu 12,45 nous avertit en effet, que si un démon est chassé, ça ne suffit pas à libérer la personne. La liberté ce n’est pas le vide intérieur. La nature a horreur du vide ; bien que ce proverbe ne soit pas biblique, c’est un peu ce que Jésus essaye d’expliquer. Si ce n’est pas un autre esprit — je devrais écrire un autre Esprit — à savoir l’Esprit du Christ, qui vient régner à la place de l’esprit mauvais, le Malin enverra sept autre démons, pour se venger, par colère, et comme ils trouveront la place vide, ils s’installeront.

Bref, il ne suffit pas de vider, il faut remplir.
Sinon d’autres le feront à notre place.

Dans un « processus » de délivrance, quel est l’impact positif ou négatif des médicaments ? Même question dans le cas particulier de Seropram 20mg et Lamotrigine 100mg ? Quand peut-on arrêter la prise ? [Fabienne]

Je ne suis pas spécialiste des questions de délivrance et encore moins médecin. Je noterai cependant trois choses :

-Dieu a donné aux hommes l’intelligence de pouvoir comprendre la création. La médecine, fruit de cette compréhension est une bonne chose. Les médicaments qui vous sont donnés vous aident probablement à garder la stabilité nécessaire à votre démarche spirituelle, peut-être, un peu, comme la civière en Luc 5/17.
-Dieu peut  guérir et délivrer. Il convient alors de donner aux médecins l’occasion de constater son oeuvre en les laissant décider du moment propice à l’arrêt du traitement, le cas échéant. Voir en cela Marc 1/44 et la recommandation que Jésus adresse au lépreux guéri de se conformer aux uses et coutumes de son temps.

-Quels que soient les processus et leurs aboutissements visibles, rien ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu, manifesté en Jésus-Christ (Romains 8/37-39). La grâce de Dieu  accompagne ceux qui comptent sur lui et elle est suffisante ( 2 Corinthiens 12/9).