C’est bien sûr la Bible, qui définit pour nous la sainte cène, en particulier la première épître aux Corinthiens, chapitre 10 versets 14 à 22 et chapitre 11 versets 20 à 34. L’apôtre Paul évoquait alors non pas directement la célébration mais son contexte dans le cadre d’autres repas, et les dérapages constatés.
La théologie réformée classique a lu dans ces textes l’affirmation claire qu’il se passe quelque chose de particulier lors de la cène, que la participation à ce repas est le moyen par lequel nous sommes mis en communion avec le corps et le sang de Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous. Comme il n’est plus présent ici-bas, c’est le Saint-Esprit qui réalise cette communion, non pas ordinairement seulement, mais ici de manière particulière.
Comme le dit la Concorde entre réformés, luthériens, frères tchèques et méthodistes en Europe (§ 18, 15b et 19) :
« Dans la Cène, Jésus-Christ le ressuscité se donne lui-même en son corps et son sang, livrés à la mort pour tous, par la promesse de sa parole, avec le pain et le vin. De la sorte, il se donne lui-même sans restriction à tous ceux qui reçoivent le pain et le vin ; la foi reçoit la cène pour le salut, l’incrédulité la reçoit pour le jugement.
Il nous accorde ainsi le pardon des péchés et nous libère pour une vie nouvelle dans la foi. Il renouvelle notre assurance d’être membres de son corps. Il nous fortifie pour le service des hommes.
Nous ne saurions dissocier la communion avec Jésus-Christ en son corps et en son sang de l’acte de manger et de boire. Toute considération du mode de présence du Christ dans la cène qui serait détachée de cet acte risque d’obscurcir le sens de la cène. »
Il me semble que, pour la plupart des Églises évangéliques, la cène est d’abord un mémorial, accompli selon l’ordre du Christ. Mais l’aspect de l’action de l’Esprit à cette occasion n’est pas souligné. Comme pour le baptême d’ailleurs, la théologie évangélique privilégie la foi, l’action humaine, chrétienne, dans la célébration du sacrement, quand les réformés privilégient l’action divine en vue de la foi. C’est une différence certaine de point de vue. Mais les uns comme les autres obéissent à l’ordre du Christ de célébrer ce repas, et les uns et les autres le font dignement, comme y exhortait Paul.