La Trinité résumerait Dieu à un Père, un Fils et un Esprit-Saint ? Dieu est plus grand que ça, on ne peut pas capter sa nature ; c’est dur de le diviser en trois. Jésus serait Dieu et Fils de Dieu ? [Sarah]

Oui on ne peut pas limiter Dieu dans des définitions.

Mais en même temps on a besoin d’éléments pour le comprendre.

Dire qu’il est Père est un langage pour nous exprimer qu’il est un Dieu relationnel et pas seulement un « étant ».
Dire qu’il est Fils nous dit que quand on regarde Jésus, on voit le Père.
Dire qu’il est Saint-Esprit nous explique que Dieu n’est pas seulement créateur (début), sauveur (milieu), mais qu’il est aussi actuel.

Et dire que Dieu est un et trois à la fois, c’est aussi nous dire qu’il ne faut pas rêver de comprendre parce que c’est mathématiquement impossible. Définir avec de l’incompréhensible, c’est justement dire que ça dépasse nos capacités de perception.

La Trinité est donc un langage.
Ce n’est pas une définition de l’être de Dieu.
C’est une pédagogie.

Qu’est-ce que le « saint baiser » dont parle Paul dans ses lettres ? (Rom 16.16 ; 1Co 16.20 ; 1Thess 5.26) [Jean-Luc]

Quand j’essaye de claquer une bise aux américaines de mon assemblée le dimanche matin, je suis rapidement ramené au fait que ma culture n’est pas universelle… On s’effleure vite fait les joues et on attend que la gêne passe.

Le baiser de salutation semble par contre très bien passer dans la culture des gens du Nouveau Testament. Les évangiles évoquent des hommes qui s’embrassent tout naturellement et sans l’expliquer (Mc 14, 45 et parallèles). De la même manière, dans les actes des apôtres, les responsables de l’Église d’Ephèse « se jettent au cou de Paul pour l’embrasser » (Ac 20, 37).

Cependant, chez Paul (Rm 16, 16 entre autres) ou chez Pierre (1 Pierre 5, 14), le baiser est qualifié de « saint » ou adjoint du qualificatif relatif à l’amour fraternel (agapè). La salutation culturelle normale est spiritualisée dans la communauté chrétienne. Ça veut dire que la salutation culturelle normale va être utilisée pour donner du sens aux relations entre chrétiens. Les conséquences pour la communauté vont être que des esclaves et des maîtres, des hommes et des femmes, des juifs et des grecs vont se saluer d’une même manière sans aucunes distinctions.

Chez des auteurs très anciens, par exemple Justin Martyr dès le 2e siècle, on lit que ce « baiser » faisait parti de la célébration de la sainte Cène (Première Apologie ch LXV). Cela n’offre pas non plus la certitude que Paul ou Pierre en faisait déjà une recommandation cultuelle mais c’est bien dans l’esprit.

Plus proche de nous (ou pas), au 19e siècle, on trouve une traduction anglaise où le verset a été transformé par « serrez-vous la main » (traduction J.B. Philips) pour des raisons évidemment culturelles.

Pour aujourd’hui, je n’ai pas pour ma part de prescriptions légalistes, mais je pense qu’il est essentiel de comprendre que l’accueil et la salutation que nous nous adressons entre chrétiens doit dépasser et sublimer la culture et la politesse. Cela fait pleinement parti de notre soumission au commandement du Seigneur pour ses disciples : « Aimez-vous les uns es autres » ou ailleurs sous la plume de Paul « accueillez-vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueilli, pour la gloire de Dieu » (Romains 15). 

Pourquoi Rom 1:16 dit que « la Bonne Nouvelle est pour sauver d’abord les Juifs puis les autres » ? Dieu fait-il une préférence pour les Juifs ou le peuple juif ? Si oui pourquoi ? [Jin]

Toute la Bible vient rendre compte de la manière dont Dieu agit pour sauver la création toute entière -dont l’humanité bien entendu !-
Ainsi, après le temps du déluge, à l’époque de Noé, Dieu va prononcer ces paroles: « Je ne maudirai plus la terre à cause des humains […] et je ne frapperai plus tout ce qui est vivant » et « tous les êtres ne seront plus retranchés par les eaux du déluge, et il n’y aura plus de déluge pour anéantir la terre« .

Cette action de Dieu à sauver sa création passe par une histoire: celle du peuple juif qui va être appelé par Dieu « mon » peuple, puis celle de Jésus Christ né dans ce peuple et parmi lequel il a agit… ainsi que l’ont compris ceux qui l’ont accueilli à l’entrée de Jérusalem en criant « Hosanna ! Sauve ! »

La Bonne Nouvelle du salut est donc adressée par Dieu à son peuple mais aussi à l’humanité toute entière. Il souhaite montrer à toute la création qu’il ne se dégage pas des alliances qu’il a suscité malgré les errances de ses enfants.

Le peuple juif n’a-t-il pas fait retomber la malédiction sur lui- avec la condamnation de Jésus par le Sanhédrin et la réponse à Pilate : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! »? Mt 27, 25 [Aglaë]

La responsabilité du peuple d’Israël (il s’agit de la descendance génétique de Jacob) dans la mort de Jésus est claire : ce peuple a été particulièrement béni par Dieu (Rm 9,4-6), mais par sa révolte contre Dieu malgré toutes les bénédictions reçues, il a manifesté, en crucifiant son Messie, qu’il était sous l’emprise de la puissance du péché comme les autres peuples (Rm 3, 9-18) et qu’il avait besoin de la médiation de Jésus-Christ et du Saint-Esprit pour obéir fidèlement à Dieu.
Dans la Bible, la bénédiction de Dieu traverse les générations, et il en est de même pour une malédiction (Ex 34,7) : les enfants pâtissent des conséquences des péchés de leurs parents.
Mais pour un juif comme pour un non-juif, le pardon et une vie nouvelle, prometteuse de bénédiction, est possible : « il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » (Rm 8,1 ; voir Jr 31,29).
De plus, concernant le peuple juif, l’infidélité de certains membres du peuple (« ceux qui sont issus d’Israël ne sont pas tous Israël », Rm 9,6) n’annule pas la fidélité de Dieu à Ses promesses pour le peuple d’Israël : Dieu, dans le cadre de son plan mystérieux, pardonnera les fautes d’Israël, quand Il mettra fin à sa période d’endurcissement (Rm 11, 25-26).

Concrètement- en quoi consiste la prédestination et qui concerne-t-elle ? Comment savoir si on l’est (prédestiné) ? [Maxime]

La prédestination est l’idée selon laquelle Dieu a choisi d’avance ceux qui seraient sauvés et ceux qui ne le seraient pas. Cette idée est assez bien étayée bibliquement. Ainsi, l’Ancien Testament est l’histoire de l’élection et du choix par Dieu d’un peuple qui ne le méritait pas (Deutéronome 7/7). De nombreux passages semblent, en outre, indiquer que les dispositions du cœur à obéir à Dieu viennent de Dieu lui-même (endurcissement de Pharaon en Exode 4/21 ou Zacharie 3/18-19). L’évangile de Jean, de son coté, laisse souvent entendre que c’est Dieu qui donne à l’humain de croire ou de rejeter Jésus et donc d’être ou non sauvé (Jean 6/37-45, Jean 17/19, Jean 13/18). Le mot de prédestination est employé ou suggéré dans plusieurs textes attribués à Paul ( Ephésiens 1/4-6, 2 Timothée 1/9, Romains 8/28-30, Romains 9). Sur le plan théologique, cette doctrine a l’avantage de prendre au sérieux cette affirmation de la réforme qui veut que l’homme soit sauvé par Dieu seul, sans que la volonté humaine ne puisse rien y faire (Ephésiens 2/8-9). Sur le plan de l’expérience elle explique pourquoi certains croient quand d’autres ne croient pas. Sur le plan psychologique, elle permet l’humilité, puisqu’elle affirme que le salut est en dernier ressort l’affaire de Dieu et non la nôtre.

Jean Calvin a beaucoup réfléchi à la doctrine de la prédestination. Il en parle de manière assez claire dans l’Institution de la religion chrétienne. Pour Calvin, Dieu adresse un appel à la foi en Jésus-Christ à tous les humains par sa Parole. Seuls ceux qui sont prédestinés au salut accueillent la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Dieu rend alors leur cœur capable de croire, par son Saint-Esprit. Ils se convertissent  et sont  liés à Jésus à jamais.  Ainsi, la foi sincère, confiante, celle qui crie vers « Dieu Abba, Père » permet au croyant d’être conscient de son élection (Romains 8/29-30). Il n’est en revanche pas possible de déterminer si les autres sont ou non prédestinés  : certains se diront croyants pendant un temps, sans l’être vraiment alors que des personnes dont l’incroyance est  manifeste pourront un jour être appelés à croire et se convertir.

Pour terminer, j’aimerais préciser que la doctrine de la prédestination n’est pas là pour nous inquiéter. Aux croyants, elle dit que Dieu est l’auteur de notre foi. Il l’a fait naître et veut nous garder avec lui toujours. Aux personnes qui désirent croire en Dieu mais n’ont pas encore reçu la foi, elle dit que leur recherche a probablement Dieu pour auteur et qu’elle aboutira. Quand à ceux qui ne cherchent pas  Dieu parce qu’ils ne croient pas (encore) à son salut, ils ne peuvent logiquement pas avoir peur de ne pas être sauvés…

 

Dans Luc 16,9 Jésus a dit : « Faites-vous des amis avec les richesses injustes ». Quel rapport entre richesse et les tabernacles éternels ? [Unkn]

Les richesses sont de ce monde. Les tabernacles éternels évoquent la Vie éternelle.
Toute richesse dans ce monde livré à Mammon est en quelque sorte injuste. Si nous comptions sur l’Esprit de Dieu conformément aux béatitudes, nous ne manquerions de rien, nous n’aurions pas peur de manquer et donc pas besoin d’épargner. L’argent, à part comme moyen de faire circuler la richesse, ne sert à rien. Et nous n’emporterons rien dans la tombe.

S’opposent ici la logique du monde et celle du Royaume.
Si je cherche à capitaliser l’argent de ce monde j’investis dans les espoirs vains du monde.
Si je cherche à investir sur le Royaume, je suis prêt à tout utiliser de ce monde dans le seul but de gagner les uns et les autres pour le Royaume, de les gagner pour le Salut et la vie éternelle. Il n’y a plus que ça qui compte.

En français on dit que l’argent n’a pas d’odeur, ce qui signifie, paradoxalement, par antinomie, qu’il est toujours sale.
L’argent sale ce sont les ressources utilisées pour moi de façon narcissiques.
L’argent nettoyé c’est celui qui est, même d’origine injuste, investi dans le Royaume de Dieu et sa justice.

Comment utilisons-nous nos bien ?

L’EPUdF a-t-elle donné un avis sur la célébration des anniversaires de naissance ? Quels légitimité ou bien-fondé, ou quelle réprobation, au regard des Ecritures, notamment des Evangiles ? [Jean]

L’EPUdF n’a à notre connaissance jamais traité de cette question.
Et je pense qu’il n’y a aucun argument biblique pour.
Et d’ailleurs aucun argument biblique contre.
Certains diront que l’Eglise est une famille et qu’on peut souhaiter les anniversaires en famille.
D’autres penseront que ça peut devenir l’activité principale et que ça doit rester secondaire.

Joyeux anniversaire à Jésus en cette belle année 2017 de la manifestation de sa grâce !

Que dire que faire au sein d’une église locale- quand un frère accuse un autre frère et entre en procès avec lui. [Peps]

La Bible prend en compte le caractère tortueux du cœur humain et le risque que de fausses accusations soient portées (Actes 25/7) et ce même dans l’Eglise, entre chrétiens (1 Corinthiens 6/7-8). Elle invite l’église à trancher la question de manière objective : par l’appel à plusieurs témoins (Matthieu 18, 15-18, 1 Timothée 5/19) ou par un chrétien sage étant entendu que la sagesse biblique trouve sa source dans la Parole de Dieu (1 Corinthiens 6/5).

Les procès entre frères sont nombreux dans l’Eglise. Ils s’expliquent par toutes sortes de problématiques psychologiques et spirituelles. Comme pasteur, je ne saurais compter de combien de mensonges sans fondement j’ai été accusée en seulement quelques années de ministère ! Nous avons tendance, par volonté de « paix », à faire comme si de rien n’était et à laisser les fausses accusations se répandre. Nous n’aidons pas ainsi les menteurs à prendre conscience de leurs problématiques dans la repentance, nous décourageons ceux qui sont accusés à tord et nous laissons des mensonges destructeurs circuler dans la communauté. Je crois pourtant que la Bible  invite les communautés à regarder la vérité en face et à trancher dans la vérité et l’amour (Romains 12/17-27).

A titre personnel, donc, que faire ? Signaler le problème au conseil de l’Eglise, afin qu’il s’en saisisse et puisse trancher. Eviter d’entrer dans les polémiques et de se laisser personnellement entraîner par l’un ou l’autre camp. Prier pour les frères en procès.

 

Que signifie en Matthieu cette histoire de 7 démons qui reviennent quand un a été chassé ? [Kris]

Jésus, en Matthieu 12,45 nous avertit en effet, que si un démon est chassé, ça ne suffit pas à libérer la personne. La liberté ce n’est pas le vide intérieur. La nature a horreur du vide ; bien que ce proverbe ne soit pas biblique, c’est un peu ce que Jésus essaye d’expliquer. Si ce n’est pas un autre esprit — je devrais écrire un autre Esprit — à savoir l’Esprit du Christ, qui vient régner à la place de l’esprit mauvais, le Malin enverra sept autre démons, pour se venger, par colère, et comme ils trouveront la place vide, ils s’installeront.

Bref, il ne suffit pas de vider, il faut remplir.
Sinon d’autres le feront à notre place.

Je suis chrétienne et j’aimerais me marier avec un judeo-chrétien- est-ce que notre mariage sera reconnu par Dieu si je ne me marie pas à l’Eglise ? Peut-on se marier « deux fois » ? [Lib]

Votre question semble interroger la possibilité de se marier avec quelqu’un d’une confession chrétienne différent ou d’une religion différente. La Bible ne parle pas d’institution du mariage. Elle parle, en revanche, de l’unité du coup, de l’appel à vivre cette unité dans l’engagement à la fidélité pour toute la vie (Genèse 3/23-24). Ainsi le protestantisme reconnait le mariage civil, comme le « vrai mariage ». La mairie est en effet le lieu qui rend possible la prise d’engagement de chacun des membres du couple. Dieu entend ces engagements (Matthieu 5/37).

La bénédiction au temple protestant vient après ce mariage. Il permet au couple de remercier publiquement Dieu, de lui demander son aide et de recevoir la prière de la communauté. Une telle cérémonie est pertinente si elle correspond au désir des deux membres du couple. L’accumulation de deux cérémonies religieuses ne m’apparaît donc pas porteuse de sens.