Merci Kny de nous inviter à revoir nos classiques ! En effet, la question de la Cène a été centrale au 16e siècle, non seulement entre catholiques et protestants, mais au sein même de la Réforme. Luther confessait la présence réelle du Christ au moment où les paroles de Jésus sont rappelées (lors d’un débat avec Zwingli, il aurait commencé par écrire sur la table, dans la version latine : « ceci est mon corps ». Bonjour l’ambiance !). Pour Zwingli, Christ est au ciel depuis son ascension, il n’est plus sur la terre, donc le pain et la coupe sont des symboles, un mémorial. Il faut donc comprendre: « ceci représente mon corps ». Calvin, auteur d’un Petit Traité sur la Sainte-Cène, aurait peut-être pu réconcilier les deux positions. Pour résumer la sienne : « ceci présente mon corps ». Ce n’est que du pain, ce n’est que du vin, mais avec ces signes, et par l’Esprit Saint, le Seigneur nous atteste que nous avons réellement communication à son corps, son sang, en un mot à sa vie.
Jésus lui-même n’aurait -peut-être- pas compris grand chose aux débats philosophiques concernant la « substance » véritable des éléments de la Cène. Quand Jésus déclare « ceci est mon corps », ceci renvoie d’abord à la fraction du pain, plus qu’au pain lui-même (c’est à ce geste de la fraction du pain que les disciples d’Emmaüs l’ont reconnu, Luc 24,35). Puisqu’il ajoute « faites ceci en mémoire de moi. Il nous dit : mon corps, ma vie, c’est cela : un don partagé, offert pour vous, pour la multitude.
Quant à vous dire de quel bord sont les Attestants sur cette question… je n’en sais rien ! Peut-être de bords divers. L’essentiel est que nous discernions que le Seigneur est présent lorsqu’il nous invite à sa table, et qu’il a donné son corps et son sang pour nous.
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« Comment vivre dans le quotidien de notre vie- le sacrifice de la croix ? » [Marianne]
La première chose que nous pouvons faire pour vivre ce sacrifice est de comprendre son sens et sa nécessité. Jésus est venu pour ôter le péché du monde (Jean 1/29). A la croix il a payé le prix du péché des humains selon ce qui était annoncé en Esaïe 53 et se trouve proclamé en Hébreux 9/27-28, ou Romains 3/25-26 par exemple. Parce qu’il est ressuscité, il nous offre une vie nouvelle, libre du péché, réconciliée avec le Père (2 Corinthiens 5). Pour comprendre cela avec de plus en plus de profondeur il est nécessaire de lire et d’étudier la Bible dans la prière. Nous verrons alors qu’elle conduit toute entière à cet acte de salut. Cette étude nous permettra aussi de cerner de mieux en mieux notre péché et le besoin que nous avons de recevoir ce que Christ nous offre.
Le baptême et la Sainte-Cène sont des gestes que Christ donne à son Eglise pour lui donner de saisir aujourd’hui ce qui a été accompli une fois pour toutes. Par ces gestes, nous sommes mis devant la mort et la résurrection du Christ, ainsi appelés à accueillir de nouveau dans notre vie concrète ce qu’il a fait pour nous.
Enfin, la prière nous permet de déposer aujourd’hui devant Dieu nos péchés, pour qu’il les pardonne, transforme notre cœur et nous conduise au quotidien dans la vie nouvelle, réconciliée qu’il offre en Christ, mort et ressuscité pour que nous vivions avec lui toujours.
Je crois en la Trinité- donc à l’Esprit-Saint. Mais croire que le corps et le sang du Christ sont réellement présents dans la Cène serait pour moi une superstition. Est-ce contradictoire ? [Valérie]
Quand Jésus a parlé à Nicodème de la nouvelle naissance, ce dernier a répondu, complètement à côté de la plaque, qu’il ne comprenait pas comment on pouvait retourner dans le ventre de sa mère (Jean 3). C’est la même chose quand Jésus dit « si quelqu’un mange mon corps et boit mon sang, il vit avec Dieu pour toujours » (Jean 6). Si vous lisez tout le discours de Jésus, il s’oppose à une compréhension strictement matérialiste de la vie… Le pain que Dieu donna aux hébreux dans le désert ou que Jésus multiplia pour les foules est l’élément physique d’un signe désignant la providence de Dieu pour les hommes. Mais la vie de l’homme est d’avantage que la stricte compensation de ses besoins biologiques !
Le plus profond besoin de l’homme est d’être pardonné et réconcilié avec Dieu. Seul le sacrifice de Jésus sur la croix, avec son corps meurtri et son sang répandu répond à ce profond besoin pour aujourd’hui et pour l’éternité (1 Pierre 2, 24). La Cène présente le mystère rédempteur de la croix et de la résurrection, mais a également pour fonction spirituelle de nous y introduire et de nous y faire participer. Dans la Cène, par la foi et donc sous l’action de l’Esprit, nous plongeons dans la mort et la résurrection de notre Sauveur. Et si justement nous n’avons pas besoin de penser que le pain ou le vin s’est transformé en corps et sang, c’est parce que la présence spirituelle de Dieu à nos côtés est bien réelle ! Et pour être réelle, elle n’a pas besoin d’être physique parce que la réalité est d’avantage que le monde physique.
Toutes les « solutions » dogmatiques sur la transformation des éléments de la Cène proviennent donc effectivement soit d’une idolâtrie de la raison humaine cachant un esprit de contrôle, soit d’une confusion entre la foi et la pensée magique.
J’avais compris que chaque chrétien qui recevait la Parole de Jésus en son cœur et le reconnaissait comme sauveur- était « baptisé » et rempli du Saint-Esprit. J’aimerais votre éclairage sur ce sujet. [Laure]
Les expériences spirituelles sont nombreuses et diverses. Le texte biblique nous permet de mieux comprendre celles que nous vivons.
Dans la Bible, à la fin de l’évangile selon saint Matthieu, Jésus nous commande de faire de toutes les nations des disciples, en baptisant et en enseignant tout ce qu’il nous a prescrit. Le baptême est donc une mission confiée par Christ à ceux qui l’entourent.
Nous pouvons donc rencontrer Christ (entendre sa voix et dialoguer avec lui), proclamer sa Seigneurie, ressentir la puissance de l’Esprit Saint… sans avoir reçu le baptême !
Mais pour parler de baptême, il est nécessaire de passer par celle dont c’est la responsabilité: la communauté des croyants, l’Eglise ! Cela vous permettra, chère Laure, de vous former avec d’autres sœurs et frères, d’entendre comment Christ leur parle à eux aussi…et de découvrir d’autres aspects de la foi (notamment votre mort et votre résurrection !)
Je suis divorcé remarié et désirerais comme mon épouse communier ! Croyants tous deux ; on m’ a dit que je ne pouvais pas communier ? [Michel]
Je ne puis répondre que pour ce qui concerne l’Église protestante unie : bien sûr que vous pouvez participer l’un et l’autre à la sainte cène, dès lors que vous y entendez l’invitation du Seigneur Jésus.
La communion au corps et au sang du Christ n’est pas faite pour d’hypothétiques « justes », mais pour les pécheurs que nous sommes, et qui reconnaissent avoir besoin de ce que Jésus-Christ a fait pour eux en donnant sa propre vie. C’est-à-dire en ayant donné sa vie sur la croix. Mais aussi en la donnant à chacun de ceux qui communient avec foi, en les remplissant de sa présence et les faisant bénéficier de son alliance.
On a souvent interprété le mot « indignement » par rapport à la morale, à l’observance des commandements (p.ex. celui de l’indissolubilité du mariage). C’est un contresens. Le texte de la première épître aux Corinthiens 11 / 23-29, où figure ce mot, précise, après le rappel de l’institution de ce repas, qu’y participer implique d’y reconnaître le corps du Christ (tant sa présence dans le sacrement que dans l’Église ainsi constituée), et que tous sont donc invités à y manger ! Voilà ce qui nous « qualifie » pour communier : reconnaître Jésus et vouloir recevoir son pardon et sa grâce en participant à la cène.
Quelle différence y a-t-il entre le baptême par immersion et le baptême »sec » ? [Elisabeth]
[Note de l’éditeur : il semble que l’appellation « baptême sec » ne soit pas tout à fait claire pour nous. Notre répondant a écrit ici avec l’option que « baptême sec » puisse vouloir dire baptême par aspersion, le baptême effectivement sec (dans un désert par exemple), et la présentation d’enfants.]
Je n’ai pas connaissance d’un baptême « sec » ! À moins de se trouver dans un lieu manquant totalement d’eau, auquel cas le baptême peut être administré par un autre moyen (sable, etc.). Cas peu fréquent puisque le baptême n’est pas « magique », n’a donc pas besoin d’être administré dans l’urgence…
Il y a plusieurs manières d’administrer le baptême, sans que le sens en soit changé. Notamment par immersion totale du baptisé, ou bien par aspersion d’eau, ce mode-ci étant simplement plus commode que l’autre, et développé à partir du moment où l’on a commencé à baptiser les enfants en bas âge des fidèles. Il est important alors que le baptisé, en fonction de son âge, ait le sentiment d’une noyade, puisque c’est le sens du baptême en tant que geste : noyé dans la mort avec le Christ, et retiré de la noyade par sa résurrection. (Romains 6 / 4)
Dans certaines Églises (dont les Églises réformées dans l’EPUdF), une remise en cause du baptême des petits enfants dans les années 1950 a entraîné la remise à l’honneur d’une « présentation » à Dieu et à l’Église (à la fois bénédiction et prière) des petits enfants dont le baptême était reporté à l’âge adulte, les parents prenant l’engagement de témoigner de l’Évangile auprès de l’enfant. Ce n’est donc pas un « baptême sec », mais tout à fait autre chose. Le baptême reste le baptême, quel que soit l’âge du baptisé : c’est l’engagement de Dieu envers lui en Jésus-Christ, appelant une réponse de foi de la part du baptisé. Le « rôle » central n’y est pas tenu par le baptisé, même adulte, mais par le Saint-Esprit.
La Sainte Cène- sa signification : qui peut la prendre- à quelle fréquence- pourquoi est-elle si importante ? [Isabelle]
« Faites cela en mémoire de moi » dit Jésus lorsqu’il a remercié Dieu pour le pain et le vin lors du repas pascal précédant son arrestation.
L’apôtre Paul explique que chaque fois que nous prenons la Cène ainsi nous annonçons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne (1 Corinthiens 11)
La Cène est importante car elle est porteuse de cette parole pour moi et pour la communauté avec laquelle je la partage. Elle vient inscrire en chacun de nous, au plus profond de notre être, la réalité de notre salut. C’est pourquoi ô combien il est important de mettre sa foi en ces paroles.
Dans son Petit Catéchisme, à la question « Qui reçoit dignement ce sacrement? » le Réformateur Martin Luther dira « Jeûner et se préparer corporellement est assurément une bonne discipline extérieure; mais celui-là est vraiment digne et bien préparé, qui ajoute foi à ces paroles: Donné et répandu pour vous en rémission des péchés. Celui qui ne croit pas à ces paroles ou qui doute est indigne et non préparé. Car ces mots: « Pour vous » exigent absolument des cœurs croyants« .
Pour la fréquence cela dépend de nombreux facteurs chère Isabelle: la règle de votre communauté et votre propre soif de ce sacrement, en étant, me semble-t-il les deux principaux.
Je vous laisse également regarder nos autres réponses sur cette question de la Cène: ici et là.
Sur quels passages bibliques s’appuie l’église luthérienne pour justifier le baptême de bébé ? Comment le pasteur peut-il affirmer que le petit bébé fait désormais partie de la famille de Dieu ? [ClaudeW]
Les Églises luthériennes, réformées, anglicanes et méthodistes, tout comme l’Église catholique, baptisent les petits enfants des fidèles lorsque ceux-ci le demandent dans une démarche de foi. Elles baptisent évidemment aussi les adultes qui ne l’ont pas été. Elles ne rebaptisent pas ceux qui l’ont été dans une autre Église chrétienne.
« On doit baptiser les enfants, […] par ce Baptême, ils sont offerts à Dieu et lui deviennent agréables. » (Confession d’Augsbourg, art. 9)
« Or, quoique le Baptême soit un sacrement de foi et de pénitence, néanmoins, parce que Dieu reçoit dans son Église les petits enfants (Matthieu 19 / 14) avec leurs parents, nous disons que, par l’autorité de Jésus-Christ, les petits enfants engendrés des fidèles doivent être baptisés. » (Confession de La Rochelle, art. 35)
Elles se basent sur plusieurs textes. Tout d’abord, puisque l’Église chrétienne est le peuple de Dieu, à l’image et à la suite de l’Israël de l’Ancien Testament, il y a un parallèle avec la circoncision, qui concerne tout enfant (mâle) dans le judaïsme (Genèse 17 / 11-12). Mais surtout, dans le Nouveau Testament, il y a notamment deux textes : dans les Actes des Apôtres et la Première épître aux Corinthiens.
Actes des Apôtres 2 / 39 : « La promesse est pour vous, pour vos enfants… »
1 Corinthiens 7 / 14 : Les enfants d’un couple où l’un des parents est « saint » (= chrétien) sont saints.
Mais sans doute peut-on aussi interpréter différemment ces textes, et aujourd’hui il n’y a plus d’excommunication envers les Églises qui ne baptisent que les adultes. Mais pour les luthéro-réformés, le baptême (quel que soit l’âge du baptisé) reste d’abord une affirmation de la libre grâce de Dieu, un acte de parole de Dieu, et non d’abord une affirmation de la foi du baptisé. « Par le Baptême la grâce divine nous est offerte. » (Confession d’Augsbourg, art. 9)