La Cène n’est pas un simple repas commémoratif (comme le rallumage de la flamme au pied du tombeau du soldat inconnu). C’est aussi un acte par lequel, en communauté, nous accueillons la réalité vivante du Christ dans l’assemblée réunie et ouverte à sa présence par l’action du Saint-Esprit. C’est donc un acte communautaire vital pour l’Église. Ce n’est pas parce qu’il n’est pas nécessaire qu’une personne particulière préside ce moment qu’on peut le vivre tout seul ! Par contre, célébrer une Sainte Cène chez soi, avec sa famille ou ses proches, ou encore aller la partager avec des malades qui ne peuvent pas se rendre au culte me semble être bien sûr un acte communautaire tout à fait possible et même utile dans bien des circonstances.
Pourquoi nos prières ne sont parfois pas accomplies- même lorsque nous demandons de bonnes choses au nom de Jésus ? [Elodie]
Cette question renvoie à des situations souvent douloureuses relatives au non exaucement de prières que nous faisons en exprimant des besoins ou des désires très forts à notre point de vue. On peut alors avoir l’impression que Dieu nous rejette, ne nous aime pas, ou que notre péché est trop fort pour que le Seigneur ait de la considération pour nous. Je crois avant tout important de refuser de rentrer dans de telle considération. C’est souvent une ruse de l’adversaire, même s’il n’est jamais mauvais de relire régulièrement sa vie à l’aune de ce qu’implique l’Évangile, et au besoin de remettre certaines choses en ordre. Mais il ne faut jamais oublier que la prière est une manière de se tenir devant un Autre. Quelqu’un qui n’a pas le même point de vue que nous sur notre vie. Quelqu’un que nous appelons le Seigneur. C’est-à-dire que ce n’est pas lui qui a à agir selon nos désirs. C’est bien le contraire qui doit se passer ! Je pense à ce moment où Jésus a guérit un homme possédé par un esprit impur appelé légion (Marc 5. 1-20). Cet homme n’avait rien demandé et Jésus lui a fait un grand bien puisqu’il l’a rétablit dans « son bon sens ». Pourtant, quand cet homme, sans doute débordant de joie et de reconnaissance pour Jésus, le supplie de le prendre avec lui pour l’accompagner, Jésus refuse. Quelle frustration ! Mais c’est que Jésus a un autre projet pour cet homme, qui lui permettra d’être vraiment le disciple qu’il avait envie d’être : « Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi, comment il a eu pitié de toi. » Pour nous comme pour cet homme, Dieu n’accède pas toujours à nos demandes selon notre point de vue. Mais sa vision des choses dépasse de loin la nôtre, et c’est tout de même pour le bien que parfois nous pouvons éprouver des frustrations.
Est-ce une erreur de croire que- pour devenir chrétien- cela implique forcément de passer par un changement radical- avec « un avant » et « un après » conversion ? [Café]
La foi chrétienne est d’abord l’affaire d’une rencontre personnelle avec Jésus-Christ. Les récits de conversions sont donc différents les uns des autres.
Confesser que « Jésus-Christ est le Seigneur à la gloire de Dieu, le Père » comme l’exprime Philippiens 2,11, autrement dit être chrétien, implique un changement radical dans ce qui fait autorité dans sa vie. Désormais le chrétien affirme que c’est Jésus qui a cette autorité. Alors comme vous le dites il y a un avant et un après.
Ce changement radical peut être spectaculaire comme il peut être peu visible. Il peut se produire à un instant précis ou être le fruit d’un parcours plus long. Mais quoi qu’il en soit, ce changement radical engage toute sa personne à être transformée. A ce sujet, l’évangile de Jean chapitre 3 utilise l’image de la nouvelle naissance.
Devrions-nous jamais nous référer à Jésus comme « Dieu » ou juste comme « Fils de Dieu » ? Devrions-nous adorer et révérer Jésus ou Dieu le Père seul ? [Solitaire]
Le Nouveau testament parle de Jésus comme Fils de Dieu, pas directement comme Dieu. Dans l’évangile de Jean au chapitre 14 Jésus se présente comme unique chemin vers le Père. Dans ce même chapitre Jésus fait la promesse de l’envoi de l’Esprit, qui sera avec nous pour toujours.
A vos deux questions je répondrais que la foi consiste d’abord à être en relation personnelle avec Dieu et à l’écoute de Jean 14 précisément en lien avec Dieu au nom de Jésus par l’Esprit. Cela me parait plus important que ce référer à lui comme ceci ou cela. De plus comme Jésus le dit lui-même, toujours dans ce chapitre 14, connaissant Jésus vous connaîtrez aussi son Père.
Les non-chrétiens peuvent-ils être sauvés ? Je pense aux civils irakiens. Sont-ils triplement condamnés : vie sous la dictature- massacrés- puis envoyé en enfer ? [D]
» Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. »
La Bible nous dit très clairement qu’il n’y a pas de salut en dehors de Jésus-Christ. Sans lui, nous sommes pécheurs, séparés de Dieu pour toujours. Unis à lui, nous sommes au réconciliés avec Dieu et nous recevons une vie nouvelle. Nous ne craignons alors, rien, que nous soyons physiquement vivants ou décédés (Romains 8/31 suivant).
Que dire des civils irakiens ? Comme vous et moi, comme tous les humains de cette terre, ils ne peuvent pas se sauver par eux-mêmes. Ni leurs qualités, ni leurs souffrances, ni leur travail ne leur vaut le salut. Ils ont donc besoin de Jésus-Christ, pour être réconciliés avec Dieu et vivre vraiment aujourd’hui et toujours. Leur salut est donc l’affaire de Dieu, qui en Jésus-Christ appelle à la foi.
Pourquoi nos prières ne sont parfois pas accomplies- même lorsque nous demandons de bonnes choses au nom de Jésus ? [Elodie]
« Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils » lit-on en Jean 14/13 comme en de multiples autres endroits de nos Bible. Souvent nous avons l’impression de demander de belles choses à Dieu. Nous pensons que s’il faisait ce que nous lui demandions, sa gloire serait manifeste et les hommes heureux. Pourquoi-donc ces choses ne s’accomplissent-elles pas ?
Peut-être simplement parce que ce que nous pensons être une bonne chose ne l’est pas vraiment. En effet, nous sommes parfaitement incapables de mesurer les conséquences, le sens, la portée de ce qui arrive ou n’arrive pas. Ainsi, je peux penser qu’il n’est pas bon que je perde mon travail. Peut-être vais-je me rendre compte, quelques années après une période de chômage, que celle-ci m’a permise de m’épanouir dans le service de Dieu ? La mort nous semble être quelque chose de mauvais et nous prions souvent ardemment pour qu’elle n’advienne pas. La mort, en Christ, est pourtant un gain (Philippiens 1/21-22). Nous prions parfois pour que nos proches se convertissent à Christ et cela ne semble pas fonctionner : nous ignorons que Dieu travaille les cœurs en son temps et qu’il faut que certains passent pas des moments difficiles pour en venir à croire.
Prier, c’est remettre nos problèmes entre les mains de Dieu, dans le reconnaissance que nous ne sommes pas des dieux capables de savoir ce qui est bon ou mauvais. C’est alors que Dieu répond, selon sa volonté, qui n’est pas la nôtre.
1Jean 5/15 « L’assurance que nous avons auprès de lui, c’est que, si nous demandons quoi que ce soit selon sa volonté, il nous entend. Et si nous savons qu’il nous entend, quoi que ce soit que nous lui demandions, nous savons que nous avons ce que nous lui avons demandé »
J’ai été baptisée catholique mais je me sens protestante, comment me convertir ? [Britt]
L’Eglise catholique est une Eglise chrétienne.
Les Eglises protestantes sont des Eglises chrétiennes.
On ne peut pas se convertir de chrétien à chrétien.
Après, on peut incarner sa foi dans telle ou telle communauté, parce que la théologie nous convient, la prédication nous parle, le style du service nous plaît. Ou tout simplement parce que c’est pas trop trop loin de chez soi.
Donc, vous ne pouvez pas vous « convertir » en la matière, mais juste voir si dans l’Eglise protestante où vous allez, il y a éventuellement, comme c’est le cas dans l’EPUdF, une forme de liturgie d’accueil pour les nouveaux membres. Cela vous permettra de signifier cet enracinement.
Un non-pasteur (laïc) peut-il présider le Cène- dans un contexte tel qu’un petit groupe tel qu’une Eglise de maison ? [Laureline]
Je vous répondrai brièvement :
- Lorsque je lis la Bible (Matthieu 26, Marc 14, Luc 22, 1 Corinthiens 11), je ne trouve rien dans la bouche de Jésus ou de Paul, à propos de la Cène, qui indiquerait que seuls certains individus pourraient la présider. En fait je ne trouve même rien qui parle de présidence de la Cène (par contre je trouve chez Paul que la participation à la Cène demande au préalable un examen de conscience). Donc, pour moi, la réponse à votre question ne dépend pas de la Bible et sera donc éphémère.
- La présidence de la Cène fait donc partie des règles propres à chacune des Eglises. Il se trouve que dans les églises catholiques, orthodoxes et la majorité des églises protestantes du monde, la présidence de la Cène est lié à un « ministère ordonné ». Le document de dialogue entre Eglises chrétiennes le plus célèbre à ce sujet est « Baptême, Eucharistie, Ministère » de Foi et Constitution et datant de 1982. Je vous encourage à lire les paragraphes 29, 30 et 31 de la partie sur l’Eucharistie pour approfondir votre réflexion.
Noé est-il basé sur Gilgamesh ? Jésus et Pierre parlent comme s’il était une personne réelle. [P]
Plusieurs cultures antiques ont dans leur patrimoine des récits de déluge. Certains pensent que la version biblique est plus récente que celle de l’Epopée de Gilgamesh car des spécialistes datent ce texte babylonien du XVIIe siècle av J.-C., ce qui n’est pas prouvé pour la version biblique. Le récit de Noé serait alors, pour certains, inspiré du texte babylonien.
Toutefois, il n’y a aucune preuve à cela. Il s’agit sans doute de versions différentes d’un même évènement, dont l’exacte historicité selon des critères occidentaux du XXIe siècle n’est pas la première préoccupation. Le texte babylonien sert d’apologie du pouvoir babylonien et de leurs dieux, celui de la Bible du pouvoir du Dieu unique. Les Ecritures servent en effet à enseigner, convaincre, corriger et instruire dans la justice (2Tim 3,16-17). Et il n’est pas impossible que le texte biblique soit écrit en polémique avec la version babylonienne, même s’il a des fondements historiques.
Si les points communs entre les deux récits sont évidents, les différences du texte biblique avec l’Epopée de Gilgamesh sont également très importantes :
- ce n’est pas par inconvenance liée au bruit que Dieu suscite le déluge, mais le cœur peiné du mal accompli par les Hommes (Gn 6,5-7)
- il n’y a pas conflit de volonté entre des divinités capricieuses et injustes : c’est le Dieu unique et qui veille à la justice qui est aux commandes des évènements
- le déluge dure quarante jours, temps hautement symbolique
- Dieu n’accorde pas l’immortalité à Noé, puisque le péché est encore présent dans la création
Les gens sont constamment entourés de tentations sexuelles. Comment pouvons-nous les vaincre ? [Vincente]
Regardons à la première tentation :
En Genèse 2/15-16, Dieu dit : « Tu pourras manger de tous les arbres du jardin; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras. » En Genèse 3/1, le tentateur dit : » Dieu a-t-il réellement dit: Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin? ».
Ainsi, la tentation vient de ce que nous regardons aux commandements de Dieu comme à ce qui va nous contraindre, nous empêcher de vivre alors que les commandements de Dieu vont plutôt nous donner la direction pour vivre de belles choses. La Bible nous dit que l’homme et la femme sont créés pour vivre leur sexualité dans le cadre du mariage, d’un engagement de leur être l’un pour l’autre. La première chose à faire est alors certainement de considérer la beauté de ce projet de Dieu pour l’homme et la femme afin de désirer le vivre et de repousser les mensonges qui nous laissent entendre qu’il est bon de vivre une sexualité libre d’engagement.
Cela n’est néanmoins pas suffisant, tant il est vrai que de savoir ce qui est bon ne nous permet pas de le faire (Romains 7/18-20). Nous devons pour cela être conscients que nous ne pouvons pas de nous-mêmes vaincre. Nous ne pouvons que nous confier en celui qui a la victoire sur le mal, le péché, et la mort, Jésus vivant en nous, par le Saint-Esprit. Voir Matthieu 4/1-11, Romains 8.