Un enfant d’une dizaine d’années peut-il demander le baptême ? La liturgie du baptême réformé se base sur la foi des parents et non celle de l’enfant (même si l’enfant est conscient de sa démarche). [Mimi]

Il y a deux liturgies dans l’Eglise protestante unie de France, une pour le baptême de bébés et une pour le baptême d’adultes. Si l’on part du principe qu’un enfant de dix ans est conscient de sa démarche, cela fait de lui, du point de vue cognitif un adulte (conscience de soi), et donc nous sommes supposés utiliser la liturgie de baptême d’adulte.

[Chaque Eglise ayant ses règles, nous ne présentons ici que la règle de l’EPUdF puisque 1001questions est animé par des théologiens, pasteurs et non-pasteurs, qui sont membres de l’EPUdF. Pour d’autres dénominations, merci de vous renseigner directement auprès des bureaux nationaux de ces Eglises.]

Peut-on prendre la Sainte-Cène chez soi (seul ou en famille) si l’on considère que le pasteur n’a pas d’autorité particulière pour la donner- et que l’on ne reconnaît pas la transsubstantiation ? [Julien]

La Cène n’est pas un simple repas commémoratif (comme le rallumage de la flamme au pied du tombeau du soldat inconnu). C’est aussi un acte par lequel, en communauté, nous accueillons la réalité vivante du Christ dans l’assemblée réunie et ouverte à sa présence par l’action du Saint-Esprit. C’est donc un acte communautaire vital pour l’Église. Ce n’est pas parce qu’il n’est pas nécessaire qu’une personne particulière préside ce moment qu’on peut le vivre tout seul ! Par contre, célébrer une Sainte Cène chez soi, avec sa famille ou ses proches, ou encore aller la partager avec des malades qui ne peuvent pas se rendre au culte me semble être bien sûr un acte communautaire tout à fait possible et même utile dans bien des circonstances.

Pourquoi nos prières ne sont parfois pas accomplies- même lorsque nous demandons de bonnes choses au nom de Jésus ? [Elodie]

Cette question renvoie à des situations souvent douloureuses relatives au non exaucement de prières que nous faisons en exprimant des besoins ou des désires très forts à notre point de vue. On peut alors avoir l’impression que Dieu nous rejette, ne nous aime pas, ou que notre péché est trop fort pour que le Seigneur ait de la considération pour nous. Je crois avant tout important de refuser de rentrer dans de telle considération. C’est souvent une ruse de l’adversaire, même s’il n’est jamais mauvais de relire régulièrement sa vie à l’aune de ce qu’implique l’Évangile, et au besoin de remettre certaines choses en ordre. Mais il ne faut jamais oublier que la prière est une manière de se tenir devant un Autre. Quelqu’un qui n’a pas le même point de vue que nous sur notre vie. Quelqu’un que nous appelons le Seigneur. C’est-à-dire que ce n’est pas lui qui a à agir selon nos désirs. C’est bien le contraire qui doit se passer ! Je pense à ce moment où Jésus a guérit un homme possédé par un esprit impur appelé légion (Marc 5. 1-20). Cet homme n’avait rien demandé et Jésus lui a fait un grand bien puisqu’il l’a rétablit dans « son bon sens ». Pourtant, quand cet homme, sans doute débordant de joie et de reconnaissance pour Jésus, le supplie de le prendre avec lui pour l’accompagner, Jésus refuse. Quelle frustration ! Mais c’est que Jésus a un autre projet pour cet homme, qui lui permettra d’être vraiment le disciple qu’il avait envie d’être : « Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi, comment il a eu pitié de toi. » Pour nous comme pour cet homme, Dieu n’accède pas toujours à nos demandes selon notre point de vue. Mais sa vision des choses dépasse de loin la nôtre, et c’est tout de même pour le bien que parfois nous pouvons éprouver des frustrations.

Devrions-nous jamais nous référer à Jésus comme « Dieu » ou juste comme « Fils de Dieu » ? Devrions-nous adorer et révérer Jésus ou Dieu le Père seul ? [Solitaire]

Le Nouveau testament parle de Jésus comme Fils de Dieu, pas directement comme Dieu. Dans l’évangile de Jean au chapitre 14 Jésus se présente comme unique chemin vers le Père. Dans ce même chapitre Jésus fait la promesse de l’envoi de l’Esprit, qui sera avec nous pour toujours.

A vos deux questions je répondrais que la foi consiste d’abord à être en relation personnelle avec Dieu et à l’écoute de Jean 14 précisément en lien avec Dieu au nom de Jésus par l’Esprit. Cela me parait plus important que ce référer à lui comme ceci ou cela. De plus comme Jésus le dit lui-même, toujours dans ce chapitre 14, connaissant Jésus vous connaîtrez aussi son Père.

Noé est-il basé sur Gilgamesh ? Jésus et Pierre parlent comme s’il était une personne réelle. [P]

Plusieurs cultures antiques ont dans leur patrimoine des récits de déluge. Certains pensent que la version biblique est plus récente que celle de l’Epopée de Gilgamesh car des spécialistes datent ce texte babylonien du XVIIe siècle av J.-C., ce qui n’est pas prouvé pour la version biblique. Le récit de Noé serait alors, pour certains, inspiré du texte babylonien.

Toutefois, il n’y a aucune preuve à cela. Il s’agit sans doute de versions différentes d’un même évènement, dont l’exacte historicité selon des critères occidentaux du XXIe siècle n’est pas la première préoccupation. Le texte babylonien sert d’apologie du pouvoir babylonien et de leurs dieux, celui de la Bible du pouvoir du Dieu unique. Les Ecritures servent en effet à enseigner, convaincre, corriger et instruire dans la justice (2Tim 3,16-17). Et il n’est pas impossible que le texte biblique soit écrit en polémique avec la version babylonienne, même s’il a des fondements historiques.

Si les points communs entre les deux récits sont évidents, les différences du texte biblique avec l’Epopée de Gilgamesh sont également très importantes :

  • ce n’est pas par inconvenance liée au bruit que Dieu suscite le déluge, mais le cœur peiné du mal accompli par les Hommes (Gn 6,5-7)
  • il n’y a pas conflit de volonté entre des divinités capricieuses et injustes : c’est le Dieu unique et qui veille à la justice qui est aux commandes des évènements
  • le déluge dure quarante jours, temps hautement symbolique
  • Dieu n’accorde pas l’immortalité à Noé, puisque le péché est encore présent dans la création

Si Dieu a tout créé, pourquoi a-t-il créé des choses dangereuses comme des animaux dangereux, des maladies et des virus ? [Elodie]

Le livre de la Genèse nous parle de la création du monde par Dieu, mais pas dans une perspective scientifique comme la nôtre aujourd’hui, plutôt dans la préoccupation du « sens de la vie ». Dieu crée les choses du monde. L’écosystème terrestre inclue la vie et la mort, même pour l’humain après le chapitre 3. Le lion mange la gazelle, la gazelle mange les feuillages. La prédation fait partie du processus de la vie et de la mort. Les bactéries et autres virus permettent la régulation de certaines destructions, la limitation d’une croissance exponentielle de certaines espèces… Cet équilibre est quand même assez merveilleux, bien qu’il inclue la violence, c’est vrai.

Maintenant, puisque la perspective de la Genèse est la question du sens, il est clair que le type de création dont nous parle le premier livre de la Bible est très particulier. Il s’agit de façonnage plus que de création. Le verbe BARA utilisé en hébreu et qui est traduit par créer est un verbe de l’artisanat. Au commencement il y a surtout le TOHU BOHU (la Terre était informe et vide). Le processus de création est plus de l’ordre la mise en ordre que de la baguette magique. Il y a de la matière qui « est-là », et Dieu met de l’ordre dans toute cette confusion, il sauve le monde de l’indifférenciation et du chaos, de l’indétermination et de la vacuité.

La théologie du rédacteur de la Genèse met donc en place ce qui sera la dynamique de toute l’Ecriture : Dieu veut nous sauver, nous extraire du désordre, nous retirer du magma, pour faire quelque chose de beau, de très beau. C’est pour cela que nous continuons la dynamique créationnelle de Dieu par rapport à ces chose qui « sont-là » et nous paraissent mauvaises.

Que dire à une personne s’interrogeant sur la réincarnation? Quels arguments avancer ? Cette même personne désirant connaître le point de vue chrétien sur le sujet. [Myriam]

Vous pouvez expliquer à cette personne que l’espérance chrétienne n’est pas la réincarnation mais la résurrection. C’est la promesse de Jésus, qui affirme : « La volonté de celui qui m’a envoyé, c’est que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. La volonté de mon Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour. » Jean 6/39-40.
C’est ainsi que Dieu, créateur et restaurateur de notre esprit, de notre âme et de nôtre corps, nous donnera à la fin des temps de vivre avec lui toujours, avec notre esprit, notre âme et notre corps alors libérés du péché, du mal et de la mort. Il s’agit du corps glorieux dont il est question en Philippiens 3/20-21, voir aussi 1 Corinthiens 15/35-58.

L’idée de résurrection semble assez folle à beaucoup. Je la trouve, quant à moi assez pertinente car :
-Elle dit la réalité de la mort puisqu’elle postule que rien en nous n’a la capacité de perdurer par elle-même. Elle nous force à mettre notre confiance en Dieu seul, alors que l’idée de réincarnation, laisse croire aux gens que quelque chose perdure d’eux-même.
-Elle dit la puissance de Dieu, qui a créé et peut recrée.
-Elle dit l’amour de Dieu, qui nous aime tels que nous sommes, corps, âme et esprit et veut nous garder ainsi (voir Psaume 139).

En revanche l’idée de la réincarnation telle qu’elle est apprécie en occident me semble souvent reposer sur des phantasmes. On s’imagine volontiers vivre une autre vie, avoir un autre corps, tout en restant soi-même et on trouve cela plutôt cool de s’imaginer en grenouille sautant de nénuphar en nénuphar. C’est négliger le rôle que le corps a dans notre vie. Or, sera-t-on vraiment nous-mêmes avec un corps de grenouille et le cerveau qui va avec ?
N’oublions pas que dans le bouddhisme, qui est la religion qui a répandu l’idée de la possibilité d’une réincarnation, cette dernière est une punition, le but de l’humain étant de ne plus se réincarner pour atteindre la félicité.

Est-ce que les âmes des morts nous observent (Hébreux 12-1- Apocalypse 6-9-10- Luc 16-19-31) ? [Laureline]

Reprenons les citations bibliques que vous évoquez :

Hébreux 12.1 : « Nous donc aussi, puisque nous sommes entourés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée. » La nuée de témoins dont parle l’auteur de la lettre aux Hébreux ne m’a jamais semblé être l’ensemble des âmes de personnes évoquées dans le chapitre 11 (Abel, Noé, Abraham…) qui nous observeraient, mais bien plutôt leur exemple, leur témoignage ,qui doit et peut nous encourager sur le chemin de notre foi.

L’apocalypse est une vision que Jean a eu et qu’il a mise par écrit. Il y a beaucoup de choses dans ce texte que je ne prends pas « pour argent comptant » (ainsi je ne pense pas que quand Jésus reviendra dans sa gloire, il ressemblera à un agneau égorgé). Quand Jean écrit : « Quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été mis à mort à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu’ils avaient rendu » je pense qu’il tente de traduire par des mots une expérience de vision, qui ne doit pas nécessairement être comprise comme une vérité dogmatique.

Enfin, Luc 16. 19-31 est une parabole que Jésus emploie pour souligner l’importance du don et de l’action en faveur des démunis. Elle décrit peut-être la façon dont les choses se passent après la mort, mais je ne suis pas sûrs de m’accorder avec toutes les représentations de l’enfer et du paradis que l’on a fait découler de cette seule histoire. La question que vous posez est un problème important, pour lequel je n’ai pas une réponse tranchée. Voilà où j’en suis pour ma part :

Quand nous mourrons, tout ce que la Bible appelle notre « chair » (corps et âme) est détruit. C’est l’esprit que Dieu a envoyé en nous pour nous rendre vivant qui revient à lui et c’est par l’action de son esprit que nous reviendront à la vie, créés nouveaux, selon la promesse de la résurrection en Jésus-Christ.. (Genèse 2. 7 ; Psaume 104. 29-30)

Comment devrions-nous comprendre Ananias et Saphira dans Actes 5 ? Frapper des personnes de mort ça ne ressemble pas au Dieu révélé en Jésus. On dirait une histoire de l’Ancien Testament. [Aaron]

Je ne comprends pas Ananias et Saphira. Je ne comprends pas que l’on s’engage dans un mouvement en pensant dissimuler des choses qui devraient être mises au clair. Mais aussi, dans ce passage, je ne lis pas que c’est Dieu qui les met à mort. Leur mort intervient comme une conséquence inévitable de leur mensonge, qui entraîne une blessure dans la communion de la première Église ; Je reçois ainsi ce que Pierre dit bien plus comme une plainte quant à ce qu’ils ont fait que comme l’énoncé d’une sentence. Cela fait en moi écho à I Corinthiens 11 (particulièrement les versets 27 à 30) qui explique qu’en raison de leur manque de communion, les Corinthiens ont parmi eux beaucoup de malades, et que certains même sont morts.

Matt 8:5-13 est difficile pour moi. Un chef de la force d’occupation brutale (tueries- atrocités) qui aurait juré allégeance au culte impérial (idolâtre). [Jean]

Si je comprends bien ce que vous dites, ce qui vous est difficile dans ce passage de Matthieu c’est le fait que Jésus ait accepté de guérir un centenier romain. Il est clair que ce que vous dites pour le décrire est vrai. Il avait beaucoup de choses contre lui… Mais n’en est-il pas de même pour chacun de nous ? Dans sa lettre aux Romains (3. 9-24), Paul écrit : « En effet, nous avons déjà prouvé que Juifs et non-Juifs sont tous sous la domination du péché, comme cela est écrit: Il n’y a pas de juste, pas même un seul; aucun n’est intelligent, aucun ne cherche Dieu; tous se sont détournés, ensemble ils se sont pervertis; il n’y en a aucun qui fasse le bien, pas même un seul; (…) En effet, personne ne sera considéré comme juste devant lui sur la base des œuvres de la loi, puisque c’est par l’intermédiaire de la loi que vient la connaissance du péché. Mais maintenant, la justice de Dieu dont témoignent la loi et les prophètes a été manifestée indépendamment de la loi: c’est la justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient. Il n’y a pas de différence: tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, et ils sont gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se trouve en Jésus-Christ. » La fin de ce passage est déterminante : La justice de Dieu par la foi… Ce que dit le centenier à Jésus est l’expression par excellence de sa foi, sa confiance dans l’autorité que Jésus a sur la maladie. Cette foi est sans rapport avec ce que nous avons fait ou pas. Nous ne savons pas ce que cet homme est devenu ensuite. Mais il me paraît difficile de l’imaginer continuant sa vie absolument comme si de rien était. Une foi comme celle qu’il a exprimé ne peut que renouveler celui en qui elle habite.