Jésus commande d’aimer le prochain et l’ennemi. Pourquoi cette différence ? Tous sont nos prochains ! [Mathilde]

Jésus nous appelle à aimer :
– le Seigneur Dieu (Matthieu 22,37 rappelant Deutéronome 6)
– notre prochain (Marc 12,31)
– notre ennemi (Luc 6,27).
Il fait cette différence entre prochain et ennemi, car justement, Jésus donne une définition très précise de ce qu’est le prochain.

Pour nous le prochain c’est tout le monde.

Alors, soyons sérieux avec la Parole de Christ, et voyons ce qu’est un prochain d’après Jésus. Sa définition à lui n’a rien à voir avec la nôtre. En Luc 10,36 et 37 on peut lire dans l’histoire du Bon Samaritain : « Lequel de ces trois hommes te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands? C’est celui qui a exercé la miséricorde envers lui, répondit le docteur de la loi. Et Jésus lui dit: Va, et toi, fais de même. »
Mon prochain, c’est celui qui m’a aidé et aimé.
Mon prochain, c’est celui qui a pris soin de moi.
Mon prochain, c’est celui qui s’est fait proche dans la bienveillance.

Donc mon ennemi n’est pas mon prochain. 
Dans le même sens, Jésus ne nous dit jamais qu’il faut aimer nos parents. Etrange non ? Il dit même qu’il faut les haïr ! choquant ! (Luc 14,26-27)
Il rappelle que selon les dix commandements il faut les honorer et selon la Genèse il faut les quitter pour pouvoir s’attacher à son conjoint.

Quitter, honorer, mais pas d’obligation à aimer. En tout cas pas d’obligation à les aimer pour la seule bonne raison qu’ils seraient nos parents. Oui, nous pouvons les aimer, mais c’est
– soit parce qu’ils ont été des prochains bénissants, des prochains très proches et essentiels,
– soit nous pouvons les aimer en tant qu’ennemis, s’ils ont été nuisibles pour nous.

Que cette Parole de Christ continue à nous déranger.

Pourquoi les chrétiens se chamaillent-ils autant ? [Reuben]

Se chamailler, c’est bien le propre des frères et des sœurs, le propre de ceux que tout rapproche, mais qui s’efforcent de souligner leurs différences !

C’est vrai, il arrive que les chrétiens se chamaillent, pour des broutilles du genre : « qui a la plus grande Eglise ? » ou « qui gardera l’entrée du Saint Sépulcre ? » ! Pauvres de nous …

Plus souvent, et depuis toujours, les chrétiens se disputent – un mot à entendre dans son sens originel : ils débattent – et ces discussions théologiques prennent vite un caractère très sérieux, parce qu’elles sont liées à la vérité de ce qu’ils croient. Elles les ont conduits et les conduisent encore à avancer des convictions, des affirmations de foi différentes, par exemple sur l’interprétation des Ecritures, la pratique et le sens des sacrements, la nature des ministères, etc … Certaines différences entraînent des séparations (des schismes), d’autres des distinctions sans pour autant diviser le corps du Christ.

On peut considérer à juste titre, comme vous semblez le faire, Reuben, que les débats et les divisions ont un caractère scandaleux et qu’elles blessent Dieu, puisqu’il n’y a qu’ « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Ephésiens 4, 5).

Le temps de l’unité n’est pas encore venu, pourtant elle progresse chaque jour. Un mouvement est en marche, qui contribue au rapprochement des chrétiens. Le dialogue œcuménique a permis de lever beaucoup de condamnations et de malentendus que l’histoire des Eglises avait accumulés. C’est la prière du Christ que nous essayons d’accomplir en son nom et avec son aide : « Qu’ils soient un, comme toi et moi nous sommes un ! » (Jean 17, 11).

Comment puis-je être sûr d’être sauvé ? [Alain]

Sous un angle chrétien protestant, la réponse à cette question ne peut se trouver que du côté de la foi. Car la foi est la seule réalité de ce monde qui peut nous assurer du salut que Dieu offre en Jésus-Christ : « La foi, c’est la réalité de ce qu’on espère, l’assurance de choses qu’on ne voit pas » (Hébreux 11, 1). Le salut, précisément, nous est donné en espérance, et on ne le voit pas.

A ce sujet, le catéchisme de Heidelberg (1562) demande à sa question 21 : « Qu’est-ce qu’une vraie foi ? ». Je cite deux éléments de réponses qui peuvent nous éclairer, cher Alain : d’abord la foi est une connaissance de la vérité, une connaissance du Christ Sauveur qui ne se limite pas à une action de notre intelligence, mais qui est validée par l’adhésion de tout notre être. Autrement dit, elle est « confessée » explicitement.

Mais cette connaissance court le risque de se muer en orgueil ou en certitude mortifère, qui consisterait à se rendre maître du salut, à prétendre savoir qui est sauvé, et qui ne l’est pas. Pensons à la surprise des « bénis de mon Père » au ch. 25 de l’évangile de Matthieu : elle nous rappelle que seul Dieu est maître du salut, et que celui-ci ne vient que par pure grâce. Même un cœur limpide ne saurait s’en emparer !

C’est pourquoi (2ème élément de réponse) la seule assurance que nous avons vient de l’action du Saint Esprit en nous. Il nous conduit dans la repentance et nous ouvre au pardon divin. Ses dons et ses fruits témoignent de la présence de Dieu dans notre vie, et ce sont de bons indices pour nous, tout comme l’amour que nous mettons en pratique. Mais le premier des signes qui nous sont donnés du salut est sans doute celui d’un cœur reconnaissant de se savoir aimé et justifié par Dieu dans la personne de Jésus.

Comment expliquer simplement à mon fils ce qu’est la trinité ? [Boris]

Cher Boris, pour parler de la Trinité, que ce soit à des jeunes ou à des moins jeunes, je dirais que la simplicité a d’abord besoin d’humilité. Nous parlons de Dieu, dont nous n’aurons jamais fini de découvrir « la profondeur de la richesse, de la sagesse et de la connaissance » (Romains 11, 33). Et nous restons dans l’attente de ce jour où nous connaîtrons Dieu comme nous sommes connus de Lui ! (1Corinthiens 13, 12)

Parler de la Trinité revient à considérer un seul Dieu mais en trois « personnes » différentes. Si Dieu était une donnée mathématique, on écrirait donc l’équation suivante : 1+1+1 = 1. D’ailleurs, comme les mathématiques, la Trinité relève d’une certaine abstraction. C’est une idée, un concept.

Cette idée traduit cependant fidèlement la manière dont Dieu se révèle dans l’Ecriture. Elle témoigne de l’histoire du salut qui se déploie dans les textes. La clé de cette révélation est le Christ, le Fils qui révèle Dieu comme Père (Jean 14, 9) et qui annonce l’envoi de l’Esprit Saint aux apôtres (Actes 1, 8).

Le point essentiel, qui a été souvent débattu et combattu, est de considérer chacune des trois personnes comme étant pleinement Dieu : Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint Esprit, et de ne diminuer l’importance d’aucune des trois : ne pas réduire le Père à une idée, le Fils à un homme (seulement), et l’Esprit à n’importe quelle inspiration.

L’équation de La Trinité, loin d’obéir à une stricte logique, nous fait connaître Dieu comme le « Vivant ». Elle nous montre la vie divine, à travers les relations entre le Père, le Fils, et l’Esprit. Le baptême de Jésus en est peut-être le témoignage le plus parlant (Marc 1, 9-11). Cette vie est une communion, elle se réalise dans l’amour de ces trois personnes, avec en son centre le mystère de la croix. Dans ce sens, elle est un modèle pour nos propres relations. Et c’est aussi une richesse pour nous de pouvoir nous adresser plus spécialement à l’une ou l’autre dans notre prière.

Qui est Azazel dans le livre du Lévitique ? Est-ce un ange déchu ou une figure métaphorique ? [Auguste]

Azazel n’apparaît que dans le livre du Lévitique 16, 8-25, sans que l’on ait d’informations précises sur son identité. Il y a, en gros deux interprétation principales de ce nom :

-c’est un démon à part entière, ce que confirment des textes écrits un ou deux siècles avant notre ère (livre d’Hénoch, ou l’Apocalypse d’Abraham) qui finissent par l’identifier carrément à Satan.

-le mot Azazel désigne l’acte même de l’envoi du bouc dans le désert. C’est le bouc « pour éloigner » le péché. C’est comme ça que l’ont compris la traduction grecque de la Bible, et la traduction latine, qui parle d’un « bouc émissaire ».

Tout ça pour dire que je crois qu’il faut rester très prudent par rapport à ce que l’on peut dire des démons, mais aussi des anges, sur la base du texte biblique. L’origines des noms, les rôles et la hiérarchie des ces puissances ne sont pas décrites de façon exhaustive dans la Bible. Par contre, nous comprenons clairement que Jésus est venu pour assumer pour nous le rôle de ce bouc émissaire, car c’est lui qui porte les péchés du monde, ceux de chacun de nous encore aujourd’hui, si nous mettons notre foi en lui.

Les chrétiens peuvent-ils faire la guerre ? [Jean]

La question du rapport du chrétien à la guerre doit être mise en relation avec l’histoire de l’Eglise, et les compréhensions divergentes du 6e commandement (« tu ne tueras point »). Lors des trois premiers siècles du christianisme, la vocation militaire au service d’un empereur païen était largement vu comme incompatible avec la foi chrétienne, sous peine d’excommunication (c’était l’époque des soldats martyrs, tel que saint Georges). Avec la conversion de Constantin et la théorie de la guerre juste d’Augustin, l’acceptation de la vocation militaire se généralisa chez les chrétiens, même si l’Eglise tenta d’endiguer la violence endémique du Moyen-âge en régulant la guerre (la paix et la trêve de Dieu, mais aussi le code chevaleresque). Les croisades marquent un tournant dans le sens que la guerre pouvait non seulement être juste (répondre à une menace légitime, et se conformer à un code de la guerre), mais aussi sainte (voulue par Dieu). Ces croisades se généralisèrent au Moyen-âge tardif, non seulement contre les infidèles (musulmans), mais aussi les païens (tribus baltes), les schismatiques (chrétiens orthodoxes) et les hérétiques (cathares, hussites). Les guerres de religion qui suivirent la Réforme furent particulièrement brutales, et marquèrent durablement les esprits. Si certains en furent désenchantés par la foi chrétienne (déistes, rationalistes), d’autres chrétiens commencèrent à développer une doctrine pacifiste (en particulier les Mennonites et les Quakers). Les deux convictions (guerre juste et pacifisme) ont co-existé depuis. Si les boucheries de 14-18 ont fortifié le courant pacifiste dans la démonstration de l’absurdité de la guerre, des conflits comme celles de 39-45 ont pu convaincre jusqu’à des pacifistes tel que Dietrich Bonhoeffer de la nécessité d’une résistance, y compris armée, au Mal.

Alors, que dit la Bible sur le sujet ? L’Ancien Testament semble conforter la position de la guerre juste, depuis la conquête de Canaan par Josué jusqu’aux guerres du roi David. Dans ce sens, il n’est pas possible de lire le 6e commandement (Exode 20.13) comme une injonction contre toute forme d’homicide, puisque la Torah prescrit la peine capitale pour certains crimes (ex : Genèse 9.6, mais aussi Exode 21.12-17, juste après le commandement). Jésus vient toutefois changer de paradigme, puisqu’il prône dans le Sermon sur la Montagne la non-résistance au mal (tendre l’autre joue, aimer et prier pour ses ennemis, etc., cf. Matthieu 5.38-48). Jésus semble entériner ce principe quand il refuse à Pierre le droit de le défendre contre ceux qui vont le crucifier (« tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. » Matthieu 26.52). Il est clair qu’en temps que disciples de celui qui est appelé le prince de la paix (Esaïe 9.6), nous devons procurer la paix, et privilégier les solutions non-violentes. Toutefois, Paul nous rappelle que cela n’est pas toujours en notre pouvoir : « s’il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes. » (Romains 12.18). Nous vivons dans un monde où Satan est encore bien actif, et où les hommes méchants et violents semblent triompher. Dans ce contexte, Jésus semble dans certains passages maintenir le droit à la légitime défense (Luc 11.21, Luc 22.36-38). Le devoir de protéger le faible est aussi fondé bibliquement (ex : Psaume 82.4, Proverbes 24.11, Jérémie 22.3). Et nous sommes tous, bien que citoyens du ciel, citoyens de nos pays respectifs (comme Paul, le citoyen romain), soumis aux mêmes devoirs que nos concitoyens (devoirs qui impliquaient jusqu’à récemment le service militaire). Jean-Baptiste n’a pas demandé à ses auditeurs soldats de renoncer à l’épée, mais à la fraude et à l’extorsion (Luc 3.14). Aucune demande pacifiste n’est formulée à l’égard du centurion Corneille (Actes 10). Paul reconnait au magistrat le droit à l’épée, celui-ci étant « serviteur de Dieu pour exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal » (Romains 13.4).

Tous ces versets ne forment pas une doctrine entièrement construite, ni en faveur du pacifisme, ni en faveur de la guerre juste. Tout au plus permettent-elles de tracer les contours de la liberté du chrétien, partagé entre sa répugnance pour la violence et le besoin de faire obstacle au mal. En cela, la doctrine des deux royaumes de Martin Luther est intéressante, puisqu’elle rappelle que si l’épée est bannie du royaume céleste, elle demeure une nécessité dans le royaume terrestre. La mesure dans laquelle un chrétien doit participer aux conflits de sa patrie terrestre reste une question ouverte, à laquelle il doit répondre en conscience.

Pourquoi Dieu ne guérit pas les gens pour lesquels on intercède ? [Annie]

La question de « l’efficacité » de nos prières doit prendre en compte plusieurs paramètres, et plusieurs versets bibliques qui, pris individuellement, pourraient nous faire perdre de vue l’ensemble.

D’un côté, nous croyons que Dieu est bon, et que dans Sa bonté Il désire guérir les malades. Nous voyons cette réalité dans le ministère de Jésus, qui guérissait tous ceux qui s’approchaient de lui (ex : Luc 4.40, Matthieu 8.16). Cela était possible car il était lui-même celui qui allait porter non seulement nos péchés, mais nos maladies sur la croix (Matthieu 8.17). Il laissa d’ailleurs à ces disciples d’incroyables promesses, promettant de répondre dès lors qu’une prière est faite avec foi (Marc 11.24), en son nom (Jean 14.13), et dans l’unité (Matthieu 18.19). Avec de telles promesses qui semblent être autant de chèques en blanc, il n’est pas surprenant que certains en soient venues à croire que, si tout est possible à celui qui croit (Marc 9.23), il doit être possible au chrétien d’utiliser la Toute-puissance de Dieu pour faire advenir la réalité qu’il désire. Dans cette optique, la seule limite à la bénédiction de Dieu est notre propre incrédulité (Marc 6.5). Mais c’est courir le risque de transformer Dieu en un distributeur de bénédictions à la demande, et de nier le fait que Dieu peut avoir un but bienveillant dans les souffrances que nous traversons (éprouver notre foi, forger notre caractère, etc.).

Cela nous emmène à notre deuxième point. Si nous devons prier avec persévérance et foi, nous devons aussi prendre en compte la souveraineté de Dieu, et nous soumettre à Sa volonté pour nos vies. Ainsi, l’apôtre Paul demanda trois fois à Dieu d’enlever l’écharde qui était dans sa chair, pour recevoir pour réponse « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (2 Corinthiens 12.9). De même, Jésus, dans le jardin de Gethsémané, conclut sa prière en disant à son Père « toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » (Marc 14.36). L’apôtre Jean résume bien l’articulation de la foi avec la soumission à la volonté de Dieu : « Nous avons auprès de lui cette assurance, que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute. Et si nous savons qu’il nous écoute, quelque chose que nous demandions, nous savons que nous possédons la chose que nous lui avons demandée. » (1 Jean 5.14-15). Dès lors, la prière est efficace, moins dans le sens qu’elle change la volonté de Dieu, mais bien dans le sens qu’elle nous amène à transformer notre volonté pour l’emmener en correspondance avec la sienne. Cela ne veut pas dire que la prière ne change pas la réalité concrète de nos vies (ou de celles pour lesquelles nous prions) : au contraire, Dieu se sert de nos prières (qu’Il guide et inspire) pour transformer nos réalités et pour guérir ceux qui sont malades. Et n’oublions pas que la première maladie qui afflige les hommes est le péché, et que Christ est prêt à guérir quiconque vient à lui pour le remède !

Pourquoi sur les réseaux sociaux les gens sont passionnés par les versets courts ? [Sabine]

Ce sont les normes des supports qui fixent la longueur des textes.
Depuis toujours !

Les dix commandements étaient assez courts, forcément, sur des tablettes d’argile ou de pierre.
Quand on a pu avoir des parchemins, on a pu avoir tout un livre écrit.
Et quand on est passé au papyrus et au codex, c’était carrément toute la Bible qui pouvait être éditée ! Formidable.

L’électronique est régressive : certes nous avons vingt versions de la Bible dans notre smartphone, mais le format que notre écran impose est un format court. Les prédicateurs sont influencés par cela. Ils prêchent souvent sur un seul verset. Et résultat il en découle de nombreux biais cognitifs : sortie du contexte, focalisation sur les mots en français alors qu’il s’agit d’une traduction depuis le grec et/ou l’hébreu, etc.

Bref, les citations brèves de la Bible sont monnaie courante, mais elles instrumentalisent le propos et souvent le tronquent. Acceptons-le, mais promouvons aussi une lecture plus profonde, plus approfondie, aussi !

Peut-on divorcer quand on n’arrive pas du tout à s’entendre dans son couple ? Peut-on rester souffrir jusqu’à la mort ? [MoÏse]

De nombreux couples, de nombreuses personnes, hommes ou femmes, peuvent se poser cette question un jour. Même conduite par l’amour, la vie conjugale est exigeante, et elle touche des cordes très sensibles, très intimes. Il ne va pas naturellement de soi qu’un couple vive ensemble pendant 20, 40, 50 ans ou plus. Ce n’est pas naturel, mais ce n’est bien sûr pas impossible !

Et au regard de la Bible, on ne peut que le vouloir et l’encourager. Jésus parle peu du mariage, mais quand il le fait, c’est pour en tirer le maximum : « Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni » (Matthieu 19, 6). Ce maximum – on pourrait dire aussi : le meilleur – rappelle l’esprit dans lequel un couple est uni, et non la lettre. Cette union ne saurait être un petit arrangement, une convenance. Chaque partenaire s’y engage « corps et âme ».

Quand la discorde s’installe au sein du couple, l’échec est à la mesure de cet engagement : il est d’autant plus fort ! Des relais extérieurs (conseil conjugal) peuvent aider à prendre du recul, mais ne sont pas toujours suffisants non plus. Quand l’amour tourne au drame permanent, ou, pire, à la violence, alors mieux vaut envisager la séparation que de poursuivre dans une spirale dangereuse, qui entraînerait le couple, et des enfants, dans une souffrance perpétuelle. S’il est question de vie ou de mort, il est même urgent de protéger celui ou celle qui doit l’être. On ne parle alors plus de convenance ! Et si cette décision fait naître en nous un sentiment de culpabilité, n’oublions jamais qu’auprès de Dieu se trouve le pardon (Psaume 130, 4).

Pasteur n’est-il pas un métier aussi ? Comment être sûr de la vocation ? [Eliane]

Pasteur est un métier, c’est vrai, au sens où chaque Eglise donne à son pasteur un cahier des charges avec des tâches et des objectifs. Pour autant l’Etat considère qu’il ne s’agit pas d’un métier puisque, suite à une décision de justice, les pasteurs n’ont pas été intégrés au droit du travail.

Pour pouvoir être pasteur il faut deux choses : la vocation et la convocation.
La vocation, c’est que la personne se sente appelée par Dieu à exercer ce ministère, d’autant plus dans une période où cette fonction peut être assez difficile, peu rémunératrice dans certaines dénominations, et ayant perdu pas mal de satisfaction personnelle depuis que le pasteur n’est plus un notable. La vocation, c’est l’appel d’en haut.
La convocation, c’est le fait que les humains, l’Eglise, reconnaissent aussi que vous êtes fait.e pour le ministère pastoral. C’est la reconnaissance du ministère.
La convocation est donc la confirmation de la vocation.

Il peut donc y avoir quelques grosses difficultés parmi lesquelles :
– des pasteurs sans vocation, qui ont été là juste par intérêt pour la théologie. Mais si tout pasteur doit être un peu théologien, tout théologien n’est pas fait pour être pasteur, avec le sens du soin délivré par le berger.
– des pasteurs qui ne le sont que par convocation : la projection qu’on a fait sur eux, le désir d’une mère, ou le fait de vouloir poursuivre l’œuvre d’un grand-père pasteur, ou encore des motivations qui sont hors de l’appel de Dieu .
– des pasteurs qui n’ont qu’une vocation mais pas de convocation, c’est-à-dire concrètement des personnes qui ont pensé entendre l’appel de Dieu, mais l’Eglise n’a pas le même discernement.

Dans tout ça sont nécessaires beaucoup de patience, beaucoup d’écoute, de l’amour, du respect, et une bonne dose de pragmatisme.