La Sainte Cène doit-elle être donnée strictement par un leader ordonné (pasteur- diacre- évangeliste ou autre) ? [JBapt]

Rien dans le Nouveau Testament, et notamment dans les récits d’institution de ce repas, lorsque Jésus a célébré la Pâque avec ses disciples, ne permet de poser une telle condition. Dans l’Eglise protestante unie, par exemple en l’absence d’un pasteur ou autre ministre ordonné, un membre de l’Eglise locale peut être délégué pour présider le service de Sainte-Cène, pourvu qu’il le fasse correctement, en rappelant les paroles par lesquelles Jésus nous a ordonné de célébrer ainsi sa mort jusqu’à son retour. Sans oublier de demander l’aide du Saint-Esprit pour que nous discernions bien le sens de la Cène. On peut aussi imaginer que dans des situations particulières (de confinement par exemple !) la Cène soit célébrée en famille…

Ce n’est pas en vertu du ministère de celui ou celle qui nous les donne que le pain et le vin de la Cène nous attestent véritablement notre union au Christ. C’est par notre foi. Cette question fait débat avec nos frères et soeurs de l’Eglise catholique (pour laquelle il ne peut y avoir communion au corps du Christ si les éléments n’ont pas été consacrés par le prêtre). En tapant dans la case « search » le mot clef « Eglise », vous trouverez une réponse déjà donnée à cette question le 14 mars 2018, avec des pistes pour prolonger la réflexion.

Si, suite à un accident, quelqu’un est branché à des machines pour la maintenir en vie mais que sans celles-ci, la personne meurt : est-ce que débrancher revient à une forme de meurtre ? [Chiara]

Votre question touche à un grand problème d’ordre éthique difficile à traiter en quelques lignes ! Il se pose, parfois de façon aiguë, à la conscience des médecins, des proches du malade qui est dans la situation que vous indiquez. Faut-il le maintenir artificiellement en vie, à tout prix ? A-t-on le droit de laisser quelqu’un dans un état végétatif ? Etc.

Difficile d’établir des règles générales, car chaque situation est spécifique. A ceux qui avaient une réponse trop facile, telle que : « oui, il faut tout faire pour maintenir la vie, car mettre un terme à la vie de quelqu’un, débrancher le respirateur, c’est prendre la place de Dieu », un médecin célèbre répondait : « je me mets déjà à la place de Dieu lorsque je le branche ».

Au risque de simplifier, on distingue deux grands types de réponse à votre question. D’abord, celle des partisans de l’euthanasie. Selon eux, il ne faut pas hésiter à abréger la vie d’un patient, et lui permettre de mourir dignement lorsqu’il souffre trop, physiquement ou moralement, ou lorsqu’il n’est plus en mesure de communiquer avec son entourage. Mais qui peut juger, et selon quels critères, qu’une vie est « digne » ou « indigne » de subsister ? Le malade lui-même ? Mais bien souvent, derrière le « je veux mourir », il faut entendre : « j’ai besoin d’aide ». Et qui est censé poser l’acte qui va mettre fin activement à ses jours ?

Une autre réponse est celle des soins palliatifs : elle consiste à refuser à la fois l’euthanasie et toute forme d’acharnement déraisonnable pour maintenir en vie le malade, donc dans les deux cas à se rendre maître de sa vie. Elle admet qu’il n’est plus possible de guérir le malade, et met plutôt l’accent sur le soulagement de sa souffrance. Elle vise à accompagner la vie jusqu’à son terme, sans chercher ni à retarder, ni à hâter celui-ci. Entre les deux positions, vous devinez où va ma préférence…

Comment durer quand on sait pas quand ça finit ? [Jo]

Votre question, Jo, me semble se référer à la situation que nous vivons en ce moment, avec le confinement dont nul ne sait précisément quand et comment il prendra tout à fait fin. D’une manière plus générale, je crois que cela nous renvoie à la notion de persévérance et d’endurance dans la foi, qui est souvent évoquée dans le Nouveau Testament. Jésus en parle clairement : « Quant au jour et à l’heure, personne ne les connaît, pas même les anges dans le ciel ni le Fils: le Père seul les connaît. Faites bien attention, restez en éveil et priez, car vous ignorez quand ce temps viendra » (Marc 13. 32-33). La prière, la lecture régulière et attentive de la Bible, la relation fraternelle, sont autant de moyens pour durer, quelles que soient les circonstances extérieures. C’est aussi ainsi que je comprends « Demeurez dans mon amour » (Jean 15. 9). Que le Seigneur nous donne à tous de vivre ce temps présent plus comme une occasion à saisir pour approfondir notre relation avec lui et demeurer dans son amour que comme un mauvais temps à endurer pour éviter qu’il n’empire.

Que répondre aux personnes qui affirment que l’épidémie de Covid-19 est un châtiment divin ? [Kany]

Avant de voir les événements présents comme l’expression d’un châtiment divin sur le monde, je les vois comme une occasion pour moi d’approfondir ma relation avec le Père. Je ne suis pas Dieu, je ne sais pas quels sont les tenants et la aboutissants du jugement qu’il prononcera sur le monde. Cette non-connaissance ne me pousse pas à l’indifférence mais à un regard avant tout centré sur ma propre repentance et ma propre conversion, plutôt que de prétendre donner des leçons aux autres. Le message évangélique comme par l’appel à la repentance (c’est le premier mot du ministère de Jésus, chez Marc,par exemple). Mais cet appel est de tous les temps, pas seulement quand une catastrophe arrive. Car même quand il n’y a pas de problèmes comme le Covid-19, nous avons à revenir à Dieu et à découvrir notre salut acquis par Jésus-Christ auprès du Père.

Doit-on prier pour les nations ? [Cathy]

Certains courants chrétiens prônent de « prier pour les nations ». Mais souvent cette théologie se fonde une erreur théologique due au passage du texte biblique de l’hébreu > grec > français.
Les « nations » en hébreu, ce sont les peuples non-Juifs, les goyim. Quand Dieu bénit les « nations », c’est qu’il bénit les non-Juifs maintenant de la même façon qu’il avait béni les Juifs.

Le mot nation, depuis le 16ème siècle est devenu un référentiel politique : les entités nationales, les Etats nationaux.
Quand nous prions pour Israël, ce n’est pas l’Israël politique refondé en 1948, c’est bien pour le peuple d’Israël, répandu parmi les nations.
Quant à prier pour « La France », c’est un peu étonnant. La France est multiforme, elle a tellement évolué au travers des siècles. La France, c’est avant tout des gens, surtout à l’heure de l’hypermondialisation. Connaissez-vous beaucoup de gens dans la paroisse dont les huit arrière-grands-parents étaient « des vrais français » ?
Bref, cette vision « post-Yalta » (la conférence qui a découpé le monde après la guerre) est une conception théologique tordue, parce qu’elle est un anachronisme : on y prend un mot qui n’avait pas le même sens qu’à l’époque. C’est comme quand Aristote parle de la « Science », il ne parle pas du tout des scientifiques, des labos, des ordis, de la méthode scientifique fondée par des Pascal ou Descartes.

Prions pour les personnes, pour les groupes de personnes.

Est-il inopportun de dire « Jésus » au lieu de « Yeshouah » pour désigner/invoquer le Messie ? N’y a-t-il pas là un risque de dérive superstitieuse et occulte ? [Peps]

Jésus est la traduction française de « Yeshouah », nom qui en hébreu signifie « Dieu sauve/guérit ». Je pense que le problème n’est pas dans la forme du nom que l’on emploie pour le prier, mais dans la manière que l’on a d’utiliser soin nom.On peut être tout aussi superstitieux en utilisant le nom « Yeshouah » qu’en utilisant « Jésus » si on en fait une formule magique pour être exaucé dans toute nos demandes.

Peut-on prendre la Sainte Cène seuls chez soi ? Ou bien doit on la prendre en communion comme Jésus ? [Alpi]

Le fait que vous mettiez un « s » à « seuls » montre que vous pensez quand même partager la cène à plusieurs et pas « tout seul ». S’il s’agit de prendre la cène tout seul dans son coin, je dis tout de suite non. La nous sommes en complète contradiction avec la notion de communion. Mais si nous sommes quelques membres d’une même famille et âge de partager la sainte cène, alors nous ne faisons rien d’autre que ce que faisaient les premiers chrétiens : « Chaque jour, avec persévérance, ils se retrouvaient d’un commun accord au temple; ils rompaient le pain dans les maisons et ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur. » (Actes 2. 46)

Pourquoi lors du deuxième jour de la création du monde (Gen 1:6-8)- Dieu ne dit pas que « c’était bon » ? [Franck]

Permettez-moi Franck une légère correction dans votre question. Dans le récit de la Genèse, l’expression « Dieu dit » introduit les paroles créatrices de Dieu au début de chaque journée. En fin de journée, il n’est pas précisé que Dieu dit quelque chose mais il est noté que : « Dieu vit que cela était bon ». Dieu nous apparaît ainsi dans la contemplation aimante et l’émerveillement devant sa création mais le texte biblique ne nous précise pas que Dieu dise quelque chose.

Sur le fond, je ne sais pas répondre à votre question ! Vous avez finement observé que ce deuxième jour et lui seul, ne mentionne pas cette vision de bonheur à la fin de la journée. Je ne doute pas que nos frères Juifs aient élaboré un grand nombre d’hypothèses pour expliquer cette bizarrerie. Pour ma part, je vous félicite pour votre lecture attentive. Le texte biblique nous surprend souvent par ses contenus, ses répétitions, ses silences, ses étrangetés. Cela nous stimule pour réfléchir, comparer, étudier. J’attire votre attention sur le fait que l’Ancien Testament en langue grecque appelée la Bible d’Alexandrie ou encore la Septante fait cependant au verset 8, la mention : « Dieu vit que cela était bon ». Pourquoi cette mention qui existe bien dans la version grecque du III° siècle avant J.-C. ne figure-t-elle pas dans le texte hébreu (Massorétique) qui nous est parvenu et qui serait plus récent selon les historiens, en tout cas dans sa forme actuelle ? Il y a parfois des questions qui restent sans réponse. Cela nous invite à l’humilité et à distinguer ce qui est vraiment utile pour une vie de foi et ce qui est secondaire. Je vous souhaite beaucoup de joie dans votre étude de la Bible !

Est-ce que l’Arche de Noé est le premier confinement de l’Histoire ? [Henry]

C’est exactement ça. Un danger, la mort qui rôde, une solution inspirée, un déploiement humain, beaucoup de pertes humaines, la question du rôle des animaux, la compréhension de la durée, et surtout… la quarantaine !

Quarante jours et quarante nuits de pluie, mais si vous lisez bien le texte biblique dans la Genèse, vous verrez que ça dure bien plus longtemps que les 6 semaines de rigueur. Ce n’est pas parce qu’il ne pleut plus que tout est réglé, il faudra aussi attendre que le niveau de l’eau redescende avant de pouvoir accoster à une rive ferme et de regagner le plancher des vaches.

Ce que j’en retient, c’est surtout l’issue, la possibilité d’un nouveau démarrage. Des choses ont changé (on peut manger de la viande), mais l’humanité peut essayer d’enclencher une autre démarche que la spirale orgueilleuse du péché qui l’avait conduite à la catastrophe.

Il faudra inventer autre chose.