Si Dieu était là avant l’aube de la création- d’où venait-Il ? [Manou]

Votre question me fait penser à celle que l’on a posée un jour à Martin Luther : « que faisait Dieu avant la Création? ». Luther répondit : « il taillait des baguettes pour taper sur les doigts des curieux ».

Rassurez-vous, Manou, les pasteurs qui répondent aux questions sur ce site ne sont pas adeptes des châtiments corporels.. Luther voulait souligner avec humour qu’il y a des questions sur Dieu auxquelles nul ne peut répondre. Nous, ses créatures, nous existons, ce qui signifie étymologiquement que nous « sortons de » quelque part, nous avons toujours une origine, une instance qui nous précède. C’est ce qui nous différencie de Dieu. Le philosophe chrétien Kierkegaard déclara fort justement : « Dieu n’existe pas. Il est éternel ». Dieu EST. Dieu est à lui-même sa propre cause. Et en disant cela, je m’avance déjà beaucoup, car quels mots, quels concepts humains pourraient le définir ? Nous ne pouvons « l’enclore », comme disait Calvin, nous ne pouvons enfermer Dieu dans aucune idée, aucune institution, aucune religion…

Comme l’écrit le Deutéronome (ch.29,29) : les choses cachées appartiennent au Seigneur, les choses révélées nous sont données pour que nous mettions sa volonté en pratique, et non pas pour spéculer à l’infini sur ce qui nous est inaccessible.

J’en ai marre de la guerre entre créationnistes et évolutionnistes. Comment se positionner ? [Mona]

Vous obtiendriez bien sûr des réponses très différentes d’un répondant à l’autre de ce site. Mais en voici une ; parmi d’autres.

Je suis créationniste
Je pense que le rédacteur de la Genèse n’a pas de prétention à poser un discours ni historique ni scientifique. Il se pose la question du sens de la vie. Et il nous raconte comment tout le monde visible est un monde désiré par Dieu, créé par Dieu avec sa Parole, et mis en ordre par Dieu, avec pour apothéose la création de l’humain, à qui sera remis le mandat de prendre soin de ce qui a été créé.
Il nous raconte la création du adam et de la ‘avah que nous appelons Adam et Eve comme s’il s’agissait de deux personnes dotées de prénoms, alors qu’il s’agit de noms communs. haAdam c’est l’Humain, et ‘avah c’est la Vivante. L’humanité est faite pour la vie. J’aime ça.
Bref, la Genèse ne traite pas une question de science mais une question de sens.

Je suis évolutionniste
Objectivement la science (elle-même en constante évolution) nous montre que l’humain a beaucoup changé. Regardez la taille des lits du Moyen-Âge… et regardez la tailles de nos ados, tous plus grands que leurs parents. L’humain évolue, la mixité entre les ethnies augmente avec la mondialisation. Tout change. C’est comme ça. Mais ça ne donne pas vraiment de sens à ma vie. Je le constate. Parce que pour le coup, observer ces évolutions est une question de science et pas une question de sens.

Donc je n’ai pas de temps à perdre à savoir où se trouve Lucy, l’éthiopienne, dans les généalogies du Premier Testament. Je ne cherche pas à savoir si les diplodocus sont ce que le livre de Job appelle le Béhémoth ou le Léviathan
Je suis tranquillement de mon époque et je vois la science changer ses théories tous les trente ans. Je suis paisiblement chrétien et je vois mon Dieu, fidèle depuis le commencement, et présent tous les jours par son Fils jusqu’à la fin du monde (Matt 28).

Pourquoi lors du deuxième jour de la création du monde (Gen 1:6-8)- Dieu ne dit pas que « c’était bon » ? [Franck]

Permettez-moi Franck une légère correction dans votre question. Dans le récit de la Genèse, l’expression « Dieu dit » introduit les paroles créatrices de Dieu au début de chaque journée. En fin de journée, il n’est pas précisé que Dieu dit quelque chose mais il est noté que : « Dieu vit que cela était bon ». Dieu nous apparaît ainsi dans la contemplation aimante et l’émerveillement devant sa création mais le texte biblique ne nous précise pas que Dieu dise quelque chose.

Sur le fond, je ne sais pas répondre à votre question ! Vous avez finement observé que ce deuxième jour et lui seul, ne mentionne pas cette vision de bonheur à la fin de la journée. Je ne doute pas que nos frères Juifs aient élaboré un grand nombre d’hypothèses pour expliquer cette bizarrerie. Pour ma part, je vous félicite pour votre lecture attentive. Le texte biblique nous surprend souvent par ses contenus, ses répétitions, ses silences, ses étrangetés. Cela nous stimule pour réfléchir, comparer, étudier. J’attire votre attention sur le fait que l’Ancien Testament en langue grecque appelée la Bible d’Alexandrie ou encore la Septante fait cependant au verset 8, la mention : « Dieu vit que cela était bon ». Pourquoi cette mention qui existe bien dans la version grecque du III° siècle avant J.-C. ne figure-t-elle pas dans le texte hébreu (Massorétique) qui nous est parvenu et qui serait plus récent selon les historiens, en tout cas dans sa forme actuelle ? Il y a parfois des questions qui restent sans réponse. Cela nous invite à l’humilité et à distinguer ce qui est vraiment utile pour une vie de foi et ce qui est secondaire. Je vous souhaite beaucoup de joie dans votre étude de la Bible !

Comment comprendre Genèse 1-2? Si la Terre a 6000 ans alors la science fait elle erreur dans les datations? Si nous sommes le fruit de l’évolution, la mort existait avant la chute de l’homme ? [Nicolas]

Deux questions en une, Nicolas ! Pour répondre à la première, effectivement la chronologie biblique prise à la lettre tomberait en flagrante contradiction avec ce que nous savons de l’âge de la Terre et de l’humanité. Le rédacteur du premier chapitre de la Bible n’avait pas nos connaissances scientifiques, mais son message est vrai, inspiré, pertinent : le monde n’est pas éternel, tout a un commencement (contre la vision païenne, antique, d’un univers statique, d’un temps circulaire…). Rien n’y est donc divin ou sacré, ni lune ni soleil ni étoiles. Ce sont des créatures, comme nous le sommes aussi. Genèse ch.2 compare le monde à un jardin à cultiver et à garder. C’est une image, mais qui n’est pas sans résonance dans nos préoccupations écologiques d’aujourd’hui. Adam et Eve ne sont pas, pour leur part, à identifier à Lucy, à l’australopithèque ou autres hominidés, mais aux humains à qui Dieu s’est révélé, ce qui justement a fondé leur statut d’êtres créés à son image.

Bref, il ne faut pas confondre (ni opposer d’ailleurs) le récit biblique avec un exposé scientifique des débuts de l’univers ou de l’histoire de l’Homme. Ce sont des genres différents, écrits l’un pour décrire, dire le « comment », l’autre expliquer, donner une réponse au « pourquoi la vie ? pourquoi le monde ? » etc.

Il faut garder en tête cette distinction en abordant la question de la mort, et cette mise en garde de Dieu à l’homme en Genèse 2,17 : « le jour où tu mangeras de ce fruit que je t’interdis, tu mourras ». Voici comment nous pouvons la comprendre. L’homme n’a pas été créé comme possédant l’immortalité, dans la mesure où, simple créature, nue et fragile, il ne vit que du souffle de Dieu. Il n’a pas davantage été « programmé » par Dieu pour mourir et retourner au néant. Mais en se séparant de son Créateur, il se sépare de ce qui le fait vivre un peu comme un scaphandrier couperait son tuyau d’alimentation en oxygène. Notez que sitôt mangé le fruit, l’homme et la femme éprouvent la honte de leur nudité, c’est à dire de leur statut de créature limitée, faible. Ils ont voulu se prendre pour des dieux, ils découvrent qu’ils sont poussière. « j’ai eu peur (de toi, dit Adam à Dieu qui le cherche), parce que j’étais nu, et je me suis caché » Genèse 3,10. Il y a mort et mort ! La mort, dans la Bible, ce n’est pas seulement l’arrêt des fonctions biologiques, c’est être privé de la présence de Dieu.

Dieu a-t-il réellement crée des hommes- bien distincts des femmes et cela par nature- de ce qui relève de l’inné et non de l’acquis ? (Je parle bien ici de genre et non de sexe) [Alyssa]

Le Genèse dit : « Dieu créa l’humain à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. » (Genèse 1/27) puis de cela et de toute sa création dit « il vit que cela était bon » (Genèse 1/31).
Le premier mot traduit par humain, évoque le genre humain, l’humanité. Celui qui est traduit par « homme » signifie en fait « mâle » et ce qui est traduit par femme signifie « femelle ». Dieu a donc créé l’humain mâle et femelle et cela est bon.
Cette volonté originelle de Dieu désigne-t-elle le sexe, la différence des corps ou le genre, le fait de se sentir subjectivement homme ou femme ?
Notons tous d’abord que l’humain, dans la Bible n’est pas une âme dans un corps. L’humain est âme et corps. C’est ainsi que Genèse 2/7 nous montre Dieu faisant l’homme de la poussière de la terre et de souffle. C’est ainsi aussi que le mot « humain » signifie aussi en hébreu « terre ». Ainsi Dieu a créé notre corps et notre âme mâle ou femelle. L’un ne va pas sans l’autre.
Notons ensuite que la Bible ne dit pas que les animaux sont fait mâles et femelles même si le corps de la plupart des animaux a aussi été créé sexué. Ces derniers ne sont pas créé « à l’image de Dieu » mais « selon leur espèce ». Cela signifie que la différence sexuée de l’humain implique plus que son corps. Elle participe à faire de l’homme et de la femme, différents et semblables, réconciliés et se donnant l’un à l’autre dans le couple, l’image de Dieu. En effet, nous dit Jean, « Dieu est amour ». (1 Jean 4/8)

Les chrétiens devraient-ils être écologistes ? L’environnementalisme est-il idolâtre ou païen? [Frédéric]

Si la « nature » est considérée comme « Création » et donc l’œuvre du Créateur, la créature humaine doit exercer une sainte domination sur le monde créé, pour y figurer son statut d’image de Dieu. Le projet était quand même que l’humain s’occupe correctement du jardin.
Mais l’échec de ce projet ne date pas d’hier, et les pépins sont vite arrivés.

Le Nouveau Testament nous présente une création qui a besoin d’être sauvée. Et c’est la raison pour laquelle Jésus est envoyé. L’Apocalypse, le dernier livre de la Bible, nous dit aussi que ce qui adviendra, c’est une « Jérusalem céleste », qui descendra. Donc désormais le projet de l’humain, tout en respectant la création, ne doit pas devenir idolâtre effectivement, et vénérer la création plus que le créateur comme le dit Paul en Romains 1. Il ne s’agit pas de rebâtir et restaurer la Jérusalem terrestre. D’ailleurs ce n’est plus un jardin, c’est bien une ville. La Jérusalem ancienne sera détruite.

Donc, pour simplement ne pas s’empoisonner, il faut être écologistes.
Et pour laisser Dieu sauver le monde, il faut arrêter de vouloir le sauver nous-mêmes.

Les protestants rejettent-ils l’évolution ? Croient-ils au créationnisme ? [Mark]

Je ne peux pas parler au nom de tous les protestants, mais vous exposer simplement une conviction que beaucoup de protestants (et de chrétiens en général) partagent.

Si l’on me pose la question : « pourquoi ce monde, et d’où vient tout ce qui est ? », je réponds que ce monde est le fruit de l’acte créateur de Dieu, comme l’affirme la Bible. Si l’on me demande « comment ce monde est-il apparu, et comment Dieu l’a-t-il créé? », alors je laisse les astro-physiciens et les biologistes nous expliquer que l’univers s’est formé sur des milliards d’années, que la prodigieuse diversité du vivant est le fruit d’un processus d’évolution fort long et complexe, etc. Et je m’émerveille d’autant plus de l’immense sagesse du Créateur.

Et si un partisan du créationnisme m’objecte : « mais le début de la Bible nous dit que tout a été créé en 7 jours », je réponds qu’il faut prendre le premier chapitre de la Genèse pour ce qu’il est, un poème liturgique glorifiant cette sagesse du créateur, et non un exposé scientifique des commencements de l’univers ou de l’apparition de la vie au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Si je prenais Genèse ch.1 à la lettre, comme un déroulement chronologique par exemple, j’aurais bien du mal à expliquer pourquoi le soleil n’est créé qu’au 4e jour alors qu’il n’y a pas de soir et de matin sans lui, donc de jour, sans lui. Ce que je retiens de ce cantique si bien construit, c’est que Dieu crée en ordonnant, en séparant des espaces, puis en les peuplant. Pas de place pour le chaos ou le vide ! Pas de place non plus pour la peur ou l’adoration idolâtre du soleil ou de la lune, divinisés au Proche-Orient à l’époque où ce texte fut composé : ils ne sont là que comme des lampions accrochés dans le ciel pour nous éclairer (voir Genèse 1,17-18). Le monde n’est pas « divin » en lui-même, il nous est donné par Dieu à préserver, à respecter, à connaître et étudier, à aimer. Ce que la science nous a appris avec la théorie du « big-bang », c’est que l’univers n’est ni éternel, ni infini, car il a un commencement, et donc une histoire, et aura aussi une fin. Ici, la science contemporaine a rejoint l’intuition géniale (et inspirée) des premiers mots de la Bible.

Pour résumer, à la question : « Création ou Evolution? », je réponds « faux problème ».

Le ciel est-il un état spirituel ou un lieu physique ? [Cécile]

Dans la création de Dieu, certains éléments nous sont connus par nos sens « physiques » (l’ouïe, le toucher, le goût, l’odorat et la vue), d’autres par nos sens « psychiques » (émotion, intelligence/raison) et d’autres encore par notre esprit. Moi, par exemple, je ne connais les planètes du système solaire que par mon intelligence… mais si vous êtes astronomes ou astronautes, vous les connaîtrez, également, par votre vue voire votre toucher !

Tous ces éléments ont été créé par Dieu et les chrétiens veulent proclamer la souveraineté/seigneurie de Dieu sur chacun d’eux. Lorsque la Bible parle du ciel, de la terre, de la mer, des firmaments, des êtres vivants, bref de toute la création, elle veut nous faire comprendre la légitimité de l’autorité (et volonté) de Dieu sur toutes choses.

Le ciel est à la fois ce que je perçois avec mes yeux mais également l’une des créations de Dieu dans lequel et sur lequel il règne. Son éloignement de la Terre a encouragé nombre de croyants (dans la Bible ou non) d’y voir le lieu où vit Dieu, cependant depuis l’incarnation de Jésus Christ nous ne pouvons plus considérer qu’il ne règne que là-haut ou de là-haut…même si nos mains continuent de s’élever vers le ciel pour indiquer la grandeur de Dieu pour nous.

Et j’entends aussi tout ce que Dieu a créé dans le ciel, sur la terre, sous la terre et sur la mer. Tout ce qui existe dans le monde chante : « Louange, honneur, gloire et pouvoir pour toujours à celui qui est assis sur le siège royal, ainsi qu’à l’Agneau ! » (Apocalypse 5, 13, PdV)

Si Dieu a tout créé, pourquoi a-t-il créé des choses dangereuses comme des animaux dangereux, des maladies et des virus ? [Elodie]

Le livre de la Genèse nous parle de la création du monde par Dieu, mais pas dans une perspective scientifique comme la nôtre aujourd’hui, plutôt dans la préoccupation du « sens de la vie ». Dieu crée les choses du monde. L’écosystème terrestre inclue la vie et la mort, même pour l’humain après le chapitre 3. Le lion mange la gazelle, la gazelle mange les feuillages. La prédation fait partie du processus de la vie et de la mort. Les bactéries et autres virus permettent la régulation de certaines destructions, la limitation d’une croissance exponentielle de certaines espèces… Cet équilibre est quand même assez merveilleux, bien qu’il inclue la violence, c’est vrai.

Maintenant, puisque la perspective de la Genèse est la question du sens, il est clair que le type de création dont nous parle le premier livre de la Bible est très particulier. Il s’agit de façonnage plus que de création. Le verbe BARA utilisé en hébreu et qui est traduit par créer est un verbe de l’artisanat. Au commencement il y a surtout le TOHU BOHU (la Terre était informe et vide). Le processus de création est plus de l’ordre la mise en ordre que de la baguette magique. Il y a de la matière qui « est-là », et Dieu met de l’ordre dans toute cette confusion, il sauve le monde de l’indifférenciation et du chaos, de l’indétermination et de la vacuité.

La théologie du rédacteur de la Genèse met donc en place ce qui sera la dynamique de toute l’Ecriture : Dieu veut nous sauver, nous extraire du désordre, nous retirer du magma, pour faire quelque chose de beau, de très beau. C’est pour cela que nous continuons la dynamique créationnelle de Dieu par rapport à ces chose qui « sont-là » et nous paraissent mauvaises.

Pourquoi Dieu a t il crée l‘Homme ? [Simon]

Pourquoi Dieu a-t-il créé l’Homme ?
Il faudrait le lui demander.
Parce qu’il en avait envie ?
Pour pouvoir discuter ?

Pour quoi Dieu a-t-il créé l’Homme ?
Pour le bonheur et pour la vie.
Pour régner sur la création, en tant que seul animal doté d’un Esprit.
Pour continuer la mise en ordre du monde créé par l’autorité de la Parole.
Pour être, homme et femme, image de Dieu, et devenir à sa ressemblance.
Pour être ambassadeur de son Amour, de sa réconciliation.

Notamment