Un pasteur d’une église de réveil, m’a dit que lorsqu’on écrit des hiéroglyphes quand on est en transe- c’est pas de Dieu. Pour lui- il n’y a que le parler en langue qui existe. Ça peut se traduire. [Jean-Paul]

La question que vous posez est celle de la gestion du « surnaturel ». Dans les communautés dites charismatiques, on gère ces questions sur une base biblique. Et en particulier en s’appuyant sur 1 Corinthiens 12-14.

Les phénomènes de transe n’ont pas leur place dans l’Eglise de Jésus-Christ. Au pire ce sont des manifestations démoniaques et ces esprits doivent être chassés. Donc, comme le dira Paul dans le passage que je viens d’évoquer, tout doit se faire dans l’ordre, ou, pour l’utilité commune. Ecrire en hiéroglyphe est plus de l’ordre d’un surnaturel occulte que d’un surnaturel divin. On est bien d’accord.

Attention aussi car si nous sommes d’une culture afro-caribéenne par exemple, il ne faut jamais oublié que la « mémoire » de l’animisme n’est pas si lointaine dans la culture et la société. Alors il peut y avoir des phénomènes qui s’opèrent et qui effectivement, ne viennent pas de Dieu, mais plutôt de résidus de la sorcellerie et autres pratiques occultes. La sobriété s’impose donc dans ces contextes. Pour que ce soit clair : qui est le Seigneur dans ces lieux, Christ ou les puissances mauvaises ?

Les textes bibliques sont-ils ouverts à une pluralité d’interprétations ? Chaque croyant devrait-il interpréter le sens d’un passage biblique pour lui-même ? [Bjorn]

Les textes bibliques peuvent avoir plusieurs interprétations, tout dépend surtout de l’intention de la personne qui les interprète. Il me semble qu’interpréter le sens d’un passage biblique pour soi-même, donc en quelque sorte, tout seul, ne me paraît pas judicieux. D’abord parce qu’il y a beaucoup d’autres chrétiens avant moi qui ont interprété, et que c’est peut-être plus simple d’aller d’abord voir ce qu’ils en ont dit plutôt que de me casser la tête sur des versets qui peuvent être compliqués. Ensuite parce que l’interprétation biblique n’est pas une fin en soi, me semble-t-il. Il s’agit d’abord et avant tout d’approfondir notre relation au Dieu vivant révélé en Jésus-Christ. Nous ne sommes pas là d’abord pour faire des interprétations. Si les interprétations que je lis ne me semblent pas renvoyer à un approfondissement de ma relation au Christ mais que, par exemple, elles cherchent à défendre une idéologie ou à faire admirer l’intelligence de l’interprète, je préfère prier, reprendre le texte et alors, proposer une interprétation. Ce sera la mienne, mais j’aurais cherché à travers elle à mieux faire connaître le Seigneur et son amour.

Que penser de la pratique spirituelle de la coupure des liens générationnels en vogue dans certains milieux charismatiques ? [Jack]

L’idée qui se trouve derrière cette pratique c’est de mettre en œuvre, d’activer une réalité spirituelle décrite par Ezéchiel et Jérémie : quand les temps messianiques seront accomplis, il n’y aura plus la fatalité de subir les conséquences de ce qu’on fait les générations précédentes. Dans leur langage : on ne dira plus que les parents ont mangé des raisins verts et que ce sont les enfants qui ont eu mal aux dents (Jérémie 31,29 et Ezéchiel 18,2).

Dans le même sens, Jésus lui-même a pris le temps de couper avec Joseph dans l’expérience au Temple à douze ans (Luc 2,49) et avec Marie pareillement à trente ans (Jean 2,4).
Il s’agit que la malédiction évoquée dans les dix commandements (Exode 20 et Deutéronome 5), puisse être levée par le Seigneur : on ne sera plus maudit jusqu’à la troisième et quatrième génération de ceux qui haïssent Dieu.

Pour autant, quand cela devient une théologie à part entière à l’intérieur de la théologie biblique, il faut se questionner. Ce n’est pas parce qu’on prononce des phrases tous azimuts qu’on est libre des problématiques ancestrales. C’est sous l’inspiration du Saint-Esprit que la mobilisation des ces réalités devient pertinente.

Est-ce que les gens qui ont vécu avant la mort de Jésus ont aussi été sauvés ? Et qu’adviendra-t-il des personnes non-chrétiennes ? Seront-elles sauvées ? [Rija]

Les questions que vous soulevez sont très importantes, mais peut-être, plus encore, difficiles à résoudre. Car le mystère du salut est entre les mains du Père. Même les places à droite et à gauche du Fils dans le royaume ne dépendant pas de lui mais du Père seulement (Matthieu 19. 23). Nous pouvons considérer I Pierre 3. 18-20 comme la prédication de Jésus aux défunts, mais ce n’est qu’une interprétation de ces versets. Plutôt que de m’angoisser avec des questions trop grandes pour moi, je pense avoir déjà assez de travail à faire pour m’ouvrir toujours davantage au salut que Dieu a préparé à mon intention en Jésus-Christ, ainsi qu’à témoigner de son amour autour de moi pour que d’autres s’ouvrent à cette grâce.

Noël… confondu avec une fête païenne- ça me gêne. Jésus n’a jamais demandé de célébrer sa naissance mais sa mort en mémoire de Lui. Est-ce alors « bien » de fêter Noël ? [Françoise]

Qu’est-ce que nous fêtons à Noël ? L’anniversaire du petit Jésus ? Alors en effet, il y a un problème. Mais si nous nous souvenons à cette occasion que Dieu, par amour, a décidé de rejoindre notre humanité en se faisant homme (et donc en passant par toutes les étapes de la vie humaine, naissance et petite enfance comprises) pour venir rétablir la relation brisée par le péché, alors je crois que la célébration de Noël est très chrétienne. L’affaire est entendue, nous ne savons pas la date exacte, et le 25 décembre n’est qu’un calque posé sur une fête païenne. Cela n’enlève rien au sens chrétien de la célébration.

Le dimanche est-il biblique ? Pourquoi ne pas garder le sabbat juif comme le jour de Dieu ? [Jimmy]

Le dernier jour de la semaine, à lire Genèse 2 est celui du repos pour Dieu et il est celui que le livre de l’Exode (20,8-11) nous invite à mettre à part pour Lui.
Dans les évangiles, le texte indique que le Christ est ressuscité le lendemain du sabbat. Si on transpose dans notre semaine, le sabbat correspond à notre samedi et le dimanche est alors le premier jour de la semaine comme le dit Jean 20, 1.
Le dimanche est donc biblique et les chrétiens célèbrent le jour de la résurrection du Christ, parce que cet événement est fondateur de la foi chrétienne.
Néanmoins c’est tous les jours que nous devons rendre un culte à Dieu et le célébrer, comme on peut le lire en 1 Thessaloniciens à la fin du chapitre 5.

Sans être extrémiste- mon enfant de 3 ans pèche-t-il en refusant fréquemment de m’obéir (pour aller se coucher notamment) ? Si oui- comment lui formuler que c’est un péché ? [Christophe]

Pour moi, la réponse à votre première question est « non ». À trois, ans, un enfant cherche la confrontation avec ses parents en leur disant « non ». Cela ne constitue pas, à mes yeux un péché, mais une étape du développement des enfants. Cela ne veut pas dire qu’il faut que vous acceptiez qu’ils vous disent non. Vous fixez les règles et votre fils doit comprendre qu’il ne peut pas les enfreindre comme ça. Mais de là à considérer le « non » qu’il vous dit comme un péché, il me semble qu’il y a un écart trop grand, qui risque de vous faire perdre à tous les deux le sens du péché. C’est le fils prodigue, quand il revient vers son père qui lui dit : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi » (Luc 15. 18 et 21). Quand votre fils de 3 ans refuse de vous obéir tout de suite, il n’est quand même pas en train de vous réclamer sa part d’héritage pour aller la dilapider… à la crèche du coin !

Beaucoup de versets recommandent de corriger et de punir les enfants (par ex. Proverbes 9-15-17). Est-ce vraiment nécessaire de frapper pour éduquer selon la Bible ? [Mia]

Euh… non. En relisant les chapitres que vous citez en exemple, je n’ai d’ailleurs pas trouvé de versets invitant à corriger les enfants en les frappant (et même je vous invite à relire Proverbes 15. 1). Je lis Paul : Éphésiens 6. 4 : « Quant à vous, pères, n’irritez pas vos enfants mais élevez-les en leur donnant une éducation et des avertissements qui viennent du Seigneur. », Colossiens 3. 21 : « Pères, n’exaspérez pas vos enfants, de peur qu’ils ne se découragent. »

Le verbe traduit par « corriger » par exemple en Proverbes 19.18 : « Corrige ton fils, car il y a encore de l’espoir. Ne désire pas le faire mourir ! » a d’abord le sens de reprendre, instruire. Il signifie ensuite seulement corriger en frappant. Cela ne veut pas dire qu’il faut tout laisser passer à nos gentils petits poupoutous d’amour, mais que nous sommes encouragés avant tout à parler à nos enfants, à verbaliser les interdits aussi bien que nos émotions quand ils ont désobéi, pour mieux leur faire comprendre comment se comporter.

Les protestants croient-ils au « péché originel » ? Qu’est-ce qui l’a causé ? [Han]

Le « péché originel » est une doctrine chrétienne dont l’expression exacte ne se trouve pas dans la Bible, comme la Trinité par exemple. Il s’agit d’une manière d’exprimer une vérité qui a pu avoir différentes formes au cours de l’histoire de l’Église, et qui tend à rendre compte de la situation de séparation de l’être humain d’avec Dieu. Dans mon comportement spontané, tant que je ne me tourne pas vers le Seigneur dans la repentance et que je ne m’ouvre pas à son pardon en Jésus-Christ, je suis amené à chercher à vivre ma vie par moi-même, selon des critères uniquement humains, mondains, et donc, par définition, pécheurs, car l’être humain est spontanément dans une situation de séparation d’avec Dieu. La question de savoir si cela est dû à un événement qui se serait produit à l’origine de l’humanité dans le premier couple humain a été envisagée de bien des manières dans l’histoire du christianisme. Pour ma part (mais ceci n’engage que moi, je ne peux pas parler au nom de tous « les protestants »), je n’ai pas recours à cette manière de voir les choses, car je ne pense pas que le récit du jardin d’Éden (Chapitres 2 et 3 de la Genèse) soit un récit qui me parle d’un événement arrivé il y a longtemps. La Bible ne me parle pas de la réalité historique, mais elle me dit la vérité sur qui est Dieu, ce que je suis moi et sur ma relation avec Dieu. Adam, c’est moi. Je me reconnais dans ce qui se passe dans ce récit, et je reconnais que j’ai besoin de revenir à Dieu en Christ pour le laisser venir ôter tous les obstacles qui nous séparent.

On entend de plus en plus parler « de la nécessité de se repentir des péchés de nos ancêtres et de couper dans la prière les liens générationnels avec eux… ». Que penser de cette pratique étrange ? [Martialis]

Il est clair que Jésus n’a jamais exprimé les choses de cette façon-là et qu’il ne faut pas faire toute une théologie sur un seul verset. Ezéchiel 18,20 ne dit-il pas : « Celui qui pèche, c’est celui qui mourra. Le fils ne supportera pas les conséquences de la faute commise par son père, et le père ne supportera pas les conséquences de la faute commise par son fils. » A quoi Jésus ajoute cette idée : « Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché. » (Jean 9,3) quand on accuse un aveugle-né d’être aveugle à cause de son péché ou de celui de ses parents.

Pour autant :

  • on trouve l’idée de confesser les péchés des pères dans Lévitique 26,39-40 : « Ceux d’entre vous qui survivront seront frappés de langueur pour leurs iniquités, dans les pays de leurs ennemis; ils seront aussi frappés de langueur pour les iniquités de leurs pères. Ils confesseront leurs iniquités et les iniquités de leurs pères, les transgressions qu’ils ont commises envers moi, et la résistance qu’ils m’ont opposée. » ainsi qu’en Néhémie 9,20 ou Psaume 106,6.
  • Jésus coupe lui-même avec Joseph (lors du séjour au Temple à douze ans en Luc 2) et Marie (à Cana en Jean 2) pour pouvoir entrer dans son ministère. Il signifie que la paternité de Joseph n’est plus première, mais que c’est celle de Dieu ; et que la maternité de Marie n’est plus opératoire, car elle est devant le Messie seulement « femme ».
  • Il dit qu’il faut couper radicalement, parfois, avec sa famille de sang pour pouvoir le suivre. Luc 14,26 : « Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses soeurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. »

Il semble donc qu’il ne soit pas incohérent de s’assurer que la prégnance des liens du sang de domine pas sur notre identité héritée d’en-haut.