Que dit le protestantisme par rapport à la prostituée de Babylone ? Est-ce l’Eglise catholique ? [Philippe]

La Grande Prostituée est cette femme évoquée dans le livre de l’Apocalypse qui domine une bête à 7 têtes (représentant à la fois 7 montagnes sur lesquelles elle est assise et 7 rois). Jean, qui reçoit cette révélation biblique de Jésus, s’adresse aux chrétiens pour leur montrer ce qui doit arriver bientôt. Cela lui permet de les encourager ou de les mettre en garde contre eux mêmes et contre le reste de la création.

Cette Grande Prostituée qui porte le nom de Babylone, est la mère de toutes les abominations de la Terre, boit le sang des martyrs chrétiens, brille par ses vêtements (pourpre et écarlate) et ses bijoux (en or, pierres précieuses et perles), exerce une domination sur des peuples et nations. Cette Grande Prostituée sera vaincue par dix rois et la Bête.

Nous voyons ici qu’il s’agit d’images et que les interprétations peuvent être nombreuses et contradictoires. Le protestantisme ne porte donc pas une seule compréhension de ce qu’est cette Grande Prostituée.

Il est vrai que certains protestants (après avoir entendu -plus que lu- que le Réformateur Martin Luther avait publié un ouvrage intitulé « Prélude sur la captivité babylonienne de l’Eglise ») ont pu considéré qu’il s’agisse de l’Eglise catholique romaine. Cependant, cette interprétation est extrêmement minoritaire comme en témoigne les nombreux dialogues et rencontres fraternels entre catholiques et protestants et évangéliques.
D’autres protestants, beaucoup plus nombreux, plaçant ce livre de l’Apocalypse dans son contexte d’écriture, estime que cette Grande Prostituée est l’Empire Romain.
Pour ma part, je demande au Seigneur de m’éclairer sur ce qui en moi, dans mes pensées, mes paroles et mes gestes sont des compromissions avec la Grande Prostituée, au détriment de sa volonté à Lui, Mon Créateur.

Faire l’amour avant le mariage est-ce que c’est un péché ? [Jehiela]

« Il ne faut pas coucher avant le mariage ; on risque d’être en retard à la cérémonie ». C’est ce que j’aime bien dire à ceux qui me posent cette question pour déplacer les enjeux et faire sourire.

Derrière cette question il y a une attente de validation ou de refus. Si on répond qu’il ne faut pas on devient un docteur de la loi qui parle sur la base de je ne sais quelle règle (c’est écrit où dans la Bible ?). Et si on répond positivement, on donne une caution à ceux qui veulent coucher n’importe comment.

Donc…
La question à se poser est autre : coucher ensemble, c’est faire un, c’est être couple. Mariage civil ou pas. Mariage religieux ou pas. Coucher c’est être mariés parce que l’union sexuelle pour Dieu est l’apanage du couple clairement uni. Et ce « clairement uni », dans notre cadre culturel et règlementaire c’est… le mariage entre un homme et une femme.

Le problème est donc que si on couche avec quelqu’un qui ne sera pas à terme notre conjoint, on sape cette relation durable en créant un adultère avant l’heure, que l’Ecriture appelle généralement fornication. C’est pour ça que la société a posé des marqueurs simples, pour une trajectoire lisible :
– on s’apprécie
– on se fiance (publication dans les familles et dans la famille de l’Eglise)
– on se marie (à la mairie en France, pour être vraiment considérés comme mariés par tous, dont l’Etat)
– on se marie (ou chez nous luthéro-réformés, on est bénis) à l’Eglise, pour mettre ça vraiment devant Dieu explicitement.

Dans Jean 8, il est dit que Jésus n’est pas tombé dans leur piège ; il écrivait avec ses doigts dans le sable. Qu’écrivait-il ? [Mark]

On pourrait se poser d’abord la question : si j’étais dans la foule des accusateurs de la femme adultère, qu’est-ce que Jésus écrirait alors avec ses doigts sur le sable, que moi, je n’aurais pas besoin de lire pour le savoir ?

Jésus écrit deux fois (le verbe utilisé la première fois suggère une écriture multiple, le verbe utilisé la seconde suggère qu’il raye – en tout cas on peut le comprendre ainsi). Par ailleurs, le seul à écrire avec le doigt, dans la Bible, c’est Dieu écrivant les Dix commandements sur les tables de pierre. Jésus-Dieu rappellerait-il alors les Dix commandements ? Et s’il efface, qu’efface-t-il ?

Le texte ne dit pas ce que Jésus écrivait. Mais ce qu’il dit convainc de péché tous ceux qui sont là : tous sont adultères par rapport à Dieu, infidèles à ses commandements, infidèles à son amour, comme déjà Osée et les prophètes l’avaient prêché. La Loi n’est pas caduque : elle condamne toujours les pécheurs, que ce soit la femme de ce récit, ou ses accusateurs, ou moi qui lis ce texte. Mais Jésus, lui, est au-dessus de la Loi de Dieu : lui ne condamne pas la femme, il la libère (« va ») et la place sur un chemin où le péché ne dominera plus sur elle (« ne pèche plus »). Si les accusateurs n’étaient pas partis, mais s’étaient humiliés devant Dieu, ils auraient aussi pu entendre pour eux ce salut gratuit. Et moi, est-ce que je l’entends pour moi ? Ou bien vais-je (comme eux) accuser Jésus dès la page tournée ?…