Pour moi, la réponse à votre première question est « non ». À trois, ans, un enfant cherche la confrontation avec ses parents en leur disant « non ». Cela ne constitue pas, à mes yeux un péché, mais une étape du développement des enfants. Cela ne veut pas dire qu’il faut que vous acceptiez qu’ils vous disent non. Vous fixez les règles et votre fils doit comprendre qu’il ne peut pas les enfreindre comme ça. Mais de là à considérer le « non » qu’il vous dit comme un péché, il me semble qu’il y a un écart trop grand, qui risque de vous faire perdre à tous les deux le sens du péché. C’est le fils prodigue, quand il revient vers son père qui lui dit : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi » (Luc 15. 18 et 21). Quand votre fils de 3 ans refuse de vous obéir tout de suite, il n’est quand même pas en train de vous réclamer sa part d’héritage pour aller la dilapider… à la crèche du coin !
Peut-on exercer un ministère de louange alors qu’on vit en intimité avec une personne à laquelle on n’est pas marié ? [Bilbo]
La louange est l’un des nombreux services que le chrétien, membre du corps du Christ, peut être appelé à rendre (1 Corinthiens 12). Exercer un service dans l’Eglise, c’est s’engager à la suite de Christ, pour sa gloire. Cet engagement dépasse bien évidement les deux heures du culte et le temps de répétition nécessaire. Il concerne toute la vie du croyant appelé à soumettre au Christ tous les aspects de son existence.
Dieu a créé l’homme et la femme pour devenir « une seule chair », qu’il ne s’agit pas de séparer (Matthieu 19/6). La Bible invite ainsi à vivre la sexualité dans le cadre de l’union stable et fidèle qu’est le mariage.
Ainsi, il me semble qu’un croyant désireux de servir Dieu devrait chercher à vivre l’engagement qu’est le mariage et à mettre sa vie en conformité avec le plan de Dieu. Cela implique de prendre au sérieux ce que la Bible dit du couple et de se demander devant Dieu ce qui nous empêche de le vivre. Dieu vous répondra, vous éclairera, vous donnera force et discernement : vous aurez alors quelques raisons de plus de le louer !
Beaucoup de versets recommandent de corriger et de punir les enfants (par ex. Proverbes 9-15-17). Est-ce vraiment nécessaire de frapper pour éduquer selon la Bible ? [Mia]
Euh… non. En relisant les chapitres que vous citez en exemple, je n’ai d’ailleurs pas trouvé de versets invitant à corriger les enfants en les frappant (et même je vous invite à relire Proverbes 15. 1). Je lis Paul : Éphésiens 6. 4 : « Quant à vous, pères, n’irritez pas vos enfants mais élevez-les en leur donnant une éducation et des avertissements qui viennent du Seigneur. », Colossiens 3. 21 : « Pères, n’exaspérez pas vos enfants, de peur qu’ils ne se découragent. »
Le verbe traduit par « corriger » par exemple en Proverbes 19.18 : « Corrige ton fils, car il y a encore de l’espoir. Ne désire pas le faire mourir ! » a d’abord le sens de reprendre, instruire. Il signifie ensuite seulement corriger en frappant. Cela ne veut pas dire qu’il faut tout laisser passer à nos gentils petits poupoutous d’amour, mais que nous sommes encouragés avant tout à parler à nos enfants, à verbaliser les interdits aussi bien que nos émotions quand ils ont désobéi, pour mieux leur faire comprendre comment se comporter.
Les protestants croient-ils au « péché originel » ? Qu’est-ce qui l’a causé ? [Han]
Le « péché originel » est une doctrine chrétienne dont l’expression exacte ne se trouve pas dans la Bible, comme la Trinité par exemple. Il s’agit d’une manière d’exprimer une vérité qui a pu avoir différentes formes au cours de l’histoire de l’Église, et qui tend à rendre compte de la situation de séparation de l’être humain d’avec Dieu. Dans mon comportement spontané, tant que je ne me tourne pas vers le Seigneur dans la repentance et que je ne m’ouvre pas à son pardon en Jésus-Christ, je suis amené à chercher à vivre ma vie par moi-même, selon des critères uniquement humains, mondains, et donc, par définition, pécheurs, car l’être humain est spontanément dans une situation de séparation d’avec Dieu. La question de savoir si cela est dû à un événement qui se serait produit à l’origine de l’humanité dans le premier couple humain a été envisagée de bien des manières dans l’histoire du christianisme. Pour ma part (mais ceci n’engage que moi, je ne peux pas parler au nom de tous « les protestants »), je n’ai pas recours à cette manière de voir les choses, car je ne pense pas que le récit du jardin d’Éden (Chapitres 2 et 3 de la Genèse) soit un récit qui me parle d’un événement arrivé il y a longtemps. La Bible ne me parle pas de la réalité historique, mais elle me dit la vérité sur qui est Dieu, ce que je suis moi et sur ma relation avec Dieu. Adam, c’est moi. Je me reconnais dans ce qui se passe dans ce récit, et je reconnais que j’ai besoin de revenir à Dieu en Christ pour le laisser venir ôter tous les obstacles qui nous séparent.
On entend de plus en plus parler « de la nécessité de se repentir des péchés de nos ancêtres et de couper dans la prière les liens générationnels avec eux… ». Que penser de cette pratique étrange ? [Martialis]
Il est clair que Jésus n’a jamais exprimé les choses de cette façon-là et qu’il ne faut pas faire toute une théologie sur un seul verset. Ezéchiel 18,20 ne dit-il pas : « Celui qui pèche, c’est celui qui mourra. Le fils ne supportera pas les conséquences de la faute commise par son père, et le père ne supportera pas les conséquences de la faute commise par son fils. » A quoi Jésus ajoute cette idée : « Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché. » (Jean 9,3) quand on accuse un aveugle-né d’être aveugle à cause de son péché ou de celui de ses parents.
Pour autant :
- on trouve l’idée de confesser les péchés des pères dans Lévitique 26,39-40 : « Ceux d’entre vous qui survivront seront frappés de langueur pour leurs iniquités, dans les pays de leurs ennemis; ils seront aussi frappés de langueur pour les iniquités de leurs pères. Ils confesseront leurs iniquités et les iniquités de leurs pères, les transgressions qu’ils ont commises envers moi, et la résistance qu’ils m’ont opposée. » ainsi qu’en Néhémie 9,20 ou Psaume 106,6.
- Jésus coupe lui-même avec Joseph (lors du séjour au Temple à douze ans en Luc 2) et Marie (à Cana en Jean 2) pour pouvoir entrer dans son ministère. Il signifie que la paternité de Joseph n’est plus première, mais que c’est celle de Dieu ; et que la maternité de Marie n’est plus opératoire, car elle est devant le Messie seulement « femme ».
- Il dit qu’il faut couper radicalement, parfois, avec sa famille de sang pour pouvoir le suivre. Luc 14,26 : « Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses soeurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. »
Il semble donc qu’il ne soit pas incohérent de s’assurer que la prégnance des liens du sang de domine pas sur notre identité héritée d’en-haut.
Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup… (Matt 7-13) Comment trouver cette porte étroite ? [Mark]
Quelle est la porte étroite ? La Bible répond très facilement à cette question. C’est Jésus, qui nous dit en Jean 10,9 :
« Je suis la porte.
Si quelqu’un entre par moi,
il sera sauvé ;
il entrera et il sortira,
et il trouvera des pâturages ».
Depuis quelques semaines- un phénomène d’heures doubles se présente à moi de manière répétée sans recherche ni consentement. Est-il raisonnable de m’en préoccuper ? [Anna]
Nous héritons largement d’une culture très rationaliste, qui a marginalisé la vie spirituelle… mais chassez le surnaturel, il revient au galop… Nous ne sommes pas des êtres rationnels, nous sentons que des forces nous dominent, nous déterminent, et nous cherchons plus ou moins légitimement de l’aide, des signes pour nous guider. Face à ce besoin, beaucoup de gens prétendent avoir des connaissances surnaturelles, parfois par expérience de l’occultisme, parfois par charlatanisme (1Timothée 6,3-5).
A mon humble avis, si vous remarquez souvent des heures doubles (quand l’heure correspond à un nombre en double, par exemple 11H11), c’est parce que vous y portez attention…. Cela frappe votre regard, et vous aimeriez peut-être y voir des signes. Quoi qu’il en soit, les heures doubles n’indiquent rien de clair, et je ne crois pas qu’il faille se fier aux diverses interprétations existantes. Quelles que soient vos préoccupations, vous trouverez ce que vous avez vraiment besoin de savoir dans les Ecritures et dans une relation fidèle et confiante avec le Seigneur.
Se remarier après un divorce est-il accepté par la foi chrétienne ? [Takpa]
La foi chrétienne n’est pas une instance qui autoriserait ou défendrait telle ou telle pratique, elle est d’abord confiance en Dieu et en sa Parole. Il est vrai que notre maître, Jésus, s’exprime sur le divorce sans complaisance, qualifiant même d’adultère celui / celle qui renvoie son conjoint pour contracter une nouvelle union. A son époque, la loi de Dieu, telle que l’interprétaient ses spécialistes, autorisait en effet un mari à renvoyer son épouse pour des motifs parfois très futiles. Jésus rappelle alors (voir notamment Marc 10,2-12, et Matthieu 19,1-12) que l’union du couple est un don de Dieu, et il ajoute que si la loi de Moïse envisage le divorce, c’est à cause de la dureté du coeur humain. Il conclut : « que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni ».
Certains ont tiré de cette parole de Jésus que l’union conjugale était indissoluble. Mais Jésus dit bien que le mariage ne doit pas être rompu, et non pas qu’il ne peut pas l’être. Le péché de l’homme, c’est justement ce qui détruit l’oeuvre du Créateur, peut briser même les liens d’amour qu’il a tissés, voulus, bénis entre un homme et une femme ! Notre dureté, notre manque d’amour et de foi a -hélas- ce pouvoir de contrecarrer, torpiller le projet de Dieu. Dans ces conditions, quand la vie à deux est devenue source de trop grande souffrance (violence sous diverses formes, égoïsme, infidélité, mépris…), la séparation peut constituer un moindre mal. Et si le constat est évident que le couple est vraiment mort, malgré tous les efforts pour se pardonner, apprendre à mieux se comprendre et s’aimer, il faut rappeler que le Seigneur n’enferme personne dans un échec passé, le condamnant en quelque sorte à un perpétuel célibat dans le cas d’un divorce. Pour quiconque se repent et croit, une vie nouvelle est possible, et cela est vrai aussi de la vie conjugale.
Que penser de la prière ou de l’adoration du Saint Esprit ? Qu’en dit la Bible ? [Maryline]
Je commencerai par la question sur l’adoration du Saint-Esprit : le Saint-Esprit est une des trois « personnes » du Dieu unique trinitaire (Matthieu 28,19). Le chrétien, qui adore le Dieu trinitaire, adore donc le Saint-Esprit comme les autres « personnes » de la trinité : faisant partie de Dieu, qui est un être et non une simple force ou énergie, il est dit du Saint-Esprit qu’il déploie une volonté (Ac16,6) et des sentiments (Ephésiens 4,30), qu’Il parle (1Timothée 4,1) aime (Romains 15,30), enseigne (Jean 14,26), intercède (Romains 8,26), et qu’Il partage les attributs de Dieu : omniscience (1Corinthiens 2,10), éternité (Hébreux 9,14) omniprésence (Psaume 139,7).
Mais le mot français « personne » est trompeur : il peut laisser penser qu’il y aurait trois êtres divins. Dans le christianisme oriental, on parle plutôt des trois « hypostases » (substances) de la trinité. C’est Tertullien qui le premier, en latin, aurait utilisé le terme « persona » (traduit « personne » en français). Tertullien, Père de l’Eglise ancienne, luttait contre une tendance qui consistait à confondre totalement le Père et le Fils, jusqu’à dire que le Père aurait souffert sur la croix. Pour lutter contre cette dérive théologique (appelée « modalisme »), il aurait utilisé le terme « persona » pour les éléments de la trinité, qui n’a pas le même sens qu’en français aujourd’hui mais qui permettait de tenir la distinction entre les trois aspects de Dieu.
Or, s’il y a un seul Dieu, il n’y a pas lieu de prier les différentes substances/personnes de Dieu. Jésus dit que le Père donne l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent (Luc 11,1).
Le fait de parler au Saint-Esprit est une pratique relativement nouvelle, et ne me semble pas biblique puisqu’on ne la trouve nulle part… Une exception peut-être, en Ezéchiel 37:
Suite à une vision de Dieu et à un appel à un moment précis, le prophète Ézéchiel appele « l’Esprit » et lui donne un ordre. Mais, dans ce geste prophétique annonciateur effectivement de la venue de l’Esprit de Dieu (le Saint-Esprit) sur son peuple, Ezéchiel donne-t-il un ordre au Saint-Esprit ou à l’esprit qui rend l’Homme vivant ? De toute façon, il est difficile de généraliser une pratique à partir de ce texte très particulier.
Traditionnellement, quand on prie Dieu, on prie en même temps ses trois « personnes », et on s’adresse au Père comme l’a fait Jésus (Matthieu 6,9), au nom de Jésus (qui est le chemin vers le Père, Jean 14,6), par le moyen du Saint-Esprit (qui est « Dieu en nous » Romains 8,26). Cela me semble conforme à l’enseignement biblique.
Je me demande si cette tendance à la prière au Saint-Esprit, à cette place parfois excessive donnée au Saint-Esprit et à Son rôle, n’est pas parfois liée à cette tentation humaine d’instrumentaliser Dieu : le Saint-Esprit, à qui on s’adresse, avec qui on échange directement comme s’il était séparé du Père, serait alors une sorte d’outil au service de nos rêves de contrôle et d’autonomie.
Que pensez-vous de la préconisation de la « méditation en pleine conscience » par les psychothérapeutes d’aujourd’hui- notamment Christophe André et d’autres ? [Martial]
Il me semble que l’un des premiers objectifs des techniques de la méditation de pleine conscience est de « reconnecter » l’être humain à lui-même, en cela cela me semble plutôt une bonne chose dans un monde ! Nous avons si souvent du mal à nous recentrer sur l’essentiel, à faire silence en nous-mêmes et à ne pas fuir dans les multiples sollicitations du quotidien qui si souvent font de nous des êtres morcelés et tiraillés, qui ont déserté leur intériorité. En cela la méditation rejoint de très anciennes traditions de prière, y compris chrétienne, car Dieu ne saurait nous rencontrer si nous ne nous rendons pas présents déjà à nous-mêmes. Les psychothérapeutes qui la recommandent redécouvrent peut-être que la dimension verticale de l’humain, sa profondeur spirituelle, fait partie de son équilibre ?!
Mais le piège de ce genre de technique, comme toute technique, peut être de faire croire que l’humain possède en lui-même toutes les ressources nécessaires pour faire face aux grandes questions de l’existence. Or la Bible attire notre attention sur le fait que d’une part l’humanité est limitée et que d’autre part elle se trouve dans la relation avec Dieu et avec les autres; « moi je tout seul » qui prend toute la place est souvent un vrai obstacle à la foi, relation de confiance dans un Autre, radicalement différent et extérieur, qui me parle, m’interpelle, me rejoint…