D’après la Bible, que se passe-t-il pour ceux qui meurent, en attendant la « fin des temps » ? [Véronique]

Cette question, Véronique, les chrétiens Thessaloniciens se la posaient déjà vers l’an 50. Plusieurs d’entre eux étaient morts sans avoir vu le retour de Jésus-Christ, et ceux qui restaient se demandaient avec tristesse et angoisse ce qu’ils deviendraient. Paul, dans la première lettre qu’il leur adresse, les rassure au sujet de ceux « qui se sont endormis » (= qui sont morts). Ils ne sont pas perdus, au retour du Christ, ils ressusciteront. Voir 1 Thess. ch.4, v.13-18.

Quant à savoir ce qu’il advient des morts en attendant cette Résurrection à la fin des temps, les Ecritures sont assez sobres voire quasi muettes à ce sujet, loin des représentations traditionnelles de ce que l’on appelle le paradis. Un indice se trouve pourtant dans la lettre de Paul aux Philippiens : même si son espérance ultime est la Résurrection à la fin des temps (Phil 3,20s), l’apôtre confie à ses destinataires que mourir lui serait un « gain », qu’il aimerait bien « s’en aller », quitter l’existence terrestre, pour être avec le Christ (Phil 1,23). Nous pouvons donc affirmer que ceux des croyants qui nous ont précédés dans la mort sont d’ores et déjà dans la présence du Seigneur ! Ce que Jésus lui-même a assuré au brigand crucifié avec lui : « aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23,43).

Mais ce paradis, répétons-le, n’est pas notre « destination finale ». Dans l’Evangile de Jean, le Christ déclare à ses apôtres qu’il y a plusieurs demeures dans la maison du Père et qu’il s’en va « leur préparer une place » (Jean 14,2). Or le mot grec Monè, traduit par « demeure » désigne une habitation provisoire, un séjour temporaire. Notre ultime destinée, c’est la résurrection, dans une création renouvelée de fond en comble lors du retour du Christ. Et nous l’attendons avec impatience !

Pourquoi notre jour mis à part est-il passé du sabbat juif (samedi) au dimanche ? [Jean]

Parce que c’est le jour de la résurrection de Notre Seigneur. Il s’est donné à voir le lendemain matin du sabbat, lorsque les femmes sont venues au tombeau pour prendre soin de son corps supplicié. Mais il est ressuscité ! Il a ainsi montré qu’en lui toutes choses étaient faites nouvelles. La nouvelle création a commencé avec ce premier-né d’entre les morts, pour ce premier jour de la semaine, nouvellement mis à part.

Certains prédicateurs prétendent ressusciter des morts car Jésus nous permet de faire les mêmes œuvres que lui. Qu’en penser ? [Augustinus]

Le Seigneur est souverain. Si pour que l’annonce de son royaume progresse, la résurrection d’un mort s’opère par sa grâce, je crois qu’Il peut le faire. Le danger est de penser que c’est tel ou tel prédicateur qui en a le « pouvoir », « l’autorité », alors que c’est une œuvre de Dieu, ou encore qu’une communauté où de tels miracles ne se produisent pas ne serait pas vraiment chrétienne. Si on affirme qu’un miracle s’est produit mais que cela a pour effet d’orienter le regard vers la personne par qui il s’est produit et pas vers le Christ, je crois qu’il faut se méfier.

Est-ce que Jésus a vaincu la mort à la croix- ou à la résurrection ? Si c’est à la résurrection- pourquoi a-t-il dit : Tout est fini ? Donc- quand est-ce qu’il a écrasé Satan ? [Claudette]

Juste avant d’expirer, Jésus a déclaré, selon l’év. de Jean (ch 19 v;30) : tout est accompli (ou : tout est achevé, trad. TOB). Et non pas « tout est fini » au sens où rien ne pourrait suivre l’événement de la croix !

Cette parole, et bien d’autres éléments des récits de la mort de Jésus, nous permettent d’affirmer que la victoire du Christ sur le mal, la mort, et Satan est acquise de façon décisive à la croix ; c’est par sa mort que le Christ l’a remportée. Cette parole de Jésus l’atteste sans aucun doute possible, tout comme certains faits : le voile du temple déchiré à ce moment-là (le Christ nous ouvre un libre accès au Père), ou le cri qu’il a poussé, signe de victoire contre les puissances (Matthieu ch.26, v.50).

La Résurrection de Jésus est l’attestation de cette victoire, de son élévation dans son abaissement même.

Pourquoi Paul dit-il que la mort est le dernier ennemi- si Jésus l’a vaincue ? – [Steeve]

Vous citez, Steeve, le verset 26 du grand chapitre (15) que Paul consacre à la résurrection de Jésus et à la nôtre, dans la première lettre aux Corinthiens. Jésus a vaincu la mort, et nous allons le fêter à Pâques, dans deux jours, au moment où j’écris. Et cette victoire est décisive, elle fonde notre espérance en notre propre résurrection, notre propre délivrance de cet ennemi ultime qu’est la mort.

Ennemi vaincu, mais pas encore éliminé ! La mort frappe toujours, notre résurrection est encore à venir. Oscar Cullmann, un grand spécialiste du Nouveau Testament, a comparé ce « déjà-là » et ce « pas encore » de la victoire sur la mort à celle de la 2nde guerre mondiale. On peut dire qu’au soir du débarquement du 6 juin 44, ouvrant un deuxième front contre l’Allemagne, les jeux étaient faits, Hitler ne pouvait plus gagner. Et pourtant le combat contre les nazis avec son cortège de destructions et de morts innocentes, a perduré sur près d’un an supplémentaire, jusqu’à la défaite finale en mai 45.

Le temps de l’Eglise se situe « entre juin 44 et mai 45 ». Un temps de lutte, de souffrances et d’épreuves, mais nous connaissons, par la foi, son dénouement. Et dès aujourd’hui, nous nous en réjouissons. A l’horizon, c’est l’aube de Pâques qui se lève !

En Luc 23:43- le malfaiteur est donc entré au paradis avant Jésus- puisque ce dernier a été enseveli- avant qu’il ne ressuscite le troisième jour ? [Ganga]

Vous faites référence à la parole que Jésus dit au malfaiteur crucifié en même temps que lui : « Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. » Ce que vous pointez, c’est le « aujourd’hui ». il me semble qu’il y a plusieurs façon s de comprendre cette phrase. J’en partage deux avec vous : Peut-être faut-il avant tout mettre l’accent sur le mot « paradis »qui, dans la conception juive de l’époque, n’est pas le lieu où vont les gens qui sont ressuscités, mais un lieu qui peut être accessible dès à présent. Paul affirme y être parvenu dans une extase (2 Co. 12. 2-4). on peut donc le comprendre comme le lieu où vont les gens déclarés justes par Dieu. Jésus veut dire alors à cet homme : « Dès aujourd’hui, tu es justifié », comme il l’a dit a plein d’autres durant son ministère, d’autres manières.

L’autre manière d’entendre fait référence au fait que l’être humain est compris comme ayant un corps, une âme et un esprit. La mort et la résurrection concernent le corps et l’âme (ce que l’on appelle dans la Bible la « chair »). Mais l’esprit retourne à Dieu dès la mort. D’ailleurs, au moment de sa mort, Jésus dit lui-même : « Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Luc 23. 46). Dès le jour de sa mort, l’esprit de cet homme s’est retrouvé auprès du Dieu trinitaire au paradis.

Je croyais en l’immortalité de l’âme. Est ce que dans la tombe, on reste corps et esprit ou est ce que notre esprit est appelé à Dieu ? [Valérie]

Le débat sur « l’immortalité de l’âme » est très ancien. Pour certains, quand on est mort, on l’est totalement, en attendant la Résurrection. Toutefois, il me semble que l’enseignement de l’Ancien et du Nouveau Testament concordent sur ce qu’il advient de nous dans la mort. « Le corps de l’homme s’en retourne à la terre d’où il a été tiré et le souffle de vie (l’esprit) retourne à Dieu qui l’a donné », Ecclésiaste 12,7. Jésus sur la croix déclare remettre son esprit entre les mains du Père (Luc 23,46), juste avant d’expirer.

L’espérance chrétienne sur notre avenir en Dieu s’articule en deux « temps », si l’on peut dire. Tout d’abord, notre esprit demeure auprès du Seigneur dès notre mort. Comme l’atteste par exemple la promesse de Jésus au malfaiteur sur la croix : « aujourd’hui tu seras avec moi au paradis »-Luc 23,43. On peut citer aussi Paul désirant s’en aller et être avec le Christ, en Philippiens 1,21-23. Enfin, Jésus évoque à ses disciples la « demeure » qu’il va leur préparer auprès du Père (Jean 14,2). Mais le mot employé en grec, monè, désigne un séjour provisoire, une halte. Car notre espérance ultime, c’est la Résurrection des morts, et une existence nouvelle dans une Création renouvelée, où le mal et la mort ne seront plus (Voir Apocalypse 21,4).

Quelle est la nature des corps de résurrection ? Celui de Christ semble physique (Thomas le touche) mais franchit les portes- se « téléporte »- etc. [Pierrot]

En lisant votre question, je me souviens d’une réflexion d’un professeur de théologie avec qui je discutais de la difficulté de saisir la vérité : il me disait qu’elle est toujours paradoxale. Donc impossible à formuler en une seule proposition, mais plutôt en deux affirmations apparemment opposées. Exemples connus : Dieu est à la fois un et trine. Dieu est 100% souverain mais l’homme 100% responsable devant lui, etc… Ce que dit l’Ecriture au sujet de la résurrection de Jésus et la nôtre est un autre exemple de vérité paradoxale.

Si Jésus se fait bien reconnaître « physiquement » par Thomas (quoique Thomas se soit écrié « mon Seigneur et mon Dieu » sans avoir touché du doigt ses blessures), cela signifie que c’est bien Lui, le crucifié, qui est ressuscité. Mais il appartient à une Création nouvelle, d’où son caractère insaisissable pour la raison comme pour la vue (par exemple, les pélerins d’Emmaüs ne l’ont reconnu qu’au geste de la fraction du pain).

De même, nous n’avons aucune idée de ce que seront nos corps ressuscités, puisque nous serons non plus dans l’espace et le temps, mais dans l’éternité. La résurrection, ce n’est pas la réanimation d’un cadavre. C’est bien plus. Toutefois, un chapitre comme 1 Corinthiens 15 nous dit bien que ce seront nos corps (c’est à dire nous-mêmes) qui ressusciteront ! l’article du credo « je crois la résurrection de la chair » ne dit pas autre chose. C’est ce qui donne son importance à notre vie présente : chaque geste, chaque heure de ma vie, tout ce que je suis et deviens, cela est promis à l’éternité.

Par sorcellerie la vie à ma femme a été supprimée. Pourquoi Dieu a-t-il accepté cela ? [Hervé-Frank]

Votre épouse a été une créature souhaitée par Dieu. Il l’a conçue, lui a donné son caractère, son intelligence et sa beauté. Je crois que Dieu a aimé votre épouse profondément.

Dans la vision de Dieu pour sa création, la mort est considérée comme un ennemi. Un ennemi entré très/trop vite dans le monde mais un ennemi qui va être complètement anéanti puisque Jésus a démarré la mort de la mort.

Je ne sais pas pourquoi Dieu a laissé agir Satan contre Job et les siens, je ne sais pas pourquoi Dieu a laissé Satan, par l’entremise de la sorcellerie, ôter la vie de votre épouse. Mais je sais que quelle que soit la manière dont votre épouse ou ses ascendants ou vos proches ou vous-même avez utilisé votre vie ici-bas, Dieu l’a aimée profondément et il vous aime également. Il entend votre cri et vous entoure de ses bras.

Après la nuit, le jour vient bientôt.

Le « Jesus Seminar » est-il digne de confiance ? Certains théologiens nient que Jésus a été ressuscité corporellement/physiquement. La résurrection n’est-elle qu’un mythe ? [Sophie123)

Le « Jesus Seminar » est un groupe d’historiens anglo saxons cherchant à établir l’historicité de la vie de Jésus. En tant que démarche scientifique, ce travail ne me paraît ni plus ni moins digne de confiance que n’importe quel autre. Mais comme souvent en ce qui concerne les sciences, il s’agit de ne pas considérer que les résultats auxquels ces chercheurs sont parvenus soient la vérité ; au prétexte qu’ils utiliseraient des méthodes « objectives » de recherches. Les méthodes utilisées en histoire sont toujours critiquables et permettent souvent à leurs utilisateurs de dire ce qu’ils ont envie de dire, tout en prétendant ne faire qu’observer leurs sources de façon neutre. Ainsi, nier la résurrection corporelle de Jésus est une opinion historique, procédant d’une interprétation particulière des sources, les évangiles. Que des personnes affirment que Jésus n’est pas ressuscité des morts est leur droit le plus absolu, qu’elles prétendent le faire en s’appuyant sur une démarche scientifique également. Il faut simplement qu’elles acceptent alors qu’elles ne sont pas ou plus chrétiennes, car la résurrection physique de Jésus est un élément central de la foi chrétienne (relire I Corinthiens 15). Délimiter l’espace de sa foi à ce qui est seulement démontrable ou même concevable est en fait une façon de n’avoir confiance qu’en sa raison… Ce qui est une des formes de l’idolâtrie.