Est-ce qu’on est obligés de croire à un enfer qui sera un étang de feu et de souffre ? [Amina]

Permettez-moi tout d’abord Amina de rappeler qu’on n’est jamais « obligé » de croire à quoi que ce soit, la foi est toujours un acte libre d’adhésion. Sans doute vouliez-vous dire : est-ce que notre fidélité à ce que nous dit la Bible nous contraint à recevoir ce qu’elle dit de l’enfer ?

Rappelons que le mot est dérivé du latin inferna, désignant les « régions inférieures », Dans l’Ancien Testament, descendre au séjour des morts ou Sheol est redouté car il est le lieu d’où le Dieu vivant est absent, où il ne peut plus être loué ni adoré. Quoique le Psaume 139,8 évoque une espérance à ce sujet ! Et nous savons qu’en Christ Dieu nous a rejoint même dans notre mort.

L’enfer dont vous parlez, Jésus en parle en l’appelant « la Géhenne ». Mot dérivé de Gé-Hinnom, une vallée de Jérusalem où s’étaient pratiqués des cultes idolâtres, et où l’on brûlait les détritus, les cadavres d’animaux et les corps des suppliciés. Ce lieu sinistre a donc servi à évoquer le sort post-mortem réservé aux pécheurs (lire Matthieu 5,29s et 10,28). Quant à « l’étang de feu et de soufre », dont parle l’Apocalypse (21,8), l’expression fait certainement allusion à la destruction de Sodome (Genèse 19,24) et de tout le mal que cette ville représentait. La parabole de Lazare et du riche (Luc 16) évoque aussi une flamme brûlante (v.24).

Il s’agit clairement d’une image, comme l’Apocalypse et l’enseignement de Jésus (dans les paraboles notamment) en regorgent. Ces images suppléent au fait que nous ne pouvons pas saisir, dans notre condition présente, ce qu’est l’au-delà, la vie éternelle, etc.

Donc, l’Ecriture ne nous contraint pas à croire à des condamnés rôtissant pour toujours dans des chaudrons, entourés de démons qui surveillent la cuisson du bout de leurs tridents ! Certes, les images bibliques sont fortes, mais c’est pour nous mettre en garde : L’enfer, c’est être séparé de Dieu, et c’est ce que l’Apocalypse appelle la « seconde mort », une mort définitive en quelque sorte. En ce sens, beaucoup d’humains vivent déjà en enfer de leur vivant ! C’est ce que Jésus nous raconte avec le sort du riche, dans la parabole de Luc 16 : il vit finalement dans sa mort la solitude dans laquelle sa richesse l’enfermait de son vivant, l’empêchant de partager avec le pauvre Lazare. Mais en cette vie ici-bas, dès aujourd’hui, le Seigneur peut nous délivrer de cet enfer, nous ressusciter. C’est la bonne nouvelle de l’Evangile.

Comment comprendre l’étang de feu et de soufre (Apoc. 21:8) ? Qu’est-ce que l’enfer de la Bible ? Y est-on dans un état conscient ou inconscient ? [JP]

A proprement parler le mot « enfer » n’est pas un mot biblique, mais une notion appartenant plutôt à la mythologie grecque. Si la Bible parle effectivement de cet étang de feu dans l’Apocalypse, c’est de façon tout à fait métaphorique (tout particulièrement dans ce livre qui est très imagé !) comme chaque fois qu’elle évoque la géhenne, lieu où le feu ne s’éteint pas (mot biblique celui-là). Dans les deux cas, il s’agit de sensibiliser le lecteur non pas tant à ce qui se passera après la mort qu’avant : nous avons des choix à poser ici et maintenant pour choisir avec le Christ de vivre une vie « vivante », agrandie, éternelle, heureuse, et pas une vie qui n’en soit pas une, « mortelle », condamnée aux regrets, à la souffrance et à l’angoisse. Ces feux-là me semblent nous menacer bien plus sûrement et consciemment dans notre vie immédiate qu’une hypothétique description d’une réalité qui de toute façon nous échappera toujours.

Je voudrais savoir pourquoi l’enfer doit être éternel ? N’est-ce pas trop dur- même pour les plus méchants des hommes ? [Luis]

Parler de l’enfer c’est évoquer la question du jugement. En tant que chrétien, je crois qu’il y a un jugement et que la venue de Jésus-Christ a ce jugement pour effet (Jean 9. 39). Mais ce jugement dépasse et mes critères du justice et ma capacité de me représenter la sentence. Ce n’est pas parce que je ne peux pas me représenter ou même accepter certaines choses que je lis dans la Bible que c’est choses sont fausses. Ces éléments là appartiennent d’abord au Seigneur, créateur et Tout-Puissant ; Avant de lui dire ce qu’il a à faire, je préfère essayer de l’écouter et de mettre en pratique ce qu’il me dit, dans la joie que procure sa rencontre.

Si Jésus a autant parlé de l’enfer comme d’un lieu de souffrance, n’est-il pas ignorant ou simpliste d’affirmer que l’enfer est simplement une inexistence ou un non lieu ? [Joseph]

Si certains chrétiens imaginent que l’enfer n’est qu’une image, plutôt qu’un lieu réel, c’est notamment parce que le récit principal quant à l’enfer dans la bouche de Jésus lui-même est une forme de parabole ou de saynète : Luc 16,19-31, l’histoire du riche et du pauvre Lazare.

Le refus de l’enfer dans la théologie de certains parlent d’eux et de leurs désirs plutôt que de la réalité de l’enfer. Il peut arriver de refuser l’idée d’un enfer réel :
– par peur de la réalité d’une souffrance infinie,
– par sentimentalisme quant à la bonne nouvelle qui serait menacée dans son annonce par la « mauvaise nouvelle » qui va avec, et qui ne passerait pas bien en termes de marketing théologique,
– par simple apostasie car l’Ecriture est claire sur le sujet (Apoc 2,10, Apoc 21,8).

Jésus parle de la géhenne à sept reprises dans l’évangile de Matthieu ! (voir 2Rois 2,10 pour la première évocation de ce terme)

Paul parle de régions inférieures selon la terminologie grecque et le décrit comme un lieu de feu (Eph 4,9 – 2Thess 1,7-8).

Le Premier testament l’évoquait explicitement (Deut 32,22 – Esa 30,33 – Esa 33,14)

L’Apocalypse utilisera la terminologie de la seconde mort (Apoc 20,14 – 21,8 – 14,10-11 – 2,11).

Qui a créé l’enfer ? [Laura]

C’est pas moi ! Au-delà de cette boutade, je crois que dans sa simplicité apparente, la question que vous posez en soulève beaucoup d’autres, que vous aviez peut-être en tête quand vous vous êtes adressée à 1001 questions. Je vais vous répondre à partir de ce que je crois et de ce que je lis dans la Bible, autant qu’à partir de ce que je vois autour de moi.
Je crois que l’ensemble de la création est le fruit de l’acte créateur du Dieu trois fois saint. Donc, si je considère l’enfer comme un lieu spécifique de la création, je crois que c’est Dieu qui l’a créé. Matthieu 25. 41 : « Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche: Retirez-vous de moi, maudits; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. » Ce « feu éternel » peut être compris comme l’enfer, même si on voit bien qu’il y a beaucoup de toute notre imagerie à revoir là-dedans. Et il est clair que ce feu a été préparé… Je ne vois pas par qui d’autre que par Dieu. Cela n’est pas du tout plaisant ni à écrire ni à concevoir, mais je ne peux pas faire autrement que de lire ce que je lis. Dans sa vision de l’Apocalypse, Jean a aussi vu un étang de feu et de soufre où le Satan sera jeté. Le problème, c’est que la Bible parle assez peu de l’enfer, en tout cas selon les représentations que nous en avons. Voilà pour ce que l’on peut peut-être penser quand on envisage l’enfer comme punition. Cela me semble vouloir dire que dans la vraie vie, ce n’est pas comme à l’école des fans (une vieille émission de télé où on faisait chanter des enfants… c’est trop long à expliquer) : tout le monde n’a pas gagné à la fin. Ce que nous vivons sur terre n’est pas indifférent à Dieu.
Reste que sans même de parler de ça, je constate que beaucoup de mes contemporains qui prétendent vivre sans Dieu font déjà un enfer de leur vie. Attention je n’ai pas dit tous ! Mais il y a bien des domaines de la vie où dès à présent, j’ai l’impression de voir évoluer des damnés dans l’enfer de Dante : s’étriper pour un pot de pâte à tartiner au rabais, c’est vivre quelque chose de l’enfer ; vivre sa sexualité soit par la pornographie, soit par la fréquentation de sites des rencontres exclusivement sexuelles, c’est courir le risque de vivre quelque chose de l’enfer ; évoluer dans une entreprise qui détourne la devise républicaine pour mettre « volonté » à la place de « fraternité », c’est courir le risque de vivre quelque chose de l’enfer. Pas besoin d’imaginer que Dieu soit l’auteur de tout ça.

J’ai bien connu une personne qui avait toujours été élevée dans la religion et qui a mis fin à ses jours de manière brutale. Va-t-elle ou est-elle en enfer ? [Alexandre]

Cette idée est répandue. Je me souviens qu’une famille qui m’avait appelé à célébrer les obsèques d’un de ses membres m’avait caché qu’il s’était suicidé, par peur d’essuyer un refus de ma part, et pensant probablement que la présence d’un pasteur assurerait automatiquement le départ du défunt vers le ciel.. Double erreur !

La Bible nous relate quelques suicides : celui de Judas bien sûr, pris de remords après avoir trahi Jésus. Ou d’Ahitophel, conseiller d’Absalom, parce qu’il n’avait pas été écouté et qu’il craignait sans doute de voir son maître perdre la partie contre David (2 Samuel 17,23). Celui qui met fin à ses jours ne supporte plus de vivre parce que tout ce qui fondait, justifiait à ses yeux son existence s’effondre sans recours. Ce qui distingue Judas de Pierre (qui a pourtant aussi trahi Jésus en le reniant), ce sont les larmes de repentir que ce dernier a versées. Pierre a accepté de ne pouvoir se justifier lui-même et de s’ouvrir au pardon du Seigneur.

Mais gardons-nous bien de décider du sort éternel de celui ou celle qui ne supportait plus de vivre et qui  a succombé au désespoir, même s’il a été « élevé dans la religion » (la religion ne protège de rien, ce qui sauve c’est la foi !). Gardons-nous du jugement. La Bible nous rappelle que le dernier mot sur toute vie et tout être appartient à Dieu. L’enfer, pour celui qui s’est suicidé, c’était d’abord sa vie de souffrance, ses questions sans réponse, sa solitude, sa dépression, ses impasses, que sais-je encore. Et même un croyant sincère peut succomber au désespoir. L’enfer pour ceux qui restent, les proches, c’est la culpabilisation qu’entraîne un tel geste « Si j’avais pu l’écouter, l’aider, comprendre sa souffrance »… Mais de tous ces enfers, le Seigneur peut nous sortir, comme il a fait sortir son fils du séjour des morts.

Peut-on croire à l’affirmation d’Angelica Zambrona d’avoir vu le Pape Jean Paul II et Michael Jackson en enfer ? [Mark]

Non. J’aurais presque envie de m’en tenir là, mais il est peut-être utile de fonder davantage ma réponse. Angelica Zambrano affirme avoir eu une vision durant un temps au cours duquel elle a été déclarée morte cliniquement. Je ne prétends pas remettre en question la sincérité de cette personne, mais en parcourant rapidement son témoignage suite à votre question (je n’en avais pas entendu parlé avant), je n’ai pu que constater qu’il s’agissait d’un énième témoignage sur l’Enfer et le Paradis, mais surtout sur l’Enfer, avec force détails dont aucun n’est biblique (des histoires de cellules pour les damnés de démons qui ressemble aux personnages de Dragon Ball Z…). Le témoignage est truffé de citations bibliques, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il soit vraiment bibliquement fondé. Il ne suffit pas de donner des citations bibliques à l’appui de ce que l’on dit pour être porteur de la Parole de Dieu. D’autre part, je me souviens de la fin du dialogue entre le riche et Abraham dans la parabole du riche et de Lazare (Luc 16. 19-31) : « Abraham lui répondit: ‘Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent.’ Le riche dit: ‘Non, père Abraham, mais si quelqu’un vient de chez les morts vers eux, ils changeront d’attitude.’ Abraham lui dit alors: ‘S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader, même si quelqu’un ressuscite.’» En ce qui me concerne, je préfère m’en tenir à ce que la Bible m’enseigne au sujet de ce qui se passera après ma mort, et m’occuper avant tout de ma repentance personnelle, avant de m’intéresser au jugement sur les autres, même Michaël Jackson, le pape ou mon arrière grand-mère. Et dans ma repentance qui me fait découvrir le trésor de grâce et de miséricorde de Dieu, témoigner alors de cet amour autour de moi.

Le plan du Salut (Romains 8 : 28-30) : cette réflexion me porte directement vers la prédestination. Qu’en est-il alors de ceux qui ne sont ni prédestinés- ni appelés ? [Carole]

Ce passage de l’épître aux Romains souligne que  Dieu nous sauve en Jésus-Christ, quand bien même nous ne pouvons rien faire de nous-mêmes pour nous sauver.  Ainsi apprenons-nous que c’est Dieu qui « gère » notre salut, et que nous pouvons donc lui abandonner nos vies, dans la confiance.

Nombreux sont ceux que l’idée de prédestination angoisse. Ils pensent à ceux qui ne sont pas prédestinés au salut et semblent donc injustement exclus. Ils ont peur d’être de ces derniers et se demandent comment vérifier qu’il n’en sont pas.  Ce mode de pensée est étranger voir opposé à la manière confiante de penser à laquelle Paul nous convie. En effet, si Dieu est Dieu et s’il gère le salut, ne le gérera-t-il pas correctement ? Et quand bien même je ne serais pas prédestiné au salut, cela pourrait-il être pour mon mal si telle était la juste volonté de Dieu ?

Dieu gère le salut et il  le fait bien. Il a aimé le monde et il l’a sauvé en Jésus-Christ. La Bible nous dit que certains seront sauvés quand d’autres ne le seront pas. Notre affaire n’est ni de le comprendre ni de le savoir. Notre affaire est de croire.

Qu’est-ce qui arrive à l’âme d’un mécréant ou d’un bienfaiteur lorsque ceux-ci sont enterrés ? Chez les catholiques comme chez les musulmans, le purgatoire existe. [Maurice]

Pas chez nous ! Parce que rien dans la Bible ne laisse entendre qu’il pourrait y avoir un lieu ou un temps intermédiaire. Le « paradis », c’est la vie éternelle dans la présence du Père, aux côtés (= à la table !) du Fils. L’« enfer », c’est d’en être privé. C’est par commodité de nos intelligences infirmes que nous nous représentons cela dans des catégories de temps et d’espace, dans lesquelles Dieu n’est pas contraint, ni nous non plus quand nous vivrons auprès de lui ! Donc ni temps de peine ou de probation, ni lieu de souffrance en attendant d’en être délivrés…

Utilisant les représentations de son temps, Jésus raconte une petite histoire (Luc 16,19-31) dans laquelle l’un des personnages est « dans le sein d’Abraham » et l’autre brûle « dans l’hadès » (= le séjour des morts) ; celui-ci seul est dit avoir été enterré, d’ailleurs, alors que les deux sont morts. Et dans la logique de cette représentation, Jésus fait dire à Abraham qu’il n’est pas possible de passer d’un lieu à l’autre. Plus important : il souligne que c’est dans notre existence présente que se joue notre salut, dans l’écoute de la Parole de Dieu.

Le critère n’est donc pas l’alternative « mécréant / bienfaiteur » mais « incroyant / croyant », car la Parole de Dieu témoigne non pas de nos œuvres, mais de l’amour que Dieu nous porte en Jésus. Faisons-nous confiance à Dieu, à Jésus, pour notre vie, aussi bien ici-bas qu’au-delà ? Voilà la vraie question, et c’est pour aujourd’hui : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Psaume 95,7-8 cité trois fois par l’épître aux Hébreux, ch. 3 et 4). Jésus est mort et ressuscité pour que, dans cette confiance en lui, nous ayons la vie éternelle (et que dès maintenant nous puissions bien faire, gratuitement). En dehors de cette confiance, notre vie « enterrée » n’est que vide et néant, maintenant comme ensuite.

Que dit la Bible de l’enfer?

Cela dépend si on entend par « enfer » (qui n’est pas un mot d’origine hébraïque ou grecque, donc il n’est pas étymologiquement biblique) un temps ou un lieu de tourments, sanction de l’injustice, ou bien le « séjour des morts » (Sheol en hébreu, Hades en grec) là où les morts attendent la résurrection (l’ « enfer » en ce sens, comme en français, pouvant dans la Bible avoir un sens métaphorique pour désigner les souffrances de la vie présente, voir par exemple Job 38,14).

Quand il s’agit d’un temps ou un lieu de tourments, après la première mort, lié à l’injustice de chacun, l’ « enfer » (nommé « géhenne » en Matthieu 5, 22.29.30 ; 10,28 ; 18,9; 23, 15.33 ; Marc 9,43.45.47 ; Luc 12, 5 ; Jacques 3, 6) est associé à des souffrances causées par le feu (au « séjours des morts » d’après Luc 16, 23-24). Mais s’agit-il de souffrances éternelles qui suivront le jugement du Christ (voir Matthieu 25,46 où il semble y avoir éternité de la vie pour certains comme du châtiment pour d’autres, ce qui n’est pas le cas en Romains 2, 7-8), temporaires en vue d’une purification (1Corinthiens 3,13) ou d’une destruction (c’est la position dite annihilationiste, justifiable en particulier par Apocalypse 20, 13-21, 8) ?

Pour résumer, l’ « enfer » est décrit ou bien comme un temps d’attente pour les morts, ou bien comme un temps et un lieu de souffrance (« pleurs et grincement de dents » en Matthieu 13,42) par le feu. Il sanctionne l’injustice, et est la conséquence logique d’une vie loin de Dieu qui nous appelle à la vie en plénitude.

Je ne me permettrais pas de trancher si les souffrances en question sont éternelles ou passagères.