Si l’immortalité de l’âme n’est pas biblique, expliquez-moi Luc 12,4-5 et Matt 10,28. [Aimé]

Nous avons mentionné plus bas les deux versets que vous évoquez*.
Il faut bien comprendre que le vocabulaire biblique n’est pas homogène pour parler de l’âme et de l’esprit, déjà suivant qu’un texte est dans le premier ou le nouveau testament. A l’intérieur de la bible hébraïque il y a plusieurs mots pour évoquer notre vitalité, notre vie, notre âme, etc.

Ceux qui affirment que l’immortalité de l’âme n’est pas biblique se basent sur la conception tripartite de l’humain, telle qu’évoquée dans la finale de la première épître aux Thessaloniciens : corps, âme et esprit. Jésus rend l’esprit quand il meurt. Etienne aussi. C’est cette part du souffle de Dieu qui est en nous et qui n’appartient qu’à Dieu. Ce n’est pas la même chose que notre âme, notre psyché en grec, qui est liée à notre vitalité, nos pensées, nos désirs, etc. Refuser la mortalité de l’âme, c’est une façon de réduire la résurrection des morts, qui sera, selon les principes de la théologie chrétienne, une résurrection de la chair, c’est-à-dire de l’âme et du corps, et pas seulement une résurrection de l’esprit. C’est bien parce que le corps et l’âme meurent qu’il faut qu’ils ressuscitent.

La réintégration de l’immortalité de l’âme dans la théologie chrétienne est une tentation d’intégrer la philosophie grecque dans la conception biblique. C’est quelque chose que les protestants et les évangéliques refusent. On lira volontiers cette recension de l’excellent livre du pasteur Oscar Cullmann : Immortalité de l’âme ou résurrection des morts.

* « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus. Je vous montrerai qui vous devez craindre. Craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne ; oui, je vous le dis, c’est lui que vous devez craindre. » (Luc 12,4-5)

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne. » (Matt 10,28)

Pourquoi avant le triomphe de Jésus-Christ à la croix- celle-ci était symbole de honte- de destruction et de mort ? Quelle place avait-elle dans la société romaine ? [Eva]

La croix est encore un symbole de honte, de destruction et de mort ! C’est un instrument de torture en plus d’être un moyen d’exécution capitale. Il demeure l’un des plus cruels que l’esprit humain ait inventé. Il était le moyen par lequel, dans la société romaine, on mettait à mort les esclaves. Ce n’est que par la foi, quand je reconnais que Dieu, en Jésus-Christ, est venu clouer mon péché sur cette croix odieuse et qu’il a ressuscité Jésus pour signifier mon pardon, que je peux considérer cette croix avec reconnaissance pour l’œuvre de mon Seigneur et Sauveur. Mais une croix, en tant que telle, reste d’abord un objet dont l’usage est abominable.

La Bible ne se contredit-elle pas entre Jean 5:31 et Jean 8:14 ? [Franck]

Vous relevez, Franck, deux affirmations apparemment contradictoires de Jésus dans le même évangile selon Jean. En 5,31, Jésus affirme qu’il ne pourrait se rendre lui-même témoignage (au sujet de la vérité sur sa personne). En 8,14, Jésus prétend pouvoir le faire ! Mais comme c’est le cas la plupart du temps, c’est la lecture de tout le passage dont est extrait le verset qui donne la solution de l’énigme. En Jean 5,37, Jésus précise que le Père lui rend témoignage, à travers les oeuvres qu’il lui a données à accomplir. Même chose en Jean 8,16-18, où Jésus affirme qu’il n’est pas seul, parce qu’il est l’envoyé du Père, et que le Père témoigne de lui.

Jésus se servit d’un fouet pour chasser les marchands du temple. Que dois-je comprendre dans ce geste (un peu violent)- une légitimation de la violence pour combattre le mal ? [Michel]

Jésus pose cet acte en temps que Fils de Dieu. Il est le messager de Malachie 3/1-5, celui qui juge pour purifier ce qui n’est pas juste dans notre relation à Dieu. N’étant pas Dieu, n’étant pas de ceux qui jugent mais plutôt de ceux qui sont jugés, nous ne pouvons pas employer ce passage pour justifier notre violence.
Ce texte, qui nous dit qui est Jésus, nous dit aussi qui nous pouvons être en lui : des humains qui adorent en Esprit et en vérité (Jean 4/20-21, annoncé en Zacharie 14/20-21).

Est-ce vrai que tous les théologiens pensent que Noël est mythique ? [Frédéric]

Non.

Mais plusieurs pensent, et pas sans raison, que le récit composé dans les Evangiles peut, à défaut d’être mythique, avoir des éléments d’un discours mythologique. C’est-à-dire que le récit, quand bien même il serait basé sur des faits réels, est « enveloppé » par le rédacteur spécialement pour l’occasion. C’est un grand classique de l’Histoire. Voyez comment on raconte même des événements récents en brodant sérieusement pour faire l’apologie de telle ou telle idée… Et puis, il est vrai que Noël n’est raconté que dans 50% des Evangiles avec le récit de la Nativité. Jean choisit un récit plus philosophique et spirituel sur la Parole créatrice. Quant à Marc, il ne parle que du baptême de Jésus (à trente ans !) comme récit de démarrage. Matthieu nous parle des rois (riches) et Luc des bergers (pauvres) et des anges.

Tout ça pour dire que Jésus est certainement né dans une étable à Bethléem, mais que pour le reste, il ne faut pas s’attendre à ce que ce qui est raconté soit parfaitement exact scientifiquement.
Qu’importe en fait !

Que dit le protestantisme par rapport à la prostituée de Babylone ? Est-ce l’Eglise catholique ? [Philippe]

La Grande Prostituée est cette femme évoquée dans le livre de l’Apocalypse qui domine une bête à 7 têtes (représentant à la fois 7 montagnes sur lesquelles elle est assise et 7 rois). Jean, qui reçoit cette révélation biblique de Jésus, s’adresse aux chrétiens pour leur montrer ce qui doit arriver bientôt. Cela lui permet de les encourager ou de les mettre en garde contre eux mêmes et contre le reste de la création.

Cette Grande Prostituée qui porte le nom de Babylone, est la mère de toutes les abominations de la Terre, boit le sang des martyrs chrétiens, brille par ses vêtements (pourpre et écarlate) et ses bijoux (en or, pierres précieuses et perles), exerce une domination sur des peuples et nations. Cette Grande Prostituée sera vaincue par dix rois et la Bête.

Nous voyons ici qu’il s’agit d’images et que les interprétations peuvent être nombreuses et contradictoires. Le protestantisme ne porte donc pas une seule compréhension de ce qu’est cette Grande Prostituée.

Il est vrai que certains protestants (après avoir entendu -plus que lu- que le Réformateur Martin Luther avait publié un ouvrage intitulé « Prélude sur la captivité babylonienne de l’Eglise ») ont pu considéré qu’il s’agisse de l’Eglise catholique romaine. Cependant, cette interprétation est extrêmement minoritaire comme en témoigne les nombreux dialogues et rencontres fraternels entre catholiques et protestants et évangéliques.
D’autres protestants, beaucoup plus nombreux, plaçant ce livre de l’Apocalypse dans son contexte d’écriture, estime que cette Grande Prostituée est l’Empire Romain.
Pour ma part, je demande au Seigneur de m’éclairer sur ce qui en moi, dans mes pensées, mes paroles et mes gestes sont des compromissions avec la Grande Prostituée, au détriment de sa volonté à Lui, Mon Créateur.

Pourriez-vous m’expliquer davantage la notion de l’unicité de Dieu ? [Christ-Joa]

C’est vraiment un immense sujet ! D’autres pasteurs vous donneront sans doute des réponses complémentaires et aidantes pour vous, mais voilà ce que je peux vous partager en quelques mots : L’unicité de Dieu n’est pas un monolithisme. Quand la Bible dit que Dieu est un (Deutéronome 6. 4) elle emploie le même mot que pour désigner l’unité de chair entre l’homme et la femme au sein du couple (Genèse 2. 24). Le couple humain n’est pas une entité dans laquelle la personnalité de l’homme et de la femme disparaissent ! C’est pareil, manifestement, pour Dieu. Le récit de l’apparition de Dieu à Abraham aux chênes de Mamré (Genèse 18) nous montre aussi que tout en étant un seul, il peut être… trois ! Je vous invite à relire ce texte. L’unicité de Dieu a un caractère éminemment relationnel, car Dieu est relation (je pense que c’est une des choses que Jean dit quand il dit que Dieu est amour). Jésus n’a pas remis cette unité en question quand il a dit « Moi et le Père nous sommes un ».

Dieu qui est Dieu- n’est pas humain- alors comment pourrait-il avoir un Fils ? Et nous qui appelons Dieu notre Père- comment sommes-nous devenus enfants (fils et filles) de Dieu ? [Peps]

Voilà une question proprement théo-logique. La première règle quand on parle de Dieu, c’est de se rappeler que paradoxalement, Dieu est connu comme inconnaissable, compris comme incompréhensible. Parce que nos raisonnements et nos mots humains ne sauraient « l’enclôre », comme disait Jean Calvin, le définir, le délimiter donc symboliquement. Nous n’avons pour parler de lui que l’analogie, la comparaison avec ce que nous pouvons connaître en tant qu’humains, et ce que Dieu surtout veut bien nous révéler de lui. La Bible nous dit que Jésus est homme, mais qu’il est aussi Dieu, le verbe éternel (voir le prologue de l’év. selon Jean, entre autres et nombreux textes). Donc pas une simple créature. D’où – l’image -car c’en est une de la relation Père-Fils, puisqu’un père ne « crée » pas son fils, il l’engendre. Nous recevons à notre tour, par notre union à Jésus-Christ, ce statut filial, mais nous ne sommes pas divins bien sûr ! Dieu nous « adopte » comme ses enfants, pour reprendre là aussi une image biblique.

Faut-il être baptisé pour prendre la Sainte-Cène ? Si oui, de quel baptême (immersion/aspersion) précisément ? [Frank]

La logique veut que le baptême soit l’obéissance au commandement de Christ (que les Eglises protestantes classiques appellent sacrement) pour signifier qu’on rentre dans l’Eglise pour faire partie du corps du Christ. Et la Sainte-Cène sera le sacrement de l’appartenance.
Il est donc logique que le baptême précède la participation à la Cène de mon point de vue.
Pour autant la discipline de l’Eglise protestante unie de France depuis un synode récent ne pose pas l’obligation d’être baptisé pour prendre la Cène, ce qui me semble assez illogique pour être sincère.

Quel baptême ? Immersion ou aspersion ?
Franchement pour moi la question n’est pas dans la quantité d’eau. Ni dans des querelles sans fin sur l’âge du baptisé. Même ceux qui s’accordent à la faveur d’un baptême d’une personne consciente n’arrivent pas à dire quand un enfant/adolescent est conscient de ce qu’il fait en demandant le baptême. Toutes ces histoires sont donc des affaires de dénominations, des préoccupations humaines et charnelles.
Pour autant :
– je préfère le baptême par immersion au baptême par aspersion parce que le grec baptizein veut dire « être plongé entièrement » ; mais j’ai été baptisé par aspersion,
– je préfère avec les chrétiens du premier siècle un baptême en rivière qu’un baptême dans une piscine ou un baptistère, car le premier évoque une eau vive, et le second une eau morte ; mais j’ai été baptisé dans un baptistère,
– je préfère un baptême d’adulte à un baptême d’enfant parce que je ne vois pas comment on peut se repentir en étant bébé, or la repentance me semble être un élément fort du baptême, avec la confession de la foi et l’accueil premier et supérieur de la grâce ; mais j’ai été baptisé bébé.
– je préfère un baptême d’adule aussi parce que nous ne sommes plus en régime de chrétienté où l’appartenance à l’Eglise serait linéaire. Comme aux temps bibliques, elle redevient un choix personnel et c’est tant mieux !
– je préfère un baptême au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit parce que Jésus le demande en Matthieu 28, mais je ne suis pas choqué qu’on soit baptisé au nom du Seigneur Jésus comme en Actes 2,8 et d’autres références…
Et on pourrait continuer sur toutes les facettes que seul un esprit de division essaye de nous faire prendre comme essentielles alors qu’elles ne le sont pas.

Le baptême est simplement le signe visible de la Grâce invisible, et il est là pour dire que nous sommes sauvés, mis à part pour Christ, marqués du sceau de l’Agneau.

Comment comprendre l’enlèvement de l’Eglise évoqué dans 1 Thessaloniciens 4-17 ? [Henri]

L’idée d’un « enlèvement » de l’Eglise, des croyants, est effectivement surtout évoquée en 1Thessaloniciens 4,13-18 (voir aussi Matthieu 24,40-41, même si ce n’est pas le même mot grec qui est utilisé pour décrire cette sorte d’ « enlèvement »).

Dans ce passage, Paul souhaite encourager (1Thessaloniciens 4, 13 et 18) les croyants quant à la destinée de ceux qui sont morts dans la foi, leur attestant qu’ils ne seront pas lésés par rapport à ceux encore vivants lors de l’avènement du Christ (1Thessaloniciens 4,15).

Il s’agit très clairement d’un événement prévu lors du retour du Christ (comparer avec Matthieu 24,30-31), au moment de la résurrection des morts pour le jugement. Paul affirme que les croyants vivants lors de la résurrection seront « enlevés », « pris » avec les morts tout juste ressuscités pour rencontrer le Seigneur (1Thessaloniciens 4,17).

On peut comparer ce passage avec 1Corinthiens 15,51-52. Ce que Paul souligne, ce n’est pas tant la description d’une réalité physique, que l’idée fondamentale d’une union et d’une transformation du croyant pour être avec Christ loin des difficultés du temps présent. Ce pour quoi le croyant lutte (1Thessaloniciens 4,1-12) dans ce temps et ce corps encore marqués par le péché et la mort sera alors pleinement accompli (voir Philippiens 3,12 ; 1Corinthiens 9, 24-25).