C’est quoi la sagesse du serpent ? En effet quand Jésus envoye ses disciples (Matt 10,16), il leur recommande d’être « sage comme le serpent et doux comme la colombe ». [Mark]

Quand Jésus nous demande d’être sages comme les serpents, il faut bien comprendre à quoi il fait référence. Il ne nous demande évidemment pas d’imiter les serpents. Le mot grec, traduisant celui que Jésus emploie vraisemblablement en araméen, veut dire : intelligent, sage, plein de bon sens, sensé, prudent, avisé.

Depuis Genèse 3,1 on sait que « le serpent est le plus rusé de tous les animaux des champs ». Il y a un jeu de mot dans l’hébreu original (proche de l’araméen que parlait Jésus). Car ce mot veut dire deux choses très différentes : rusé, et…nu ! Le serpent était le plus nu de tous les animaux des champs et le plus rusé. Et l’humain qui va vouloir imiter le serpent se retrouve très… nu, et très rusé, puisqu’il a goûté à l’arbre de La-connaissance-de-ce-qui-est-bien-et-ce-qui-est-mal.

Donc on ne sait pas très bien quel mot Jésus a employé puisque seule la retranscription grecque de ses paroles nous est parvenue en Matthieu 10,16. Mais ce qui est clair, c’est que Jésus nous appelle certes à la simplicité et à la douceur, à tendre l’autre joue, à assumer que nous ne sommes pas forts par nous mêmes ; mais en même temps, il nous appelle à être intelligents, rusés mais pas pour faire chuter, sages mais pas pour être orgueilleux, intelligents mais pas pour nous croire tout-puissants, prudents mais pas craintifs.

Dans Jean 8, il est dit que Jésus n’est pas tombé dans leur piège ; il écrivait avec ses doigts dans le sable. Qu’écrivait-il ? [Mark]

On pourrait se poser d’abord la question : si j’étais dans la foule des accusateurs de la femme adultère, qu’est-ce que Jésus écrirait alors avec ses doigts sur le sable, que moi, je n’aurais pas besoin de lire pour le savoir ?

Jésus écrit deux fois (le verbe utilisé la première fois suggère une écriture multiple, le verbe utilisé la seconde suggère qu’il raye – en tout cas on peut le comprendre ainsi). Par ailleurs, le seul à écrire avec le doigt, dans la Bible, c’est Dieu écrivant les Dix commandements sur les tables de pierre. Jésus-Dieu rappellerait-il alors les Dix commandements ? Et s’il efface, qu’efface-t-il ?

Le texte ne dit pas ce que Jésus écrivait. Mais ce qu’il dit convainc de péché tous ceux qui sont là : tous sont adultères par rapport à Dieu, infidèles à ses commandements, infidèles à son amour, comme déjà Osée et les prophètes l’avaient prêché. La Loi n’est pas caduque : elle condamne toujours les pécheurs, que ce soit la femme de ce récit, ou ses accusateurs, ou moi qui lis ce texte. Mais Jésus, lui, est au-dessus de la Loi de Dieu : lui ne condamne pas la femme, il la libère (« va ») et la place sur un chemin où le péché ne dominera plus sur elle (« ne pèche plus »). Si les accusateurs n’étaient pas partis, mais s’étaient humiliés devant Dieu, ils auraient aussi pu entendre pour eux ce salut gratuit. Et moi, est-ce que je l’entends pour moi ? Ou bien vais-je (comme eux) accuser Jésus dès la page tournée ?…

J’ai du mal à accueillir l’autorité de Christ sur Mammon- car trop de logiques et de comportements découlent de ses logiques. Comment lutter contre cela ? [Manu]

Vous posez bien la question : il s’agit effectivement d’une question d’autorité. Confesser que Jésus-Christ est le Seigneur, c’est faire en sorte que le Christ ait autorité sur notre vie, dans toutes ses dimensions.
Il est vrai que Mammon est présent dans bien des compartiments de notre société. Et comme dit en Matthieu 6,24 : « Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. »
Alors pour accueillir l’autorité du Christ sur toute notre vie et donc pour en chasser Mammon, un chemin nous est offert. Il nous est proposé de confesser Jésus comme seul Seigneur et de demander pardon à Dieu pour avoir donné, consciemment ou pas, autorité à un autre seigneur que Lui. C’est ce qu’on appelle la repentance : se retourner vers Dieu. Et Il entend la confession et pardonne.
Un conseil : Mammon est une puissance, qui comme vous le mentionnez, s’insinue partout. Alors il est utile de rentrer en soi-même et de chercher les lieux où il a pris autorité et dans la prière de repentance de demander pardon à partir de ces éléments précis. Et pour faire ce travail de discernement Dieu nous envoie une aide : l’Esprit saint.

Je suis divorcé remarié et désirerais comme mon épouse communier ! Croyants tous deux ; on m’ a dit que je ne pouvais pas communier ? [Michel]

Je ne puis répondre que pour ce qui concerne l’Église protestante unie : bien sûr que vous pouvez participer l’un et l’autre à la sainte cène, dès lors que vous y entendez l’invitation du Seigneur Jésus.

La communion au corps et au sang du Christ n’est pas faite pour d’hypothétiques « justes », mais pour les pécheurs que nous sommes, et qui reconnaissent avoir besoin de ce que Jésus-Christ a fait pour eux en donnant sa propre vie. C’est-à-dire en ayant donné sa vie sur la croix. Mais aussi en la donnant à chacun de ceux qui communient avec foi, en les remplissant de sa présence et les faisant bénéficier de son alliance.

On a souvent interprété le mot « indignement » par rapport à la morale, à l’observance des commandements (p.ex. celui de l’indissolubilité du mariage). C’est un contresens. Le texte de la première épître aux Corinthiens 11 / 23-29, où figure ce mot, précise, après le rappel de l’institution de ce repas, qu’y participer implique d’y reconnaître le corps du Christ (tant sa présence dans le sacrement que dans l’Église ainsi constituée), et que tous sont donc invités à y manger ! Voilà ce qui nous « qualifie » pour communier : reconnaître Jésus et vouloir recevoir son pardon et sa grâce en participant à la cène.

Il est dit dans l’Évangile -et plusieurs fois- « qu’il n’est pas pardonné à celui qui ne pardonne pas ». Comment peut se manifester le refus du pardon par Dieu- à celui qui ne pardonne pas ? [Jean-Marie]

La réponse à votre question, Jean-Marie, mériterait un long développement ! Dans le cadre de 1001 questions, je vais essayer d’être synthétique.

Le pardon est un don spirituel que Dieu, par son Esprit, nous fait pour peu que nous soyons prêts à « baisser les armes » spirituelles et psychiques qui nous enferment quand nous avons été offensés : la rancœur, la méfiance, la « moulinette » qui fonctionne pour imaginer ce que l’autre peut penser, ou encore le refus de reprendre contact.

On peut trouver au moins 6 références rien que dans les trois premiers évangiles à cette affirmation que le pardon humain a un lien avec le pardon divin (Mt 5,3 ; 6,14 ; 7,2 ; Mt 18,35 ; Mc 11,26 ; Lc 6,37). C’est dire si ce thème a de l’importance. Je le rattache au fait que Dieu nous prend en fait plus au sérieux que nous-mêmes, et qu’il bâtit sa relation avec nous sur la manière que nous avons de nous comporter avec lui et avec les autres (c’est aussi un des sens de la parabole des talents, Mt 25,14-30).

La manifestation du non pardon peut s’exprimer à deux niveaux, me semble-t-il : d’abord au niveau humain, corporel et psychique, par diverses somatisations : Il y a des cancers qui se développent plus facilement chez des gens qui ont accumulé de la rancœur contre une ou plusieurs personnes. Cela peut aussi provoquer de la colère, de façon incontrôlable dans les relations avec d’autres personnes de l’entourage. Je ne vois pas cela comme l’expression de la punition de Dieu, mais comme la conséquence spontanée de notre état spirituel. Au niveau spirituel, le non-pardon peut ouvrir grandes les portes de notre esprit à de mauvaises influences, ou a des maladies, comme la tristesse, le dégoût spirituel, voire la désespérance. Là encore, il ne s’agit peut-être pas d’une punition divine immédiate, mais de la conséquence du fait que nous ne sommes plus aussi profondément en lien avec Dieu que quand tout va bien.

En effet, dans plusieurs occurrences, le pardon de Dieu, comme attaché au pardon humain, est évoqué au futur. Ce sera une réalité pour le jugement dernier.

Quand Jésus parle de la loi dans Matthieu 5.17-19- cela signifie-t-il qu’un chrétien doit respecter toutes les lois de l’Ancien Testament ? Ou certaines ? Dans ce dernier cas- quel tri faire ? [Christophe

En Matthieu 5/17-19, Jésus dit que Jésus n’est pas venu pour abolir la Loi et les Prophètes mais pour l’accomplir. Il ajoute que la Loi ne disparaitra pas et que nous ne devons pas « abolir », « annuler » les commandements mais les ‘faire’ et les enseigner. En parlant ainsi, Jésus nous interdit de croire que les commandements de l’Ancien Testament ne méritent pas notre considération. Ces commandements expriment, en effet, la volonté de Dieu. Les considérer comme tels nous permet de savoir dans quel sens Dieu nous demande d’avancer. Ainsi, Jésus utilise des paroles de l’Ancien Testament pour encourager les couples à la fidélité à vie, en Matthieu 19/4-6 et nous dire ce que Dieu a initialement prévu pour l’humain. La loi de Dieu, lorsque nous la prenons sérieusement en compte, nous permet, de la même manière, et parce que nous ne l’appliquons jamais parfaitement, de mesurer nos insuffisances et de nous savoir pécheurs, dans la nécessité de nous tourner vers Jésus, notre sauveur.  Cela est expliqué par Paul en Romains 3/7-12.

Dire que la loi entière vaut quelque chose, qu’il faut la faire, c’est à dire en faire quelque chose dans notre vie, ne signifie pas que nous devons appliquer à la lettre tous les commandements de l’Ancien Testament. Quand notre passage dit que Jésus est venu pour « accomplir la loi », la « mener à la plénitude », il suggère que sa venue change quelque chose dans notre rapport à la loi. Ainsi, les apôtres réunis à Jérusalem, ont réfléchi, quelques années après la mort de Jésus à la question de la mise en pratique de la loi juive, pour les chrétiens qui n’étaient pas d’origine juive et n’avaient donc pas cette habitude. En Actes 15/20, ils en concluent qu’il y a des commandements importants à mettre en pratique pour le bien des humains : il s’agit des commandements qui concernant l’évitement des idoles et la sexualité. Ces commandements concernent la juste relation que Dieu désir voir se développer entre les humains et lui et entre humains, depuis la création. Les commandements qui concernent la spécificité du peuple juif telles la circoncisions, le culte du temple, les règles alimentaires ne sont plus à appliquer, puisque grâce à l’œuvre accomplie par Jésus, l’humain est maintenant libre de s’approcher de Dieu.

Comment comprendre cette parole de Jésus à ses disciples en Jean 20,23 : « Ceux à qui vous pardonnerez les péchés- ils leur seront pardonnés ; et ceux à qui vous les retiendrez- ils leur seront retenus » ? [Kristina]

Jésus s’était présenté comme le Maître du Pardon lors d’une polémique avec les religieux de son époque, à l’occasion de la guérison d’un paralytique (Marc 2,5-9). Par là il signifiait au minimum que Dieu lui avait délégué le pouvoir de pardonner les péchés, ou mieux encore, qu’il était Dieu lui-même.

Dans le cas du verset de Jean que vous citez il est probable que l’option de la délégation soit parlante. En effet, Jésus peut faire ce que Dieu peut faire. Il n’y a plus besoin d’attendre la fête annuelle de Kippour pour pouvoir être pardonné de ses péchés, mais on peut tout simplement venir à Jésus pour cela.
Il semble donc que dans un deuxième temps, Jésus délègue lui-même ce ministère aux disciples eux-mêmes. Nous pouvons, disciples du Christ, nous faire les porte-paroles d’un pardon qui effectivement vient de Dieu seul, mais qui par la délégation de Jésus, nous a aussi été transmise.

C’est ce qui fait de nous des agents de réconciliation, comme l’explique bien le chapitre 5 de la deuxième épître aux Corinthiens.
Bonne nouvelle !

Est-ce qu’il est permis de prendre deux femmes ? [Jean-René]

Si la question est « est-ce qu’il est permis ? », la réponse est « non » ! Mais si la question est « qu’est-ce que c’est, l’amour conjugal ? », alors on peut aller un peu plus loin…

Car aussi bien l’Ancien Testament (Genèse 2 / 18. 23-24) que le Nouveau (Matthieu 19 / 3-10 ; 1 Corinthiens 7 / 2-5 ; Éphésiens 5 / 21…) soulignent que l’union selon Dieu d’un homme et d’une femme font d’eux un seul être, chacun appartenant à l’autre et soumis à l’autre. Il n’est donc aucunement question de « prendre femme », mais de se reconnaître comme voués l’un à l’autre, ce qui implique clairement la durée, le pardon mutuel et la fidélité, et donc la monogamie. Car comment appartenir (c’est-à-dire à 100 %) à deux personnes différentes ?! Et qu’en penseraient les femmes en question (car cette question est une question d’homme, or « Dieu a créé l’être humain à son image, mâle et femelle », dit la Bible) ?

La polygamie, tout comme l’adultère, appartiennent à une autre conception de la sexualité, dans laquelle celle-ci ne fonde pas un nouvel être, mais se contente d’être une fonction vitale qu’il s’agit d’assouvir pour son propre plaisir (sexuel ou social). La Bible montre que telle était la réalité, que ce soit à l’époque des Patriarches ou pour les rois d’Israël, mais aussi (peut-être marginalement) à l’époque de Jésus. Ce qui ne le légitime en rien !

Enfin, je dois dire que la question de ce qui est permis ou défendu est dépassée dans le christianisme. Puisque je ne puis être justifié par l’observance de quelque commandement que ce soit, mais par la seule grâce de Dieu manifestée dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ et saisie dans la foi, alors c’est l’œuvre de l’Esprit que de conformer ma vie à la volonté bonne de Dieu, malgré et à travers les résistances du « vieil homme » en moi. L’apôtre Paul a écrit à ce sujet de belles choses sur « tout est permis, mais… » (1 Corinthiens 6 / 12 ; 10 / 23)

La confession comme chez les catholiques existe-t-elle chez les protestants ? [Martine]

Dire sa faute, partager devant un autre, quelque chose qui nous pèse, un péché dont on aimerait être libéré par Dieu est tout à fait possible dans le protestantisme. Vous pourrez trouver cette invitation explicitement en Jacques 5/16.

Voilà pourquoi et comment cela se pratique : Dieu pardonne ceux qui se repentent. Il est donc, pour un protestant, parfaitement possible de demander pardon à Dieu, sans avoir à partager au sujet de sa faute, avec quelqu’un d’autre. Cependant, il peut arriver que nous ne parvenions pas à nous repentir vraiment ou encore, que nous ne parvenions pas à avoir la certitude du pardon de Dieu sur l’une ou l’autre faute qui nous pèserait. Nous pouvons alors, comme protestant, en parler avec un croyant, pasteur ou non, capable de nous aider dans notre démarche de repentance. Nous partagerons avec lui ce qui nous pèse, il nous éclairera peut-être sur ce pour quoi nous devons demander pardon si nous ne le percevons pas bien et nous dirons à Dieu, devant lui, notre faute en formulant notre demande de pardon, avec nos mots. Le frère ou la soeur qui entendra votre confession pourra alors vous dire le pardon de Dieu, puisque ce pardon est promis à qui se repend en Jésus-Christ. Vous vous sentirez alors probablement vraiment libérée et renouvelée par cette démarche, qui vous aura aidée à vous mettre en vérité devant Dieu, mais aussi à entendre sa vérité : Dieu pardonne et renouvelle ceux qui se repentent !

D’après l’aveu relaté en Ézéchiel 20v25- Dieu ait pu donner « des lois qui ne sont pas bonnes et des coutumes qui ne font pas vivre » ? Quelles sont ces lois ? [Pep’s]

Dans les versets 18-26, Dieu nous dit que ses commandements « font obtenir la vie à ceux qui les appliquent ». Il dit aussi que les israélites n’ont pas appliqué ces commandements, entre autres, en profanant le sabbat et se sont attachés à des idoles et à des pratiques idolâtriques tels le sacrifice des premiers nés, tout cela étant absolument interdit dans la loi que Dieu a donné à son peuple.
Nous comprenons que ces « lois qui ne font pas vivre », sont les lois que les israélites suivaient quand ils refusaient la loi de Dieu. Ici, ce sont les lois des peuples polythéistes environnants qui semblent désignés ou la loi économique qui veut qu’on préfère travailler le jour du Sabbat. Que Dieu leur ait « donné ces lois » signifierait que Dieu les a abandonnés à ces lois, dans sa souveraineté. Nous pouvons ainsi, peut-être rapprocher ce passage du mécanisme décrit en Romains 1/22-25
Le passage d’Ezéchiel nous indique que l’humain n’est pas autonome : il suit toujours une loi, il répond toujours à des principes, la loi bonne de Dieu ou la loi des cultes idolâtriques, la loi de la consommation, la loi de quelques principes humains, la loi des sentiments…cette loi mauvaise, qui agit en l’homme, Paul l’appelle la « loi du péché » en Romains 7/21-23, par exemple.
Le Nouveau Testament dira, que la Loi de Dieu, bonne ne peut pas faire vivre l’humain, parce l’homme ne peut pas la mettre  en pratique, à cause de la loi du péché qui oeuvre en lui. Les chrétiens croient et confessent que Jésus a vaincu le péché et qu’il peut aujourd’hui nous faire vivre pas son Esprit (Romains 8/1-2). Cela implique plus que la loi : le changement de coeur qu’annonce Ezéchiel et qui s’accomplit en Jésus, par l’Esprit-Saint, qui rend capable d’obéir à Dieu en avançant dans le beau projet de vie qu’il a pour nous et pour les autres.  Voir le beau passage d’ Ezéchiel 36/25-27