Comment expliquer simplement à mon fils ce qu’est la trinité ? [Boris]

Cher Boris, pour parler de la Trinité, que ce soit à des jeunes ou à des moins jeunes, je dirais que la simplicité a d’abord besoin d’humilité. Nous parlons de Dieu, dont nous n’aurons jamais fini de découvrir « la profondeur de la richesse, de la sagesse et de la connaissance » (Romains 11, 33). Et nous restons dans l’attente de ce jour où nous connaîtrons Dieu comme nous sommes connus de Lui ! (1Corinthiens 13, 12)

Parler de la Trinité revient à considérer un seul Dieu mais en trois « personnes » différentes. Si Dieu était une donnée mathématique, on écrirait donc l’équation suivante : 1+1+1 = 1. D’ailleurs, comme les mathématiques, la Trinité relève d’une certaine abstraction. C’est une idée, un concept.

Cette idée traduit cependant fidèlement la manière dont Dieu se révèle dans l’Ecriture. Elle témoigne de l’histoire du salut qui se déploie dans les textes. La clé de cette révélation est le Christ, le Fils qui révèle Dieu comme Père (Jean 14, 9) et qui annonce l’envoi de l’Esprit Saint aux apôtres (Actes 1, 8).

Le point essentiel, qui a été souvent débattu et combattu, est de considérer chacune des trois personnes comme étant pleinement Dieu : Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint Esprit, et de ne diminuer l’importance d’aucune des trois : ne pas réduire le Père à une idée, le Fils à un homme (seulement), et l’Esprit à n’importe quelle inspiration.

L’équation de La Trinité, loin d’obéir à une stricte logique, nous fait connaître Dieu comme le « Vivant ». Elle nous montre la vie divine, à travers les relations entre le Père, le Fils, et l’Esprit. Le baptême de Jésus en est peut-être le témoignage le plus parlant (Marc 1, 9-11). Cette vie est une communion, elle se réalise dans l’amour de ces trois personnes, avec en son centre le mystère de la croix. Dans ce sens, elle est un modèle pour nos propres relations. Et c’est aussi une richesse pour nous de pouvoir nous adresser plus spécialement à l’une ou l’autre dans notre prière.

Est-ce que jésus est la même personne que le Dieu de l’Ancien Testament ? [Kevin]

Jésus-Christ, Dieu le Fils est une des trois personnes du Dieu unique révélé dans le Premier et le Nouveau Testaments. Un exemple ? En Genèse 15. 1, nous lisons : « Après ces événements, la parole de l’Eternel fut adressée à Abram dans une vision. Il dit : ». Littéralement, on peut lire : « Après ces choses,  la parole de l’Eternel fut vers Abram dans la vision en disant ». Et Abram identifié cette parole à lui adressée dans la vision comme étant Dieu lui-même (verset 2).  C’est comme si la parole de Dieu s’était déplacée vers Abram pour lui parler par le moyen d’une vision, comme une personne pleine et entière. Au verset 4, cette même parole est à nouveau vers Abram et le fait sortir pour contempler les étoiles. Or le premier verset de l’évangile de Jean pour décrire la parole de Dieu venue jusqu’à nous en Jésus-Christ nous dit : « Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu », comme si, là aussi, la Parole était en quelque sorte, identique et différente à la fois de Dieu le Père.

Il y a encore beaucoup d’autres situations comparables à celle-là dans le Premier Testament, qui peuvent être comprises à la lumière de ce que le Nouveau Testament nous dit de Dieu, trois personnes en un être.

Pourquoi parle-t-on si peu du Saint-Esprit dans les Églises ? [Valérie]

Le Saint-Esprit est peu évoqué dans certaines Églises (pas toutes !) pour plusieurs raisons :

  1. D’abord parce que le Premier Testament parle surtout du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, Dieu de Moïse et d’Israël, celui qu’on appelle depuis le baptême de Jésus : Dieu le Père.
  2. Ensuite parce que le Nouveau Testament parle essentiellement de Jésus (le Fils), bien que les Actes et les autres épîtres parlent aussi de l’Esprit. Mais disons qu’on parle surtout des actes des apôtres qui sont portés par l’Esprit. On aurait pu appeler ce livre les Actes de d’Esprit.
  3. Aussi parce que l’Esprit travaille au travers des gens et donc nous sommes amenés à évoquer leurs aventures et leurs actions à eux, quand ils sont mus par l’Esprit. Ainsi, quand nous voyons les feuilles bouger, les arbres ballotter, la poussière se lever, nous parlons des feuilles, des arbres, de la poussière, pour conclure brièvement par : « Il y a un vent fou ».
  4. Enfin certainement parce que les théologies du Saint-Esprit sont un lieu de grandes divergences dans les Églises, entre ceux qui pensent :
    – qu’il n’agit que par la médiation des Écritures,
    – qu’il continue à faire des miracles mais uniquement dans le cadre de la « charte » de 1 Corinthiens 12,
    – qu’il est actif en offrant de nouveaux types de dons qui pouvaient ne pas être listés dans la Bible,
    – voire pour certains (qui à mon avis dépassent les bornes), qu’il peut apporter des doctrines nouvelles non limitées par le texte biblique.

Voilà donc plusieurs raisons qui font qu’on en parle trop peu.
Mais grâce à votre question, peut-être que certains se sentiront exhortés à en parler plus.

Comment comprendre le verset « Comme le Père m’a aimé- je vous ai aussi aimés ». Si Jésus est Dieu- qu’est-ce que ça veut bien pouvoir dire que Dieu aime Jésus ? Il s’aime Lui-même ? [René]

Comme vous l’avez bien cité vous-même, René, Jésus dit : « Comme le Père m’a aimé ». Il ne dit pas : « comme Dieu m’a aimé ». Il se désigne ainsi lui comme le fils, objet d’amour du Père. Ainsi, l’amour est ce qui unit les trois personnes de la Trinité (Père, Fils et Saint Esprit). On ne peut donc pas dire que Dieu s’aime lui-même, mais qu’il est amour (I Jean 4. 8 et 16).

de plus, la fin du verset que vous citez (Jean 15. 9) dit : « Demeurez dans mon amour ». Que ce soit en Église ou dans le couple (car la relation de couple, dans l’altérité homme femme, est la première image de la relation d’amour qui se trouve en Dieu) nous pouvons expérimenter cet amour qui unit sans confondre, cette relation faite de respect d’écoute de l’autre et d’humilité qui est le propre des relations entre les trois personnes de la Trinité. Et c’est ainsi que nous devenons des témoins de Jésus : « C’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jean 13.35)

Comment expliquer la sainte trinité ? [Grâce]

C’est très difficile d’expliquer un mystère, Grâce ! Je vais m’appuyer sur une analogie qu’a proposé Augustin, un grand théologien chrétien du 4eme/5eme siècle. Considérons le soleil : on ne peut pas le regard en face sinon on devient aveugle. Mais ce que l’on peut en savoir tient aux rayons qu’il envoie et qui arrivent sur terre. Pourtant on ne peut pas dire que le soleil soit seulement ses rayons. C’est aussi une boule de feu qui les émet. Et pourtant, sans les rayons du soleil, pas de soleil. Le soleil, c’est le Père, les rayons, le Fils. Mais même si je ferme les yeux, je peux sentir le soleil à sa chaleur, qui est transmise par ses rayons. Pourtant cette chaleur n’est pas identique aux rayons ni au soleil lui-même. Cette chaleur, c’est l’Esprit. Je ne sais pas si je vous ai bien expliqué, mais pour ma part j’ai beaucoup aimé cette présentation que je cite de mémoire.

Comment expliquer la Trinité à un enfant- un ado… ? [KFé]

Votre question sous-entend que même pour un adulte, la Trinité est aussi un mystère ! Quel que soit notre âge en effet, c’est une énorme difficulté de concevoir 1+1+1=1 ! Et que Dieu se révèle à la fois comme un seul être et trois « personnes » ! Père (Créateur, Dieu radicalement différent de nous), Fils (Sauveur, Dieu venant vers nous), Esprit (Seigneur, Dieu en nous). Donc, il ne s’agit en fait pas d’expliquer qui est Dieu, mais de saisir que Dieu est connu comme incompréhensible, hors d’atteinte.

Nous ne pouvons donc utiliser, pour parler de Dieu avec nos mots humains bien imparfaits, que raisonner par analogie, par images et comparaisons, sans prétendre y réduire l’Etre de Dieu qui nous est connu comme le Tout-Autre.

La meilleure analogie que je connaisse (parce qu’elle reprend des analogies biblique) est la suivante : Si je parle à quelqu’un, les mots naissent dans mon esprit, ma pensée. Je les transmets dans une parole. Et cette parole, articulée par ma bouche, devient une onde sonore, qui atteint les oreilles de mon auditeur en faisant vibrer l’air autour de nous. Donc : pensée, parole, souffle sont à la fois bien distincts et constituent pourtant un même acte de communication. De même, Dieu est la source, l’origine (Père) que nous révèle le Fils (la Parole faite chair, logos, voir év. de Jean ch.1) qui vient à nous par l’Esprit (le souffle, pneuma en grec, ruah en hébreu). Essayez cette « explication ». Si votre enfant ne comprend toujours pas… Dites-le, on essaiera autre chose !

Pourriez-vous m’expliquer davantage la notion de l’unicité de Dieu ? [Christ-Joa]

C’est vraiment un immense sujet ! D’autres pasteurs vous donneront sans doute des réponses complémentaires et aidantes pour vous, mais voilà ce que je peux vous partager en quelques mots : L’unicité de Dieu n’est pas un monolithisme. Quand la Bible dit que Dieu est un (Deutéronome 6. 4) elle emploie le même mot que pour désigner l’unité de chair entre l’homme et la femme au sein du couple (Genèse 2. 24). Le couple humain n’est pas une entité dans laquelle la personnalité de l’homme et de la femme disparaissent ! C’est pareil, manifestement, pour Dieu. Le récit de l’apparition de Dieu à Abraham aux chênes de Mamré (Genèse 18) nous montre aussi que tout en étant un seul, il peut être… trois ! Je vous invite à relire ce texte. L’unicité de Dieu a un caractère éminemment relationnel, car Dieu est relation (je pense que c’est une des choses que Jean dit quand il dit que Dieu est amour). Jésus n’a pas remis cette unité en question quand il a dit « Moi et le Père nous sommes un ».

Quel est le point de vue d’un catholique romain sur la Bible et sur la Trinité ? [Cle]

Il serait plus honnête de poser votre question aux catholiques eux-mêmes, répondre à la place de l’autre prend toujours le risque de le trahir (et le site eglise.catholique.fr comprend une rubrique « approfondir sa foi » qui répondra sans doute à beaucoup de vos questions). Qui plus est quand chacune de vos questions a suscité beaucoup de débats entre les chrétiens depuis 2000 ans. Cela dit, et pour résumer très grossièrement :

  • La Bible, pour les catholiques comme pour les autres chrétiens, est la Parole de Dieu. Nous croyons tous que Dieu peut communiquer avec nous, entre autres à travers ces vieux textes qui racontent comment Dieu s’est révélé à l’humanité. La différence avec le monde protestant ne tient pas dans cette définition, mais plutôt dans la façon d’interpréter cette Parole, et dans le monde catholique c’est le magistère de l’Église, son enseignement, qui donne les clés de lecture nécessaires à cette interprétation. Pas dans le monde protestant.
  • Là aussi, la ligne de démarcation entre les différentes compréhensions de ce concept théologique ne passe pas entre les catholiques et les autres. je me permets donc de vous renvoyer à la réponse déjà faite sur la Trinité ici : http://1001questions.fr/comment-expliquer-simplement-ce-quest-la-trinite-kristina/

Doit on baptiser « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », ou « au nom de Jésus », comme le faisaient les premiers chrétiens ? [Juan]

En fait les premiers chrétiens avaient les deux pratiques, soit au nom de Jésus, soit au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

La preuve en est, la mention faite des deux dans l’Ecriture sainte :
• « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. » (Actes 2,38), et
• « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » (Matthieu 28,19).

L’habitude de l’Eglise au fur et à mesure de sa pratique a été de privilégier le deuxième usage, trinitaire.

Dans les cieux y a-t-il Dieu ET Jésus- ou bien une seule personne qui forme en même temps Dieu et Jésus ? [Pascale]

Le symbole des apôtres (le credo) qui résume la foi chrétienne dit effectivement que le Christ est « monté au ciel », et qu’il « siège à la droite de Dieu, le Père tout puissant », citant lui-même de nombreux passages du Nouveau Testament. Mais il ne faut pas se laisser piéger par le vocabulaire. Le ciel n’est pas un lieu particulier, mais une image, une représentation pour désigner ce qui appartient à Dieu, voire Dieu lui-même. La « montée au ciel » de Jésus-Christ signifie donc la fin de son ministère parmi nous, car Jésus, c’est Dieu qui nous a pleinement rejoints dans notre humanité en se dépouillant de sa gloire divine (Philippiens 2,6ss).  C’est ce que les chrétiens reconnaissent en confessant la Trinité : Dieu est à la fois UN et Père (Créateur), Fils (Sauveur) et Saint-Esprit (Seigneur). Le fait d’être désigné comme « assis à la droite de Dieu » (référence au Psaume 110,1) signifie que Jésus, par sa mort et sa résurrection, a reçu la place d’honneur du Messie, celle du « fondé de pouvoir », comme l’écrit un commentateur de ce Psaume (de même qu’un chef parle de son plus proche collaborateur comme de son « bras droit »). Autrement dit, comme l’écrivait Luther, si nous voulons trouver Dieu, il ne faut pas chercher à escalader le ciel (c’est-à-dire nous livrer à des spéculations philosophiques ou à des expériences mystiques), mais nous rendre à Bethléhem.