Est-ce que l’IA ne va pas devenir une divinité pour certains ? [Joëlle]

L’intelligence artificielle (IA) se développe d’une façon exponentielle, et d’un mois à l’autre, des progrès fulgurants sont faits au niveau technique.

Il est saisissant de tester qu’effectivement, sur ChatGPT par exemple, on peut poser des questions, notamment sur la Bible, qui peuvent trouver réponse très rapidement : « Trouve moi des versets sur le rapport à l’argent et l’idolâtrie qui peut naître autour des richesses ».

Les résultats sont spectaculaires, intéressants, et je note très peu d’erreurs.

Là où cela devient plus compliqué, c’est quand on pose une question dans un registre de foi, de théologie, ou de la Bible, et que notre attente est existentiellement ou spirituellement très (trop ?) intense. Oui, il y a là le danger de penser que l’aspect fascinant d’une réponse faite par une puissance de calcul bien au-delà de nos capacités, puisse être prise pour une réponse vraie et parfaitement vraie, et que cette fascination et cette intensité confinent au domaine de la foi. C’est bien formulé. C’est vérifiable. C’est efficace. C’est la vérité.
Il n’y aurait qu’un pas pour que nous nous mettions à dire : « Le Saint-Esprit m’a parlé au travers d’une réponse de ChatGPT », ce qui est encore correct. Mais ça deviendrait plus compliqué dès lors que le constat se formulerait de la façon suivante : « ChatGPT me guide vraiment pour comprendre la volonté de Dieu ». On sent que dans cette dernière formule il y a une confusion entre un outil qui brasse de l’information, et la pertinence que seul le vrai Saint-Esprit peut apporter dans une réponse de la part de Dieu.

A terme donc, il est fort probable, comme le dit Y. Hariri dans « Nexus », que l’IA crée de vraies religions… et — c’est moi qui rajoute — que pas mal de chrétiens mettent leur foi plus en ChatGPT qu’en Dieu, simplement parce que l’outil informatique semble plus intelligible et ne nécessite pas la patience et l’attention que requiert la prière.

Certains font appel à un magnétiseur pour leur santé. Quel est l’impact sur le plan spirituel ? [Nicole]

Il serait hasardeux, Nicole, de donner une réponse catégorique à votre question. Cet impact que vous mentionnez dépend à mon avis de plusieurs critères d’appréciation. J’en mentionnerai deux, les principaux pour moi :  

D’abord, de quelle pratique parlons-nous, exactement ? Entre un praticien qui utilise le rayonnement des pierres, relevant d’une chimie naturelle, et un autre qui se réclame d’un don de guérison transmis de génération en génération, il existe à mon sens une différence qualitative. Le deuxième cas est le plus susceptible d’atteindre spirituellement la personne “ soignée “, étant donné le mystère qui entoure en général l’origine de ce don. Une puissance qui ne dit pas son nom peut s’avérer nuisible, et c’est souvent le cas. Mieux vaut ne pas s’y fier, quand bien même elle serait efficace d’un point de vue de la santé physique.  

Ensuite, quelle est la disposition intérieure de la personne se soumettant au soin ? Est-elle psychiquement et spirituellement dans un état de vulnérabilité ? Si c’est le cas, elle sera d’autant plus exposée. Par vulnérabilité, j’entends aussi le fait de vouloir la santé à tout prix, ce qui peut être une entrave à la confiance en Dieu, confessé comme étant celui qui sauve son enfant dans la santé et dans la maladie. La santé est un bien éminemment souhaitable, mais on ne peut pas se jeter en son nom à corps perdu dans toutes les mains.  

La foi proclame que Christ est vainqueur de toute puissance de ce monde. Approprions-nous cette victoire, sans négliger le mal, mais sans nous y soumettre dans la peur.  

Peut-on être protestant et préférer la réincarnation à la résurrection ? [Pierre]

Un protestant est, avant tout, un chrétien. C’est à dire un disciple de Jésus-Christ.  Sa foi en Jésus-Christ est particulièrement « colorée de protestantisme » en fonction de plusieurs critères bien connus. Parmi eux, sa confiance en la seule autorité des Ecritures recueillies dans la Bible, inspirées par l’Esprit Saint, pour éclairer sa conscience et fonder ses convictions. Ainsi, un protestant ne croira pas en tel ou tel dogme ou article de foi selon ses goûts ou préférences, mais s’il est conforme à ce que dit la Bible (même quand ce que dit la Bible le heurte ou le dérange !).

Beaucoup de nos contemporains sont séduits par l’idée d’une réincarnation de l’âme, comme si une nouvelle chance, une autre vie nous était donnée au-delà de notre mort physique. De même, si j’ose la comparaison, qu’après une partie perdue dans un jeu vidéo, on peut appuyer sur la touche « reset » pour une nouvelle tentative. La croyance en la réincarnation repose sur l’idée d’un progrès spirituel de l’être humain qui, par ses efforts, parviendra ultimement à se libérer de la « roue du karma », le cycle des existences successives, encore appelé « Samsara ». Notions centrales du bouddhisme et de l’hindouisme qui voient dans la condition de tout être le résultat, la conséquence des actes commis dans ses vies antérieures.

Rien dans la Bible n’appuie une telle conception de la vie, de ses joies et de ses souffrances, de ses bonheurs ou malheurs. Nous n’avons qu’une seule vie, don du Créateur, et elle est appelée à l’éternité. La résurrection de Jésus-Christ n’est pas une migration de son âme d’un existence à une autre, mais la victoire de Dieu sur la mort dont il relève son Fils. Victoire qui est gage et promesse du Salut qui s’accomplira dans notre propre Résurrection (car la mort est la conséquence de notre péché) . Cette vie nouvelle et éternelle est l’œuvre du Seigneur : elle n’est pas le résultat de nos mérites ou de nos efforts, même religieux. Elle nous est offerte  gratuitement, par l’amour de celui qui a livré son propre fils pour nous tous (Romains 8,32). Et elle commence dès aujourd’hui, dans la foi.

 

D’où Abraham connaissait Dieu pour entendre son ordre de quitter son pays ? [Lisette]

Abraham (qui s’appelait d’ailleurs encore Abram), était un païen. Et pourtant il a entendu l’ordre de Dieu. D’après Jean 1,9, dès le commencement du monde, la lumière de Dieu « était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. » Cette insistance sur « tout homme » signifie que Dieu agit à travers la conscience de chacun et se fraye des chemins même chez ceux qui sont le plus éloignés de lui.
Paul va exprimer cela en Romains 2,14-15 en disant que « Quand des païens, qui n’ont pas la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, eux, qui n’ont pas la loi, se tiennent lieu de loi à eux-mêmes ; ils montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans leurs cœurs, leur conscience en rendant témoignage, et leurs pensées s’accusant ou se défendant tour à tour. »
Il y a donc bien une forme de révélation de Dieu pour toute créature humaine. Quelques versets avant, l’apôtre Paul avait déjà affirmé en Romains 1,19 que « les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. »

Abraham a donc été au bénéfice d’une révélation qu’il a surtout acceptée, et à laquelle il s’est soumis, bien que déjà très âgé et installé dans des processus de compréhension du monde très établis dans son cerveau et dans son cœur. Une bonne nouvelle pour tous !

Dois-je obligatoirement avouer mon infidélité- sachant que mon mari est dépressif ? [Ouriah]

Chère Ouriah, aucun des répondants sur 1001questions.fr ne revendique d’autre qualification que pastorale. Nous ne sommes pas des psychologues, pour décider si parler de votre infidélité à votre mari l’aiderait à sortir de son état dépressif ou l’y enfoncerait davantage. D’autant plus qu’un psychologue chercherait d’abord à comprendre les causes de cette dépression en en parlant avec l’intéressé…

Il vous demanderait aussi si cette « infidélité » appartient au passé, ou s’il s’agit d’une liaison dans laquelle vous êtes toujours engagée. Si la réponse est « oui », vous êtes-vous posée l’autre question ? A savoir, que pense le Seigneur de ma relation avec un autre homme ? Est-ce que je peux rester dans cette situation, et simplement me préoccuper qu’elle ne fasse pas souffrir celui à qui j’ai donné ma parole ?

 

La différence entre un chantre et un artiste chrétien ? [Emmanuel]

Les deux notions se recoupent sans se confondre.

Un chantre, dans l’Ancien Testament, était responsable de la conduite du chant et de la musique lors du culte rendu au Seigneur. Le plus célèbre est Asaph, cité en 1 Chroniques 15,17, car son nom est associé à plusieurs psaumes. Le chant et la musique, comme expression de louange et d’adoration, tiennent également une grande place dans le culte chrétien ! Beaucoup d’assemblées délèguent la conduite de la louange et des cantiques à des personnes sachant bien chanter, diriger un choeur, ou jouer d’un instrument de musique.

Un artiste chrétien est tout simplement un chrétien qui exerce le métier ou l’activité d’artiste ! Mais pas nécessairement lors du culte. Si c’est un musicien ou un chanteur, il peut témoigner de sa foi par son talent. En concert bien sûr, ou par ses compositions (Jean-Sébastien Bach est un bel exemple).  Le risque qu’il court toujours est le vedettariat, qui risque d’attirer plus l’attention sur lui-même que sur le Seigneur. C’est pourquoi J.S. Bach, toujours lui, terminait toutes ses partitions en écrivait SDG, les initiales d’ « A Dieu Seul la Gloire » en latin.

Les animaux domestiques auxquels nous sommes attachés sont ils exclus de la résurrection ? [Véro]

Le Psaume 26, verset 7 dit que Dieu sauve les hommes et les bêtes.
Mais certaines versions de la Bible traduisent plutôt : « Seigneur, tu viens au secours des êtres humains et des bêtes. »
S’agit-il d’un secours que Dieu apporte, comme au temps de Noé, aux animaux en général, c’est-à-dire à tous ceux qui sont pourvus d’une anima  (le mot latin pour dire l’âme, l’élan vital, biologique et psychique) ?
En tout cas il est probable qu’on ne parle pas du salut éternel à la fin des temps dans ce verset, mais plutôt du secours dans des détresses, parfois létales.

Il n’y a donc pas au-delà de ce verset, en profondeur, de parole biblique qui dise que les animaux seront sauvés. Comme nous sommes attachés à eux par une affection particulière, nous aimerions bien les retrouver. Mais la Bible ne traite pas vraiment cette question. Il nous faut accepter qu’elle n’ait pas réponse à tout et qu’il nous reste une marge de réflexion et d’imagination.

La Trinité est-elle présente dans l’Ancien testament ? Et au commencement de la création ? [Ludi]

Oui, je le crois vraiment. Il y a énormément d’exemple et cet article serait trop long pour les citer tous. Parmi tout ça, simplement un : Proverbes 30. 4 :  » Qui est monté au ciel et qui en est descendu? Qui a rassemblé le vent dans le creux de ses mains? Qui a serré l’eau dans son manteau? Qui a fixé les limites de la terre? Quel est son nom et quel est le nom de son fils? Le sais-tu? » La plupart des questions posées appelle « Dieu » comme réponse. Mais alors, Dieu a un fils ?

Dans le premier chapitre de la Genèse qui raconte la création du monde, on nous dit que pour créer Dieu parle pour évoquer ce qui va apparaître, puis parle à ce qu’il a créé pour qu’apparaissent d’autres choses. Exemple, au verset 24, Dieu parle à la terre pour qu’elle produise les animaux et c’est ce qui se passe. Pour créer l’humain, Dieu se parle à lui-même, en employant la première personne du pluriel ! (verset 26). La suite du texte nous dit que l’être humain a été créé à l’image de Dieu, homme et femme. Même si on ne peut pas en déduire une mention objective de la Trinité, il faut  au moins reconnaître que cela dit que Dieu n’est pas un monolithe unitaire. Il est un, mais il y a pluralité dans ce un.

Est-ce que si on croit en Jésus mais qu’on n’est pas (encore) baptisé- on est sauvé ? [Judith]

A quelle condition est-on sauvé, c’est à dire, délivré du péché et de ses conséquences, à savoir la séparation d’avec le Dieu vivant, notre Père et notre Créateur ? Pendant des siècles, l’Eglise s’est arrogée le pouvoir d’ouvrir ou de barrer le chemin vers le ciel et l’éternité en faisant de l’administration des sacrements leur sésame indispensable. Et en forgeant des doctrines pour répondre aux cas particuliers, même s’il n’était guère possible de les fonder sur des textes bibliques.

Par exemple, au sujet des enfants morts à la naissance sans avoir été baptisés. Ils ne pouvaient « mériter » d’aller en enfer ! Mais toutefois, marqués par le péché originel, ils étaient censés rejoindre un lieu appelé « les limbes », sorte d’antichambre du Paradis (l’Eglise catholique a officiellement remis en cause cette doctrine en 2007, sans la condamner totalement). C’est pourquoi il était permis, en l’absence de prêtre, d’asperger un nourrisson à l’agonie au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, pratique appelée « ondoiement ».

Qu’en penser ? Ce n’est pas le baptême en lui-même, quelle que soit sa forme, mais Jésus-Christ qui nous sauve ! Le baptême ne nous confère pas  le statut d’enfant de Dieu, aimé de Lui, uni à lui par le don de Jésus-Christ. Il nous l’atteste. De même qu’une signature au bas d’un contrat marque l’engagement du contractant, le Seigneur s’engage envers nous par ce signe visible de sa grâce invisible. Comme un Père atteste son amour à son enfant par un geste de tendresse. Le baptême est un sacrement, mot qui vient du latin sacramentum, terme du droit désignant un dépôt de garantie, puis le serment de fidélité à la Patrie que prononçaient les militaires.

Comme votre question le souligne elle-même, Judith, le lieu où Dieu choisit de nous rencontrer, de nous retrouver, et de nous réconcilier avec lui, c’est la foi en son Fils Jésus-Christ. Jean ch.3, v.16, le verset qui résume l’Evangile, nous le rappelle utilement.

Est-ce que le mal peut avoir accès à mes pensées, si oui comment, et quels sont les passages bibliques en lien ? [Eva]

S’il y a bien un domaine où le mal peut s’amuser ce sont nos pensées.
Mais j’imagine que votre question porte plutôt sur le fait que Satan pourrait avoir accès à ce que nous pensons.

L’Écriture (Jérémie 17,10 et Romains 8,27) nous dit que le Seigneur sonde le cœur et les reins et qu’il a accès notre vie intérieure, en particulier nos pensées. Elle ne nous dit pas qu’il soit le seul à le pouvoir.
Pourquoi continuons-nous à dire qu’il nous faut inviter le Seigneur dans notre vie ? C’est bien parce qu’il n’est pas omniprésent selon les modalités que définit la théologie polythéiste grecque. Le psaume 24 exprime que la Terre entière appartient au Seigneur, et tout ce qu’elle contient. Pour autant, l’Eternel ne règne que là où on le laisse régner, et il ne commet pas de viol spirituel en espionnant les pensées des gens. Il vient là où on l’invite, son règne n’est pas celui d’un tyran, d’un BigBrother comme dans les romans d’Orwell.
L’Eternel connaît mes pensées quand je lui laisse accès à ma vie.

Mais comme je ne laisse pas accès qu’au Seigneur, il se peut aussi souvent que le diable ait connaissance de ce qui se passe dans mon monde intérieur. Ainsi les esprits de divination sont tout à fait capables d’accéder à une réalité spirituelle cachée aux yeux des autres, comme dans l’épisode d’Actes 16 avec la femme à l’esprit de Python.

Ce qu’il faut tirer de tout cela c’est que la Bible ne donne pas un savoir scientifique sur ces réalités. Ce qu’elle conclut généralement c’est tout ce qui est spirituel est lisible aux êtres spirituels (Dieu, anges, démons, humains spirituels). Un chrétien peut recevoir un don de parole de connaissance, de parole prophétique ou de discernement des esprits qui signifie qu’il voit des choses dans le spirituel.

Derrière cela il y a l’invitation à vivre une vie entièrement transparente. Tout ce que je fais est visible. Mais ce que je dis aussi. Et ce que je pense peut bien l’être aussi. La sainteté consiste à pouvoir tout assumer. Ce que je dis en privé, je dois pouvoir l’assumer en public. Tout ce que je fais, dis et pense doit être assumable devant Dieu et devant mes accusateurs.
C’est plus simple finalement de vivre comme ça.