Le Christ est mort sur un poteau de supplice. Pourquoi parle-t-on alors d’une croix ? [Carole]

Le mot en grec qui désigne l’instrument de torture sur lequel Jésus est mort, peut se traduite en français par ‘poteau’ (ou pieu) mais aussi par ‘croix’, cf. les dictionnaires de grec classique.
Le Christ est mort supplicié sur un objet que les Romains utilisaient régulièrement. Or ces mêmes Romains avaient un mot pour parler de la partie transversale de la croix.
Donc je conclue, naturellement, que le Christ est mort sur une croix.
Mais au fond, l’important n’est pas d’abord de savoir sur quel objet d’infamie le Christ est mort ! L’important c’est le sens que tout cela prend. « Le Christ est mort, bien plus il est ressuscité » (Romains 8, 34). Et l’apôtre Paul écrira quelques versets avant que le Christ a été livré pour nous tous et qu’avec son Fils, Dieu nous donnera tout gratuitement (Romains 8, 32).

Quelle différence entre repentance et confession ? La repentance doit-elle toujours précédée de la confession ou vice versa ? [Jin]

Trois mots sont assez souvent employés dans le Nouveau Testament pour parler de la réaction de l’homme fasse à son péché.

Le premier mot employé désigne le regret, le remord, face à une action que l’on considère comme inadaptée. Ce regret, tout humain, peut avoir une conséquence positive ou négative (Matthieu 21/29 et Matthieu 27/3).

L’autre mot employé signifie aussi « conversion ». Il désigne un changement de mentalité et de comportement (Matthieu 3/1-8). Jésus, dit que ce changement est rendu possible par sa venue. En Jésus, le Royaume de Dieu s’approche (Matthieu 4/17). En effet, par sa mort sur la croix, le pardon et la guérison du péché (Ephésiens 1/7 par exemple) nous sont accordées.

La confession des péchés est à la fois la reconnaissance du péché qu’on regrette et l’affirmation de notre confiance dans le fait qu’en Jésus ce péché est pardonné et notre changement possible.

Ainsi, nous regrettons notre péché, puis nous nous tournons vers Dieu pour le confesser. Enfin, par sa grâce et selon sa promesse, nous sommes libérés de ce péchés, changés, « convertis ». Cf 2 Corinthiens 7/8-10. Dans le protestantisme, nous croyons qu’ il n’est pas indispensable de confesser notre péché devant un autre humain pour que le pardon nous soit donné. Cela reste possible et parfois utile. Une autre question traite de ce sujet sur ce site.

Dans les textes bibliques- quelle est la différence entre péché et iniquité ? Le lien entre iniquité et injustice? [Joz]

L’iniquité et l’injustice traduisent deux mots grecs (anomia et adikia) qui ont des sens assez similaires. Par rapport au péché, il me semble que l’iniquité et l’injustice sont des types d’actes que nous commettons en tant que pécheurs, c’est-à-dire en tant que créatures qui ne restent pas en relation avec leur créateur. Nous voulons agir tout seuls, sans tenir compte des conseils des appels que Dieu nous adresse. Et alors, nous pouvons commettre l’iniquité ou l’injustice, entre autres. En quelque sorte, l’iniquité et l’injustice sont des conséquences du péché. Cela n’a rien à voir avec la morale, ni même le comportement religieux. Je peux être très « pieu », bien droit dans mes bottes théologiques, et pourtant ne pas être considéré comme juste par Dieu. C’est ainsi que je reçois les paroles terribles de Jésus en Matthieu 7. 21-23, qui se terminent par : « ‘Je ne vous ai jamais connus. Éloignez-vous de moi, vous qui commettez le mal! » (cette dernière expression traduit le mot grec anomia, alors que Luc 13. 27 a retranscrit cette même parole de Jésus en utilisant adikia).

« Je ne te laisserai pas avant que tu m’ais béni » (Gen 32/26) ; qu’est ce que cette phrase veut dire surtout dans le contexte d’un combat où Jacob est attaqué ? [Alex]

Oui, Jacob est attaqué. Mais… par qui ? Quel est cet homme qui se roule dans la poussière avec lui et ne le lâche pas ? Le texte brouille les pistes à coup de « lui » et « il » et on ne sait plus qui est qui. Contre qui Jacob se bat-il ? Contre son frère, à qui il a jadis volé une bénédiction ? Avec son père, qu’il a berné aussi ? Avec Dieu, qui l’avait déjà béni dans son sommeil sans qu’il n’accepte cette bénédiction (Gen 28, 10 et s) ? Avec lui-même, afin de pouvoir regarder en face ses perpétuelles fuites ? Le texte ne répond pas à la question jusqu’à ce que Jacob lui-même, à la fin ne dise « j’ai vu Dieu face à face ». Dans ce contexte, je crois que sa demande de bénédiction sonne comme une heure de vérité : dans ce combat il reconnaît la trace de Dieu dans sa vie et l’accepte enfin. Il reçoit une nouvelle identité (il change de nom) qui fait de lui un homme nouveau; Jacob le tricheur devient Jacob le lutteur. Pour la première fois il ne fuit pas, mais il accepte de faire face et réclame une bénédiction qui soit son bien propre. Jacob, comme d’autres peut-être, avait besoin de ce combat pour que la grâce de Dieu puisse l’atteindre.

Comment expliquer simplement ce qu’est la Trinité ? [Kristina]

Alors là, ce n’est pas simple.
Parce que la Trinité est de l’ordre de la parabole : en effet, pour faire comprendre ce qu’elle recouvre, il faudra plutôt des images qu’une prétention à une description scientifique. Aussi voici quelques mini-paraboles. Toutes ont leurs limites… et donc leurs imprécisions.

La Trinité, c’est comme…

  1. L’œuf. Il y a le blanc, le jaune, la coquille. Ils sont distincts. Mais séparés, ce n’est plus vraiment un œuf.
  2. L’eau. Quand il fait -10° celsius, elle est solide. Quand il fait 10° elle est liquide. Quand il fait 110° elle est gazeuse. Et pourtant, c’est toujours de la molécule H2O.
  3. Et puis il y a le sacro saint hand spinner

    Crédit : creusonlabible.fr

  Quelle organisation correspond le mieux pour que l’Eglise soit sur le modèle biblique ? [Gérard]

C’est en soi un enseignement très important que le Nouveau Testament ne contienne pas plus de descriptions détaillées de l’organisation religieuse (contrairement à l’Ancien Testament qui décrit longuement le déroulement du culte ou l’organisation du service des lévites). Paul a décrit l’organisation idéale de l’Église avec la métaphore du corps humain et des membres (1 Corinthiens 12). Pierre évoque lui l’image de la construction avec la métaphore des pierres vivantes posées sur la pierre d’angle (1 Pierre 2)… Où est le manuel de l’Église chrétienne selon la Bible ? L’organisation de l’Église qui correspond le mieux à la bible, c’est une organisation qui sert la communion des chrétiens unis à leur chef céleste, une organisation qui ne se prend pas pour « le bon modèle », qui ne se sert pas elle-même, et qui rend à Dieu toute gloire et toute autorité.

Dans le judaïsme du temps de Jésus, il y avait, comme maintenant pour l’Eglise, des questions sur l’organisation religieuse idéale. C’est pour cette raison qu’on trouve  l’existence de différents courants juifs dans le Nouveau Testament (pharisiens, sadducéens, zélotes…).

Jésus, accompagné par son équipe de militants et suivi par des foules entières en Israël n’a pas remis en cause l’existence des mouvements de son époque, mais il a usé de paroles très sévères pour ceux qui se cachaient derrière ces organisations humaines au lieu de chercher la face de Dieu. Alors que les gens se posaient des questions religieuses, il parlait de la relation au Père, de la venue du Royaume, de la purification intérieure… Il y a bien sûr des instructions pour l’Église dans les paroles de Jésus, mais il s’agit avant tout de dispositions de cœurs !

 

Quel est ce Royaume de Dieu cité en Matt 24:14 ; pourquoi Jésus insiste sur cette « bonne nouvelle » dit-on ? [Jules]

La Bonne Nouvelle, dans ce discours de Jésus de Matthieu 24,14, c’est ce qui précède au verset 13 : « Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. »

Tout le passage insiste sur les occasions de chute, la dégradation des mœurs et de la foi des croyants. Il y a donc une bonne nouvelle à être des marathoniens de la foi, qui s’engagent sur la durée et pas seulement sur des coups de tête ou durant des temps forts.

Le Royaume de Dieu s’est approché de nous.

Bien moins progressiste que les autres membres de mon Eglise je suis pourtant pas un théologien distingué. Je me tais souvent et travaille seul. Que faire ? [Jean-Luc]

L’un des principes fondateurs de la réforme, c’est l’examen des écritures. Vous n’avez à avoir peur d’aucune théologie raffinée si vous argumentez sur cette base.  Si vous pensez être appelés à servir et grandir dans cette église, n’ayez donc peur ni de partager vos convictions, ni de les mettre en oeuvre dans le service de l’église. Vous apprendrez de ce dialogue qui vous fera évoluer dans vos convictions ou vous renforcera dans ce que vous croyez juste. Votre prière est aussi importante. Peut-être pourriez-vous songer à prendre quelques temps de ressourcements, avec des personnes qui vivent une spiritualité plus proche de la vôtre…retraite, réunions de prières d’autres églises etc…Puisse le Seigneur renouveler vos forces pour le service auquel il vous appelle. 

 » Mais toi, demeure ferme dans ce que tu as appris et accepté comme certain: tu sais de qui tu l’as appris. Depuis ta tendre enfance tu connais les Saintes Ecritures; elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse qui conduit au salut par la foi qui est dans le Christ Jésus. Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour réfuter, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli, équipé pour toute oeuvre bonne. »

2 Timothée 3 : 14-17

Faire l’amour avant le mariage est-ce que c’est un péché ? [Jehiela]

« Il ne faut pas coucher avant le mariage ; on risque d’être en retard à la cérémonie ». C’est ce que j’aime bien dire à ceux qui me posent cette question pour déplacer les enjeux et faire sourire.

Derrière cette question il y a une attente de validation ou de refus. Si on répond qu’il ne faut pas on devient un docteur de la loi qui parle sur la base de je ne sais quelle règle (c’est écrit où dans la Bible ?). Et si on répond positivement, on donne une caution à ceux qui veulent coucher n’importe comment.

Donc…
La question à se poser est autre : coucher ensemble, c’est faire un, c’est être couple. Mariage civil ou pas. Mariage religieux ou pas. Coucher c’est être mariés parce que l’union sexuelle pour Dieu est l’apanage du couple clairement uni. Et ce « clairement uni », dans notre cadre culturel et règlementaire c’est… le mariage entre un homme et une femme.

Le problème est donc que si on couche avec quelqu’un qui ne sera pas à terme notre conjoint, on sape cette relation durable en créant un adultère avant l’heure, que l’Ecriture appelle généralement fornication. C’est pour ça que la société a posé des marqueurs simples, pour une trajectoire lisible :
– on s’apprécie
– on se fiance (publication dans les familles et dans la famille de l’Eglise)
– on se marie (à la mairie en France, pour être vraiment considérés comme mariés par tous, dont l’Etat)
– on se marie (ou chez nous luthéro-réformés, on est bénis) à l’Eglise, pour mettre ça vraiment devant Dieu explicitement.

La « théologie de l’alliance » est souvent opposée au dispensationalisme. Laquelle est biblique selon vous ? [Miriam]

Votre question est importante, parce que selon que l’on opte pour l’un ou l’autre de ces systèmes théologiques, on aboutit à des conclusions doctrinales et éthiques différentes. La « théologie de l’alliance », bien qu’ayant des appuis chez les Pères de l’Eglise, a été développée par Jean Calvin, le plus influent des théologiens réformés, et peut être considérée comme traditionnelle au sein du protestantisme. Le « dispensationalisme » est un système théologique développé au 19e siècle par John Darby, et popularisé par la Bible annotée de Cyrus Scofield. Il a eu une influence considérable sur le monde évangélique et particulièrement le mouvement pentecôtiste depuis lors.

Ces systèmes sont des tentatives de rendre compte de la logique biblique de l’histoire du salut… Il faudrait rentrer dans les détails de ces deux systèmes et leurs conséquences pour considérer leur pertinence au regard de la Bible… Mais la question du rapport aux textes est me semble-t-il un des enjeux de votre question, et c’est sur ce point que j’insisterai.

Le dispensationalisme apparait comme une réaction contre un certain relativisme quant à l’autorité de la Bible et de ses enseignements. Ce système a prétention à une fidélité littérale à la Bible. C’est par une lecture littérale des prophéties que le dispensationalisme aboutit à une de ses grandes particularités : la distinction les prophéties qui concernent l’Eglise, et celles qui concernent Israël.

Il me semble que respecter l’autorité des Ecritures ne doit pas conduire à une prétendue littéralité qui nous ferait passer à côté de certaines subtilités des Ecritures et de leur logique. Ainsi, la nouvelle alliance n’est pas si nouvelle que cela… elle révèle ce qui en réalité figurait dans les alliances précédentes (Hébreux 8,5 ; 2Corinthiens 3, 14-16). Ensuite, les premiers chrétiens ont considéré vivre l’accomplissement d’un certain nombre de prophéties, bien que non « littéralement », comme la reconstruction du Temple de Jérusalem (Jean 2, 19-22) ou la restauration du royaume de Juda (comparer le livre de Joël avec Actes 2). Dans quelle mesure certaines prophéties ont-elles été ou non pleinement accomplies, symboliquement ou « littéralement » ? Telle est la question. Sur la question très délicate du rapport Eglise/Israël, une théologie réformée traditionnelle, avec sa doctrine de la substitution, ne fait sans doute pas justice à certains textes comme Romains 9-11. Mais la doctrine de la substitution n’est pas non plus sans fondement.

Prudemment, je dirais que les textes bibliques sont globalement clairs et accessibles pour la conduite de nos vies et notre salut. Mais nous avons une distance culturelle avec l’époque d’écriture de ces textes qui rend aujourd’hui complexe certains de leurs aspects. Je crois qu’un certain littéralisme, en réalité marqué par le rationalisme moderne, peut nous éloigner du sens profond de certains textes bibliques, et donc du respect de leur autorité.