Le libéralisme, issu de l’idéologie des Lumières, est une doctrine politique et morale basée sur la « liberté » et l’autonomie de l’individu. Le libéralisme théologique, par extension, considère que la raison et les sentiments humains permettent d’accéder à Dieu ou aux « choses spirituelles », relativisant ainsi ce que l’on considère traditionnellement comme des vérités révélées par Dieu lui-même. Ces vérités seraient des tentatives humaines, insuffisantes et contextuelles de parler de Dieu.
Puisque le libéralisme relativise les croyances, il conduit à une certaine diversité chez ses adhérents, mais voici ses caractéristiques principales :
- la relativisation des dogmes et des doctrines. La Bible, et les traditions développées dans l’histoire du christianisme, ne sont pas tant de l’ordre de révélations de Dieu que de manières humaines imparfaites et limitées de parler de l’expérience que l’être humain fait du divin.
- une grande considération pour la liberté humaine au sens de « l’absence de contrainte », y compris écclésiale
- une vision positive et optimiste de l’être humain, naturellement capable d’un lien juste avec Dieu, avec soi-même et avec les autres.
Pour ses partisans, le libéralisme est un sage et humble positionnement vis-à-vis de la Bible et des traditions religieuses, un moyen de résister à l’obscurantisme, une posture nécessaire pour rendre le message chrétien pertinent dans le monde d’aujourd’hui.
Pour ses détracteurs, il est plutôt une tendance visant à déconstruire les grandes vérités chrétiennes pour les dissoudre dans l’ère du temps.
Disons que la posture orthodoxe ou « confessante » a sans doute ses limites et ses excès… quand elle devient essentiellement défensive, quand elle s’éloigne du sens profond de ce qu’elle affirme, quand elle veut maintenir coûte que coûte ce qu’on pensait « avant » (alors que la tradition n’est pas toujours infaillible et est surtout diverse)…. Le libéralisme pourrait donc apparaître comme un poil à gratter utile à des remises en question nécessaires.
Mais voici quelques critiques que l’on peut adresser au libéralisme et à ses prétentions :
- D’abord, il postule que, en matière de foi, toute vérité est relative, que chacun aurait « Sa vérité », qu’au fond il n’y aurait pas de Vérité. Mais cette idée n’est-elle pas déjà un dogme, dogme que le libéralisme prétend pourtant refuser ? On pourrait résumer la posture libérale ainsi : « toute vérité est relative, à part l’idée selon laquelle toute vérité est relative ».
- Ensuite, en lisant les auteurs libéraux, on peut être frappé par le fait que leurs pensées remettent au goût du jour ce que l’Eglise a, dans son histoire, caractérisé comme des déviances de la foi des apôtres. On retrouve en effet chez beaucoup d’auteurs des affirmations qui rappellent le marcionisme ou la gnose : opposition entre le « dieu mauvais de l’ancien testament » et le « dieu bon, d’amour, du Nouveau Testament », docétisme, antinomisme…
- Enfin, ce qui est frappant dans l’histoire du libéralisme, c’est de constater son adaptation constante aux grandes idéologies et modes de son temps. Par exemple, dans les années 70, il était largement marxiste comme l’étaient les intellectuels bien établis. Aujourd’hui, dans une société pétrie de pensée New Age, il a tendance à se montrer beaucoup plus « spirituel ». Logiquement, on trouve ainsi chez les libéraux d’aujourd’hui un grand attrait pour les spiritualités dites orientales, pour un écologisme teinté d’une divinisation de la nature, et pour des mœurs très « libertaires ».
Tout n’est peut-être pas à jeter chez les penseurs libéraux, mais une posture qui met l’individu, ses sentiments, ses émotions au centre plutôt que Dieu et Ses révélations peut-elle édifier ?