Un.e chrétien.ne fête ou ne fête pas la Saint-Valentin ? [Val]

Déjà, Valentin était un chrétien et c’était même un martyr qui s’est fait couper la tête pour la radicalité de sa foi. Ce qui n’est pas le cas de la fête du même nom qui se joue le 14 février, date dans la religion romaine païenne préchrétienne des Lupercales, fêtes où l’on célèbre la nature et notamment l’accouplement des oiseaux. Bref, pas besoin de vous dire que c’est d’abord une fête païenne.

D’ailleurs si l’on en juge aux contenus sur les réseaux sociaux, il est assez clair qu’il y a là une célébration de l’accouplement bien plus qu’un éloge de l’amour chrétien 😉
Alors ce n’est pas parce que nos frères et soeurs catholiques mentionnent Valentin, le martyr, à cette date, que spirituellement il s’agit d’une fête chrétienne. On vous laisse en juger.

En revanche c’est un jour certainement où l’on peut méditer que Valentin, le prêtre, contre la religion romaine, a voulu garder sa foi en Christ coûte que coûte, jusqu’au martyr et la décapitation. Ce qui refroidit sérieusement l’érotisme au programme de ce jour.

Et n’oubliez pas de googliser Saint Valentin pour voir sa… tête.

Est-il vrai que Sinter Klaas (Père Noel) a été inventé par des Huguenots réfugiés aux Pays-Bas pour séculariser le catholique Saint-Nicolas ? [Jean]

Une brève recherche sur internet vous fera reconstituer facilement l’évolution historique qui a mené à la figure du Père Noël telle qu’elle envahit aujourd’hui notre mois de décembre, dans un sens bien éloigné du vrai sens de la fête ! Elle remonte à la vénération populaire de Nicolas de Myre, un évêque Turc qui vécut aux 3e et 4e siècle de notre ère, grand adversaire d’Arius au concile de Nicée, confondu à partir du 10e siècle avec une autre figure vénérée, Nicola de Sion. Les légendes abondent sur ses miracles et hauts-faits. Trois innocents défendus par le Saint auraient été par la suite confondus avec des enfants, et c’est de là que se serait développée la coutume d’une fête pour les enfants sages le 6 décembre, jour de la Saint-Nicolas, notamment en Europe du Nord et dans l’Est de la France.

La Réforme en Europe (pas seulement les Huguenots) voulut mettre fin au culte des Saints au 16e siècle, mais celui-ci perdura en se « laïcisant ». Saint-Nicolas, fêté le 6 décembre, devint en Hollande Sinter Klaas (équivalent de St-Nicolas), puis Santa Klaus chez les émigrés néerlandais aux Etats-Unis au 19e siècle. En 1821, un conte écrit par le Pasteur Clement Clarke Moore, et qui connut une énorme diffusion, en fit un petit bonhomme sympathique et rondouillard qui distribuait des cadeaux la veille de Noël, sur un traineau emmené par des rennes. Il fut domicilié au pôle nord par le dessinateur Nast en 1885. Il ne restait plus au dessinateur Sundblom qu’à habiller le personnage aux couleurs rouge et blanc de la firme coca-cola, à des fins publicitaires, en 1931.

Moralité : ce n’est pas une bonne idée de canoniser des disciples de Jésus-Christ dont la foi et à la vie furent remarquables, même si leur exemple peut nous inspirer ! Pas seulement pour ces dérives que la piété populaire, sa soif de merveilleux (et de figures médiatrices entre Dieu et nous) peut entraîner, mais parce que tout croyant justifié par grâce reste pécheur, et appelé à la sanctification. Nous n’avons qu’un seul médiateur : Jésus-Christ.

Comment expliquer et interpréter la transfiguration ? [Simon]

Par cette transformation, Jésus montre sa nature exceptionnelle. Jésus est en effet celui qui incarne, récapitule et accomplit toutes les attentes d’Israël. Les propos tenus par la voix céleste renvoient au « serviteur » qui va révéler le droit aux nations selon Esaïe (42,1),  au Psaume 2 où il est question d’un roi qui va régner sur le monde entier, au sacrifice du fils d’Abraham (auquel Dieu pourvoira finalement lui-même, voir Genèse 22,8) qui doit sceller l’alliance qui consiste, pour Abraham, à être une bénédiction pour tous les peuples (Gn12,3 ;Gn22,2), à la libération d’Israël en Exode 4,22 où Dieu appelle Israël son fils bien aimé. Ensuite, Jésus converse avec Moïse et Elie qui (selon une tradition juive pour Moïse et selon la Bible pour Elie) ne sont pas morts, ont accompagné une révélation divine sur une montagne et ont été persécuté par le pouvoir de leur époque : autant de points communs avec  la destinée de Jésus. Les deux personnages représentent « la Loi et les Prophètes » qui englobent la révélation de Dieu à Israël, que Jésus accomplit donc, restant seul devant les disciples à la fin de l’épisode.

De plus, les détails du récit montrent que c’est Dieu lui-même qui se manifeste à travers Jésus. On retrouve, avec l’apparence de Jésus et ce qui se passe autour de lui, les signes bibliques d’une apparition divine : blancheur (qui rappelle celle du fils d’homme en Daniel 7), lumière, nuée ou encore voix céleste.

La réaction des disciples montre quant à elle un mélange de compréhension du caractère exceptionnel, surnaturel et divin de l’évènement, mais aussi leur difficulté à l’appréhender et en saisir la portée. Pierre semble vouloir immortaliser le moment, mais le but du miracle semble bien de mettre les disciples en route avec plus de confiance encore dans l’identité de Jésus.

Il n’est en effet pas anodin que cette révélation se situe à ce moment-là du récit évangélique : dans les 3 versions de ce récit de la transfiguration, l’épisode arrive après que Jésus ait annoncé sa mort, et ait appelé les disciples a accepté les difficultés liées au fait de le suivre. Le miracle de sa transformation vise sans doute à encourager les disciples à suivre et écouter Jésus quoi qu’il lui arrive et quoi qu’il leur arrive, parce que l’évènement montre qu’il est celui en qui nous pouvons placer tous nos espoirs.

Comment expliquer et interpréter la transfiguration ? [Simon]

Jésus, pendant son ministère, est apparu momentanément à trois de ses disciples comme métamorphosé dans sa gloire de Fils de Dieu. Matthieu, Marc et Luc se font l’écho de cet épisode. Comment cela s’est-il passé exactement ? Pierre, Jacques et Jean auraient-ils reçu une vision au sujet de leur maître ? Nous ne le savons pas. Ce qu’il faut retenir est que Pierre, Jacques et Jean ont vu par anticipation le Christ dans sa condition de ressuscité (exprimée par un visage, des vêtements resplendissants). Et c’est bien ce même Jésus qui venait de leur annoncer sa mort sur la croix, annonce que Pierre avait refusée (voir le ch.9 de l’évangile selon Marc par exemple) car une telle fin lui paraissait impossible pour un Sauveur, un Messie !

La transfiguration de Jésus confirme que la croix est le lieu d’une victoire, d’une gloire invisible mais réelle. Celle d’une mort librement consentie par le Christ pour que nous soyons sauvés. Il est à noter que la Parole entendue lors de la transfiguration de Jésus est la même qu’à son baptême, où il a endossé notre humanité et pris sur lui notre condition de pécheurs : « celui-ci (dit Dieu) est mon Fils bien-aimé ». Jésus est vraiment homme, vraiment Dieu.

Que dit la Bible sur la bataille d’Armageddon ? [Jess]

Ce nom de lieu hébreu, que l’on peut aussi transcrire Harmaguédon, désigne la « montagne de Méguiddo ». Dans la plaine de Méguiddo, Israël mené par le juge Barak a vaincu des rois cananéens (Voir Juges 5,15,19). Le roi Josias y a trouvé la mort en affrontant le pharaon Neko (2 Rois 23,29). C’est donc un lieu de bataille, et c’est sans doute pourquoi l’Apocalypse l’utilise pour évoquer l’affrontement ultime qui voit la victoire de Dieu sur les rois de la terre rassemblés contre Lui, en Ap. 16,19. Jean fait ici allusion, comme au ch.20 de son livre (v.8) à des prophéties d’Ezéchiel, aux chs. 38 et 39. Elles parlent d’un peuple, Gog, venant attaquer à la fin des temps les « montagnes d’Israël » (Ez 38,8), d’où l’expression « montagne de Méguiddo » alors qu’il s’agit d’une plaine…

Il serait vain de vouloir identifier tous ces noms à des lieux et des circonstances historiques précises, car ils ont un sens avant tout symbolique. Ils désignent l’hostilité du monde envers le Seigneur et son peuple, et annoncent que Dieu aura le dernier mot sur le mal, sur la mort, sur toute puissance qui s’oppose à son règne. La bataille décisive a déjà eu lieu, et elle a été remportée: à la croix de Jésus-Christ.

Un chrétien doit-il se couvrir du sang de Jésus en toutes occasions et dans les prières ? [Katia]

Je comprends l’expression que vous employez, « Se couvrir du sang de Jésus », comme suit : se replacer devant Dieu comme un être réconcilié avec lui, pardonné malgré sa condition de pécheur, grâce au don que le Christ a fait de sa vie, selon cette parole des Ecritures : « le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché » (1 Jean ch.1, v.7).

C’est effectivement par l’oeuvre du Christ à la croix que nous avons la liberté de nous approcher de Dieu en toute confiance, comme des enfants viennent à leur Père. Et nous avons à en reprendre souvent conscience, à redécouvrir l’amour infini de Dieu, cette « folie de la croix » dont parle l’apôtre Paul. Tant la logique de la grâce nous est étrangère.

Ceci étant, c’est une fois pour toutes que nous sommes sauvés et réintégrés dans notre identité d’enfants de Dieu, et notre Salut ne dépend pas de la répétition correcte et régulière d’une formule de prière (Jésus est clair à ce sujet, lisez Matthieu ch.6 v.7 !).

Nous n’avons donc pas à invoquer la grâce de Dieu en Christ comme un mantra ou en n’importe quelle occasion, mais peut-être dans les moments de doute, d’errance, où des tentations diverses peuvent nous assaillir. Par exemple, quand nous sommes poussés à penser que nous ne la méritons pas.

A la question « Qui est Jésus pour toi »- certains donnent cette réponse qui me paraît curieuse : « il est mon père ». Pourquoi ? [Nic]

Il ne me semble pas possible de prendre cette réponse pour un énoncé théologique général. Les personnes qui répondent ainsi disent « mon » père et définissent surtout par là le type de relation qu’elles entretiennent avec Jésus plutôt qu’une vérité théologique. De fait, quand Philippe dit à Jésus : « Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. » Jésus lui dit: «Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe! Celui qui m’a vu a vu le Père. (Jean 14. 8-9) Et Jésus a également affirmé son unité avec le Père. Par l’autorité dont il a fait preuve durant son ministère, et dont il fait encore preuve aujourd’hui quand nous prions en son nom et que nous sommes exaucés, Jésus peut apparaître aux yeux de certains croyants comme une figure de père. Mais il n’est pas Le Père.

Si j’ai un problème de sexualité travesti et masturbatoire- vers qui aller pour être aidé ? Cela ne m’a pas empêché de rencontrer Jésus- mais il semble que ça rende ma vie de foi difficile. [Pely]

‘ai d’abord à cœur de vous remercier pour la démarche que vous faites d’oser poser la question et de chercher à en parler pour ne pas rester enfermé dans la situation. Je trouve cela très courageux et cela me semble le premier pas vers votre apaisement. Je pense que la situation que vous vivez renvoie à des questions très personnelles et intimes. Il me semble nécessaire que vous puissiez trouver des personnes en qui vous avez confiance, qui sont elles-mêmes des disciples du Christ et qui sauront vous écouter et vous conseiller avec amour. Il y a des psychologues chrétiens qui peuvent à la fois vous aider sur le plan psychologique et vous orienter vers les bonnes personnes sur le plan spirituel. Ne restez pas dans la solitude, en tout cas, et soyez assuré de l’amour de Dieu en Jésus-Christ. En lui, vous trouverez l’issue.

La volonté de légaliser l’euthanasie ne révèle-t-elle pas l’échec de l’Eglise à montrer au monde la vie éternelle que donne Jésus ? [Edouard]

Vous rapprochez, Edouard, deux sujets qui à première vue sont sans rapport entre eux : d’une part, le désir manifesté par de plus en plus de personnes (du fait, notamment, du vieillissement de la population et des problèmes qu’il engendre) de pouvoir mettre activement un terme à une vie jugée trop difficile à supporter, et d’autre part l’espérance qui nous est donnée en Jésus-Christ : sa résurrection et sa victoire sur la mort, gage de la nôtre.

A y regarder de près, ce rapprochement est stimulant. Si une personne est sans espérance, et estime que la mort a le dernier mot sur toute vie, que toute existence n’aboutit qu’au néant, alors on peut comprendre qu’elle veuille disposer du droit à ne garder de son passage sur terre que ce qu’elle juge en être le meilleur (jeunesse, autonomie, plénitude des moyens physiques et intellectuels…).

Mais si, dans la foi, je discerne que dès aujourd’hui Dieu m’appelle dans son éternité, par son amour dont même la mort ne peut me séparer, alors chaque instant de ma vie présente prend, précisément, une dimension d’éternité. Et elle apparaît donc comme infiniment précieuse et digne d’être vécue jusqu’au grand passage, même au plus profond des épreuves qu’elle peut traverser.

La question du droit à mourir ne regarde pas que les individus. C’est un problème social, juridique, collectif que pose la pratique de l’euthanasie avec toutes ses dérives possibles. Si la pression se fait forte en sa faveur, c’est aussi de par le règne de l’individualisme dans nos sociétés occidentales. Et s’il y a « échec » de l’Eglise à faire valoir que la vie doit être respectée jusqu’à son terme, c’est peut-être parce que nous ne prêtons pas assez attention aux souffrances physiques et morales que beaucoup de personnes autour de nous affrontent dans la solitude. Beaucoup de médecins et autres soignants des services de soins palliatifs peuvent attester que la demande de « suicide assisté » disparaît souvent chez la personne malade dès lors qu’elle est écoutée, accompagnée, et sa douleur physique ou morale prise en charge.

Est-ce que se forger une carapace est compatible avec la foi chrétienne ? [Margot]

La carapace sert de protection aux invertébrés comme le homard ou certains insectes, ou à des vertébrés, par exemple la tortue ou le pangolin. Sans carapace, ces animaux seraient vulnérables aux attaques de leurs prédateurs. L’expression que vous employez désigne donc le fait de se créer une défense mentale pour ne pas être trop exposé aux moqueries, aux critiques, ou autres marques d’hostilité de l’entourage. Avec pour risque, si cette carapace s’épaissit trop, de s’isoler « dans sa coquille », de ne plus écouter, de s’endurcir et finalement de devenir insensible et indifférent aux autres !

Au ch. 6 de la lettre aux Ephésiens, l’apôtre Paul nous encourage à revêtir « l’armure de Dieu », mais pas pour nous protéger des attaques des humains que nous cotoyons ! Plutôt, de celles du Diable (qui nous attaque et nous tente de l’intérieur). Cette panoplie n’est pas constituée de fermeture, de repli sur soi, mais de vérité, de foi, de justice, et même d’un élan pour annoncer l’Evangile, donc pour s’ouvrir aux autres et leur témoigner de l’espérance que nous avons en Jésus-Christ. Jésus nous envoie dans le monde comme… des brebis au milieu des loups ! Et nous encourage, certes, à la prudence des serpents, mais aussi à la simplicité des colombes. Dans ce bestiaire, je ne vois pas de crustacé ni de tortue !

La foi, c’est fondamentalement un acte de confiance. C’est une denrée rare à notre époque, on préfère s’armer contre l’autre ou ériger des barrières plutôt que d’aller vers lui ou de l’accueillir. Parfois même entre chrétiens de différentes dénominations, les frontières se ferment, les identités et particularités sont quasi-sacralisées, on privilégie l’entre-soi. Autant de carapaces souvent engendrées par la peur. Mais Jésus nous dit : « n’ayez pas peur ».