Comment « surmonter » l’existence du mal- de la souffrance- et de l’injustice- quand on croit en Dieu (infiniment bon et tout-puissant) et en Jésus ? [Jean-Paul]

J’ai enterré des enfants, j’ai accompagné spirituellement des traumatisés de guerre, j’ai prié avec des SDF dans la rue… je l’ai fait avec conviction pour la seule et unique raison que je crois plus fort que tout la souveraineté de mon Dieu sur l’histoire de ce monde. Je crois en la guérison divine, le relèvement des pauvres, la providence, la résurrection, le Royaume merveilleux, la joie éternelle des élus après la mort.

Les athées argumentent l’inexistence de Dieu à cause du mal et de la souffrance, mais paradoxalement, les milieux paupérisés, les populations accablées par des catastrophes ou des guerres, les familles endeuillées ou les malades sont les plus réceptifs au message de l’Évangile. Le philosophe athée crie que c’est de la manipulation et que les croyants sont des faibles qui veulent se raccrocher à quelque chose… Mais si l’athée est conséquent, il n’a plus qu’à déprimer en attendant le jour prochain de sa propre agonie dans ce monde absurde. Par contre, beaucoup de malheureux protestent encore de leur foi et se laissent fortifier d’une manière qui surprend souvent l’occidental désenchanté.

La Bible évoque en long en large et en travers ce monde déchu, souffrant et injuste, livré à Satan. C’est la conséquence de la rupture volontaire de l’humanité avec son créateur. Dieu ne s’impose pas dans ce monde et livre les clefs à celui que les humains ont choisi comme maître. C’est aussi la cause de la venue de Jésus dont on ne peut pas dire qu’il soit resté distant et insensible à la souffrance puisqu’il a payé sous la torture la sanction des péchés qu’il n’avait pas commis, afin de racheter les humains qui veulent le suivre dans le Royaume de son Père. L’incrédulité est finalement la pire des souffrances qui puisse accabler un humain ; la prière et le partage de l’Évangile, son meilleur remède.

Que pensent les chrétiens de Mohammed- du Coran et de l’islam ? Pour les musulmans- ils sont les seuls croyants. Merci de m’éclairer. [Reine]

L’islam, religion fondée par le message de Mohammed inscrit dans le Coran, prétend être en continuité avec la torah et l’évangile. C’est le même Dieu qui aurait communiqué par Mohammed, qui serait le « sceau des prophètes » (Sourate 33,40).

L’islam confesse un Dieu unique, créateur de toute chose (Sourate 39,4-5), et appelle donc à se détourner des faux dieux. En cela, il est en continuité avec le christianisme.

Mais, la religion islamique entre assez clairement en contradiction avec la Bible (seule autorité en matière de foi et de vie pour les chrétiens protestants).
Voici 3 exemples qui paraissent fondamentaux :

— d’après le Coran, Dieu n’a pas engendré (Sourate 37,152). Mais ce que l’on appelle l’Incarnation est un point central de la foi chrétienne : Dieu le Père a engendré un fils (Psaume 2,7 ; Actes 13,33) pour son projet de salut des Hommes. Et Jésus est de la même essence divine que Dieu le Père (Jean 1,1-13)

— d’après le Coran, Jésus n’est pas mort sur la croix (Sourate 4,157-158). Or c’est un point absolument clair et décisif pour les chrétiens qu’il est mort et ressuscité (Actes 2,23-24)

— d’après le Coran, les vrais croyants sont ceux qui ont cru au message de Mohammed (Sourate 49,15). Les non-croyants seraient destinés au châtiment éternel (Sourate 33,64-65). Pour les chrétiens, ce sont ceux qui croient en la divinité de Jésus et en Sa résurrection (choses que nie le Coran) qui ont la certitude du salut (Romains 10,9).

Sans prétendre répondre à votre question au nom de tous les chrétiens, il me semble que s’il y a bien des proximités entre islam et christianisme, il y a des différences absolument fondamentales.

Je dirai donc que, en s’appuyant sur la Bible, on peut difficilement considérer Mohammed comme un vrai prophète et le Coran comme révélation divine.

Doit on baptiser « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », ou « au nom de Jésus », comme le faisaient les premiers chrétiens ? [Juan]

En fait les premiers chrétiens avaient les deux pratiques, soit au nom de Jésus, soit au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

La preuve en est, la mention faite des deux dans l’Ecriture sainte :
• « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. » (Actes 2,38), et
• « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » (Matthieu 28,19).

L’habitude de l’Eglise au fur et à mesure de sa pratique a été de privilégier le deuxième usage, trinitaire.

Pourquoi seulement deux évangiles parlent de Noël ? [Jeanne]

Deux évangiles parlent de la naissance de Jésus avec une narration qui pourrait être celle d’un journaliste aujourd’hui. Ce sont les évangiles de Matthieu et de Luc. Mais en réalité, chacun des quatre évangiles a un langage sur l’advenue du Fils de Dieu que nous reconnaissons dans Jésus, le Messie, le Christ, le Sauveur, le Seigneur.

Matthieu nous parle des rois mages, insistant sur Jésus comme roi, et même roi des rois. Ces personnages importants (pas décrits comme rois par le texte) viennent devant le bébé de l’étable de Bethléem et faire plier le genou à leur sagesse (mages), leur richesse (l’or), leur piété (l’encens), et leur destinée (la myrrhe). Jésus est bien le Sauveur d’Israël et même des nations qui n’attendaient pas de Messie.

Marc n’évoque pas la nativité, mais commence son évangile par le baptême de Jésus par Jean-Baptiste. C’est aussi un langage sur la naissance, une façon d’insister sur le fait que Jésus naît en tant que Sauveur et Messie véritablement au moment où il déploie sa destinée, c’est-à-dire à l’âge de trente ans. Il nous faut donc, nous aussi, naître d’en haut, naître de nouveau, comme Jésus le suggèrera à Nicodème dans l’évangile de Jean.

Luc nous parle des anges et des bergers, autrement dit de ceux qui sont le plus haut (anges) et ceux qui sont le plus bas (bergers). Ces derniers étaient mal vus à l’époque. Bref, c’est toute la création qui doit venir adorer le Seigneur, sur la terre comme au ciel.

Jean ne parle pas de la nativité, comme Marc. Mais son prologue nous dit que Jésus est la Lumière du monde, et qu’il est la Parole présente dès le commencement. Alors pour de la naissance, c’est de la naissance ! Il dit finalement que la deuxième personne de la Trinité, que nous appelons aussi le Fils (de Dieu) et qui s’est incarnée en Jésus de Nazareth, était présente à la naissance du monde. Rien que ça !

Alors pour vous qui est Jésus ?
Est-t-il en train d’advenir dans l’étable de votre cœur ?

Par quel livre commencer à lire la Bible ? [Pierre-Henry]

Lorsqu’on est chrétien, on comprend toute la Bible à partir de ce que Jésus a fait pour les humains. Le mieux est donc probablement de débuter par un Évangile, un récit de la vie de Jésus. On trouve quatre Evangile, dans la Bible, désignés par le nom de leurs auteurs : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Marc est peut-être un peu court; Jean, bien que très beau est profond peut paraître un peu compliqué au premier abord. Matthieu ou Luc sont probablement de bons points de départ.

Les épîtres du Nouveau Testament exposent la théologie chrétienne, le contenu de la foi des premiers chrétiens. Ils se trouvent dans ta Bible entre les Actes et l’Apocalypse. Ils peuvent t’aider à comprendre en quoi la vie, la mort et la résurrection de Jésus peuvent changer ta vie, aujourd’hui. Tu peux lire cela après les Evangiles, dans une traduction simple, au
début, comme la version « Parole de vie ».

La lecture de l’Ancien Testament, qui raconte ce qui est advenu entre Dieu et les hommes avant la venue de Jésus reste importante à entreprendre pour tout chrétien. Les livres situés dans cette première partie de la Bible nous disent ce que Dieu a fait, à travers les âges, pour appeler et sauver son peuple (livre de l’Exode, entre autres ). Ils nous parlent aussi de la condition de l’homme qui rejette Dieu (Genèse 3-11, par exemple) ainsi que de sa promesse d’envoyer un sauveur qui pourrait réconcilier Dieu et l’humain ( Esaïe 53, par exemple). Enfin, il nous donne des exemples de prières, avec le livre des Psaume et des indications pour notre vie, à travers la loi.

Si tu es curieux de connaître comment est né la première Eglise, comment les premiers chrétiens ont cru, se sont organisés et ont annoncé Jésus, regarde les Actes. Si tu te poses des questions sur la fin de l’histoire, jette un oeil à l’Apocalypse !

Le lecture de la Bible n’est pas toujours aisée. Mais si tu demandes à Dieu, dans la prière, de t’éclairer par son Esprit, il te sera donné de comprendre bien des choses sur Dieu et sur toi-même. Ne t’inquiète pas de ce que tu ne comprends pas pour le moment…accueille plutôt avec joie ce que Dieu te montre et n’hésite pas à rejoindre une communauté chrétienne pour recevoir quelques lumières de tes frères et sœurs dans la foi.

Bonne aventure à toi !

Jésus a-t-il mangé de la viande ? [Isabelle]

La Bible dit que l’homme est conçu pour manger « tout herbe verte » (Genèse 1/30). La première fois que Dieu dit à l’humain de manger de la viande se situe après le déluge (Genèse 9/3). Entre ces deux passages se trouve Genèse 3 qui raconte comment l’état originel de l’homme a été gâté par son péché. Ainsi, peut-on penser que si l’homme ne mangeait pas de viande avant d’être pécheur, Jésus, qui est sans péché, pourrait ne pas avoir mangé de viande (cf 1 Pierre 2/22). Ce raisonnement ne tient pas debout  pour plusieurs raisons.

1-Le régime omnivore de l’homme n’est pas présenté dans la Bible comme un péché. Il correspond à la loi de Dieu qui le commande en Genèse 9/3. Il est bien plutôt la conséquence du péché, liée à la condition humaine au même titre que la mort, la souffrance ou le travail. La Bible nous dit que Jésus, loin d’avoir fuit notre condition, l’a traversée en devenant comme un homme (Philippiens 2/6-11).

2-Si Jésus avait eu un régime très différent des personnes de son entourage, la Bible l’aurait assurément mentionné. Ainsi, nous pouvons supposer que comme juif, Jésus se nourrissait, entre autres, de viande « casher », c’est à dire d’animaux déclarés purs selon la loi juive et tués selon la règle que Dieu avait donnée à son peuple. De même, lorsque Jésus parle de nourriture, c’est souvent pour dire qu’elle a peu d’importance par rapport à l’amour que nous devons manifester aux autres humains (Matthieu 15/11).

3-Les règles alimentaires concernant la première Eglise, confirment cette manière de voir les choses. Alors que la question de manger casher et de s’abstenir des viandes sacrifiées aux idoles se posait, l’Ecriture nous dit que la relation que les humains ont à Dieu et aux autres a plus d’importance que ce qu’ils avalent. Voir sur ce sujet, Romains 14/1-4, Actes 10. Il n’est en tous cas nulle part question d’un appel au végétarisme, qui aurait probablement été de règle si Jésus avait suivi un tel régime durant sa vie sur terre.

Notre régime omnivore a quelque chose de triste : Il nous met en face de cette mort et de cette souffrance que nous n’aimons pas. La Bible promet en Christ, à toute la création, la fin de la violence et de la souffrance. Nous pouvons espérer cela de Dieu, en vivant aujourd’hui la foi l’espérance et l’amour que Dieu donne, dans le monde tel qu’il est.

« Nous le savons en effet, la création tout entière gémit et souffre jusqu’à ce jour dans les douleurs de l’enfantement. Elle n’est pas la seule : Nous aussi, qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons intérieurement dans l’attente de notre adoption et de la rédemption de notre corps. Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance. » (Romains 8/18-25)

Pourquoi Paul recommande-t-il aux femmes de porter le voile ? Quel rapport avec les anges- « la femme doit avoir sur la tête une marque d’autorité- à cause des anges. » (1Cor 11,10) ? [Kristina]

C’est un passage assez obscur et débattu, voici une piste d’interprétation.

D’abord, dans ce passage, Paul semble lutter contre l’habitude, en vogue dans les cultes païens, pour un homme de se voiler lorsqu’il prie ou prophétise (1Corinthiens 11,3-4).

Concernant les femmes, Paul semble s’en prendre à une autre pratique culturelle. Le port du voile était dans le monde gréco-romain, donc à Corinthe, une marque du fait qu’une femme était mariée. Le fait d’ôter le voile laissait donc entendre qu’elle était « disponible », donc potentiellement adultère. D’où la parole de Paul au verset 6, la tonsure étant un châtiment coutumier pour les femmes adultères.

Paul fait reposer son argumentation sur les deux premiers chapitres du livre de la Genèse : homme et femme sont égaux (1Corinthiens 11,11-12, voir Genèse 1,27), mais l’homme précède la femme (1Corinthiens 11,8-9, voir Genèse 2,20-23) : la femme doit donc respecter l’autorité de son mari, et signifier publiquement qu’elle est liée à son mari, et non disponible pour d’autres hommes.

Pour inviter à cette vigilance, quels que soient les motifs (qui nous sont inconnus) de ces retraits de voile des femmes dans l’assemblée chrétienne, Paul prend à témoin les anges, spectateurs et témoins de la vie de l’Eglise (voir par exemple 1Timothée 5,21 ou 1Pierre 1,12).

« La cabane » (livre et film) est-il un bon outil pédagogique pour parler du Dieu véritable avec d’autres (qui ne le connaissent pas encore/souhaitent apprendre à le connaître) ? [P]

J’ai vu le film mais n’ai pas lu le livre. Mon opinion est donc sans doute incomplète. J’ai trouvé que ce film était un bon moyen de secouer notre représentation de Dieu (par exemple, à un moment du film, Dieu le Père se montre sous les traits d’un vieil indien… pour la culture américaine, cela fait pas mal réfléchir…). Il pose également une question très importante, pas seulement pour le christianisme, à savoir la possibilité et les conditions du pardon. Il me semble donc que ce n’est peut-être pas le film le plus indiqué pour quelqu’un qui ne connaît pas encore le Dieu véritable, car il vient avant tout remettre en question des manières de se représenter Dieu.

Taï-chi et foi chrétienne : est ce compatible ? (en se focalisant uniquement sur les exercices respiratoires- par exemple) [Joz]

Le Taï-chi est une pratique liée à la culture chinoise et à sa philosophie traditionnelle, qui a donné aussi le bouddhisme, en connexion avec l’Inde. Cette pratique s’appuie donc sur une conception de l’être humain, du monde et de l’existence qui sont bien éloignées de celles que porte la Bible, et qui ne fait aucune place à un Dieu quel qu’il soit, et encore moins à un Dieu qui s’intéresserait à l’Humain au point de le rejoindre en Christ… Au contraire, l’objectif du bouddhisme étant le détachement complet des contingences humaines.

Bien évidemment la Bible ne connaît ni le Taï-Chi, ni les conceptions qui le sous-tendent, et ne nous donne pas de réponse… Alors qu’aurait dit le Christ ? Pour moi il aurait interrogé le rapport du pratiquant à sa pratique à travers le prisme de la liberté voulue par Dieu pour l’humanité. Si les exercices ne sont qu’une sorte de gymnastique qui permet de se concentrer, se relaxer, etc… Pourquoi pas ? Mais à condition d’être vigilant pour que ces exercices ne soient pas une sorte de « cheval de Troie » venant brouiller la relation que le « pratiquant » entretient avec son Dieu, créateur et père, aimant, et ne voulant pas pour nous le détachement, mais la Vie, intense, riche, au-delà de nos espérances.

En résumé, des exercices ne sont pas les moyens d’un salut qui nous est déjà gratuitement donné en Christ.

Pourquoi est-il question de terre maudite en Genèse 3/17 et de terre soumise à l’inconsistance en Romains 8/20. Qu’est-ce que cela signifie ? Qui est responsable ? (question reconstituée)

Ces deux versets font référence à ce que nous appelons « la chute » de l’homme, ce moment où le péché, le mal et la mort sont apparus dans le monde suite au péché d’Adam et Eve. La question que nous pouvons nous poser est la suivante : Qui provoque cette malédiction et cette inconsistance (en grec, vide, néant) ? Qui est celui qui maudit et qui soumet ainsi la création à l’inconsistance ? L’homme ou Dieu ?

Si nous prenons en compte l’origine de la malédiction, nous pouvons remarquer qu’elle fait indéniablement suite à la désobéissance des premiers humains. Ainsi, dans la Genèse, Adam et Eve sont décrits comme ceux qui, trompés par le serpent,  ont pris l’initiative de la désobéissance qui touchera la terre et la création entière. Paul exprime la même chose en Romains 5/14-17, désignant Adam comme celui par qui le péché est entré dans le monde. Ainsi, l’homme est en cause dans la malédiction, puisque cette dernière vient de son péché.

Dieu a quelque chose à voir, cependant, dans cette malédiction, dans la mesure où il s’agit de la sanction qu’il a choisie pour l’humain. Si nous lisons bien Genèse 3, nous pouvons remarquer que la sanction de Dieu dit sa sollicitude pour l’humain. Ainsi, Dieu met-il à l’homme des limites, afin qu’il puisse se rendre compte qu’il n’est pas Dieu et se détourner du mensonge du serpent (Genèse 3/4-5) pour pouvoir se tourner vers le vrai Dieu. Sa sollicitude ira si loin qu’en Christ, il acceptera de porter lui-même la malédiction du péché pour nous en libérer (Galates 3/13-14).