Dois-je obligatoirement avouer mon infidélité- sachant que mon mari est dépressif ? [Ouriah]

Chère Ouriah, aucun des répondants sur 1001questions.fr ne revendique d’autre qualification que pastorale. Nous ne sommes pas des psychologues, pour décider si parler de votre infidélité à votre mari l’aiderait à sortir de son état dépressif ou l’y enfoncerait davantage. D’autant plus qu’un psychologue chercherait d’abord à comprendre les causes de cette dépression en en parlant avec l’intéressé…

Il vous demanderait aussi si cette « infidélité » appartient au passé, ou s’il s’agit d’une liaison dans laquelle vous êtes toujours engagée. Si la réponse est « oui », vous êtes-vous posée l’autre question ? A savoir, que pense le Seigneur de ma relation avec un autre homme ? Est-ce que je peux rester dans cette situation, et simplement me préoccuper qu’elle ne fasse pas souffrir celui à qui j’ai donné ma parole ?

 

Pourquoi Jésus oublie le « croissez et multipliez » ordonné aux humains à la base ? [Sam]

Il est vrai que lorsque Jésus aborde la question du mariage et du couple, par exemple en Marc ch.10, vv.6ss, il ne parle pas des enfants mais cite le ch.2 de la Genèse, qui donne comme sens et but à l’union de l’homme et de la femme de devenir « une seule chair », littéralement, comme un seul être. Par l’amour où chacun ne s’appartient plus, mais se donne à l’autre.

Je ne pense pas que Jésus oublie le mandat de fécondité donné par Dieu au ch.1 de la Genèse, que vous citez, Sam. Mais il répond à une question des pharisiens sur le divorce, qui, dans le Judaïsme, était toléré pour des motifs parfois très futiles. Jésus connaît le texte du Deutéronome permettant à l’homme de répudier sa femme, mais il insiste sur le fait que ce n’est pas le projet de Dieu, que c’est une concession à la dureté de nos coeurs, autrement dit à notre manque d’amour.  Bref, ce n’est pas la question des enfants qui est au coeur de ce débat où Jésus est impliqué. Ce n’est pas le sujet.

Quant au mandat de « remplir la terre » que le Créateur a donné aux hommes, il peut être considéré comme bien rempli, puisque nous avons dépassé le cap des 8 milliards d’êtres humains sur terre ! Et même un couple qui n’a pas la joie de mettre des enfants au monde est un couple à part entière, dont l’amour peut engendrer d’autres fruits.

Y-a-t-il au moins une famille équilibrée dans la Bible ? [Ida]

C’est vrai. On pense aux frères ennemis Caïn et Abel (Genèse 4), à la rivalité de Jacob et d’Esaü largement orchestrée par leur mère, Rebecca (Genèse 27), où même à l’esprit de famille contesté par Jésus : la question est légitime !

Fondamentalement, on peut même se demander si famille doit rimer avec équilibre, puisqu’une vie de famille, c’est un changement perpétuel.

D’ailleurs dans la Bible les familles se présentent d’abord comme des histoires racontées. Dans ce sens, elles ne sont pas des modèles, mais le terreau naturel, humain pour l’annonce de l’amour de Dieu et de sa parole de salut. La famille relève d’un donné, du « créé ». Elle se révèle donc ambivalente.

La Torah s’intéresse quand même de près aux relations familiales. Elle prononce des interdits sexuels (Lévitique 20), des recommandations cultuelles familiales, comme le Sabbat.  L’exemple le plus remarquable est le 5ème commandement : « Honore ton père et ta mère » (Exode 20, 12). Ces règles énoncent des équilibres essentiels.

Dans le Nouveau Testament, la famille apparaît surtout comme le lieu où la foi est vécue et transmise. Parfois cela bouscule, voire bouleverse les relations. Nous avons quand même au moins deux exemples positifs : la famille de Jésus, malgré les propos sévères de celui-ci sur sa « mère » et ses « frères », l’a suivi dans le discipulat, et a fait partie de la première Eglise ; et Timothée, qui a reçu la foi en famille, de sa grand-mère et de sa mère (2Timothée 1, 5). Quant à Paul, il s’est efforcé dans ses lettres de promouvoir des relations les plus équilibrées possibles dans les familles des chrétiens (1Corinthiens 7), pour que Dieu y soit honoré malgré la complexité des situations. Un défi qui reste d’actualité pour nous !

Peut-on divorcer quand on n’arrive pas du tout à s’entendre dans son couple ? Peut-on rester souffrir jusqu’à la mort ? [MoÏse]

De nombreux couples, de nombreuses personnes, hommes ou femmes, peuvent se poser cette question un jour. Même conduite par l’amour, la vie conjugale est exigeante, et elle touche des cordes très sensibles, très intimes. Il ne va pas naturellement de soi qu’un couple vive ensemble pendant 20, 40, 50 ans ou plus. Ce n’est pas naturel, mais ce n’est bien sûr pas impossible !

Et au regard de la Bible, on ne peut que le vouloir et l’encourager. Jésus parle peu du mariage, mais quand il le fait, c’est pour en tirer le maximum : « Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni » (Matthieu 19, 6). Ce maximum – on pourrait dire aussi : le meilleur – rappelle l’esprit dans lequel un couple est uni, et non la lettre. Cette union ne saurait être un petit arrangement, une convenance. Chaque partenaire s’y engage « corps et âme ».

Quand la discorde s’installe au sein du couple, l’échec est à la mesure de cet engagement : il est d’autant plus fort ! Des relais extérieurs (conseil conjugal) peuvent aider à prendre du recul, mais ne sont pas toujours suffisants non plus. Quand l’amour tourne au drame permanent, ou, pire, à la violence, alors mieux vaut envisager la séparation que de poursuivre dans une spirale dangereuse, qui entraînerait le couple, et des enfants, dans une souffrance perpétuelle. S’il est question de vie ou de mort, il est même urgent de protéger celui ou celle qui doit l’être. On ne parle alors plus de convenance ! Et si cette décision fait naître en nous un sentiment de culpabilité, n’oublions jamais qu’auprès de Dieu se trouve le pardon (Psaume 130, 4).

Quelle différence entre affection et amour ? [Jonathan]

Notre société aime parler d’amour. Encore est-il intéressant de réfléchir à ce que signifie vraiment aimer. Le grec ancien, langue du Nouveau Testament, emploie trois mots principaux pour désigner 3 types d’amour différents. Le premier terme est « philia » et désigne l’amour-amitié, qu’on pourrait peut-être rapprocher de l’affection. Le second mot est « eros » qui désigne l’amour romantique et l’attirance sexuelle. Le troisième terme est « agapè » qui désigne un engagement pour l’autre.
Lorsque le Nouveau Testament parle de l’amour de Dieu ou de l’amour que nous devons avoir pour les autres, il utilise le mot « Agapè ». Dieu est amour, il a montré son amour en s’engageant pour son peuple et l’humanité entière, jusqu’à la croix, et ce alors même que nous ne le méritions pas (Romains 5/6-8, Jean 3/16, 1 Jean 4/8). Cet amour de Dieu en Christ doit nous conduire à aimer les autres en nous engageant concrètement pour eux (1 Jean 3/17) et ce sans condition (Matthieu 5/44). Cet amour d’engagement est appelé à être vécu tout spécialement au sein du couple (Ephésiens 5/25).
Ainsi, l’affection, l’attachement que nous pouvons avoir avec nos proches, de même que le sentiment amoureux ne deviennent de l’amour, au sens biblique, que lorsqu’ils se doublent d’un engagement pour l’autre, qui ne dépend pas des sentiments.

Est-il mauvais pour un chrétien d’utiliser les sites de rencontres ? [Roy]

Dans le passé, on rencontrait son futur conjoint au bal du village, dans sa communauté, son lieu de travail ou d’études, sans oublier bien sûr l’Eglise et les mouvements de jeunesse ! La solitude affective engendrée par les modes de vie actuels de plus en plus éclatés et individualistes oriente aujourd’hui beaucoup de personnes en recherche d’amitié, de relation amoureuse, voire d’un conjoint, vers les sites spécialisés qui se sont développés aux dépens des classiques petites annonces.

Nous pouvons connaître ici ou là des couples heureux de s’être rencontrés par l’intermédiaire d’internet. Votre question, Roy, montre toutefois votre sensibilité au fait qu’une relation virtuelle, numérique, n’est pas sans risque. Tout d’abord, il est difficile de cerner les intentions réelles d’une personne avec qui on commence à échanger par clavier interposé. Souhaite-t-elle développer un lien réel ou se réfugie-t-elle derrière l’anonymat pour éviter de s’engager sérieusement, ou pour donner une fausse image d’elle-même ? Est-elle animée de bonnes ou de mauvaises intentions, en profitant du lien affectif qu’elle crée chez son interlocuteur/trice ? On peut d’ailleurs se poser ces questions à propos de soi-même tout autant qu’à propos de l’autre. Un écran… fait aussi écran, et rien ne remplace une rencontre réelle des personnes. Parler de « sites de rencontre » peut constituer donc, d’une certaine manière un abus de langage.

Bref, la recommandation de Paul reste pertinente en la matière : « tout est permis, mais tout n’est pas utile ; tout est permis, mais je ne me laisserai asservir par rien » (1 Cor 6,12 ; 10,23).

Signalons enfin que des associations comme La Cause, à Carrières sous Poissy, accompagnent les célibataires, veufs, ou divorcés qui cherchent un conjoint chrétien, via leur service de conseil conjugal Eliézer (du nom de ce serviteur d’Abraham parti chercher une épouse pour son fils Isaac). Eliézer a demandé au Seigneur de le guider dans sa recherche (Genèse 24,12ss)…et il a été exaucé. Pourquoi, si vous êtes concerné personnellement, ne pas prier pareillement pour rencontrer celle que le Seigneur vous destine ?

« Ils se font eunuques pour le royaume de Dieu ». Est-ce que pour avoir un ministère puissant pour l’Évangile il faut renoncer aux relations sexuelles ? [Oscar]

Voici la parole in extenso de Jésus, que vous citez, Oscar, d’après Matthieu ch.19, v.12 : « Car il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère; il y en a qui le sont devenus par les hommes; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne ».(version Segond).

Il faut replacer ces paroles assez difficiles à comprendre (de l’aveu même de Jésus !) dans leur contexte : Jésus vient de délivrer un enseignement exigeant sur le mariage, en insistant sur le fait que l’homme ne doit pas séparer ce que Dieu a uni, donc en refusant de banaliser la répudiation ou le divorce. A cela les disciples rétorquent qu’ils ne vaut donc mieux pas se marier.

Jésus leur répond que certains peuvent effectivement renoncer au mariage et à l’engagement qu’il suppose, pour se consacrer totalement à l’annonce de l’Evangile. Mais il n’en fait pas une règle contraignante pour tous les chrétiens, même ceux engagés dans un ministère à plein temps. Le célibat, tout comme le mariage, est un libre choix et non une obligation. Ce que nous devons retenir est que l’appel à servir le Seigneur doit précéder et orienter tous les choix importants de notre vie, qu’ils soient affectifs, familiaux, professionnels…

Cela ne garantira pas la « puissance » de notre ministère. Cette puissance ne dépend pas de nous mais du Saint-Esprit. Mais cela exprimera notre fidélité et notre amour pour le Seigneur et sa Parole.

Pourquoi les chrétiens sont obsédés par le sexe avant le mariage ? Jésus n’en a pas vraiment parlé non ? [Jeanne]

Je ne sais pas si ce sont les chrétiens qui sont obsédés par le sexe avant le mariage ou la société qui les entoure qui est obsédée par le sexe tout court. Dans la culture dans laquelle nous évoluons, la sexualité est disjointe de l’engagement. Il n’y a qu’à regarder n’importe quel film pour s’en rendre compte. C’est ce contexte qui pousse peut-être certaines personnes ou certaines églises à insister fermement sur la question du mariage. En effet, la vision biblique du couple humain repose sur l’unité et l’engagement. Genèse 2/24 dit cela : « L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme et ils deviendront une seule chair ». Ce verset est répété à 5 reprises dans la Bible, y compris dans la bouche de Jésus (cf Matthieu 19/4-6). Jusqu’à aujourd’hui, la seule façon d’engager sa vie avec une autre personne reste le mariage, qui est une belle et bonne chose que Dieu a voulue et dont nous pouvons nous réjouir.

Comment être sûr que la personne qu’on aime est celle qui est faite pour nous ? [Pierre]

Au risque de déplaire, je ne crois pas en ces histoires amoureuses qui se forment « parce que c’était lui, parce que c’était elle » Nous ne sommes pas programmés pour nous aimer à la façon d’âmes jumelles qui attendraient leur réunion avant de pouvoir aller deux par deux dans une harmonie pré-établie. Ça, c’est le discours des contes pour enfants, lequel a du mal à coller à la réalité.

La réalité, c’est qu’on se croise, qu’on se parle, qu’on se plaît, qu’on s’accroche, qu’on apprend à se connaître de mieux en mieux. On se rend compte qu’on est séduit, qu’on a des idées en commun sur ce que peut-être l’amour. Et puis on tombe amoureux. Et alors dans la mesure où rien n’empêche que ce qui a été vécu ici puisse être vécu avec une autre personne, il faut donc faire un choix.

J’en ai choisi une, je me suis marié avec elle, et puis ça change tout. Elle est devenue particulièrement unique à mes yeux. Alors le défis maintenant c’est de faire vivre et perdurer cet amour en le nourrissant du pardon, de la fidélité, de l’attention, de la soumission l’un à l’autre, et surtout: de la joie!

Peut-on prier pour demander à Dieu si nous sommes mariés à la bonne personne ? Surtout après avoir fait un mariage sans rechercher sa volonté ? Que faire en fonction de la réponse ? [Ana]

Trois questions en une ! Je ne sais pas trop Ana ce que vous entendez par « la bonne personne ». S’il s’agit du conjoint idéal, celui/celle qui nous comblera, dont la personnalité sera parfaitement en harmonie avec la nôtre et avec qui nous formerons d’emblée un couple parfait, je crains que la question ne puisse recevoir de réponse que négative. Car ce conjoint a un seul défaut : il n’existe pas. Un couple est une réalité en construction. C’est tout au long de notre vie que nous devons apprendre à connaître l’autre, à l’apprécier, à le comprendre, à communiquer, bref, à… l’aimer. Parcours semé d’embûches, d’obstacles, mais aussi d’émerveillements. C’est ainsi que l’autre devient ce qu’il a été dans mon choix de m’unir à lui/elle : la « bonne personne ».

Pour ce qui concerne la volonté de Dieu, le mieux est de la chercher dans sa Parole. Des chrétiennes ont déjà posé la question à l’apôtre Paul, qui leur a répondu au chapitre 7 de la première lettre aux Corinthiens. Elles étaient conscientes que partager avec son mari une même foi, une même espérance en Jésus-Christ, était un critère important dans le choix du conjoint (sans être une garantie de réussite, il convient de le rappeler : on connaît des couples chrétiens dont le mariage est un échec).

Mais voilà, elles s’étaient converties après s’être mariées et se demandaient s’il convenait de continuer à vivre avec un mari non-chrétien. Or Paul les encourage à ne pas rompre, sauf si c’est la volonté du conjoint en question. Il écrit même « le mari non-croyant est sanctifié par sa femme, et la femme non-croyante est sanctifiée par son mari ». (1 Corinthiens ch.7,v.11). C’est à dire qu’un mari chrétien ou une épouse chrétienne peut être pour son conjoint une occasion de rencontrer le Seigneur, de se convertir, et bien sûr d’entrer par l’Esprit dans une vie nouvelle, de changer en lui/elle-même ce qui fait souffrir l’autre.