Je voudrais connaître la position précise des protestants sur les interdits concernant le sang dans la Bible (transfusions- dons- consommation- greffes etc.). [Carole]

Difficile de répondre pour « les protestants » en général sur cette question. Mais penchons-nous sur la Bible, autorité en matière de foi et de vie pour les protestants. Si la question de l’usage du sang humain ou animal pose question, c’est parce que le sang est associé à la vie (à « l’âme » dans certaines traductions) en Genèse 9,4-5 notamment, idée que l’on retrouve dans la description des rites sacrificiels (Lévitique 17,11). L’interdiction de verser le sang de l’Homme (Genèse 9,5-6) renvoie à l’interdit du meurtre : ainsi le sang apparait comme une métaphore de la vie, pas comme la vie elle-même. Le sang symbolise la vie (ce qui est logique puisque faute de sang, pas de vie !), d’où la symbolique dans l’eucharistie du Christ qui donne sa vie par son « corps » et son « sang » à ses disciples. Pour en revenir aux animaux, cette idée selon laquelle le sang est associé à leur vie qu’il est demandé aux Hommes de ne pas consommer est vraisemblablement liée à un souci de Dieu que l’animal soit ainsi respecté par l’Homme.

Sur les questions médicales, les époques de rédaction de la Bible n’étaient pas confrontées à des questions telles que celles de la transfusion sanguine ou des greffes. Il me semble que le bon sens de l’amour du prochain nous encourage à l’ouverture sur ces pratiques médicales (voir 1Jean 3,16), le « sang » étant un symbole de la vie non le lieu de la vie ou de l’être lui-même.

S’agissant de la consommation du sang des animaux, la question est plus complexe. En Lévitique 11-17, il est prescrit aux Israëlites un certain nombre de règles alimentaires, dont celles de ne pas consommer de sang. Mais, en continuité avec Genèse 9,4, il est également demandé aux étrangers d’Israël qui adorent Dieu de ne pas consommer le sang des animaux (Lévitique 17,10). On retrouve logiquement cette prescription en Actes 15,29. Toutefois, Paul légitime dans ses communautés la consommation de toutes les viandes qui se vendent au marché (1Corinthiens 10,25), y compris donc des viandes non saignées, ce afin que le plus grand nombre soit sauvé (1Corinthiens 10, 33). Il est clair que le Nouveau Testament ne pose pas d’interdit alimentaire, hors problématique de scandale potentiel du prochain (Romains 14,15), et qu’un contexte nouveau a fait évoluer la pratique alimentaire du peuple de Dieu. La question peut éventuellement se poser en termes d’idéal : si on peut s’abstenir de la consommation de sang, n’est-ce pas légitime, au regard de Genèse 9,4 et Actes 15,29, de s’en abstenir ? Rien de bien important toutefois, me semble-t-il : «…De tout ce qui vient du dehors et pénètre dans l’homme, rien ne peut le rendre impur… » (Marc 7,18-19).

 

 

Comment les protestants d’Alsace font-ils les enterrements ? [Josée]

En Alsace ou hors Alsace, selon la tradition réformée, luthérienne ou évangélique, les cultes d’enterrement sont centrés sur la Parole de Dieu. L’assemblée se met à l’écoute de ce que la Bible dit de la mort, de l’espérance du deuil et de la consolation que Dieu apporte en Christ aux croyants. Elle prie aussi pour les proches du défunt ainsi que pour ceux qui traversent les mêmes difficultés Le service protestant d’enterrement a donc la particularité d’être tourné vers les vivants et non sur le défunt, qui est remis à la seule grâce de Dieu.

Dans la tradition luthérienne, majoritaire en Alsace, le corps du défunt est disposé dans l’église au moment du culte. Le célébrant, souvent un pasteur, accueille les personnes présentes, puis appelle la présence de Dieu sur l’assemblée réunie. Vient ensuite un temps pendant lequel la vie du défunt est rappelée par le pasteur qui a élaboré ce « chemin de vie » à partir de ce que les proches en deuil lui ont raconté. Il n’est pas ici question de vanter les mérites de la personne décédée, mais de rendre grâce à Dieu pour ce qu’il nous a donné à travers elle.  Après avoir demandé à Dieu d’éclairer sa Parole par le Saint-Esprit, vient alors un temps de lectures bibliques. Une tradition alsacienne veut que le verset que la personne décédée a reçu lors de sa confirmation soit parmi ces lectures. Le pasteur commente alors la Parole, en tâchant de l’appliquer à ce qu’il a perçu de ce que la famille du défunt traverse. Enfin, après la lecture du symbole des apôtres qui dit la foi de l’Eglise et un temps d’offrande pour permettre à l’église d’assurer son service, une prière pour les endeuillés est dite par le pasteur. La célébration s’achève par une parole de remise à Dieu adressée au défunt et la bénédiction de l’assemblée. Les pompes funèbres viennent chercher le corps de la personne défunte qui est suivi par le pasteur, ses proches et l’assemblée jusqu’au cimetière où le corps est déposé dans la tombe. Après un court temps de prière, les proches se retrouvent pour partager un verre de l’amitié, souvent composé de spécialités locales. Il m’est aussi arrivé de voir à l’un de ces occasions, une cigogne, sur le parvis de l’église !

Est-ce que les gens qui ont vécu avant la mort de Jésus ont aussi été sauvés ? Et qu’adviendra-t-il des personnes non-chrétiennes ? Seront-elles sauvées ? [Rija]

Les questions que vous soulevez sont très importantes, mais peut-être, plus encore, difficiles à résoudre. Car le mystère du salut est entre les mains du Père. Même les places à droite et à gauche du Fils dans le royaume ne dépendant pas de lui mais du Père seulement (Matthieu 19. 23). Nous pouvons considérer I Pierre 3. 18-20 comme la prédication de Jésus aux défunts, mais ce n’est qu’une interprétation de ces versets. Plutôt que de m’angoisser avec des questions trop grandes pour moi, je pense avoir déjà assez de travail à faire pour m’ouvrir toujours davantage au salut que Dieu a préparé à mon intention en Jésus-Christ, ainsi qu’à témoigner de son amour autour de moi pour que d’autres s’ouvrent à cette grâce.

Noël… confondu avec une fête païenne- ça me gêne. Jésus n’a jamais demandé de célébrer sa naissance mais sa mort en mémoire de Lui. Est-ce alors « bien » de fêter Noël ? [Françoise]

Qu’est-ce que nous fêtons à Noël ? L’anniversaire du petit Jésus ? Alors en effet, il y a un problème. Mais si nous nous souvenons à cette occasion que Dieu, par amour, a décidé de rejoindre notre humanité en se faisant homme (et donc en passant par toutes les étapes de la vie humaine, naissance et petite enfance comprises) pour venir rétablir la relation brisée par le péché, alors je crois que la célébration de Noël est très chrétienne. L’affaire est entendue, nous ne savons pas la date exacte, et le 25 décembre n’est qu’un calque posé sur une fête païenne. Cela n’enlève rien au sens chrétien de la célébration.

Que penser de l’introduction de la méditation en pleine conscience dans la relation d’aide chrétienne ou profane ? [Jack]

La relation d’aide chrétienne, en tant qu’accompagnement d’une personne dans son cheminement de vie sous le regard de Dieu, et afin de l’aider à mieux discerner l’action de Dieu dans sa vie ou à Le laisser agir, ne me semble pas avoir grand-chose de commun avec la méditation en pleine conscience qui est une activité thérapeutique inspirée du bouddhisme et ayant pour but de réduire le stress et de prévenir les rechutes dépressives. Je peux pratiquer la méditation en pleine conscience pour entretenir ma psyché, comme d’autres font des pompes ou des abdos pour entretenir leur corps. Cela ne me rapprochera pas de Dieu qui vient par grâce, en Jésus-Christ, se révéler à moi et renouveler mon esprit par son Esprit, me donner l’assurance de son pardon, de son amour et du rétablissement de la relation avec Lui. La relation d’aide chrétienne peut avoir des effets au niveau de la vie psychique (l’âme) qui seront le fruit de l’action de l’Esprit de Dieu en moi, et pas d’abord de mes efforts ou d’une méthode que j’applique, comme par exemple la méditation en pleine conscience. En ce qui concerne la relation d’aide non chrétienne, j’estime ne pas avoir à me prononcer.

Le dimanche est-il biblique ? Pourquoi ne pas garder le sabbat juif comme le jour de Dieu ? [Jimmy]

Le dernier jour de la semaine, à lire Genèse 2 est celui du repos pour Dieu et il est celui que le livre de l’Exode (20,8-11) nous invite à mettre à part pour Lui.
Dans les évangiles, le texte indique que le Christ est ressuscité le lendemain du sabbat. Si on transpose dans notre semaine, le sabbat correspond à notre samedi et le dimanche est alors le premier jour de la semaine comme le dit Jean 20, 1.
Le dimanche est donc biblique et les chrétiens célèbrent le jour de la résurrection du Christ, parce que cet événement est fondateur de la foi chrétienne.
Néanmoins c’est tous les jours que nous devons rendre un culte à Dieu et le célébrer, comme on peut le lire en 1 Thessaloniciens à la fin du chapitre 5.

Sans être extrémiste- mon enfant de 3 ans pèche-t-il en refusant fréquemment de m’obéir (pour aller se coucher notamment) ? Si oui- comment lui formuler que c’est un péché ? [Christophe]

Pour moi, la réponse à votre première question est « non ». À trois, ans, un enfant cherche la confrontation avec ses parents en leur disant « non ». Cela ne constitue pas, à mes yeux un péché, mais une étape du développement des enfants. Cela ne veut pas dire qu’il faut que vous acceptiez qu’ils vous disent non. Vous fixez les règles et votre fils doit comprendre qu’il ne peut pas les enfreindre comme ça. Mais de là à considérer le « non » qu’il vous dit comme un péché, il me semble qu’il y a un écart trop grand, qui risque de vous faire perdre à tous les deux le sens du péché. C’est le fils prodigue, quand il revient vers son père qui lui dit : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi » (Luc 15. 18 et 21). Quand votre fils de 3 ans refuse de vous obéir tout de suite, il n’est quand même pas en train de vous réclamer sa part d’héritage pour aller la dilapider… à la crèche du coin !

Peut-on exercer un ministère de louange alors qu’on vit en intimité avec une personne à laquelle on n’est pas marié ? [Bilbo]

La louange est l’un des nombreux services que le chrétien, membre du corps du Christ, peut être appelé à rendre (1 Corinthiens 12). Exercer un service dans l’Eglise, c’est s’engager à la suite de Christ, pour sa gloire. Cet engagement dépasse bien évidement les deux heures du culte et le temps de répétition nécessaire. Il concerne toute la vie du croyant appelé à soumettre au Christ tous les aspects de son existence.
Dieu a créé l’homme et la femme pour devenir « une seule chair », qu’il ne s’agit pas de séparer (Matthieu 19/6). La Bible invite ainsi à vivre la sexualité dans le cadre de l’union stable et fidèle qu’est le mariage.
Ainsi, il me semble qu’un croyant désireux de servir Dieu devrait chercher à vivre l’engagement qu’est le mariage et à mettre sa vie en conformité avec le plan de Dieu. Cela implique de prendre au sérieux ce que la Bible dit du couple et de se demander devant Dieu ce qui nous empêche de le vivre. Dieu vous répondra, vous éclairera, vous donnera force et discernement : vous aurez alors quelques raisons de plus de le louer !

Beaucoup de versets recommandent de corriger et de punir les enfants (par ex. Proverbes 9-15-17). Est-ce vraiment nécessaire de frapper pour éduquer selon la Bible ? [Mia]

Euh… non. En relisant les chapitres que vous citez en exemple, je n’ai d’ailleurs pas trouvé de versets invitant à corriger les enfants en les frappant (et même je vous invite à relire Proverbes 15. 1). Je lis Paul : Éphésiens 6. 4 : « Quant à vous, pères, n’irritez pas vos enfants mais élevez-les en leur donnant une éducation et des avertissements qui viennent du Seigneur. », Colossiens 3. 21 : « Pères, n’exaspérez pas vos enfants, de peur qu’ils ne se découragent. »

Le verbe traduit par « corriger » par exemple en Proverbes 19.18 : « Corrige ton fils, car il y a encore de l’espoir. Ne désire pas le faire mourir ! » a d’abord le sens de reprendre, instruire. Il signifie ensuite seulement corriger en frappant. Cela ne veut pas dire qu’il faut tout laisser passer à nos gentils petits poupoutous d’amour, mais que nous sommes encouragés avant tout à parler à nos enfants, à verbaliser les interdits aussi bien que nos émotions quand ils ont désobéi, pour mieux leur faire comprendre comment se comporter.

Les protestants croient-ils au « péché originel » ? Qu’est-ce qui l’a causé ? [Han]

Le « péché originel » est une doctrine chrétienne dont l’expression exacte ne se trouve pas dans la Bible, comme la Trinité par exemple. Il s’agit d’une manière d’exprimer une vérité qui a pu avoir différentes formes au cours de l’histoire de l’Église, et qui tend à rendre compte de la situation de séparation de l’être humain d’avec Dieu. Dans mon comportement spontané, tant que je ne me tourne pas vers le Seigneur dans la repentance et que je ne m’ouvre pas à son pardon en Jésus-Christ, je suis amené à chercher à vivre ma vie par moi-même, selon des critères uniquement humains, mondains, et donc, par définition, pécheurs, car l’être humain est spontanément dans une situation de séparation d’avec Dieu. La question de savoir si cela est dû à un événement qui se serait produit à l’origine de l’humanité dans le premier couple humain a été envisagée de bien des manières dans l’histoire du christianisme. Pour ma part (mais ceci n’engage que moi, je ne peux pas parler au nom de tous « les protestants »), je n’ai pas recours à cette manière de voir les choses, car je ne pense pas que le récit du jardin d’Éden (Chapitres 2 et 3 de la Genèse) soit un récit qui me parle d’un événement arrivé il y a longtemps. La Bible ne me parle pas de la réalité historique, mais elle me dit la vérité sur qui est Dieu, ce que je suis moi et sur ma relation avec Dieu. Adam, c’est moi. Je me reconnais dans ce qui se passe dans ce récit, et je reconnais que j’ai besoin de revenir à Dieu en Christ pour le laisser venir ôter tous les obstacles qui nous séparent.