Jésus-Christ est-il un coach en développement personnel ? qui pratique avec ses disciples ou les foules ? [PP]

Franchement, je ne crois pas : « mauvais comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants » (Matthieu 7. 11) ; « Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive! En effet, celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la retrouvera. » (Matthieu 16. 24-25) ; « c’est de l’intérieur, c’est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l’immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. » (Marc 7. 21-22) « Vous de même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites: ‘Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire.’ » (Luc 17.10) ; « Celui qui aime sa vie la perdra et celui qui déteste sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. » (Jean 12. 25).

Si un coach en développement personnel sortait de telles phrases à ses clients, je ne suis pas vraiment sûr qu’il ferait carrière longtemps…

Comment Marc 10: 17-31 est-il compatible avec la justification par la foi seule ? [Thierry]

Cher Thierry, le passage en question est en réalité une belle affirmation de la justification par la foi seule !

L’homme qui demande à Jésus comment recevoir la vie éternelle met en avant ses oeuvres : « j’ai mis en pratique tous ces commandements depuis ma jeunesse ».

La réponse de Jésus met en avant la foi. Jésus connaît le coeur de cet homme et lui fait prendre conscience qu’il est d’avantage attaché à ses richesses qu’au Seigneur. Avoir la foi, c’est mettre le Seigneur à la première place !

Ensuite, Jésus s’adresse à ses disciples en les avertissant sur la difficulté pour un riche d’avoir une foi véritable tant la richesse peut facilement devenir une idole qui prend la place de Dieu. La question que nous pose Jésus dans ce passage est la question de la foi : Où place tu ta confiance ? Fais tu confiance à tes richesses pour ton avenir, ta sécurité, ton bonheur, ton épanouissement ? Ou bien fais tu confiance au Seigneur ?

Une foi vivante se concrétise par des actes (Jacques 2.14-26) qui attestent que le Seigneur passe avant toute choses (les possessions et même les membres de sa propre famille). Comme l’écrivait Martin Luther : « Ce à quoi tu te tiens, ce sur quoi tu t’appuies, c’est là véritablement ton Dieu »

Concrètement qu’est-ce que le libéralisme théologique ? Peut-il y avoir des bonnes choses à prendre dans ce mode de pensée ? [Kanye]

Le libéralisme, issu de l’idéologie des Lumières, est une doctrine politique et morale basée sur la « liberté » et l’autonomie de l’individu. Le libéralisme théologique, par extension, considère que la raison et les sentiments humains permettent d’accéder à Dieu ou aux « choses spirituelles », relativisant ainsi ce que l’on considère traditionnellement comme des vérités révélées par Dieu lui-même. Ces vérités seraient des tentatives humaines, insuffisantes et contextuelles de parler de Dieu.

Puisque le libéralisme relativise les croyances, il conduit à une certaine diversité chez ses adhérents, mais voici ses caractéristiques principales :

  • la relativisation des dogmes et des doctrines. La Bible, et les traditions développées dans l’histoire du christianisme, ne sont pas tant de l’ordre de révélations de Dieu que de manières humaines imparfaites et limitées de parler de l’expérience que l’être humain fait du divin.
  • une grande considération pour la liberté humaine au sens de « l’absence de contrainte », y compris écclésiale
  • une vision positive et optimiste de l’être humain, naturellement capable d’un lien juste avec Dieu, avec soi-même et avec les autres.

Pour ses partisans, le libéralisme est un sage et humble positionnement vis-à-vis de la Bible et des traditions religieuses, un moyen de résister à l’obscurantisme, une posture nécessaire pour rendre le message chrétien pertinent dans le monde d’aujourd’hui.

Pour ses détracteurs, il est plutôt une tendance visant à déconstruire les grandes vérités chrétiennes pour les dissoudre dans l’ère du temps.

Disons que la posture orthodoxe ou « confessante » a sans doute ses limites et ses excès… quand elle devient essentiellement défensive, quand elle s’éloigne du sens profond de ce qu’elle affirme, quand elle veut maintenir coûte que coûte ce qu’on pensait « avant » (alors que la tradition n’est pas toujours infaillible et est surtout diverse)…. Le libéralisme pourrait donc apparaître comme un poil à gratter utile à des remises en question nécessaires.

Mais voici quelques critiques que l’on peut adresser au libéralisme et à ses prétentions :

  • D’abord, il postule que, en matière de foi, toute vérité est relative, que chacun aurait « Sa vérité », qu’au fond il n’y aurait pas de Vérité. Mais cette idée n’est-elle pas déjà un dogme, dogme que le libéralisme prétend pourtant refuser ? On pourrait résumer la posture libérale ainsi : « toute vérité est relative, à part l’idée selon laquelle toute vérité est relative ».
  • Ensuite, en lisant les auteurs libéraux, on peut être frappé par le fait que leurs pensées remettent au goût du jour ce que l’Eglise a, dans son histoire, caractérisé comme des déviances de la foi des apôtres. On retrouve en effet chez beaucoup d’auteurs des affirmations qui rappellent le marcionisme ou la gnose : opposition entre le « dieu mauvais de l’ancien testament » et le « dieu bon, d’amour, du Nouveau Testament », docétisme, antinomisme…
  • Enfin, ce qui est frappant dans l’histoire du libéralisme, c’est de constater son adaptation constante aux grandes idéologies et modes de son temps. Par exemple, dans les années 70, il était largement marxiste comme l’étaient les intellectuels bien établis. Aujourd’hui, dans une société pétrie de pensée New Age, il a tendance à se montrer beaucoup plus « spirituel ». Logiquement, on trouve ainsi chez les libéraux d’aujourd’hui un grand attrait pour les spiritualités dites orientales, pour un écologisme teinté d’une divinisation de la nature, et pour des mœurs très « libertaires ».

Tout n’est peut-être pas à jeter chez les penseurs libéraux, mais une posture qui met l’individu, ses sentiments, ses émotions au centre plutôt que Dieu et Ses révélations peut-elle édifier ?  

Que penser des églises pentecôtistes où des guérisons spectaculaires ont lieu en se basant sur ce que Jésus faisait ? [Clara]

Chère Clara, je ne suis pas de sensibilité pentecôtiste aussi je me sens assez libre pour vous parler de cela. Je crois en la souveraineté de notre Seigneur. Je crois qu’il a agit au temps des apôtres parles divers moyens dont le Nouveau Testament nous parle. Je ne vois pas pourquoi je devrais douter de son action aujourd’hui encore. Cependant, je ne peux pas être d’accord avec certaines de ces Églises quand elles affirment que seuls ceux qui ont des pratiques comparables aux leurs (guérisons, exorcismes, etc.) sont vraiment chrétiens. Et il y a bien sûr aussi plusieurs faux prophètes qui prétendent agir au nom du Seigneur mais qui ne font trafiquer l’Évangile au nom de la prospérité qu’ils veulent obtenir. Remarquons qu’il y a aussi de faux prophètes parmi les pasteurs qui se moquent des Églises Pentecôtistes au prétexte d’avoir une foi « rationnelle ».

Que faire pour recevoir le Saint-Esprit ? [Jean]

Je pense que si vous êtes chrétien et que vous vous posez cette question, Jean, c’est que le Saint-Esprit agit déjà en vous. Il est peut-être utile que vous vous interrogiez sur votre représentation de l’action du Saint Esprit. S’agit-il de parler en langues ? De pratiquer des guérisons ou des miracles ? Si vous ne faites pas ces choses, je ne pense pas que cela signifie que le Saint Esprit ne soit pas en vous. Il y a une grande diversité de dons dans le Saint Esprit et nous sommes souvent à son bénéfice sans même nous en rendre compte, ceci afin que nous ne tombions pas dans le piège de l’orgueil spirituel.

Que signifie théologiquement la phrase « Que l’œuvre du diable sois mise en lumière » ? [Alex]

Il me semble que cela renvoie au fait que le péché (l’œuvre du diable en nous et autour de nous) cherche à rester caché, ne veut pas être révélé. Dans l’évangile de Jean, nous pouvons lire : « la lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière parce que leur manière d’agir était mauvaise. En effet, toute personne qui fait le mal déteste la lumière, et elle ne vient pas à la lumière pour éviter que ses actes soient dévoilés. Mais celui qui agit conformément à la vérité vient à la lumière afin qu’il soit évident que ce qu’il a fait, il l’a fait en Dieu. » (Jean 3. 20-22) et encore : « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s’est pas tenu dans la vérité parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » (Jean 8.44). Et enfin, dans sa première lettre : « Celui qui pratique le péché est du diable, car le diable pèche dès le commencement. Or, c’est pour détruire les œuvres du diable que le Fils de Dieu est apparu. » (I Jean 3. 8). Jésus est venu détruire l’œuvre du diable en la révélant et ainsi il nous en libère, lorsque nous nus repentons et que nous croyons en son amour.

Que penser du droit au blasphème en France ? Que faire quand on voit des personnes blasphémer- mais qu’on pense au poids mortifère de la religion les siècles passés ? ? [Gabriel]

Blasphémer, si j’en crois le Larousse, signifie insulter violemment une religion, une croyance. Et dans notre pays, c’est une façon, pour certains (athées, libre-penseurs…) d’user du droit fondamental à la liberté d’expression. Cette liberté est parfois mise à mal lorsque telle ou telle religion exerce un pouvoir sur la société. Pouvoir dont elle est toujours tentée d’abuser, comme les « siècles passés » nous le montrent, ainsi que vous le soulignez, Gabriel.

Il ne faut pas remettre en cause ce droit. En clair, ne pas chercher à faire interdire un journal tel Charlie Hebdo qui tourne régulièrement en dérision les convictions et croyances religieuses . Ce qui ne signifie pas approuver les moqueurs, ni cautionner leur attitude méprisante et provocatrice. Il faut plutôt nous interroger sur le pourquoi de cette haine, et refuser de répondre à la haine par la haine, comme y invite l’apôtre Pierre écrivant à des chrétiens soumis aux insultes et railleries (1 Pierre 3,9). Car la plus grande liberté, ce n’est pas d’insulter, c’est d’aimer.

Dans un mariage nous devenons une seul personne- est ce que les péchés de l’homme sont pardonnés grâce à la prière de sa femme ? Quand l’un pèche dans le couple est-ce que l’autre subit péché aussi ? [Anna]

Vous faites référence au verset 24 du chapitre 2 de la Genèse : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils ne feront qu’un ». « Ne faire qu’un » ici est à entendre dans le sens de l’unité même de Dieu, qui est un en trois personnes (c’est le même mot « un » qui est employé dans le verset que je viens de citer et dans la confession de foi d’Israël : « Écoute, Israël! L’Éternel, notre Dieu, l’Éternel est un » (Deutéronome 6.4). Quand Jésus, le Fils, est mort sur la croix, le Père et l’Esprit ne sont pas morts. Quand Jésus a été tenté, le Père ne l’a pas été car Dieu le Père ne peut être tenté. De la même manière, quand das un couple l’un des deux pèche, l’autre ne subit pas son péché. Le pardon est avant tout accordé à celui/celle qui se repent de lui-même, mais la prière du conjoint est tout de même très importante, car la prière fervente est très efficace (Jacques 5.16). À coup sûr, ce qui est donné à l’un grâce à l’autre dans le couple, c’est la sanctification, même si l’un des deux n’est pas croyant (I Corinthiens 7.14)

Quand on refusera la marque de la bête est ce qu’on aura de quoi manger et vivre ? Pourrons-nous prendre soin de nos familles ? Ou devrons-nous attendre notre mort sur cette terre ? [Anna]

Votre question Anna fait allusion au texte d’Apocalypse ch.13, versets 16 à 18. La marque et le « chiffre de la bête » que chacun doit porter pour pouvoir acheter ou vendre. Rappelons pour commencer que le genre littéraire apocalyptique est fait d’images et de symboles, le tout constituant un code parfois difficile à déchiffrer et en tout cas à ne pas prendre à la lettre.

La plupart des commentateurs s’accordent à penser que tout comme dans le livre de Daniel, la « bête » représente le pouvoir impérial Romain, qui exigeait de tous les citoyens qu’ils lui rendent un culte. Les chrétiens des premiers siècles, ne reconnaissant que le Christ comme Seigneur, se sont exposés à des persécutions, se sont vus souvent exclure de la vie sociale et économique.

Le chiffre indiqué, 666, a donné lieu à bien des pseudo-actualisations farfelues (par exemple, certains y ont vu le code-barre étiqueté sur les produits commercialisables…). Mais le texte de l’Apocalypse le désigne simplement comme « un chiffre d’homme » : Six, répété trois fois comme pour évoquer cette parodie de la trinité, cette « anti-trinité » que constituent le Dragon du ch.12, la bête et l’autre bête du ch.13, appelé le « faux-prophète en 16,13. Le chiffre Six, c’est sept (chiffre évoquant dans la Bible l’achèvement, la perfection) moins un. Autrement dit C’est le chiffre de l’humanité qui cherche à se faire Dieu mais ne peut atteindre Dieu.

Comment interpréter tout cela ? En tant que chrétiens, nous n’adorons que Dieu, et nous refusons d’adorer ou de sacraliser les pouvoirs qui prétendent prendre sa place dans le coeur et la vie des hommes : pouvoirs totalitaires idéologiques, politiques, économiques (Mammôn)… Et notre fidélité à Jésus-Christ peut nous exposer à être marginalisés, voire persécutés dans certains pays, quand nous refusons les compromis, les mensonges, les injustices auxquels ces pouvoirs cherchent à nous entraîner. Mais nous n’avons rien à craindre ! L’Apocalypse proclame la victoire du Christ crucifié et ressuscité (voir les chapitres 4,5 et 12 entre autres), à laquelle nous sommes associés (dans le langage symbolique de l’Apocalypse : notre nom est inscrit dans le livre de vie, 13,8). Contrairement à ce que le mot « apocalypse » désigne dans le langage courant (catastrophe, effondrement du monde), il signifie « révélation » (de Jésus-Christ) et constitue un message d’espérance, une bonne nouvelle adressée à ceux qui souffrent pour leur foi.

Comment prendre leçon du « confinement » de Noé dans l’Arche ? [Amina]

Le « confinement » de Noé dans l’Arche n’est qu’un élément de l’histoire du déluge. Il n’est pas très juste sur le plan de la méthode d’étudier ainsi un texte biblique en projetant une préoccupation de notre actualité qui ne se trouve pas développée en tant que telle dans le texte. L’enfermement de Noé, de sa famille et de tous les couples d’animaux pendant environ une année dans l’arche n’est donc pas un confinement comparable à ce que nous vivons. On ne peut comprendre la valeur de cette vie dans l’arche sans ce qui précède et ce qui suit : l’histoire de la folie et de la violence des hommes à qui Dieu a voulu redonner un autre commencement. Ce qui est remarquable, c’est que la colère de Dieu n’est pas totale. Elle permet un nouveau départ. Ce qui est rarement le cas de la colère humaine. La fin du récit se termine sur l’échec de ce second redémarrage. Les hommes sont toujours aussi méchants. Dieu décide alors de changer de méthode (Genèse 8, 21 et 22). Il promet de ne plus détruire la terre (Genèse 9, 11 à 17). Il transformera le cœur humain, non par la force, mais par l’intérieur, par la confiance et l’écoute de sa Parole. Commencé avec Abraham (Genèse 12), cette histoire trouve son dénouement avec Jésus et le don de l’Esprit. Le confinement que nous vivons peut utilement être l’occasion de méditer sur Le projet de Dieu pour sa création. L’arche a été le lieu où s’est expérimenté la providence de Dieu pour sauver toute sa création. Dans notre vie, nous pouvons faire la même expérience en toute circonstance. C’est la foi de Noé qui nous enseigne (Hébreu 11, 7). Pour Jésus lui même quand il parle de Noé, c’est le fait d’obéir à Dieu qui est important (Luc 17, 26 et 27). Faites confiance Amina en la parole de Dieu, là est la vie, non pas confinée mais libérée !