Quel sens a la nativité pour les protestants puisque Marie n’a pas un caractère sacré ? Est-ce uniquement les conditions de son avènement dans une étable qui fait le message biblique ? [Cathia]

J’avoue ne pas être sûr de comprendre vraiment la question, mais essayons de cheminer ensemble. 🙂

La nativité est l’événement central des Ecritures puisque c’est l’advenue à la vie terrestre de Jésus. C’est énorme ! Noël est une fête très célébrée par les protestants, avec chants et joie.
C’est la simplicité de Marie qui en fait justement le caractère exceptionnel : elle est l’humanité qui est rendue apte à accueillir le Messie, un modèle de foi pour nous tous en somme ! Ah, si seulement nous étions tous capables aujourd’hui d’accueillir le Christ vivant à l’intérieur de notre être !

Sinon, il n’y a de sacré que Dieu en fait. Marie n’est pas sacrée pour le dogme catholique non plus.
En revanche Marie est sainte, pour nous tous, car elle a été mise à part pour Dieu, pour un rôle central dans l’incarnation de Dieu : elle est le réceptacle concret du Verbe fait chair. Et c’est une très bonne nouvelle pour tous les chrétiens, protestants, catholiques, orthodoxes, etc.

On dit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal qu’il est la métaphore du libre-arbitre. N’est-il pas plutôt la métaphore d’un « Tu ne chercheras pas à savoir ! » et une diabolisation du doute ? [Anna]

Les textes de la Bible nous sont offerts pour chercher toujours la volonté de Dieu. Réduire le sens d’un passage à une interprétation unique serait vain, mais vous le savez puisque votre question évoque déjà plusieurs options interprétatives.

Je vous propose de voir simplement dans cet arbre l’image de quelque chose dont on veut se saisir (tenir son fruit), comme quelque chose qui va nous nourrir. Nous avons un profond désir de connaître ce qui est bien et ce qui est mal.
Mais l’interdit que Dieu avait posé sur la consommation de ce fruit pourrait exprimer tout simplement notre incapacité ultime à savoir ce qui est bien et ce qui est mal, puisque, comme le suggère Paul, nous faisons le mal que nous ne voulons pas faire et ne faisons pas le bien que nous voudrions faire.
Cet arbre, c’est une limite à notre toute-puissance, car Dieu seul est tout-puissant.
En Eden, tout était permis, un seul interdit.
Depuis cette transgression, des tas d’interdits et une quête passionnelle et obsédante de compréhension et de maîtrise. Et ce fruit ne nous laissera aucune satiété. Seule la présence de Dieu, le fait de rester dans l’alliance avec Dieu, comme Jésus, permet d’être satisfaits.

Peut-on se dire protestant si l’on considère le Christ comme un homme d’une sagesse exceptionnelle, véritablement en lien direct avec Dieu, sans pour autant le considérer comme « divin » ? [Jacques]

A-t-on besoin d’une étiquette pour se (faire) reconnaître ? La réponse est non. Les pensées sont libres…

Mais si on y tient pourtant, alors il faut considérer le sens des mots. Furent « protestants » les princes et villes de l’Empire qui, en 1529, protestèrent de leur foi chrétienne devant le parlement impérial. Sont donc protestants ceux qui, comme eux, arguent de leur foi chrétienne, telle que la Confession d’Augsbourg la définira fort classiquement l’année suivante, et depuis toutes les autres confessions de foi de la Réforme. C’est à savoir que Dieu est un en trois personnes, que Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, « mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification ».

Pour le dire de manière différente, se reconnaîtront comme protestants ceux qui confessent l’autorité souveraine des Saintes Écritures pour la foi et pour la vie (lesquelles confessent justement que Jésus est « Fils de Dieu »), et que l’être humain est « sauvé par grâce, par la foi en Jésus-Christ ». On peut bien sûr le dire avec d’autres mots que ceux-ci (encore que moi, je ne sache pas le faire)… Mais cette confession de foi, ecclésiale et personnelle, est intimement liée à la définition du protestantisme.

Il est vrai que certaines personnes se disent protestantes sans cette définition religieuse, par attachement culturel ou sociologique, ou en pensant que le protestantisme est un ensemble de « valeurs », un christianisme libéral, sans dogmes, sans hiérarchies, sans Écritures. Bien. Je n’en suis pas…

Qu’est-ce que l’EPUdF ? [Gilbert]

L’EPUdF, c’est l’Eglise Protestante Unie de France, qui est une communion luthéro-réformée, c’est-à-dire le fruit de l’union des anciennes Eglise Evangélique Luthérienne de France (1872-2013) et Eglise Réformée de France (1938-2013). Le processus d’unification a formellement commencé en 2007 et s’est achevé en 2013, mais depuis plus de quarante ans, ces deux Eglises interagissaient dans de nombreux dossiers, notamment via la CPLR : Communion Protestante Luthéro-Réformée.
Par cette création d’une nouvelle union d’Eglise se rassemblent les deux principales dénominations historiques de la Réforme, luthérienne (issue de Luther) et réformée (issue de Calvin).