Peut-on croire en Dieu sans croire à Jésus ? [Christine]

Croire en Jésus est le marqueur minimum de ce qui fait de nous un chrétien. « Dieu » peut vouloir dire plein de choses. Un philosophe théiste, un musulman et un anthroposophe peuvent avoir en commun de « croire en Dieu » mais il ne s’agit clairement pas du même dieu.

L’option chrétienne, c’est de croire que Jésus est la révélation de l’intimité de Dieu. Tout simplement, il est Dieu, le Fils. Si on ne croit pas en Jésus, on loupe donc une donnée fondamentale de l’identité de Dieu. Jésus a lui-même affirmé « Nul ne peut aller au Père sans passer par moi » (Jean 14, 6).

Les chrétiens croient aussi en la première révélation de Dieu au peuple juif. C’est-à-dire que Dieu s’est manifesté à ce peuple dans la perspective d’accomplir au milieu de lui, et pour toutes les nations, son plan de salut par Jésus-Christ. Une lecture chrétienne de l’ancien testament révèle que Christ est présent pour le peuple d’Israël. C’est la compréhension de l’apôtre Paul (1 corinthiens 10, 1-4). L’enjeu pour les juifs, au temps de Jésus comme aujourd’hui, est de l’accepter comme la pleine révélation de ce que Dieu veut offrir : la Parole de Dieu faite chair, le Messie, Roi et Berger annoncé « Moi-même je paîtrai mes brebis, et les ferai reposer, dit le Seigneur l’Eternel » (Ezéchiel 34, 15).

Jésus est le seul qui ait affirmé être Dieu, qui ait parlé avec l’autorité de Dieu, et dont les miracles accompagnaient le ministère. Aujourd’hui comme hier, les subtilités sont nombreuses en matière de croyances (Jésus comme prophète, guérisseur ou réincarnation d’Elie…), et nous sommes appelés à prendre position de la même manière que les premiers disciples, avec tous les indices bibliques et le Saint-Esprit pour nous décider.

Juste quelques mots sur Matthieu 5:38-48 (aimez vos ennemis, tendez l’autre joue etc …) ? Qu’est-ce que çà vous inspire ? 1 ou 2 exemples concrets ? [JMR]

Ce passage me dit que Dieu, en Jésus est venu réconcilier les hommes avec Dieu et les hommes entre eux. Nous sommes invités à entrer dans son sillage en refusant de perpétuer le cycle de la violence et en désirant pour l’autre la réconciliation que Dieu est venue apporter aux humains. Des exemples ? Ma collègue a manœuvré pour que je perde mon travail, parce qu’elle ne m’appréciait pas…au lieu de la traiter de méchante et de l’enfermer dans ce rôle, je décide de faire l’effort de prier pour que Dieu la touche et la conduise. Quelqu’un que je voulais aider a profité de mon aide pour me voler un objet auquel je tenais…au lieu de le détester, de chercher vengeance et de décider que je n’aiderais plus personne, je cherche la meilleure solution pour lui même si cela me coûte, en espérant qu’il se repentira et je continue d’offrir mon aide à ceux qui me le demanderont…Ces exemples fictifs, bien quotidiens et assez anodins, ne sont rien comparés aux témoignages de ceux qui se sont laissé emprisonner maltraiter et même tuer au nom de leur foi chrétienne. Nous en trouvons quelques témoignages dans le livre des Actes, comme dans l’histoire de l’Eglise…Le film qui s’appelle « Mission » traite assez bien, je pense, de ce sujet…

Comment peut-on lier le mystère de la création, force surpuissante, avec l’histoire terrestre de Jésus à laquelle je ne crois pas ? Cela me bloque dans ma foi. [Christine]

En Genèse 1 Dieu crée en disant, en parlant. C’est par sa Parole puissante qu’il fait advenir dans l’univers l’ordre nécessaire à la vie, à partir de la mort d chaos. Le chapître 3 de la Genèse, nous montre comment l’homme voulant bâtir sa propre vie rejette la vie bonne que Dieu avait prévue pour lui. Il se trouve alors livré au péché et à la mort. L’Evangile de Jean, au chapître premier, nous dit que Jésus est la Parole créatrice de Dieu, devenue chair. La suite du récit nous montre Jésus oeuvrer, avec la puissance de Dieu, pour relever l’humain, par ce que Jean appelle des « signes », des miracles. Ces signes nous disent qu’au milieu du chaos de la mort et du péché, Jésus vient remettre les choses dans leur ordre originel, en rétablissant la connexion vitale de l’humain avec Dieu. Il s’agit là d’une oeuvre de recréation qui se manifeste puissament lors de la résurrection, victoire décisive de Dieu contre les forces de mort, offre pour les humains d’une vie nouvelle, libérée de la mort et du péché.
Peut-être votre blocage vient-il de ce que vous trouvez incroyable ce que Jésus a accompli ? Regardez au péché du monde, aux forces qui séparent les humains de leur créateur comme de leurs semblables…ne pensez-vous pas nécessaire que le Dieu créateur vienne lui-même s’en charger ?

En Jésus le Dieu créateur est venu dans le monde, c’est une Bonne Nouvelle, l’Evangile qui est « est puisance de Dieu, pour celui qui croit » alors croyons  ! (Romains 1/18)

Sauvés… mais de quoi ? [Mireille]

La Bible, ainsi que notre expérience quotidienne à tous, croyants, nous disent la rupture profonde (l’aliénation) entre Dieu et nous, et par suite la rupture entre nous et les autres, et entre nous et nous-mêmes. C’est de cette aliénation que Jésus-Christ nous sauve, à travers la foi, c’est-à-dire la confiance que nous accordons à ce salut. Par la mort et la résurrection de Jésus, nous sommes restaurés dans la communion avec le Père, réunis à nous-mêmes et trouvons des frères et sœurs dans nos prochains.

On peut dire les choses autrement (la Bible tente plusieurs approches pour mieux cerner la question).

On peut dire qu’à cause de cette rupture, nous sommes en dette à l’égard du Dieu juste, nous qui « transgressons tous les jours et de plusieurs manières ses saints commandements, attirant sur nous, par son juste jugement, la condamnation et la mort » (confession des péchés de Calvin et Bèze). Dans cette manière de dire, c’est donc de cette condamnation, et même de ce jugement, que nous sommes sauvés.

On peut dire aussi que par cette rupture nous appartenons au mal / aux ténèbres / au diable qui se met en travers de nous-mêmes, de nous et des autres, de nous et de Dieu. C’est alors de cet « esclavage du péché » que nous sommes sauvés, « rachetés à grand prix », tout comme les Hébreux avaient été sauvés de leur esclavage en Égypte.

Dans toutes ces manières de dire, et quelle que soit votre propre manière de dire cette aliénation, c’est d’elle que nous sommes sauvés, c’est donc quelque part de nous-mêmes en tant que nous vivons sans Dieu ou contre lui. En Christ, nous sommes devenus libres, et c’est son Esprit qui nous fait vivre cette liberté au quotidien.

 

Fides qua doit être la foi personnelle par laquelle on croit (en quête de sens) et fides quae (la croyance) le contenu de la foi structurée. Mais en français courant c’est l’inverse ? [Jean-Marc]

Dans la Bible, Jacques rappelle que les démons croient effectivement que Dieu existe mais qu’ils tremblent… (Jacques 2,19). Pour l’apôtre, la foi vivante dépasse la connaissance et les déclarations d’intention et doit engager l’homme dans une relation avec Dieu où son existence est transformée. La vraie foi produit du fruit. Mais on trouve aussi dans la bouche du prophète Osée, cette parole de Dieu : « Mon peuple périt faute de connaissance » (Osée 4,6). Il est clair que le Saint-Esprit ne s’est pas décarcassé à transmettre une si grosse Bible pour que nous balayions la connaissance et l’étude en disant que notre sincère relation à Dieu suffit… La foi vivante et vivifiante commence donc par un cœur à cœur avec Dieu mais se nourrit d’une intelligence renouvelée qui cherche à comprendre qui est Dieu, qui nous sommes pour lui et ce qu’il attend de nous.

La distinction entre fides qua et fides quae creditur dont vous parlez est classique en théologie chrétienne et permet de distinguer l’élan du cœur et le contenu du catéchisme. Soyons clair que c’est une distinction conceptuelle qui aide à comprendre des choses, mais que justement l’emploi biblique du mot « foi » ne connaît pas de distinction aussi nette. En français courant, on a l’usage de distinguer entre croire « en » et croire « que » : Je crois en Dieu et je crois qu’il est tout-puissant, créateur, etc… Mais si notre foi est d’abord une relation de sujet à sujet (dimension subjective), elle a un objet bien réel qui ne peut pas en être séparé car le vrai Dieu n’est pas une projection ou fantasme de notre part (dimension objective).

Du temple/tabernacle, des rituels sacrificiels, à Jesus, l’accès à Dieu semble s’être dématérialisé, simplifié, « déreligieusé ». Pourquoi ces débuts si complexes, alors que tout est si simple ? [Simon]

Oui, il semble que ça se dématérialise.
Mais disons que vous omettez la première étape. Avant la fixation du culte au Temple de Jérusalem, il y a quand même eu le sanctuaire mobile dans le désert, la Tente de la Rencontre ou Tente d’Assignation. C’était au moins une solution nomade.

Avez-vous noté que pour ce qui est des modalités du culte au Temple avec son système de prêtrise, il y ait au bout du compte peu d’insistance sur le fait que ce soit Dieu qui l’ait désiré de tout son cœur. C’est moins prégnant mais c’est un peu comme la Royauté : un pis-aller pour imiter d’autres peuples, en somme. L’humain a besoin de religieux, de religion, et il aime installer des systèmes légaux.

Jésus, c’est le Temple qui retourne au nomadisme (Jean 2,21), afin qu’à notre tour nous devenions des temples (1 Corinthiens 3,16). C’est vrai, c’est plus léger, c’est réjouissant. Mais ce sont de vraies responsabilités. En tout cas, merci à Dieu d’avoir eu l’idée d’envoyer Jésus !

Que signifient les 144 000 élus dont parle l’Apocalypse ? [FP]

En Apocalypse 7,14 et 14,1 on parle des élus, des sauvés, qui sont au nombre de 144.000.

Les Témoins de Jéhovah prennent ce chiffre à la lettre. Il semble que l’Apocalypse soit plutôt un livre codé. Qui aurait pu comprendre que « Les sanglots longs des violons de l’automne… » puisse être le code de lancement de la libération de la France à la fin de la deuxième guerre mondiale ? Sous l’oppression romaine, il fallait utiliser certains langages pour évoquer la lutte contre l’Empire.

144.000 c’est 12 fois 12 fois mille.
12 peut évoquer les tribus d’Israël ; mais aussi les disciples/apôtres
1000 veut traditionnellement dire la multitude.

Il est donc probable que ce chiffre veuille dire qu’Israël et l’Eglise, ainsi que la multitude (reste à savoir s’il s’agit du monde entier ou seulement d’un grand nombre…), seront sauvés par Christ à la fin des temps.

Si un « pasteur » rejette le Credo (divinité, naissance virginale, expiation, résurrection de JC) est-il chrétien ? Si il rejette les Sola (autorité Bible, Jésus seul,..) est-il encore protestant ? [Nicolas]

Dans la Bible (Actes 18, 24-28), Apollos avait déjà commencé à prêcher avec enthousiasme plein de bonnes choses, alors qu’il lui manquait des éléments de connaissance importants concernant le baptême. Après l’avoir écouté, Priscille et Aquilas ont comblé ce qui manquait à sa connaissance et il fut encouragé par les chrétiens à poursuivre son ministère. Il aimait Jésus, il avait soif d’en savoir plus, il poursuivit l’œuvre du Seigneur en progressant toujours davantage dans la grâce et la connaissance de Dieu.

Être chrétien, c’est d’abord appartenir à Jésus et lui avoir dit « oui » à Lui. La doctrine vient en second et une compréhension fine de celle-ci demande du temps, de l’étude et beaucoup d’humilité devant Dieu. Maintenant, le Credo et les articles que vous mentionnez (naissance virginale, expiation, résurrection…), c’est quand même élémentaire… L’Église qui a ordonné un pasteur qui rejette ces articles manque cruellement de discernement ! Effectivement, un tel pasteur n’est pas encore chrétien et il est donc gravement en danger à exercer une telle charge. Priez pour lui, mais fuyez ses prédications.

Qu’en est-il de l’enseignement féminin à un auditoire mixte ? Les protestants évangéliques admettent qu’une femme enseigne à des femmes mais très rarement à des hommes (sauf petits garçons). [Jo]

Tout d’abord, « les protestants évangéliques », c’est une réalité diverse, certaines Églises évangéliques (libristes, baptistes, etc.) ont des pasteurs femmes, d’autres (Foursquare) ont des couples pastoraux ; d’une manière ou d’une autre, il y a donc dans ces Églises-ci des femmes qui enseignent ou prêchent à tous, donc aussi aux hommes adultes !

Bibliquement, je voudrais souligner deux versets (parmi d’autres). Le principe est posé par l’apôtre Paul dans sa lettre aux Galates (3 / 28) : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni mâle ni femelle, car vous tous, vous êtes un en Christ Jésus. » C’est-à-dire qu’en Christ, devant Dieu, les distinctions sociales, y compris celles qui sont de l’ordre de la création, ne pèsent plus rien. Ça ne veut pas dire qu’il y a confusion, mais que Dieu regarde chacun quel qu’il soit à travers Christ. On n’est pas pasteur homme ou pasteur femme, mais pasteur, point.

Les ministères ecclésiastiques seront donc fondés sur les dons de l’Esprit, qui sont évidemment liés au contexte dans lequel il les donne : sauf exception prophétique, l’Esprit ne va pas envoyer enseigner ou prêcher quelqu’un qui, dans une société donnée, ne sera pas écouté à cause de ce qu’il est ! En France, c’est lorsque les femmes ont investi la vie publique entre les deux guerres (les hommes ayant disparu dans la Première) que l’Esprit saint en a aussi appelé au ministère pastoral… ce que les Églises ont mis du temps à reconnaître !

Le second verset vient de la première lettre à Timothée (2 / 12) : « Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre autorité sur l’homme mais qu’elle demeure dans le silence. » Soit on prend cette phrase (et les versets environnants : 11-15) au pied de la lettre, et il faut bien voir qu’ils disent le contraire d’autres versets dont celui de Galates. Soit on considère que l’Écriture ne peut pas se contredire, mais qu’elle doit s’éclairer elle-même, et alors il faut essayer de comprendre autrement ce passage. Tout s’éclaire si l’on considère que « l’homme » figure le Christ nouvel Adam (1 Cor. 15 / 45), et « la femme » son épouse, l’Église (Éph. 5 / 24. 27. 29-30). Alors évidemment, l’auteur de l’épître ne permet pas à l’Église de se placer au-dessus du Christ, ni d’inventer quoi que ce soit en-dehors de lui : la place de l’Église est celle de Marie aux pieds de Jésus pour recevoir sa parole (Luc 10 / 39), pas ailleurs. C’est pourquoi nous confessons « l’autorité souveraine des Saintes Écritures » et « reconna[issons] en elles la régle de la foi et de la vie » !

En quoi le sacrifice de Jésus est unique, non reproductible ? D’où la question : est-ce que ça a vraiment coûté quelque chose à Dieu ? [Yannick]

Au moment de la mort du Christ, le voile dans le saint des saints du temple de Jérusalem s’est déchiré en deux (Matthieu 27, 51). Seul le grand sacrificateur avait le droit, une fois par an d’y pénétrer, en passant ce voile. Il entrait dans le lieu où la présence de Dieu se manifestait. Là il faisait des sacrifices pour le pardon des péchés du peuple.
Avec la mort du Christ, plus de grand sacrificateur, plus de séparation entre Dieu et l’humanité (Hébreux 9). Sa mort est donc unique et avec sa résurrection, l’alliance que Dieu scelle avec l’humanité en Christ est désormais éternelle.
9 fois dans les 3 premiers évangiles Dieu parle de Jésus comme son « fils bien-aimé ».
C’est ce Fils de Dieu qui est mort et ressuscité et je crois donc que cela a coûté à Dieu.