Non, pas spécialement (cf l’article précédent traitant du Carême), sinon certains luthériens. Si le fait de se couvrir la tête de cendres est attesté dans la Bible comme signe d’humilité et de repentance (cf par exemple la conversion de Ninive dans le livre de Jonas), cela n’est pas plus associé à la période de Pâques qu’à une autre. Les protestants, réformés en particulier, sont en général très économes en rites quels qu’ils soient, qu’ils soupçonnent toujours de véhiculer l’idée que c’est ce que l’humain ferait qui lui permettrait d’obtenir la grâce de Dieu. Or ils contestent vigoureusement cette compréhension, prêchant le salut gratuit reçu en Jésus-Christ.
Est-ce que le Carême est décrit dans la Bible ? Est-ce une période de jeûne comme une autre ? Comment le vivre en tant que protestant ? [Perrine]
Le mot carême vient du latin « quadragesima » qui signifie quarantième et il désigne les 40 jours qui précèdent Pâques. En tant que tel, il n’est pas décrit dans la Bible, pas plus que des pratiques de jeûne ou de repentance particulière, et les protestants ne l’ont jamais particulièrement marqué. Néanmoins, cette période de 40 jours fait référence à la durée pendant laquelle Jésus s’est retiré au désert au début de son ministère et a été tenté par le diable (Matthieu 4, Luc 4, Marc 1), ou le prophète Elie (1 rois 19), et par extension aux 40 années pendant lesquelles les hébreux sont dans le désert après leur libération d’Egypte. Le jeûne, la conversion et la prière sont aussi recommandés comme des façons de se préparer pour laisser à Dieu toute la place dans sa vie. Il peut y avoir bien des façons de prendre du recul, se recentrer et désencombrer nos vies du superflu… Autant de façons de vivre un « carême protestant », avant Pâques ou à un autre moment !
Pourquoi Dieu a-t-il donné l’autorité à Hitler ? (Jn 19:11- Rom 13:1-2) Pourquoi l’a-t-il laissé pécher ? Quel rôle peut-il jouer dans le plan de Dieu? [Jean]
Lorsque l’on a demandé à Martin Luther de se soumettre à l’autorité ecclésiale et ainsi de se rétracter de ses idées réformatrices, il a évoqué une clause de conscience.
Lorsque le sanhédrin et le grand prêtre ont demandé à Jésus des comptes, celui-ci les a renvoyés à leur propres propos et au texte biblique.
Ces deux exemples me semblent intéressant pour comprendre le rapport délicat que nous, chrétiens, entretenons avec les autorités civiles, politiques, religieuses…
Nous devons nous souvenir de ces passages bibliques que vous citez et surtout bien les comprendre:
d’un côté ils posent clairement cette demande de soumission aux autorités,
d’un autre ils expliquent cette soumission parce que ces autorités proviennent de Dieu, selon son propre plan.
Que faire lorsque, de façon évidente, ces autorités vont à l’opposé de ce que Dieu déclare comme « bon » ? Tel est ce que je comprends de votre question.
Je trouve dans ma lecture biblique un texte qui m’évoque bien la difficulté de cette relation à l’autorité : Le désir par les israëlites d’avoir un roi (humain) à leur tête. Le verset 7 est très parlant sur la raison qui nous pousse, nous humains, à nous choisir des gouvernants: Nous ne voulons pas que Dieu soit notre roi ! Les conséquences de ce désir sont explicitées dans le verset 9 : Dieu va permettre que nous ayons des dirigeants de nos vies et que ces dirigeants auront donc des droits sur nos vies.
Lorsque je pense à des dirigeants du passé tel celui que vous évoquez ou lorsque je pense à d’autres plus actuels, l’Esprit du Seigneur me conduit, non pas à accuser Dieu.. mais plutôt à lui demander pardon de trop souvent refuser seule souveraineté à lui pour en préférer d’autres de ce monde. Et vous ?
L’EPUdf fait-elle du travail missionnaire à l’étranger ? Pour soutenir les descendants des huguenots dans la diaspora ? [Laureline]
Pour son travail missionnaire hors de France, l’Eglise protestante unie a fait le choix de participer à une structure commune à l’Eglise réformée évangélique (UNEPREF) et à l’Union d’Eglises d’Alsace-Lorraine (UEPAL) « le Défap – service protestant de mission ».
Ce service a fait le choix d’appeler et d’envoyer essentiellement des enseignants-formateurs et du personnel soignant. Cela signifie que le travail missionnaire de ce service consiste principalement à du soutien « diaconal ».
En ce qui concerne le lien avec les descendants des huguenots il existe une structure dont l’Eglise protestante unie est partenaire, qui se nomme « Communauté des Eglises protestantes francophones » (CEEEFE car avant c’était la Commission des Eglises Évangéliques d’Expression Française à l’Extérieur). Cette structure offre un cadre pour des relations fraternelles.
N’hésitez pas à consulter les sites web de ces deux structures pour plus de précision.
Comment devrions-nous comprendre Ananias et Saphira dans Actes 5 ? Frapper des personnes de mort ça ne ressemble pas au Dieu révélé en Jésus. On dirait une histoire de l’Ancien Testament. [Aaron]
Je ne comprends pas Ananias et Saphira. Je ne comprends pas que l’on s’engage dans un mouvement en pensant dissimuler des choses qui devraient être mises au clair. Mais aussi, dans ce passage, je ne lis pas que c’est Dieu qui les met à mort. Leur mort intervient comme une conséquence inévitable de leur mensonge, qui entraîne une blessure dans la communion de la première Église ; Je reçois ainsi ce que Pierre dit bien plus comme une plainte quant à ce qu’ils ont fait que comme l’énoncé d’une sentence. Cela fait en moi écho à I Corinthiens 11 (particulièrement les versets 27 à 30) qui explique qu’en raison de leur manque de communion, les Corinthiens ont parmi eux beaucoup de malades, et que certains même sont morts.
Matt 8:5-13 est difficile pour moi. Un chef de la force d’occupation brutale (tueries- atrocités) qui aurait juré allégeance au culte impérial (idolâtre). [Jean]
Si je comprends bien ce que vous dites, ce qui vous est difficile dans ce passage de Matthieu c’est le fait que Jésus ait accepté de guérir un centenier romain. Il est clair que ce que vous dites pour le décrire est vrai. Il avait beaucoup de choses contre lui… Mais n’en est-il pas de même pour chacun de nous ? Dans sa lettre aux Romains (3. 9-24), Paul écrit : « En effet, nous avons déjà prouvé que Juifs et non-Juifs sont tous sous la domination du péché, comme cela est écrit: Il n’y a pas de juste, pas même un seul; aucun n’est intelligent, aucun ne cherche Dieu; tous se sont détournés, ensemble ils se sont pervertis; il n’y en a aucun qui fasse le bien, pas même un seul; (…) En effet, personne ne sera considéré comme juste devant lui sur la base des œuvres de la loi, puisque c’est par l’intermédiaire de la loi que vient la connaissance du péché. Mais maintenant, la justice de Dieu dont témoignent la loi et les prophètes a été manifestée indépendamment de la loi: c’est la justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient. Il n’y a pas de différence: tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, et ils sont gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se trouve en Jésus-Christ. » La fin de ce passage est déterminante : La justice de Dieu par la foi… Ce que dit le centenier à Jésus est l’expression par excellence de sa foi, sa confiance dans l’autorité que Jésus a sur la maladie. Cette foi est sans rapport avec ce que nous avons fait ou pas. Nous ne savons pas ce que cet homme est devenu ensuite. Mais il me paraît difficile de l’imaginer continuant sa vie absolument comme si de rien était. Une foi comme celle qu’il a exprimé ne peut que renouveler celui en qui elle habite.
La fille de mon ami a développé une maladie incurable. Elle sera en douleur chronique en permanence. Mon ami demande comment quelqu’un peut visiter l’hôpital pour enfants et croire en Dieu. Que dire ? [Lily]
La question de votre ami est compréhensible, mais je crois liée à un malentendu…. Tant que Christ n’est pas revenu, la mort est toujours à l’œuvre (1Corinthiens 15, 23-26), que ce soit par les petites morts (différentes épreuves comme les maladies) ou la grande mort. Même le chrétien n’est pas à l’abri… Tous les apôtres sont morts, ont été malades, ont souffert… On pense à Paul qui a lutté avec son écharde que Dieu ne lui a pas ôté malgré ses prières (2Corinthiens 12,7-10)… La Bible est on ne peut plus clair sur le sujet : nous ne sommes pas encore dans un monde complètement juste et libéré de la mort et de la souffrance injuste (Romains 8, 20-25). Dieu a certes dans l’histoire du salut opéré des guérisons, et manifesté ainsi son amour pour nous… mais les guérisons avaient avant tout valeur de signes (Hébreux 2,3-4) de l’autorité de Dieu et de son Fils. Ces signes marquent que la vie véritable consiste à aimer Dieu, que Christ est le chemin vers le Père, dans l’attente d’un monde où la mort ne sera effectivement plus (Apocalypse 21,4).
L’œuvre du Christ a avant tout été de nous libérer de la puissance du péché, qui est à l’origine de la mort dans ce monde (Romains 5,12)… Il n’a pas promis la santé ici et maintenant, mais la vie éternelle… Il n’a pas d’abord dit « guérissez-vous les uns les autres » mais « repentez-vous » (Marc 1,15) et aimez-vous (Marc 12,31) ! Il nous faut donc nous concentrer d’abord sur cette puissance du péché qui nous éloigne de Dieu… Pas sur tout ce qu’on voudrait que Dieu fasse, parce que ce n’est pas comme cela que le monde marche. Bien sûr, on peut tout demander à Dieu… mais les réponses lui appartiennent. Dieu peut agir de multiples manières dans la vie des enfants hospitalisés et de leur famille autrement qu’en donnant la santé à tout le monde… Visiter les malades est un témoignage de l’espérance que la mort n’est pas plus forte que la vie, qui est éternellement promise à ceux qui espèrent en Dieu… et une simple (mais tellement importante) manifestation de l’amour du prochain… car c’est pour cela que Christ est venu (Jean 13,34) !
Je souffre parce que je suis célibataire. Avez-vous des conseils pour ceux qui n’ont pas de partenaire ? Comment faire face au rejet et aux besoins sexuels ? [Dan]
Tout d’abord, je dirais qu’il faut que vous clarifiiez la conviction que vous avez du plan de Dieu pour vous : nous sommes crées pour faire Un avec quelqu’un du sexe opposé (Marc 10,8), mais certaines personnes peuvent avoir vocation au célibat (Matthieu 19,12 ; 1Co 7,7-8). Est-ce votre cas ? Pensez-vous que vous ayez une mission particulière qui ferait du célibat le mode de vie qui glorifiera Dieu en vous ? Si vous avez cette conviction, Dieu mettra ce qu’il faut en place pour que vous le viviez bien. Si l’éventualité du célibat ne vous est suggérée que par vos difficultés du moment, elle est évidemment à bannir avec force.
A partir du moment où vous croyez être appelé au mariage (seule visée légitime d’une vie en couple pour un chrétien, voir 1Co7,9), alors en route !
Si vous souffrez de rejet, il faut réagir…Tout d’abord, veillez à être bien dans vos baskets… Soyez la personne que Dieu vous appelle à être.. c’est cette personne que Dieu veut que vous soyez pour que vous correspondiez à votre conjoint. C’est en étant votre « vrai vous-mêmes », en Christ, que vous rayonnerez et serez attractif pour la personne que Dieu a préparée pour vous. Ensuite, aimez-vous ! Intégrez le fait que vous êtes une créature merveilleuse (Psaume 139,14). Et faites le nécessaire pour vous mettre en valeur… Soyez vous-mêmes, mais sous son meilleur jour possible. Nul besoin alors d’être obsédé par « la » rencontre… c’est au contraire peu attractif. En revanche quelqu’un d’assuré est attractif !
Quant aux besoins sexuels, attention surtout à ne pas vous enfermer dans des satisfactions rapides (solitaires ou ponctuelles) : cela risque de vous priver de la capacité à vous donner vraiment à quelqu’un. Vivez votre attrait pour les personnes du sexe opposé, mais efforcez-vous, avec l’aide de Dieu demandée dans la prière, de contrôler vos pulsions. Une fois qu’on l’a décidé, elles passent plus vite qu’on pourrait l’imaginer parfois.
Au fond : souciez-vous d’abord de servir Dieu, Il pourvoira à vos besoins, sans doute différemment de vos espérances, mais sans doute au-delà.
J’ai une fois prié pour ami qui a fait des péchés. Ma prière n’a pas été exaucée et mon ami a fini par blesser gravement les autres. Pourquoi la prière est-elle sans réponse ? [D]
La prière est, par nature, puissante car elle est le dialogue entre le Dieu créateur aimant-sauveur et moi la créature aimé-sauvé.
Dans ce dialogue, celui qui sauve est donc bel et bien Dieu. Et pas moi.
Dans ce dialogue, je remets à Dieu ce que je perçois comme pesant pour ce monde, pour mon environnement et moi-même.
Or, dans les textes bibliques, nous découvrons que Dieu peut laisser, selon ses propres objectifs (qui sont bons et témoignent de SON amour) des poids, des résistances et cela malgré notre prière.
Le premier exemple qui me vient en tête est la prière d’Abraham pour Sodome (Genèse 18-19) qui est entendue, prise en compte par Dieu… même s’il savait que la destruction de la ville serait évidente au regard de l’état dans laquelle elle se trouvait. Dans ce dialogue, Dieu a bien entendue la prière d’Abraham. Il l’a exaucée. Pourtant la ville de Sodome a belle et bien été détruite.
Je suis persuadé que Dieu a entendu votre prière et il l’a exaucée… même si l’ami en question a poursuivi une oeuvre destructrice. En le laissant agir ainsi, Dieu poursuit de bons objectifs. Que votre coeur soit patient et vous allez contempler plus vite que vous ne l’imaginer quels étaient les objectifs du Seigneur.
Quelle est la signification de Hébreux 10:26-27 ? [CC]
Que penser de ce qu’est pécher volontairement alors que nous sommes au fait de ce qu’est la vérité ?
Dans l’évangile selon saint Jean (14, 6), le Christ se fait connaître comme étant lui-même la vérité. Ce rappel me semble indispensable pour saisir la force des versets 26 et 27 d’Hébreux 10.
Premier pas: Lorsque je vis en Christ, je vis dans la vérité et la clarté et non plus dans le mensonge et la confusion.
Deuxième pas: Le péché est justement d’être ce mensonge et cette confusion qui se placent entre Dieu et moi. Que ce péché vienne de moi ou qu’il provienne d’une puissance extérieure à moi.
Troisième pas: Si je place volontairement du mensonge et de la confusion entre Dieu et moi c’est que je ne ne vis plus en Christ. Je suis donc sous l’influence de puissance contraire à Dieu. Mon comportement est donc un rejet réel du Christ et de son sacrifice unique et parfait. Mon comportement est en opposition à l’Esprit qui donne la vie.
Quatrième pas (celui de la grâce): Heureusement Christ est justement venu pour sauver les éprouvés et perdus que nous sommes. Il connait ce comportement « stupide » que nous adoptons, il nous appelle par notre nom et il souffle en nous son esprit d’appel à la conversion.
Cinquième pas (celui de la conversion/de la foi): Son esprit témoignant, nos cœurs s’ouvrent à lui et nos bouches crient : « Sauve-nous/Hosanna ».