Comment être chrétien lorsqu’on a tendance à être misanthrope et intolérant ? [Clément]

Cher Clément, la question que vous posez est double ! C’est d’abord le problème de définir ce que l’on met derrière l’adjectif « chrétien ». S’il s’agit d’une personne qui accomplit parfaitement la volonté de Dieu, qui aime, espère, croit sans faillir, alors il n’y eut jamais qu’un seul chrétien, comme l’écrivait Kierkegaard, et il est mort sur une croix… Pour ma part, je dirais qu’un(e) chrétien(ne), c’est quelqu’un qui appartient au Christ, puisque le Christ l’a racheté du mal, du péché et de la mort en donnant sa vie pour lui/elle.

Mais la première question s’accompagne évidemment de la suivante ! celle de la cohérence entre nos convictions, la foi que nous affirmons, et nos actes, notre façon de vivre. Si le Christ m’a délivré de cette malédiction du péché, alors je suis remis debout et engagé dans une vie nouvelle, sous l’impulsion de l’Esprit Saint. L’apôtre Jean nous met en garde : je ne peux pas déclarer aimer le Seigneur que je ne vois pas sans aimer mon prochain, que je vois. Être chrétien, c’est un statut assez paradoxal : car je suis à la fois pécheur (avec tous mes travers, par exemple, dans le cas que vous évoquez, la difficulté à aimer ou à accepter les autres), juste, parce que déclaré tel par Dieu, grâce au Christ, et repentant, c’est à dire, avec l’aide de Dieu, engagé, appelé, et décidé malgré toutes mes pesanteurs à ressembler de plus en plus par toute ma vie à ce que je suis aux yeux de Dieu : son enfant, frère ou soeur du Christ. Cela s’appelle la sanctification. Et c’est un processus qui ne s’achèvera que dans l’éternité ! C’est tout le bien que Dieu nous veut (voir Romains 8,28-30).

Un dernier mot : c’est Dieu qui connaît les siens. Même si dans l’Eglise nous trouvons des gens parfois peu aimables, même si la contradiction entre leur attitude et leur foi déclarée peut sembler flagrante, nous n’avons pas à trier entre « vrais » et « faux » chrétiens. Sauf alors à prendre le risque de nous condamner nous-mêmes. La meilleure attitude, c’est de partager notre malaise, humblement, avec tact et amour, en allant voir la personne concernée. Cela l’éclairera et l’aidera peut-être, essayez donc !