Est-ce que Dieu pardonne à un homme ou une femme qui a trompé son ou sa partenaire étant marié- et ce à plusieurs reprises ? [Past]

Il n’y a pas d’offense, de faute, voire de trahison aussi grave que l’adultère que Dieu ne puisse pardonner. Et ce, même si cette faute a été commise plus d’une fois. Une belle confession du péché de la Réforme, celle de Jean Calvin, nous rappelle notre propension à réitérer le mal : « Nés dans l’esclavage du péché, enclins au mal, incapables par nous-mêmes de faire le bien, nous transgressons tous les jours et de plusieurs manières tes saints commandements, attirant sur nous, par ton juste jugement, la condamnation et la mort ». Si nous condamnions tel ou tel péché en le déclarant impardonnable, nous nous condamnerions nous-mêmes.

Ce que j’entends aussi derrière votre question, c’est : jusqu’à quand le conjoint trompé devra-t-il pardonner à son mari ou à sa femme adultère ? Jésus exhorte l’apôtre Pierre qui se trouvait déjà très généreux en envisageant de pardonner jusqu’à 7 fois à ne pas donner de limite à son pardon (voir le ch. 18 de l’Evangile selon Matthieu, les versets 21 à 35).

Y a-t-il une condition à ce pardon ? Oui : que l’offenseur accepte d’être repris et entre dans un repentir sincère (voir toujours dans Matthieu 18 les vv.15 à 18). Je crois qu’une personne qui multiplie les aventures, les liaisons extra-conjugales peut changer, prendre la mesure du mal qu’elle a infligé, et s’engager sur un chemin nouveau de fidélité, et de retrouvailles avec son conjoint. En clair, la miséricorde de Dieu ne doit pas devenir un prétexte pour persévérer dans le péché. Ce serait se moquer de Dieu et de sa Grâce.

Un.e chrétien.ne fête ou ne fête pas la Saint-Valentin ? [Val]

Déjà, Valentin était un chrétien et c’était même un martyr qui s’est fait couper la tête pour la radicalité de sa foi. Ce qui n’est pas le cas de la fête du même nom qui se joue le 14 février, date dans la religion romaine païenne préchrétienne des Lupercales, fêtes où l’on célèbre la nature et notamment l’accouplement des oiseaux. Bref, pas besoin de vous dire que c’est d’abord une fête païenne.

D’ailleurs si l’on en juge aux contenus sur les réseaux sociaux, il est assez clair qu’il y a là une célébration de l’accouplement bien plus qu’un éloge de l’amour chrétien 😉
Alors ce n’est pas parce que nos frères et soeurs catholiques mentionnent Valentin, le martyr, à cette date, que spirituellement il s’agit d’une fête chrétienne. On vous laisse en juger.

En revanche c’est un jour certainement où l’on peut méditer que Valentin, le prêtre, contre la religion romaine, a voulu garder sa foi en Christ coûte que coûte, jusqu’au martyr et la décapitation. Ce qui refroidit sérieusement l’érotisme au programme de ce jour.

Et n’oubliez pas de googliser Saint Valentin pour voir sa… tête.

Est-il vrai que Sinter Klaas (Père Noel) a été inventé par des Huguenots réfugiés aux Pays-Bas pour séculariser le catholique Saint-Nicolas ? [Jean]

Une brève recherche sur internet vous fera reconstituer facilement l’évolution historique qui a mené à la figure du Père Noël telle qu’elle envahit aujourd’hui notre mois de décembre, dans un sens bien éloigné du vrai sens de la fête ! Elle remonte à la vénération populaire de Nicolas de Myre, un évêque Turc qui vécut aux 3e et 4e siècle de notre ère, grand adversaire d’Arius au concile de Nicée, confondu à partir du 10e siècle avec une autre figure vénérée, Nicola de Sion. Les légendes abondent sur ses miracles et hauts-faits. Trois innocents défendus par le Saint auraient été par la suite confondus avec des enfants, et c’est de là que se serait développée la coutume d’une fête pour les enfants sages le 6 décembre, jour de la Saint-Nicolas, notamment en Europe du Nord et dans l’Est de la France.

La Réforme en Europe (pas seulement les Huguenots) voulut mettre fin au culte des Saints au 16e siècle, mais celui-ci perdura en se « laïcisant ». Saint-Nicolas, fêté le 6 décembre, devint en Hollande Sinter Klaas (équivalent de St-Nicolas), puis Santa Klaus chez les émigrés néerlandais aux Etats-Unis au 19e siècle. En 1821, un conte écrit par le Pasteur Clement Clarke Moore, et qui connut une énorme diffusion, en fit un petit bonhomme sympathique et rondouillard qui distribuait des cadeaux la veille de Noël, sur un traineau emmené par des rennes. Il fut domicilié au pôle nord par le dessinateur Nast en 1885. Il ne restait plus au dessinateur Sundblom qu’à habiller le personnage aux couleurs rouge et blanc de la firme coca-cola, à des fins publicitaires, en 1931.

Moralité : ce n’est pas une bonne idée de canoniser des disciples de Jésus-Christ dont la foi et à la vie furent remarquables, même si leur exemple peut nous inspirer ! Pas seulement pour ces dérives que la piété populaire, sa soif de merveilleux (et de figures médiatrices entre Dieu et nous) peut entraîner, mais parce que tout croyant justifié par grâce reste pécheur, et appelé à la sanctification. Nous n’avons qu’un seul médiateur : Jésus-Christ.

A la question « Qui est Jésus pour toi »- certains donnent cette réponse qui me paraît curieuse : « il est mon père ». Pourquoi ? [Nic]

Il ne me semble pas possible de prendre cette réponse pour un énoncé théologique général. Les personnes qui répondent ainsi disent « mon » père et définissent surtout par là le type de relation qu’elles entretiennent avec Jésus plutôt qu’une vérité théologique. De fait, quand Philippe dit à Jésus : « Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. » Jésus lui dit: «Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe! Celui qui m’a vu a vu le Père. (Jean 14. 8-9) Et Jésus a également affirmé son unité avec le Père. Par l’autorité dont il a fait preuve durant son ministère, et dont il fait encore preuve aujourd’hui quand nous prions en son nom et que nous sommes exaucés, Jésus peut apparaître aux yeux de certains croyants comme une figure de père. Mais il n’est pas Le Père.

Si j’ai un problème de sexualité travesti et masturbatoire- vers qui aller pour être aidé ? Cela ne m’a pas empêché de rencontrer Jésus- mais il semble que ça rende ma vie de foi difficile. [Pely]

‘ai d’abord à cœur de vous remercier pour la démarche que vous faites d’oser poser la question et de chercher à en parler pour ne pas rester enfermé dans la situation. Je trouve cela très courageux et cela me semble le premier pas vers votre apaisement. Je pense que la situation que vous vivez renvoie à des questions très personnelles et intimes. Il me semble nécessaire que vous puissiez trouver des personnes en qui vous avez confiance, qui sont elles-mêmes des disciples du Christ et qui sauront vous écouter et vous conseiller avec amour. Il y a des psychologues chrétiens qui peuvent à la fois vous aider sur le plan psychologique et vous orienter vers les bonnes personnes sur le plan spirituel. Ne restez pas dans la solitude, en tout cas, et soyez assuré de l’amour de Dieu en Jésus-Christ. En lui, vous trouverez l’issue.

Est-ce que se forger une carapace est compatible avec la foi chrétienne ? [Margot]

La carapace sert de protection aux invertébrés comme le homard ou certains insectes, ou à des vertébrés, par exemple la tortue ou le pangolin. Sans carapace, ces animaux seraient vulnérables aux attaques de leurs prédateurs. L’expression que vous employez désigne donc le fait de se créer une défense mentale pour ne pas être trop exposé aux moqueries, aux critiques, ou autres marques d’hostilité de l’entourage. Avec pour risque, si cette carapace s’épaissit trop, de s’isoler « dans sa coquille », de ne plus écouter, de s’endurcir et finalement de devenir insensible et indifférent aux autres !

Au ch. 6 de la lettre aux Ephésiens, l’apôtre Paul nous encourage à revêtir « l’armure de Dieu », mais pas pour nous protéger des attaques des humains que nous cotoyons ! Plutôt, de celles du Diable (qui nous attaque et nous tente de l’intérieur). Cette panoplie n’est pas constituée de fermeture, de repli sur soi, mais de vérité, de foi, de justice, et même d’un élan pour annoncer l’Evangile, donc pour s’ouvrir aux autres et leur témoigner de l’espérance que nous avons en Jésus-Christ. Jésus nous envoie dans le monde comme… des brebis au milieu des loups ! Et nous encourage, certes, à la prudence des serpents, mais aussi à la simplicité des colombes. Dans ce bestiaire, je ne vois pas de crustacé ni de tortue !

La foi, c’est fondamentalement un acte de confiance. C’est une denrée rare à notre époque, on préfère s’armer contre l’autre ou ériger des barrières plutôt que d’aller vers lui ou de l’accueillir. Parfois même entre chrétiens de différentes dénominations, les frontières se ferment, les identités et particularités sont quasi-sacralisées, on privilégie l’entre-soi. Autant de carapaces souvent engendrées par la peur. Mais Jésus nous dit : « n’ayez pas peur ».

J’en ai marre de la guerre entre créationnistes et évolutionnistes. Comment se positionner ? [Mona]

Vous obtiendriez bien sûr des réponses très différentes d’un répondant à l’autre de ce site. Mais en voici une ; parmi d’autres.

Je suis créationniste
Je pense que le rédacteur de la Genèse n’a pas de prétention à poser un discours ni historique ni scientifique. Il se pose la question du sens de la vie. Et il nous raconte comment tout le monde visible est un monde désiré par Dieu, créé par Dieu avec sa Parole, et mis en ordre par Dieu, avec pour apothéose la création de l’humain, à qui sera remis le mandat de prendre soin de ce qui a été créé.
Il nous raconte la création du adam et de la ‘avah que nous appelons Adam et Eve comme s’il s’agissait de deux personnes dotées de prénoms, alors qu’il s’agit de noms communs. haAdam c’est l’Humain, et ‘avah c’est la Vivante. L’humanité est faite pour la vie. J’aime ça.
Bref, la Genèse ne traite pas une question de science mais une question de sens.

Je suis évolutionniste
Objectivement la science (elle-même en constante évolution) nous montre que l’humain a beaucoup changé. Regardez la taille des lits du Moyen-Âge… et regardez la tailles de nos ados, tous plus grands que leurs parents. L’humain évolue, la mixité entre les ethnies augmente avec la mondialisation. Tout change. C’est comme ça. Mais ça ne donne pas vraiment de sens à ma vie. Je le constate. Parce que pour le coup, observer ces évolutions est une question de science et pas une question de sens.

Donc je n’ai pas de temps à perdre à savoir où se trouve Lucy, l’éthiopienne, dans les généalogies du Premier Testament. Je ne cherche pas à savoir si les diplodocus sont ce que le livre de Job appelle le Béhémoth ou le Léviathan
Je suis tranquillement de mon époque et je vois la science changer ses théories tous les trente ans. Je suis paisiblement chrétien et je vois mon Dieu, fidèle depuis le commencement, et présent tous les jours par son Fils jusqu’à la fin du monde (Matt 28).

Si Dieu sait ceux qui iront au ciel et ceux qui iront en enfer- pourquoi évangéliser ? Après tout… [Hénoc]

Cher Hénoc, votre question est très proche, par le problème qu’elle soulève, de celle posée par Ebz et à laquelle il est répondu dans ce site juste avant la vôtre !

Dieu connaît effectivement ceux qui lui appartiennent, qui sont « citoyens des cieux ». Mais nous, nous ne les connaissons pas ! Ce qui nous garde d’ailleurs de juger qui que ce soit, puisque nos jugements ne sont qu’avant-derniers, et que le jugement dernier revient au Seigneur.

Evangéliser, c’est annoncer à ceux et celles que nous cotoyons que nous allons vers la mort mais que Dieu, en Jésus-Christ, veut nous mener de la mort à la vie, et qu’il nous faut donc « mourir à nous-mêmes » pour entrer dans cette vie nouvelle. Bien entendu, il y a bien des manières d’apporter ce message, en paroles comme en actes, je ne fais que tenter de le résumer. Toujours est-il que la foi, ce qui nous unit à Dieu, vient d’une parole entendue, reçue de la part de Dieu.

C’est ainsi que Dieu choisit de se faire connaître et de sauver. Par une proclamation de l’Evangile. Il peut tomber dans le vide, il peut au contraire être entendu, et germer dans le coeur de l’auditeur comme le grain dans la bonne terre. Nous ne sommes pas maîtres de son efficience. Dieu choisit néanmoins de se servir de nous, les disciples du Christ, son Eglise, pour le semer à travers le monde.

Si vous souhaitez aller plus loin sur ce sujet, je vous recommande la lecture de L’Evangélisation et la souveraineté de Dieu, un petit livre, déjà ancien mais réédité, de James Packer. Il y démontre que la souveraineté divine ne nous dépouille pas de nos responsabilités de témoins !

Les baptêmes des mormons et des témoins de Jehovah sont-ils reconnus comme valides ? Ils utilisent la formule au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. [Kanyr]

Pour répondre correctement à votre question, Kanyr, il me faudrait savoir ce que vous entendez par la « validité » d’un baptême, et qui est censé, selon vous, avoir autorité pour la reconnaître. Voulez-vous dire : un baptême qui fait de nous un authentique membre de l’Eglise, corps du Christ ? Qui nous unit à Jésus-Christ et nous assure du Salut ? (ce qui pousse par exemple les parents d’un nouveau-né non viable à le faire « ondoyer » in extremis). Dans tous les cas, je dois insister sur le fait que ce n’est pas le baptême en lui-même, quelle que soit sa forme, qui nous sauve et fait de nous un enfant de Dieu, mais la grâce de Dieu en Jésus-Christ reçue par la foi, grâce que le baptême nous atteste.

Dès lors, si c’est bien au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit qu’il nous est administré, comme Jésus l’a ordonné à ses disciples en Matthieu ch.28 v.20, nous n’avons pas, en principe, à juger de la qualité de celui ou celle qui l’administre. Et ce, même si les deux mouvements que vous citez se séparent de l’ensemble des Eglises par leur prétention à détenir seuls la vérité, ou en refusant le dogme de la Trinité comme c’est le cas des Témoins de Jéhovah.

Il me faut nuancer cependant ma réponse; à la personne qui se fait baptiser chez les Témoins de Jéhovah, les questions prévues par leur liturgie , dans la version la plus récente, sont :

  • T’es-​tu repenti de tes péchés et voué à Jéhovah, et as-​tu accepté le salut que Jéhovah offre par le moyen de Jésus Christ ?
  • Comprends-​tu qu’en te faisant baptiser, tu montres que tu deviens Témoin de Jéhovah et que tu fais maintenant partie de l’organisation de Jéhovah ?

La première question est légitime (ne chipotons pas sur le fait que le Seigneur soit appelé Jéhovah !), la deuxième beaucoup moins : le baptême scelle notre union et notre appartenance à Jésus-Christ, Fils de Dieu, et pas à une organisation humaine, même si elle se réclame de lui. Je comprendrais donc, personnellement, qu’une personne qui a été baptisée dans le cadre d’une assemblée des Témoins de Jéhovah et a quitté ce mouvement depuis pour rejoindre une Eglise chrétienne demande à recevoir le baptême dans son Eglise d’accueil. Sans en faire une obligation pour les raisons exprimées plus haut. A peu de choses près, le même raisonnement peut s’appliquer dans le cas d’un départ de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des derniers Jours.

Pourquoi beaucoup de gens utilisent le mot œcuménique pour parler de l’interreligieux ? [Stéphane]

Tout simplement parce qu’ils n’ont pas votre culture, Stéphane. Et notamment en France, où l’on constate une ignorance vraiment crasse de tout ce qui touche au religieux y compris chez des gens instruits comme les journalistes, notamment.

La confusion entre « oecuménique » (ce qui concerne la manifestation de l’unité entre les diverses sensibilités et Eglises chrétiennes) et « interreligieux » (les relations entre religions différentes) n’est pas la seule erreur à déplorer. On entend souvent appeler les évangéliques « évangélistes », voire parler de « l’Eglise » pour désigner l’Eglise catholique, comme si elle était la seule. Jusqu’aux personnels politiques qui parlent avec dédain d’un « débat théologique » pour évoquer une discussion trop abstraite et sans intérêt. Autant d’erreurs qu’il faut corriger, avec tact et douceur, évidemment !