Pourquoi Dieu a-t-il permis que les huguenots soient si persécutés ? Comment cela faisait-il partie de son plan ? [Dennis]

Difficile à dire… ce que la Bible dit c’est que souffrir pour la justice (1Pierre 3,14) n’a rien d’étonnant pour les disciples (Matthieu 10,23-24), que de telles épreuves peuvent être un aspect du jugement de Dieu (qui commence par Sa maison, voir 1Pierre 4,17), et que l’attitude face la persécution peut avoir grande valeur de témoignage (1Pierre 3,16).

Avec le recul de l’histoire, on peut dire que la persécution des Huguenots en France, particulièrement vive à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle, a suscité d’importantes migrations qui ont plutôt réjoui les pays d’accueil, que le témoignage des huguenots persécutés continue à porter la foi de leurs descendants et que les excès de l’Etat français à cette époque ont favorisé d’importantes remises en question à la fin du XVIIIe siècle.

Mais restons prudents : les voies du Seigneur sont impénétrables (Romains 11,33-36)… Pour le croyants, l’essentiel est je crois de garder en tête que « tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Romains 8,28), dans cette vie ou dans la perspective de l’éternité.

Si Dieu a tout créé, pourquoi a-t-il créé des choses dangereuses comme des animaux dangereux, des maladies et des virus ? [Elodie]

Le livre de la Genèse nous parle de la création du monde par Dieu, mais pas dans une perspective scientifique comme la nôtre aujourd’hui, plutôt dans la préoccupation du « sens de la vie ». Dieu crée les choses du monde. L’écosystème terrestre inclue la vie et la mort, même pour l’humain après le chapitre 3. Le lion mange la gazelle, la gazelle mange les feuillages. La prédation fait partie du processus de la vie et de la mort. Les bactéries et autres virus permettent la régulation de certaines destructions, la limitation d’une croissance exponentielle de certaines espèces… Cet équilibre est quand même assez merveilleux, bien qu’il inclue la violence, c’est vrai.

Maintenant, puisque la perspective de la Genèse est la question du sens, il est clair que le type de création dont nous parle le premier livre de la Bible est très particulier. Il s’agit de façonnage plus que de création. Le verbe BARA utilisé en hébreu et qui est traduit par créer est un verbe de l’artisanat. Au commencement il y a surtout le TOHU BOHU (la Terre était informe et vide). Le processus de création est plus de l’ordre la mise en ordre que de la baguette magique. Il y a de la matière qui « est-là », et Dieu met de l’ordre dans toute cette confusion, il sauve le monde de l’indifférenciation et du chaos, de l’indétermination et de la vacuité.

La théologie du rédacteur de la Genèse met donc en place ce qui sera la dynamique de toute l’Ecriture : Dieu veut nous sauver, nous extraire du désordre, nous retirer du magma, pour faire quelque chose de beau, de très beau. C’est pour cela que nous continuons la dynamique créationnelle de Dieu par rapport à ces chose qui « sont-là » et nous paraissent mauvaises.

Quel était le mouvement du christianisme social ? Cela existe-t-il encore ? [Cécile]

Le christianisme social est un mouvement qui date de la fin du XIXème siècle. En réaction contre le capitalisme qui générait alors beaucoup de misère et éloignait les plus démunis de Dieu, le christianisme social prônait une moralisation des individus et de la société afin qu’une vie selon Dieu et non selon l’argent, soit possible. Ainsi, le christianisme social s’est-il ingénié à annoncer l’Evangile dans les classes populaires, luttant contre l’athéisme marxiste, l’alcoolisme ou les moeurs dissolues sans ménager les critiques contre la société et des riches qui entretenaient la misère. Le christianisme social a pu conduire à la mise en place de propositions alternatives au capitalisme, tels les coopératives, ainsi qu’à des prises de positions politiques.

En 2010, un mouvement  « du christianisme social » s’est créé en association, se réclamant de ces idées. Ces dernières ont néanmoins visiblement beaucoup évoluées. Ainsi, le christianisme social tel qu’il est compris à la fin du XXIème siècle privilégie le politique et le social par rapport au travail d’évangélisation. Il se focalise ainsi sur les changements sociétaux plus que sur le changement des individus, appelés autrefois à croire et à faire selon Dieu.

Que dire à une personne s’interrogeant sur la réincarnation? Quels arguments avancer ? Cette même personne désirant connaître le point de vue chrétien sur le sujet. [Myriam]

Vous pouvez expliquer à cette personne que l’espérance chrétienne n’est pas la réincarnation mais la résurrection. C’est la promesse de Jésus, qui affirme : « La volonté de celui qui m’a envoyé, c’est que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. La volonté de mon Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour. » Jean 6/39-40.
C’est ainsi que Dieu, créateur et restaurateur de notre esprit, de notre âme et de nôtre corps, nous donnera à la fin des temps de vivre avec lui toujours, avec notre esprit, notre âme et notre corps alors libérés du péché, du mal et de la mort. Il s’agit du corps glorieux dont il est question en Philippiens 3/20-21, voir aussi 1 Corinthiens 15/35-58.

L’idée de résurrection semble assez folle à beaucoup. Je la trouve, quant à moi assez pertinente car :
-Elle dit la réalité de la mort puisqu’elle postule que rien en nous n’a la capacité de perdurer par elle-même. Elle nous force à mettre notre confiance en Dieu seul, alors que l’idée de réincarnation, laisse croire aux gens que quelque chose perdure d’eux-même.
-Elle dit la puissance de Dieu, qui a créé et peut recrée.
-Elle dit l’amour de Dieu, qui nous aime tels que nous sommes, corps, âme et esprit et veut nous garder ainsi (voir Psaume 139).

En revanche l’idée de la réincarnation telle qu’elle est apprécie en occident me semble souvent reposer sur des phantasmes. On s’imagine volontiers vivre une autre vie, avoir un autre corps, tout en restant soi-même et on trouve cela plutôt cool de s’imaginer en grenouille sautant de nénuphar en nénuphar. C’est négliger le rôle que le corps a dans notre vie. Or, sera-t-on vraiment nous-mêmes avec un corps de grenouille et le cerveau qui va avec ?
N’oublions pas que dans le bouddhisme, qui est la religion qui a répandu l’idée de la possibilité d’une réincarnation, cette dernière est une punition, le but de l’humain étant de ne plus se réincarner pour atteindre la félicité.

Qu’est-ce que la Haute Société Protestante ? Est-ce que ça existe vraiment ? [Louis]

Sans langue de bois, la Haute Société Protestante (HSP), c’est un concept plus qu’approximatif d’un point de vue sociologique pour parler de familles riches et influentes. Ces familles existent vraiment et leur influence aussi pour le meilleur et pour le pire. Cependant, c’est un peu dangereux de parler en « familles », car on peut s’appeler Hermès, Peugeot ou Guerlain et ne rien avoir à faire avec le protestantisme. Ce n’est pas très clair non plus de savoir si ces familles sont les hautes familles du protestantisme ou les familles protestantes de la haute société. Et jusque là, nous n’avons rien dit du rapport à Jésus Christ…

A la base, ça n’a rien de choquant qu’il y ait une HSP plus ou moins identifiable. L’Évangile dans sa forme protestante a touché toutes les classes sociales. Dans des communautés, on est bien content que l’argent arrive pour financer des campagnes, des programmes, des travaux, etc. Des familles riches qui transmettent l’Évangile à leurs enfants et deviennent particulièrement influentes, nous avons ça dans chaque paroisse de plus de 10 ans d’existence. Parfois, il faut aussi reconnaître que ces familles deviennent des poisons parce que leur influence est plus importante que leur liberté en Christ. Et si l’Église se mondanise, elle crèvera parce qu’elle n’est plus l’Église de Christ. A l’échelle d’une Église nationale, avec des familles qui ont des entreprises cotées au CAC 40, c’est simplement la même chose : une bénédiction pour l’Évangile ou une malédiction par la mondanisation. Que Dieu soit honoré comme le seul noble digne « d’honneurs » et le seul « généreux donateur » et on ne verra plus que des frères et sœurs, tous serviteurs du même Seigneur.

Pourquoi les protestants ont-ils la réputation d’être si austères ? [Manu]

La réputation d’austérité des protestants vient bien de quelque part… il n’y a pas de fumée sans feu dit le dicton ! Je dirais que les protestants ont cette réputation pour deux raisons : 1) parce que leurs opposants voulaient les caricaturer comme de vieux rabats-joie, rabougris ; 2) parce que beaucoup de protestants se sont complus dans cette image par orgueil spirituel (au mépris du plaisir, de la joie et du bonheur).

Qu’en dire spirituellement ? Dans ce monde consumériste et mercantile, Satan essaye clairement de nous faire vivre à dépenser de l’argent afin que nous intériorisons que nous sommes « la cible » pour « un produit ». De ce point de vue, l’austérité c’est aussi un état d’esprit subversif ! Les vieux protestants avaient la réputation d’être un peu crevards, de ne jamais gâcher, toujours récupérer ce qu’ils pouvaient. Là où l’austérité est avarice, misérabilisme, voire masochisme, qu’elle soit consumée par le feu du Saint-Esprit pour laisser place à la générosité et à l’abondance. Là où l’austérité est l’expression d’une jouissance respectueuse et reconnaissante de ce que Dieu a donné avec une parfaite mesure, qu’elle soit honorée et montrée en exemple.

Que faisons-nous de Gandhi ? Est-il sauvé ? Il a vécu une vie plus chrétienne que la plupart des chrétiens mais sans l’être. Il respectait grandement Jésus mais ne le reconnaissait pas comme Seigneur. [Loui]

Que faisons-nous de Gandhi ? On lui fiche la paix, il est mort, pauvre homme ! Je ne me torture pas l’esprit pour savoir ce que le Seigneur fera de Gandhi et de tant d’autres car j’ai déjà bien assez à faire avec l’entretien de ma relation personnelle au Christ. La vie que Gandhi a menée était indiscutablement plus vertueuse au regard des enseignements du Christ que celle de beaucoup de chrétiens. Il a été très sensible à ce dit enseignement. Mais le christianisme n’est pas d’abord, à mes yeux, un enseignement, une série de règles de sagesse à mettre en concurrence avec d’autres systèmes sur le marché du religieux. C’est le fruit d’une rencontre personnelle avec Jésus-Christ, la Parole de Dieu, vivante et vivifiante. Gandhi a lui-même reconnu qu’il n’avait pas fait cette rencontre. Je ne vais pas me mettre à la place du Seigneur pour le juger, mais je vais utiliser la vie de Gandhi pour m’en inspirer dans ma recherche d’une vie plus cohérente avec la rencontre que mon Seigneur m’a fait la grâce de vivre avec Lui.

Est-ce que le jeu est un péché s’il n’est fait que socialement pour de petites sommes d’argent ? [CCJB]

En quoi l’argent mis en jeu contribue-t-il au lien social entre les personnes qui jouent ? Quand je joue (moi en général, ce sont plutôt des jeux de société coopératifs, mais chacun son truc) je n’éprouve pas le besoin de mettre de l’argent en jeu pour que ce soit intéressant. Le problème ne me semble pas être dans la quantité d’argent mais dans le fait même qu’il y ait de l’argent ! Paul nous dit (1 Timothée 6. 10) que l’amour de l’argent est une racine de tous les vices, et Jésus nous dit bien que nous ne pouvons pas servir Dieu et Mamon (la personnification de l’argent) en même temps. Car l’argent est un outil économique permettant l’accès aux bien de consommation. Quand il devient autre chose (par exemple, facteur de socialisation dans les jeux) il ouvre la porte au péché (rivalité, envie, compétition vaine…)

Combien les chrétiens devraient-ils retirer du monde ? Combien devrions-nous retirer de la culture et des gens du monde et combien devrions-nous engager ? Quelles étapes devrions-nous prendre ? [Aaron]

Les questions que vous posez ne peuvent pas, me semble-t-il recevoir de réponse absolue, valable pour chacun de nous. Les réponses dépendent de notre rapport personnel au monde. Dans sa prière avant de mourir, Jésus (Jean 17. 14-19) nous fait comprendre que les disciples de Jésus ne sont pas du monde, c’est-à-dire qu’il ne fonctionne pas selon la logique sans Dieu que le monde adopte spontanément, mais qu’ils sont toutefois envoyé dans le monde, afin d’être témoins de l’amour que le Père a pour ce monde. Nous devons être « à part » (c’est le sens du mot « sanctifiés » ou « consacrés » des versets 17 et 19), c’est-à-dire signifier par notre attitude et nos paroles un décalage avec le monde ambiant. Selon les situations, ce décalage prendra la forme d’un retrait plus ou moins grand. Si je sens qu’aller en boîte de nuit sera pour moi une trop grande source de tentations (consommation d’alcool, amours sans lendemains…) je ne dois pas aller en boîte. Si je suis assez solide et que j’ai à cœur de témoigner auprès des gens qui fréquentent ces lieux, alors je dois y aller ! Si les conversations à la machine à café de mon boulot tournent à la médisance sur tel ou tel collègue et que je sens bien que je me laisse aller moi-même à médire, autant ne plus fréquenter la machine à café quand il y a du monde. Mais si Dieu me rend assez fort pour ne pas rentrer dans ce jeu-là, autant aller à la machine et témoigner.

Est-ce que les âmes des morts nous observent (Hébreux 12-1- Apocalypse 6-9-10- Luc 16-19-31) ? [Laureline]

Reprenons les citations bibliques que vous évoquez :

Hébreux 12.1 : « Nous donc aussi, puisque nous sommes entourés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée. » La nuée de témoins dont parle l’auteur de la lettre aux Hébreux ne m’a jamais semblé être l’ensemble des âmes de personnes évoquées dans le chapitre 11 (Abel, Noé, Abraham…) qui nous observeraient, mais bien plutôt leur exemple, leur témoignage ,qui doit et peut nous encourager sur le chemin de notre foi.

L’apocalypse est une vision que Jean a eu et qu’il a mise par écrit. Il y a beaucoup de choses dans ce texte que je ne prends pas « pour argent comptant » (ainsi je ne pense pas que quand Jésus reviendra dans sa gloire, il ressemblera à un agneau égorgé). Quand Jean écrit : « Quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été mis à mort à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu’ils avaient rendu » je pense qu’il tente de traduire par des mots une expérience de vision, qui ne doit pas nécessairement être comprise comme une vérité dogmatique.

Enfin, Luc 16. 19-31 est une parabole que Jésus emploie pour souligner l’importance du don et de l’action en faveur des démunis. Elle décrit peut-être la façon dont les choses se passent après la mort, mais je ne suis pas sûrs de m’accorder avec toutes les représentations de l’enfer et du paradis que l’on a fait découler de cette seule histoire. La question que vous posez est un problème important, pour lequel je n’ai pas une réponse tranchée. Voilà où j’en suis pour ma part :

Quand nous mourrons, tout ce que la Bible appelle notre « chair » (corps et âme) est détruit. C’est l’esprit que Dieu a envoyé en nous pour nous rendre vivant qui revient à lui et c’est par l’action de son esprit que nous reviendront à la vie, créés nouveaux, selon la promesse de la résurrection en Jésus-Christ.. (Genèse 2. 7 ; Psaume 104. 29-30)