Mon pasteur me dit que Jésus est un homme, mais qu’il n’est pas Dieu. Qu’en penser ? [Lémurien]

Je ne peux pas penser à votre place. Mais essayer de trouver quelques idées avec vous.

D’abord, il y a une multitude de versets bibliques qui disent que Jésus est Dieu et Fils de Dieu. Je n’en prendrai qu’un : « Celui qui confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. » (1Jean 4,15).
Ce verset a le mérite de définir en plus ce qu’est un chrétien.

La quasi-totalité des Eglises confessent leur foi selon le Credo – symbole des apôtres, qui dit : « Je crois en Jésus-Christ son Fils unique, notre Seigneur », qui affirme donc, par le titre de Fils et l’appellation Seigneur, le fait que Jésus est Dieu.

Donc, cela signifie que votre pasteur déploie un système de croyance qui se place volontairement ou non hors de la proposition biblique et chrétienne.

Qu’est-ce que la sanctification ? [Magloire]

La Bible dit que Dieu est saint. Cette caractéristique dit la grandeur de Dieu, Sa puissance ou en encore Sa pureté. Dans la prière « Notre Père », la sanctification (le retour à son caractère « saint ») du nom de Dieu (Matthieu 6,9) est demandée parce que la chose la plus importante pour le bien du monde, c’est que Dieu y retrouve la place qui est la sienne : la première.

Mais ce qui nous concerne, c’est cet appel que Dieu adresse à Israël « Soyez saints, car je suis saint, moi, le Seigneur, votre Dieu » (Lévitique 19,2, voir 1Pierre 1,16). Dieu a le projet, par la descendance d’Abraham, de bénir toutes les familles de la terre (Genèse 12,3). Il va donc former un peuple en charge de refléter qui Il est, et ainsi permettre à toutes les familles de la terre de comprendre qu’Il est le seul vrai Dieu (Deutéronome 4,7-8).

Avec la résurrection de Jésus, le Saint-Esprit, une partie de Dieu lui-même, se communique à l’Homme qui croit en Jésus, lui permettant ainsi de retrouver son lien, sa communion avec le Père. La sanctification est alors le processus permettant à l’Homme d’être saint (1Thessaloniciens 5,23) comme Dieu est saint, de refléter qui est Dieu et ainsi de témoigner de Lui.

J’aimerais que vous puissiez m’expliquer ces versets : Jean 10:17-18 [JeanPierre]

Jean-Pierre, pour éviter tous malentendus, il faut vous rappeler que ces paroles sont dites par Jésus-Christ, à propos de son ministère à lui uniquement.

La fin du verset 18 vient éclairer l’ensemble : Dieu le père a un projet très précis pour son fils unique qu’est Jésus. Ce projet lui a été révélé sous la forme d’un commandement. Jésus-Christ fait confiance à son père en acceptant ce projet/service/ministère car il a l’assurance qu’il est bon et qu’il sera au bénéfice de toute la création: Jésus va donner/offrir sa vie (c’est à dire il va mourir !) mais ce don sera dépassé par une nouvelle prise de vie (c’est à dire il va ressusciter !)

Et par ce mort et cette résurrection, vous, Jean-Pierre, êtes maintenant au bénéfice d’une vie en abondance.

Si Jésus-Christ a vaincu la mort, nous n’allons plus mourir en Christ. Qu’en est-il de ce qui sont morts avant le sacrifice de notre Seigneur Jésus ? [Gaithan]

Jésus a vaincu la mort. C’est la certitude de Pâques.
La mort n’a plus d’emprise sur lui. « Nous savons en effet que le Christ, depuis qu’il a été ramené de la mort à la vie, ne doit plus mourir : la mort n’a plus de pouvoir sur Lui. » (Romains 6,9).

Pour autant  Paul rappelle en 1 Corinthiens 15,26 : « Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort. » Ce futur signifie donc que pour Paul cela ne veut pas dire que la mort n’existe plus. Qu’elle soit vaincu veut dire qu’elle n’a plus le dernier mot mais qu’elle est là. Nous mourrons !

Malheureusement beaucoup de traductions françaises traduisent à mauvais escient la parole de Jésus à l’occasion de la résurrection de Lazare : « Jésus lui dit : Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. » (Jean 11,25-26). Le grec ne dit pas « il ne mourra jamais », mais « sa mort ne sera pas éternelle ». Ce n’est pas la même chose ! La mort est là, mais c’est elle qui sera vaincue au bout du compte, pas la vie ! D’où l’idée de résurrection plénière et de Vie éternelle.

Ceux qui nous précèdent seront soit Juifs et donc jugés sur la Loi de Moïse, soit non-Juifs et donc jugés sur la loi naturelle (de notre conscience du bien et du mal). Donc sur leurs oeuvres. C’est ce qu’on pourrait croire de prime abord.
Or 1 Pierre 4, 5-6 nous dit : « Ils rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts. 6 Car l’Evangile a été aussi annoncé aux morts, afin que, après avoir été jugés comme les hommes quant à la chair, ils vivent selon Dieu quant à l’Esprit. » Cela donne à penser que Pierre agréerait à l’idée du Credo que Jésus est descendu aux enfers (ou au séjour des morts) pour y prêcher durant les 3 jours de sa mort. Ceux qui sont morts avant Jésus ont donc été évangélisés, d’après ce verset un peu énigmatique quand même… Ils seront donc jugés sur la base de leur foi ou non-foi. C’est ce qu’on comprend à demi-mots derrière Jacques 2,23 : « Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice; et il fut appelé ami de Dieu. »

La théologie est souvent spéculative en somme…

Nous sommes appelés par Christ à pardonner sans mesure grâce à l’Esprit Saint qui nous en rend capable. Mais devons-nous pardonner même à celui qui ne nous demande pas pardon ? [Léa]

Bonjour Léa, et merci pour votre question.

Difficile question ! Le pardon est sans doute un des événements de la vie qui est tout à la fois un marqueur de l’existence chrétienne et une des choses les plus difficiles à expérimenter… Un peu comme l’amour des ennemis !

Comme vous le dites vous-même, c’est l’Esprit Saint qui nous rend capable de pardonner. C’est pourquoi je crois que le pardon est d’abord un don… un don de Dieu. Autrement dit, c’est quelque chose de très difficile à décréter, même si c’est un objectif à atteindre. Encore faut-il s’entendre sur les raisons de l’atteindre. Je ne crois vraiment pas que ce soit parce que « c’est bien » de pardonner… Nous ne sommes pas dans le domaine de la morale, mais dans celui de la relation vivante entre personnes.

Quand je parviens, avec l’aide de Dieu, à pardonner à quelqu’un qui m’a fait du mal, cela fait du bien à ma relation avec cette personne qui m’a blessée. Quelque chose de nouveau est possible. Il n’est pas question d’oublier, de faire comme si rien ne s’était passé, mais de trouver un nouveau chemin… C’est une histoire de mort et de résurrection, et c’est pour cela que ce n’est possible qu’avec l’aide du Dieu qui s’est révélé en Jésus-Christ.

Mais quand je pardonne, ça me fait du bien à moi aussi. Car je suis libéré de la rancœur, de la haine, de la « moulinette » qui peut tourner à plein régime dans mon âme et qui me fait ressasser les torts que j’ai subis.

Enfin, le pardon fait du bien à la relation que j’ai avec Dieu. Car quand je pardonne, je fais ce que Dieu me demande, je lui obéis, je l’écoute. Et puisque pour pardonner j’ai besoin de lui, si je parviens à le faire, c’est que je lui ai laissé de la place en moi pour agir, là où moi je ne pouvais rien faire… Le pardon que j’accorde est donc le signe qu’entre Dieu et moi, la relation est fluide !

Alors bien sûr, quand l’autre ne demande pas le pardon, ne reconnaît pas le tort qu’il a pu me faire… Le choses se compliquent encore ! Je crois qu’au moins ça vaut la peine d’essayer de parler avec la personne, ne serait-ce que pour lui dire ce que je ressens. Ce que je ressens, pas combien cette personne est méchante ! C’est depuis ce que j’éprouve que je peux lui faire entendre que je souffre et que j’ai besoin de la réconciliation… Et peut-être entendre à mon tour que je l’ai fait souffrir aussi et que c’est pour cela que ça s’est mal passé… Le pardon passe parfois par la repentance des peux personnes impliquées dans le conflit. On voit bien que c’est déjà là que Dieu peut agir. Mais si cela n’est pas possible, si la personne est fermée, alors au moins je peux demander à Dieu le don du pardon pour me soulager de cette rancœur que je peux éprouver, et pour demeurer dans une relation vivante avec mon Père céleste.

Est-on obligé d’être sanctifié pour prétendre être sauvé ? [Curtis]

« C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » (Éph. 2 / 8)
« En ceci, Dieu prouve son amour envers nous : lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous. À bien plus forte raison, maintenant que nous sommes justifiés par son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. » (Rom. 5 / 8-9)

Personne donc ne peut « prétendre être sauvé » et nul n’est « obligé » à quoi que ce soit pour ce faire !

Le salut consiste en la réconciliation avec Dieu, et nous vient de la mort de Jésus-Christ. On le saisit par la foi, qui est confiance en l’efficacité de cette mort pour nous. C’est l’Esprit de Dieu qui met en nous cette foi, et c’est lui aussi qui nous conforme à Jésus-Christ (c’est la sanctification) afin que nous grandissions et que notre témoignage devienne crédible dans le monde. La sanctification n’est ni une obligation ni une condition et n’a qu’un rapport indirect avec le salut : c’en est une possible conséquence. Ne veillez-vous pas vous-mêmes à ce que vos enfants grandissent bien ? Et si jamais ça n’arrivait pas comme prévu, seraient-ils moins vos enfants pour autant ? Par ailleurs, vous, en tant qu’enfant de Dieu, veillez-vous à bien grandir pour lui faire honneur et parce que vous avez compris ce qui est bon pour vous, ou bien pour acheter son amour ? Dans ce dernier cas, vous seriez bien malheureux : on n’achète pas Dieu !

Comment répondre bibliquement à ceux qui expérimentent la « sortie en esprit » ? [Peps]

Le concept de « sortie en esprit » n’est pas vraiment formalisé dans le texte biblique. Pour bien circonscrire la question il faut juste comprendre ces quelques enjeux :
1. L’invasion spirituelle de la vague New Age et extrême-orientaliste a promu des spiritualité de la fuite, la base de l’expérience Hindoue ou yoggique étant de dissocier son âme et son corps afin de connaître l’ataraxie (mot grec pour dire absence de douleur et/ou de ressenti), autrement appelée Nirvana.
2. Il faut bien distinguer une expérience de vision d’une expérience de sortie en Esprit. Par exemple l’expérience de Jérémie avec son chaudron ou sa branche d’amandier (Jérémie 1,11) est une vision.
3. Quelques sorties en esprit sont décrites dans la Bible : Ezéchiel et son expérience du Temple (Ezéchiel 40) ou Jean dans l’Apocalypse, insistent sur le fait qu’ils sont vraiment conduits en Esprit. Le langage employé semble signifier que c’est Dieu qui les fait sortir et voyager en esprit. Ce n’est pas à leur initiative, contrairement aux pratiques extrême-orientales. Il en va de même pour Paul dans le récit de sa conversion quand il dit : « Etait-ce hors de [mon] corps ou dans [mon] corps, je ne sais pas…] en 2Corinthiens 12,2. Il n’a pas encore réussi à comprendre quelle était la nature de son expérience.
4. Jésus est conduit en esprit par le diable dans sa tentation (Matthieu 4). Mais Jésus est Dieu, donc il peut se permettre de voyager en esprit.

Donc la sortie en esprit est une aptitude humaine dans l’absolu, due au fait que nous sommes des êtres spirituels. Mais dans une expérience extatique où l’on sort de son corps, dans une déconnection yoggique, ou dans un voyage astral, l’initiative est humaine, et elle est dangereuse, car notre esprit n’est plus protégé par notre corps et notre âme.
Laissons à Dieu l’initiative et la seigneurie sur ce genre d’expériences extrêmes.

Pourquoi les autorités de l’Église Protestante Unie parlent-elles plus de politique que de Jésus ? [Grégorien]

Il faut leur demander à elles !

Ceci dit, deux types de réponses pour ma part et pour le moment :

Premièrement, il n’y a pas dans l’Église protestante unie – et dans toute Église protestante – d’autre autorité que la Parole de Dieu telle qu’elle se donne à entendre dans la Bible. Il n’y a pas de magistère qui dirait comment être un « bon » chrétien, que ce soit au niveau de la foi, de la piété, de la morale, de la politique, etc. Car aussi Dieu peut s’adresser à chacun de manière différente. On parlera alors plus volontiers d’une « éthique de la responsabilité » : chacun est responsable devant Dieu des choix qu’il pense être les meilleurs, les plus fidèles à l’Évangile. Tout discours ou décision qui irait contre la seule autorité de la Parole biblique serait nul et non avenu (sola scriptura).

Deuxièmement, nos pasteurs au sens large (donc aussi ceux à qui Dieu a confié la direction de l’union de nos Églises) ont le souci de faire partager les valeurs de l’Évangile à la société dans laquelle Dieu nous a placés. C’est notamment le cas quant à l’exercice du pouvoir dans l’intérêt des gens, quant à l’accueil des petits et des étrangers, etc. Il ne faut donc pas s’attacher à ce qui apparaît de leurs choix partisans (vous pouvez en avoir d’autres), mais à ce qui les fonde (et qui peut aussi fonder les vôtres), à savoir Jésus-Christ seul. Car la prédication chrétienne s’inscrit dans le monde (donc dans un contexte précis) même si elle ne lui appartient pas (cf. Jean 17).

Quelle différence entre l’Ancien et le Nouveau Testament ? [Michèle]

Ce sont les deux parties de la Bible chrétienne. Le texte de l’Ancien Testament correspond au « TaNaKh » (la Bible juive). Il est écrit en hébreu (avec quelques passages en araméen). Le Nouveau Testament est spécifiquement chrétien, il est écrit en grec. Le mot « testament » est le mot latin mis pour « alliance ».

Le but de l’ancienne alliance, scellée par Dieu avec Moïse pour un temps avec le peuple juif, était de préparer la nouvelle, scellée pour toujours avec tous les humains en Jésus-Christ. La Bible chrétienne (AT + NT) rend témoignage à Jésus-Christ, mort et ressuscité, vrai Dieu et vrai homme, Seigneur et Sauveur. Les « Écritures » auxquelles se réfèrent les auteurs du Nouveau Testament, juifs lisant des textes juifs, rendent ce témoignage de manière figurée, et doivent être interprétées à la lumière du Nouveau Testament ; elles sont donc devenues un « Ancien » Testament. La lecture de celui-ci, non pas comme histoire mais comme alliance, est alors nécessaire pour comprendre le « Nouveau » Testament qui, lui, parle clairement de Jésus-Christ comme vraie Parole de Dieu et  accomplissement de l’Ancien.

Bien sûr, les Juifs ne lisent pas ainsi le TaNaKh, même si le texte en est le même que notre Ancien Testament : la clef de lecture, l’explicitation, n’est pas la même. Pour eux, l’alliance avec Israël est perpétuelle, qui donne la Loi comme chemin de salut. Pour les chrétiens, c’est la mort victorieuse de Jésus qui est le seul chemin de salut, et c’est elle que le Saint Esprit nous fait reconnaître dans les textes bibliques des deux « Testaments ».

« Laisse les morts enterrer leurs morts- et toi- va annoncer le Royaume de Dieu ». Comment interpréter et comprendre cette parole quelque peu radicale et dérangeante de Jésus ? [Alex]

« Laisse les morts enterrer leurs morts- et toi- va annoncer le Royaume de Dieu ». Comment interpréter et comprendre cette parole quelque peu radicale et dérangeante de Jésus ? [Alex]

… En allant lire le contexte de cette affirmation (Mat 8,22 – Luc 9,60) qui est associée à une réflexion sur « ce que cela signifie que d’être disciple de Jésus ». Jésus pousse les foules qui se pressent à sa suite dans leurs retranchements et nous aide à entendre que le suivre n’est pas affaire de bonne volonté mais de choix radical entre la vie et la mort, et que choisir la vie impose des ruptures. On retrouve exactement cette radicalité lorsqu’il demande à ses disciples de tout quitter pour le suivre. En fait suivre le Christ ne se présente pas dans les évangiles comme une matière à option mais comme un fondement, un choix initial qui oriente ensuite tous les autres. Oui, c’est une parole radicale. Et une façon de nous rappeler que nous sommes tous appelés à dire un vrai OUI à l’appel à la vie qui nous est lancé; pas un « peut-être » « pourquoi pas » « on verra plus tard »…